VIROLOGIE - Caliciviridae - page 1/5
Maud Guerlin, Guillaume Belot
10/02/09
VIROLOGIE
17h-18h
Tiare et Marjorie
Bertagnoli
CALICIVIRIDAE
Les calicivirus sont une famille virale très intéressante même si assez peu représentée puisqu’il n’y
a que peu de genres. Ils présentent de nombreuses ressemblances avec les picornavirus.
Cette famille regroupe 4 genres d’intérêt, ayant chacun des agents pathogènes. On distingue les
Lagovirus et les Vesivirus qui ont plus d’importance en médecine vétérinaire et les Norovirus et
Sapovirus qui sont plus importants en humaine.
De nombreux calicivirus ne sont pas encore classés, par exemple le calicivirus entérique bovin, le
calicivirus entérique porcin, le calicivirus canin, calicivirus du poulet… (On remarque que chaque
espèce a son propre calicivirus). Cependant, ces derniers sont souvent inoffensifs et donc
relativement peu utiles en médecine.
Propriétés du virion
Il s’agit de petits virus à ARN qui, lorsqu’on les observe par microscopie
électronique, présentent des dépressions en forme de calices (comme des cratères),
d’ou le nom de calicivirus. Le virus a un diamètre de 25-40 nanomètres, une
symétrie icosaédrique et ressemble à une balle de golf. Il n’y a qu’une seule
protéine de capside d’un poids moléculaire de 60 kDa, elle est capable de s’auto
assembler afin de former des capsomères qui donneront la structure de la capside. Le génome est
formé d’un ARN + de petite taille, non segmenté, hautement infectieux, polyA en 3’ ; il ne
possède pas de coiffe mais possède une aide virale VPg (Viral Protein genome-linked) en 5’,
comme les picornavirus, qui aide à l’amorçage de l’ARN polymérase. Il y a aussi synthèse d’une
polyprotéine non mature qui est clivée en protéine plus petites et matures (ce mécanisme de
maturation est le même que pour les picornavirus, ce qui traduit une convergence évolutive entre
ces deux familles virales). La réplication est cytoplasmique et la sortie des virions se fait par lyse
de la cellule cible.
Propriétés physico-chimiques : Dans l’ensemble, ces virus sont très résistant (il existe des
nuances notamment au niveau du pH). Comme ce sont des virus nus, ils résistent aux
détergents, à la chaleur (ex : les Norovirus y sont très résistants). Les virus responsables
d’entérites résistent beaucoup aux fluctuations de pH (<3 et >12), les Lagovirus ont une
résistance moyenne (entre 4 et 10), et enfin les Lessivirus qui infectent l’appareil respiratoire
sont très sensibles au pH. De manière générale, ces virus résistent bien voire très bien.
Propriétés antigéniques : On observe de fortes réactions antigéniques croisées au sein des
genres (ce qui est très chiant pour le diagnostic), mais la variabilité de ces virus et le fait que chaque
espèce ait de nombreux sérotypes fait que dans l’ensemble il y a absence de protection croisée
efficace entre les différents sérotypes (ou si elle existe elle est partielle) : un individu peut donc
être successivement infecté par plusieurs sérotypes d’un même virus. Plus la variabilité est
importante, plus la protection croisée est faible.
Remarque : Cas des Lagovirus : leur variabilité est moins importante, on retrouve alors une
protection croisée assez bonne d’un isolat à l’autre. Entre les virus qui sont considérés d’espèces
différentes, on peut donc retrouver des protections croisées efficaces.
Propriétés biologiques : On retrouve ces virus chez toutes les espèces et ils sont notamment
souvent présents dans le tube digestif de l’homme, des mammifères, des oiseaux et des reptiles.
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- Spectre d’hôte étroit : il est en général +/- spécifique d’espèce. Il est donc rare de retrouver
des protections croisées d’une espèce à l’autre ; seule exception : un virus porcin que l’on
retrouve chez certains mammifères marins (le VESV).
- Il n’existe pas de zoonose connue. Mais selon certains auteurs, on peut se poser des questions
sur les Norovirus qui présenteraient un danger potentiel de zoonose.
- Il y a une grande variabilité antigénique ce qui nous permet de différencier les espèces et les
sérotypes.
