TEXTES DE REFLEXION
Réflexion sur le partage
Une fable chinoise qui illustre les conséquences du partage
Un homme fut invité à visiter le ciel et l'enfer. Il visita d'abord l'enfer. Des hommes étaient assis autour
d'une table, devant des bols de riz remplis... Et pourtant ils étaient maigres et décharnés... C'est qu'ils
avaient reçu pour manger de longues, très longues baguettes de plus d'un mètre de long, avec lesquelles ils
étaient incapables de se nourrir.
Notre chinois se rendit ensuite au ciel. Là-bas aussi, il vit des gens autour d'une table, devant leur bol plein,
et eux aussi équipés de longues, très longues baguettes...
Mais ceux-ci étaient bien portants et resplendissants de santé. C'est que, au lieu d'essayer chacun en vain de
porter la nourriture à sa bouche au moyen de ces étranges baguettes, chacun s'en servait pour donner à
manger à son voisin...
Un mot dont le sens est aujourd'hui bien trop souvent bafoué nous vient inévitablement à l'esprit lorsque
nous parlons du partage : la solidarité. Ce vocable nous vient-il d'ailleurs à l'esprit parce qu'il est devenu "à
la mode" (comment ne pas trouver d'exemples : discours politiques, média et autres Téléthon...) ou bien
parce que nous savons qu'il contient des fondements bibliques ?
Dans un contexte biblique, la solidarité, c'est l'autre nom de l'amour, son expression concrète. Ce concept
repose sur trois fondements :
le premier de tous les commandements dans la relation avec notre prochain : l'amour (voir aussi
Galates 5 : 14)
la définition concrète de l'amour qui est explicitée dans la première épître de Jean : "A ceci, nous
avons connu l'amour : c'est qu'il a donné sa vie pour nous.
Nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères. Si quelqu'un possède les biens du
monde, qu'il voie son frère dans le besoin et s'il lui ferme son coeur, comment l'amour de Dieu
demeurera-t-il en lui ?"(1 Jean 3 : 16-17).
l'exemple de la collecte des premiers chrétiens pour les frères de Jérusalem, avec les principes
d'égalité, de partage du minimum vital, que Paul énonce en 1 Corinthiens 16 : 1 à 4 et en 2
Corinthiens 8 et 9.
Pour être authentique, cette solidarité chrétienne doit trouver sa motivation première dans l'amour du Christ
énoncé dans 1 Corinthiens 13.
Il est à noter que le terme de solidarité ne se trouve pas expressément dans la Bible.
En effet, les traductions habituelles n'utilisent pas ce terme mises à part les versions TOB et Jérusalem de
Hébreux 10 : 33.
Le terme grec pour désigner la collecte des chrétiens à Jérusalem, koïnonia, est traduit dans d'autres
contextes par communion. Notre communion entre frères, notre communion avec Dieu... la communion de
la première communauté chrétienne qui mettait tous les biens en commun... et la collecte organisée
soigneusement pour les frères de Jérusalem. Le terme koïnonia accepte donc toutes ces significations. La
Bible unit dans ce vocable ce que nous divisons souvent :
le matériel et le spirituel
la communion avec Dieu et celle avec les frères
Le partage : donner et recevoir
Le terme agape est traduit par amour et parfois par charité. La connotation péjorative et paternaliste "faire
la charité" du mot charité, (encore un terme bafoué et à la mode !) ne doit pas détourner ce terme de son
sens et lui conférer un rapport de supériorité entre les deux parties du partage. L'Evangile enseigne
justement le contraire.