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Des économistes musulmans à l’économie islamique
Introduction (4)
I. Un penseur musulman de l’économie : Ibn Khaldûn
A. Histoire universelle et économie générale
1. Economie et rationalité (16)
2. Economie, science et contextualisation (20)
B. Les concepts fondamentaux de l’économie
1. La propriété (21)
2. Le travail et la valeur d’échange (22)
3. La monnaie et les prix (24)
4. Le commerce et l’équivalence dans l’échange (27)
C. Principes de la régulation économique
1. Le monopole et la coercition (30)
2. L’Etat et la régulation économique (35)
3. Microéconomie et macroéconomie (39)
Conclusion : Problème économique ou solution islamique ? (43)
II. La construction doctrinale de l’économie islamique : Mohammad Bakr al-Sadr
Introduction : Théorie économique et Renouveau Musulman (49)
A. Qu’est-ce qu’une économie islamique ?
1. Economie et « Tawhid » (54)
2. Economie et société (56)
B. « Ni capitalisme, ni socialisme » : une troisième voie ? (58)
1. Capitalisme et neutralité doctrinale (59)
2. L’économie islamique n’est pas une science (1) : le fondement doctrinal du
savoir économique (63)
3. L’économie islamique n’est pas une science (2) : socialisme et validité
scientifique (72)
4. Par-delà science et doctrine : permanence et adaptation (77)
C. La construction de l’économie islamique : de l’herméneutique à l’exégèse (82)
1. La méthode déductive en économie (82)
2. La logique de la découverte : le recours à la société médinoise (91)
3. Littéralisme et mimétisme (96)
4. L’économiste, le Tuteur et le mujtahid (99)
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D. Les concepts fondamentaux de l’économie islamique et leurs implications
législatives (102)
1. La propriété (104)
a. La gérance et la délégation (106)
b. Le travail et la valeur (115)
c. La propriété des ressources naturelles (121)
d. La rémunération des facteurs de production (128)
e. Propriété et financement : les fondements théoriques de la finance
islamique (136)
2. La monnaie et la régulation monétaire (141)
a. Réserve de valeur, épargne et thésaurisation (143)
b. De la thésaurisation à l’usure (150)
c. La justification théorique des principes dogmatiques : riba et zakât (155)
3. L’Etat et le citoyen : la conception islamique de l’intérêt (159)
a. Le primat de l’investissement productif (159)
b. Secteur public et politique économique (164)
c. La politique fiscale (169)
d. Le rationalisme « naturaliste » en économie (176)
e. Etat et société : du contrôle à l’adhésion (177)
f. L’intérêt islamique : de l’amour de soi à l’Au-delà (183)
g. Une tâche économique de l’Etat : la formation religieuse (189)
Conclusion(s) (192)
Bibliographie (199)
A Mathilde, et Moaad
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La culture est l’un des leviers les plus importants
à actionner pour réhabiliter et relancer l’économie
tout en produisant du sens
Aminata Trao
Le reflux du marxisme au sein des sciences sociales dans la seconde moitié du
XX° siècle a conduit à l’abandon progressif du concept « d’idéologie dominante ».
Partant du principe (justifié) selon lequel les concepts de Marx ne pouvaient être
séparés de leur contexte théorique, les membres de la communauté scientifique ont
peu à peu renoncé à l’usage d’une expression dont le sens ne pouvait être assumé
sans référence explicite à cet autre concept, devenu quasiment exotique au sein du
discours institutionnel : la lutte des classes. Si une idéologie est dominante au sens de
Marx, c’est parce qu’elle repose sur ce qu’elle tend à maintenir et à renforcer, c'est-à-
dire la domination socio-économique d’une classe sur une autre ; mais la domination
de classe, en tant que concept théorique, a vécu. Les raisons historiques de ce déclin
sont connues, qu’il s’agisse des désillusions politiques apportées par les expériences
du communisme réel, ou des données plus statistiques telles que l’évolution des
salaires ouvriers au sein des sociétés capitalistes. Ce rejet se fonde également sur un
revirement théorique radical, un shift épistémologique par lequel le principe
méthodologique fondamental du marxisme, le matérialisme historique, s’est vu
récu ; à tel point d’ailleurs que les tenants actuels d’un « retour à Marx » ne cessent
de souligner à quel point Marx lui-même s’est tenu à distance d’un tel principe,
fondé sur la détermination de la superstructure (politique, juridique, religieuse, etc.)
par l’infrastructure (économique) du mode de production.
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Si Staline est devenu le grand Satan des marxistes praticiens, Engels est devenu
le véritable coupable aux yeux de leurs homologues théoriciens. Ce désaveu pratique
et théorique a conduit à une véritable démarxisation du champ des sciences sociales,
au cours d’un processus d’épuration qui a parfois pris la forme d’une chasse aux
sorcières. Plusieurs exemples montrent d’ailleurs que cette chasse n’est toujours pas
terminée, notamment dans le champ de la macroéconomie dite « hétérodoxe », dont
les tenants sont régulièrement sommés de se « désengluer » de leur héritage marxiste.
La lutte des classes n’est plus, et avec elle l’idéologie dominante. Cela implique-t-
il que l’on ne puisse plus, dorénavant, considérer qu’une représentation du monde (et
des microcosmes qui le constituent) s’établit en tant que « weltanschauung »
dominante ? Evidemment non. Mais cette domination ne peut plus s’établir sur le
socle d’une domination de classe : elle doit venir d’ailleurs mais d’où ? La
réponse (dominante) à cette question semble aujourd’hui interroger la place et le rôle
des médias : dans une société régie par l’information, les raisons de l’uniformisation
des discours individuels devraient être recherchées dans le monopole idéologique
tissé par ces nouveaux colporteurs de l’information, véritables dresseurs de l’opinion
publique. Quant à la question de savoir pourquoi ces mêmes médias tendent à
constituer un discours uniforme, et précisément celui qu’ils tiennent, c’est une autre
question, dont on pourrait d’ailleurs interroger les liens avec la concentration de la
propriété privée des moyens de communication. Quoiqu’il en soit, l’idée d’une
pensée dominante n’a jamais quitle champ de la réflexion sociologique ; elle s’est
simplement démocratisée, apparaissant non plus comme l’instrument de domination
d’une minorité mais, au contraire, comme l’expression de courants majoritaires. Pour
la nommer, les sociologues ont forgé un nouveau concept : celui de « pensée
unique ».
La notion de « pensée unique » n’est pas un concept, dans la mesure ce qu’il
désigne reste (presque) toujours indéfinissable. On serait généralement bien en peine
de dire précisément ce que pense la « pensée unique » ; à l’instar du « on » des
philosophes, la pensée unique semble avant tout désigner ce que le locuteur pense
que l’on ne devrait pas penser, et plus précisément ce qu’il pense que l’on pense
quand contrairement à lui on ne fait pas l’effort de penser. C’est ainsi que la
pensée unique peut en venir à désigner un mode de pensée non majoritaire, voire
franchement minoritaire ; un ancien ministre de l’Education Nationale pourra ainsi
affirmer, alors même que les partis dits « de droite » détiennent une majorité absolue
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