- Transmission : Elle peut se faire selon deux voies : 1. Par voie oronasale directe par aérosol
d’un individu à l’autre ou alors de manière indirecte par le milieu ambiant dans le cas des
Vesivirus (type respiratoire), 2. Par voie fécal-orale directe ou indirecte pour les Lagovirus,
Sapovirus et Norovirus (types digestif) ; la voie aérienne étant possible mais non la principale.
La raison pour laquelle il existe des modes de transmission différentes pour les différents
genres est dû au fait que ces virus ont un mode d’excrétion différent. Néanmoins, pour tous les
calicivirus, il existe toujours un mode indirect passant par le milieu extérieur car le virus est
très résistant pose des problèmes de gestion de l’ambiance et de l’environnement et impose
un besoin de vide sanitaire.
- On distingue deux types d’infections :
Infection aiguë (voire suraiguë parfois) : épizootique et violente. Limitée dans le temps.
Infection persistante (= chronique) : le virus s’incruste dans la population et circule en
permanence ; parfois due à des réinfections fréquentes : Il est difficile de faire la différence
entre les deux, soit il s’agit du même virus qui persiste, soit il s’agit de réinfections
fréquentes.
- Ces virus ne sont pas adaptés à la culture in vitro (sauf les Vesivirus félins et porcins). On ne
peut donc pas les mettre en évidence en culture de labo ni les isoler, on est donc incapable de
produire des vaccins.
On remarque donc que sur plusieurs critères, on peut distinguer deux populations : les Vesivirus et
les autres.
Pouvoir pathogène
Chez l’homme
L’homme est sensible aux Norovirus (Virus Norwalk) et aux Sapovirus (Sapporo).
Il existe de nombreux génogroupes (5 pour les Norovirus) ; chacun étant divisé en plusieurs
génotypes (10 chez les Norovirus). Concernant les Norovirus, les génogroupes 1 et 2 sont
importants pour l’homme car pathogènes, alors que les génogroupes 3, 4 et 5 ne sont pas
pathogènes pour l’homme (car ils concernent plutôt les animaux).
Remarque : On a trouvé des virus qui se rapprochent du génogroupe 1 chez les porcs et les bovins
d’où le potentiel risque de zoonose mentionné précédemment (dans propriétés biologiques).
Cependant aucune transmission interspécifique n’a encore été démontrée.
Les Norovirus sont plus importants que les Sapovirus en humaine car ils sont responsables de
gastroentérites (c’est la 1ère cause de gastroentérites virales, le 2ème agent de diarrhée infectieuse
[après les Rotavirus] chez les enfants <3 ans, le 1er agent de diarrhée infectieuse chez les adultes), et
se traduisent par 2 jours d’incubation puis 2 jours de manifestations cliniques puis l’individu se
rétablit au bout d’une semaine. Le virus est très contagieux car une grande quantité de virus est
produite par excrétion des selles et vomissements, et la transmission se fait par aérosol (ex : un
enfant malade est un risque pour toute la famille). La contamination est facile par une mauvaise
hygiène (maladie des mains sales…) ou une alimentation souillée (eau sale, cuisinier qui ne s’est
pas lavé les mains).
L’épidémie hivernale est fréquente dans les pays développés. Dans les pays en développement, la
transmission est plus fréquente et se fait toute l’année (donc c’est plutôt une endémie).
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Chez le porc
Il existe un virus spécial, appartenant aux Vesivirus : le VESV (Vesicular Exanthema of Swine
Virus), responsable de l’exanthème vésiculeux du porc. C’est le prototype même du genre
Vesivirus. Le spectre d’hôte est assez large, le porc y est principalement sensible. La transmission
est plutôt oro-nasale et les manifestations cliniques sont quasiment indifférenciables de celles
de la fièvre aphteuse porcine (éruption cutanée, vésicule…). Auparavant, ce virus était
principalement présent en Amérique du Nord, mais il a désormais quasiment disparu grâce à la lutte
contre la fièvre aphteuse (les symptômes étant semblables, il était important de maitriser ce virus
afin de limiter la confusion). Cependant le virus a été « recyclé » chez les mammifères marins
contaminés sous le nom de San Miguel Sea Lion Virus Disease, à cause de déchets d’abattoirs jetés
à la mer (Bravo… !), ils constituent donc un nouveau réservoir pour ce virus. Les signes cliniques sont
semblable et le virus pourrait re-contaminer les porcs si ces derniers consomment les déchets de
chasse de mammifère marin malade.
