Envoyé par Sabrina. Fernando Pessoa 1888-1935 1. Être poète n'est pas une ambition que j'aie, c'est ma manière à moi d'être seul. (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.38, nrf Poésie/Gallimard) 2. Je me sens né à chaque instant à l'éternelle nouveauté du Monde... [...] Le Monde ne s'est pas fait pour que nous pensions à lui (penser c'est avoir mal aux yeux) mais pour que nous le regardions avec un sentiment d'accord... (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.40, nrf Poésie/Gallimard) 3. Ah, comme les plus simples des hommes sont malades et stupides et confus auprès de la claire simplicité et de la toute saine existence des arbres et des plantes ! (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.44, nrf Poésie/Gallimard) 4. Le seul mystère, c'est qu'il y ait des gens pour penser au mystère. (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.45, nrf Poésie/Gallimard) 5. L'unique signification intime des choses, c'est le fait qu'elles n'aient aucune intime signification. (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.46, nrf Poésie/Gallimard) 6. La beauté est le nom de quelque chose qui n'existe pas et que je donne aux choses en échange du plaisir qu'elles me donnent. (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.76, nrf Poésie/Gallimard) 7. [...] les choses n'ont pas de signification : elles ont une existence. Les choses sont l'unique sens occulte des choses. (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.91, nrf Poésie/Gallimard) 8. Je ne suis rien. Jamais je ne serai rien. Je ne puis vouloir être rien. Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde. (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.204, nrf Poésie/Gallimard) 9. Dans tous les asiles il est tant de fous possédés par tant de certitudes ! (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.206, nrf Poésie/Gallimard) 10. Nous avons tous deux vies : la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard ; la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres, qui est la pratique, l'utile, celle où l'on finit par nous mettre au cercueil. (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.227, nrf Poésie/Gallimard) 11. Ne penser à rien, c'est avoir une âme à soi et intégrale. Jacques Prévert 1900-1977 1. Dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche. (Fatras, Livre de Poche no 3253, p.12) 2. Bien sûr, des fois, j'ai pensé mettre fin à mes jours, mais je ne savais jamais par lequel commencer. (Fatras, Livre de Poche no 3253, p.34) 3. Fort heureusement, chaque réussite est l'échec d'autre chose. (Fatras, Livre de Poche no 3253, p.97) 4. Il n'y a pas de problème Il n'y a que des professeurs. (Fatras, Livre de Poche no 3253, p.109) 5. J'aime mieux tes lèvres que mes livres. (Fatras, Livre de Poche no 3253, p.124) 6. Le temps mène la vie dure à ceux qui veulent le tuer. (Fatras, Livre de Poche no 3253, p.142) 7. Les sorciers lorsqu'ils font de terrifiantes conneries on accuse toujours l'apprenti. (Fatras, Livre de Poche no 3253, p.158) Ne penser à rien, c'est vivre intimement le flux et le reflux de la vie... (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, p.234, nrf Poésie/Gallimard) Georges Bataille 1897-1962 1. Un peu plus, un peu moins, tout homme est suspendu aux récits, aux romans, qui lui révèlent la vérité multiple de la vie. Seuls ces récits, lus parfois dans les transes, le situent devant le destin. Nous devons donc chercher passionnément ce que peuvent être des récits - comment orienter l'effort par lequel le roman se renouvelle, ou mieux se perpétue. (Le Bleu du Ciel (Avant-propos), p.11, 10|18 n°465) 2. Comment nous attarder à des livres auxquels, sensiblement, l'auteur n'a pas été contraint ? (Le Bleu du Ciel (Avant-propos), p.11, 10|18 n°465) Marcel Proust 1871-1922 1. La lecture est au seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire : elle ne la constitue pas. (Sur la lecture, p.35, Éd. Mille et une nuits, 1994) 2. Tant que la lecture est pour nous l'initiatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n'aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire. (Sur la lecture, p.38, Éd. Mille et une nuits, 1994) 3. Il semble que le goût des livres croisse avec l'intelligence, un peu au-dessous d'elle, mais sur la même tige, comme toute passion s'accompagne d'une prédilection pour ce qui entoure son objet, a du rapport avec lui, dans l'absence lui en parle encore. (Sur la lecture, p.42, Éd. Mille et une nuits, 1994) 4. [...] la lecture est une amitié. (Sur la lecture, p.46, Éd. Mille et une nuits, 1994) 5. On aime toujours un peu à sortir de soi, à voyager, quand on lit. (Sur la lecture, p.52, Éd. Mille et une nuits, 1994) 6. En parlant de l'imparfait de l'indicatif : [...] ce temps cruel qui nous présente la vie comme quelque chose d'éphémère à la fois et passif, qui, au moment même où il retrace nos actions, les frappe d'illusion, les anéantit dans le passé sans nous laisser comme