Ce virus ne pose donc plus de problèmes actuellement mais reste une menace.
Chez les félins
Les félins ont leur propre calicivirus, le FCV (féline calicivirus), un virus respiratoire qui s’associe
avec l’Herpesvirus félin de type I pour former le complexe Coryza félin (surtout chez les
chatons). Il est très fréquent dans la population féline malgré la vaccination, car le vaccin protège
moyennement et n’empêche pas le portage viral (donc un animal vacciné peut quand même être
porteur). Le vaccin diminue l’expression clinique : l’excrétion est donc diminuée. Le vaccin utilisé
pour le coryza félin possède donc une valence contre l’herpesvirus et une valence contre le
calicivirus.
Ce virus infecte chroniquement les chats soit de façon continue et persistante (10-15% des chats
infectés excrètent en permanence le virus sans qu’il n’y ait de signes cliniques), ou alors les
animaux se font périodiquement réinfectés car la protection croisée est quasi inexistante ( les
animaux débarrassés d’un sérotype de calicivirus peuvent être ensuite réinfectés par un autre
sérotype). Ce virus circule donc très bien dans la population féline.
En plus des manifestations aigues type coryza, il existe des manifestations cliniques chroniques
type stomatite sur les vieux chats. Le virus est une condition nécessaire mais non suffisante à
l’apparition de stomatite chez le chat âgé : il semble donc que le virus joue le rôle de cofacteur
important dans l’apparition de stomatites.
L’appareil respiratoire supérieur peut également être touché. Les troubles respiratoires sont
rarement graves (parfois des pneumonies) et l’issue fatale est très très rare. Mais (pour compliquer le
tout !!) depuis 5-6 ans de nouveaux calicivirus hautement pathogènes émergent, entraînant un
syndrome fibrile hémorragique. On observe d’emblée des signes de calicivirose : respiratoires,
cutanés, hémorragiques, une diminution de l’état général, parfois des ulcères ainsi que des boiteries
chez l’animal… aboutissant à la mort de l’animal. Cette maladie a émergée aux Etats Unis.
L’apparition est sporadique et ces virus sont considérés comme des prototypes des infections
nosocomiales, la contamination des tous les chats va se faire par l’intermédiaire d’un chat atteint.
(Il y a deux ans à l’ENVT, les hôpitaux ont du fermer pendant 10 jours pour être désinfectés à cause d’une épizootie
transmises notamment par les chats des étudiants.)
L’infection touche des groupes de chats surtout en clinique véto ou en chatteries et disparaît aussi
vite qu’elle est apparue. On n’a cependant pas encore assisté à des épidémies généralisés, ça a
toujours été des cas sporadiques en foyers, un peu comme si le virus n’était pas capable de se
développer à long terme et de se diffuser sur d’autres populations. Ces nouveaux virus circulent
aussi bien sur les chats vaccinés que sur les chats non vaccinés. On associe souvent une stomatite
chez le chat âgé à une infection par un calicivirus.
Pourquoi sont-ils plus pathogènes ? Comment échappe t-ils aux vaccins ? Comment apparaissent-
ils ? Tant de questions demeurent… (On ne sait pas grand-chose dessus en fait, cependant, si vous êtes
intéressés, il existe une superbe thèse qui vous attend à la bibliothèque !).
En tout cas, s’il ya ulcération de la langue + jetage + lésions = Il faut suspecter le FCV.
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Pour l’histoire, le même cas a eu lieu à Nantes, une étudiante venue de Toulouse a remarqué les premiers symptômes
(Parce que c’est à Toulouse qu’on est les plus forts) et a mis en garde les responsables mais ces derniers ne l’ont pas
cru…dommage…
Images du PPT :
1) Calicivirose classique, on observe une forme aigue avec ulcération de la langue et du planum
nasale, jetage (zone de lésion en « o » sur la langue).
(Calicivirose classique avec coryza, ulcères et atteintes de la muqueuse buccale)
2) Manifestation chronique ou l’on observe une stomatite caudale proliférative bilatéral (sur les
piliers au fond de la bouche).
Chez les lagomorphes
On a vu les Norovirus et Sapovirus chez l’homme et le Visovirus chez le porc ainsi que FCV. Il
reste donc à parler de Lagovirus, qui est spécifique des lagomorphes (lapins, lièvres…).
Il existe deux lagovirus principaux :
- RHDV: maladie hémorragique virale du lapin (de plus de 2 mois).
- EBHS : European Brown Hare (Lièvre) Syndrom
Attention ! Ces maladies sont dues à deux virus différents, soit lapin soit lièvre, il n’y a pas de
transmission inter espèce !
Aucune protection croisée n’existe entre ces deux virus. Tous les essais de croisement de
protection ont échoués. Donc la vaccination contre l’EBHS ne protège pas contre le RHDV (car ils
sont beaucoup trop spécifiques d’espèce).
Ce sont des hépatites fulminantes avec un syndrome hémorragique : saignement buccal et nasal,
et quelquefois on peut observer des ictères au niveau des oreilles. Pour la forme aiguë, il y a en fait
très peu de signes cliniques, il y a simplement mort avec hémorragie de beaux lapins en 24-48h (elle
concerne surtout le RHDV). La forme plus longue dure 72h - 4 jours.
Avant un mois et demi, les animaux ne sont pas sensibles à cette infection, alors que les lapins de
plus de 2 mois sont sensibles et présentent des signes cliniques graves avec surmortalité très
importante (un peu comme la peste aviaire chez les oiseaux). Quand ce virus arrive dans un élevage, on a
une véritable hécatombe. Comme il est résistant, il peut facilement venir de l’extérieur, par exemple
si l’éleveur manipule des matières végétales souillées par des lapins sauvages malades… Donc les
élevages les plus vulnérables sont fermiers.
On préconise donc la vaccination en amont, car le vaccin est très efficace donc il n’y a aucune
raison de s’en priver.
Ce sont des virus d’hépatite : ils infectent initialement tous les tissus mais la réplication active a
surtout lieu dans les hépatocytes (foie = cible de choix). Il y a consommation des facteurs de
coagulation, CIVD et hémorragies successives. Cela conduit à un syndrome hémorragique et à la
mort.
Photo 3 du PPT :
On voit que la carcasse est rouge à cause de l’hémorragie, on observe des signes de congestion et
d’hémorragie sur les poumons ainsi qu’une congestion hémorragique de la trachée assez
caractéristique. Le thymus est visible et très hémorragique également (alors que normalement le
thymus devrait avoir disparu chez les animaux de plus de 2 mois). Le foie est hypertrophié, très
congestionné et est soit très rouge, soit d’apparence « cuit » (=blanc : signe de l’hépatite Ire). Il est
extrêmement riche en particules virales, ce qui en fait un organe de prédilection pour les labos, à
observer en première intention.
Le vaccin est réalisé a partir d’agents inactivés produit directement sur des lapins (car non
cultivables sur cellules) : on broie le foie du lapin malade afin de récolter les agents viraux. C’est un
peu barbare comme méthode, mais c’est la seule qui existe !
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HEPEVIRUS
Ils sont très proche des calicivirus, et ne sont pas classés dans une famille mais dans un genre.
Ce genre ne possède qu’un seul virus : le virus de l’hépatite E (comme il sera vu en TT, Bertagnoli ne
fera que brièvement le mentionner dans ce cours).
En quelques mots, il existe 4 génotypes, le 3 étant le plus fréquent.
L’expression clinique est variable mais il s’agit souvent d’une hépatite aigue grave (un peu le
même genre que l’hépatite A, apparente chez l’enfant). Il existe des formes ictériques et fulminantes
qui sont très fréquentes, avec une surmortalité possible chez la femme enceinte (peut atteindre une
mortalité proche de 20% avec possibilité d’avortement, de mort de l’embryon, surtout chez la
femme qui s’infecterait lors du dernier 1/3 de gestation [caractéristique de l’hépatite E et originalité
par rapport à l’hépatite A]). Il y a aussi risque de transmission de la mère au fœtus. Il existe aussi
des formes asymptomatiques ou anictériques.
Le schéma de contamination est le même que pour les calicivirus (transmission oro-fécale, via les
eaux souillées, …).
Le spectre d’hôte regroupe les hommes, les primates, les porcs, les cervidés, les rats, les volailles
(en effet, on retrouve des virus proches du virus de l’hépatite E humain chez ces espèces).
C’est une zoonose (Voir TD zoonoses), et les espèces incriminées sont le porc et les cerfs. La
transmission zoonotique se fait surtout via la viande peu cuite de cervidés sauvages.
A voir plus en détails dans les TT.
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