le parfait la consolation de l'activité. (Sur la lecture, p.57, Éd. Mille et une nuits, 1994) 7. Peut-être l'immobilité des choses autour de nous leur est-elle imposée par notre certitude que ce sont elles et non pas d'autres, par l'immobilité de notre pensée en face d'elles. (Du côté de chez Swann, p.12, Folio no821) 8. [...] notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. (Du côté de chez Swann, p.28, Folio no821) 9. Mais quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. (Du côté de chez Swann, p.61, Folio no821) 10. [...] mon temps n'est pas si cher ; celui qui l'a fait ne nous l'a pas vendu. (Du côté de chez Swann, p.71, Folio no821) 11. [...] l'âge où l'on croit qu'on crée ce qu'on nomme. (Du côté de chez Swann, p.112, Folio no821) 12. Nous sommes très longs à reconnaître dans la physionomie particulière d'un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de " grand talent " dans notre musée des idées générales. Justement parce que cette physionomie est nouvelle, nous ne la trouvons pas tout à fait ressemblante à ce que nous appelons talent. Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force ; et puis un jour nous nous rendons compte que c'est justement tout cela le talent. (Du côté de chez Swann, p.122, Folio no821) 13. [...] nous ne connaissons jamais que les passions des autres, et que ce que nous arrivons à savoir des nôtres, ce n'est que d'eux que nous avons pu l'apprendre. (Du côté de chez Swann, p.157, Folio no821) 14. Il n'est peut-être pas une personne, si grande que soit sa vertu, que la complexité des circonstances ne puisse amener à vivre un jour dans la familiarité du vice qu'elle condamne le plus formellement [...]. (Du côté de chez Swann, p.178, Folio no821) 15. [...] ce regard avec lequel, un jour de départ, on voudrait emporter un paysage qu'on va quitter pour toujours. (Du côté de chez Swann, p.279, Folio no821) 16. Que de bonheurs possibles dont on sacrifie ainsi la réalisation à l'impatience d'un plaisir immédiat ! (« on ne peut pas avoir l’instant et la durée Domenach). (Du côté de chez Swann, p.326, Folio no821) 17. [...] dans la multitude des gestes, des propos, des petits incidents qui remplissent une conversation, il est inévitable que nous passions, sans y rien remarquer qui éveille notre attention, près de ceux qui cachent une vérité que nos soupçons cherchent au hasard, et que nous nous arrêtions au contraire à ceux sous lesquels il n'y a rien. (Du côté de chez Swann, p.332, Folio no821) 18. [...] on n'aime plus personne dès qu'on aime. (Du côté de chez Swann, p.472, Folio no821) 19. [...] le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant ; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas ! comme les années. (Du côté de chez Swann, p.504, Folio no821) William Faulkner 1897-1962 1. Il n'y a rien de plus vulgaire que les surnoms. Il n'y a que dans le peuple qu'on en donne. (Le bruit et la fureur, p.97, Livre de Poche n°501-2) 2. un vivant vaut toujours mieux qu'un mort mais un vivant et un mort ne valent jamais mieux qu'un autre vivant et un autre mort. (Le bruit et la fureur, p.150, Livre de Poche n°501-2) 3. Mon père dit qu'un homme est la somme de ses propres malheurs. On pourrait penser que le malheur finirait un jour par se lasser, mais alors, c'est le temps qui devient votre malheur, dit papa. (Le bruit et la fureur, p.153, Livre de Poche n°501-2) 4. Comme beaucoup de personnes froides et faibles, une fois en présence d'un irrémédiable désastre, elle trouvait, on ne sait où, une sorte de courage, de force. (Le bruit et la fureur, p.408, Livre de Poche n°501-2) 5. L'homme dont les mensonges sont le plus aisément acceptés est celui qui, toute sa vie, a joui de la réputation de franchise. (Lumière d'août, p.117, Folio n°612) 6. Je sais maintenant que ce qui fait d'un homme un imbécile c'est son inaptitude à suivre même les bons conseils qu'il se donne à lui-même. (Lumière d'août, p.339, Folio n°612) 7. [...] une des plus heureuses facultés de l'esprit est de pouvoir rejeter ce que la conscience refuse d'assimiler. (Lumière d'août, p.428, Folio n°612) Alain 1868-1951 1. Écrire est toujours un art plein de rencontres. La lettre la plus simple suppose un choix entre des milliers de mots, dont la plupart sont étrangers à ce que vous voulez dire. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.10) 2. Quand un poète vous semble obscur, cherchez bien, et ne cherchez pas loin. Il n'y a d'obscur ici que la merveilleuse rencontre du corps et de l'idée, qui opère la résurrection du langage. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.12) 3. [...] le génie n'est sans doute qu'un long refus. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.21) 4. [...] l'inspiration ne se dit point ; c'est l'oeuvre qui la dit. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.22) 5. [...] l'aiguille de la boussole, si bien protégée et toujours tremblante. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.26) 6. L'oeuvre peinte nous avertit mieux que la chose ; elle nous arrête ; elle nous ramène. Elle finit par nous apprendre qu'il vaut mieux voir un même tableau cent fois qu'en voir cent une fois ; mais il faut aider l'oeuvre, mettre de soi, jurer de soi. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.27) 7. Le besoin d'écrire est une curiosité de savoir ce qu'on trouvera. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.37) 8. Ce qui effraie dans la guerre, et ce qui pétrifie, ce ne sont point les passions ; c'est plutôt l'ordre. L'homme est ici prisonnier non pas de sa propre folie, mais plutôt de sa propre sagesse, qui développe alors ses suites mécaniques. La guerre, c'est le grand remords. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.38) 9. Aucun homme ne pense jamais que sur les pensées d'un autre, et cette méthode est visible dans les plus profonds comme dans les plus ambitieux. Les premiers prennent ce qui leur est bon et poussent avant. Les autres rejettent beaucoup et quelquefois tout, par la méthode de réfutation propre aux avocats. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.46) 10. [...] c'est le propre du beau qu'il ne nous renvoie jamais à quelque autre chose, ni à quelque idée extérieure. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.52) 11. L'erreur du critique est de chercher l'essence, et de nier l'existence. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.54) 12. Ce qui est remarquable dans le beau, c'est qu'il a importance par lui-même ; et cela nous jette hors de nos mesures. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.61) 13. [...] le propre de la poésie est que les mots éclairent selon leur place. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.75) 14. L'individu n'est que la moitié d'un homme. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.101) 15. Le tyran n'aime pas qu'on raisonne ; et c'est qu'il craint en lui-même un raisonneur, qui se tournerait contre lui. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.116) 16. L'action d'écrire me paraît la plus favorable de toutes pour régler nos folles pensées et leur donner consistance. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.144) 17. [...] se souvenir, c'est nier la présence. (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.150) 18. Sentir, c'est réfléchir, c'est se souvenir. (Propos sur le bonheur, Folio-essais no21 p.42) 19. Le plus vulgaire des hommes est un grand artiste dès qu'il mime ses malheurs. (Propos sur le bonheur, Folio-essais no21 p.45) 20. C'est presque tout que de savoir lire. (Propos sur le bonheur, Folio-essais no21 p.176) 21. Le souvenir commence avec la cicatrice. (Propos sur l'éducation, p.66, P.U.F 1969) Tahar Ben Jelloun 1944 1. La poésie ne peut se permettre l'humour. (Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.44 ) 2. [Jean Genet] m'a donné un seul conseil : en écrivant pense au lecteur ; soit simple. Il m'a appris que la simplicité était le signe de la maturité. (Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.63 ) 3. Le libraire est l'ami du livre ; pas de tous les livres, mais de ceux qu'il considère assez pour les transmettre aux lecteurs. (Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.118 ) 4. Il se peut qu'il [le libraire] n'aime pas un livre en particulier mais, de par sa vocation, il aime le livre en général. Si cette amitié n'est pas personnelle, elle est liée à une intimité originelle : celle de la solitude de l'écriture. (Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.119 ) 5. Une bibliothèque est une chambre d'amis. (Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.121 ) Gustave Flaubert 1821-1880 1. Qu'est-ce qu'un mot ? rien ; c'est comme la réalité, une durée. (Agonies, in Écrits de jeunesse, Éd. Rencontre 1964, p.226) Jean Anouilh 1910-1987 1. Et tout s'oublie à vivre. (Becket, p.15, Livre de Poche no1716) 2. LE ROI : Pourquoi mets-tu des étiquettes sur tout, pour justifier tes sentiments ? BECKET : Parce que, sans étiquettes, le monde n'aurait plus de forme [...] (Becket, p.31, Livre de Poche no1716) 3. La sincérité est un calcul comme un autre. (Becket, p.141, Livre de Poche no1716) 4. Rien n'est vrai que ce qu'on ne dit pas... (Antigone, p.71, Éd. de la Table Ronde) 5. [...] la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. (Antigone, p.72, Éd. de la Table Ronde) 6. Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier - ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite - ou mourir. (Antigone, p.74, Éd. de la Table Ronde) 7. Je parle tout le temps, mais je ne sais pas répondre. C'est d'ailleurs pour cela que je parle tout le temps, pour empêcher qu'on me questionne. C'est ma façon d'être muette. (Eurydice, p.48, Livre de Poche no3277) 8. Mourir, ce n'est rien. Commence donc par vivre. C'est moins drôle et c'est plus long. (Roméo et Jeannette, p.331, Livre de Poche no3277) 9. (L'alouette, p.45, Livre de Poche no1153) 10. Plus notre ennemi est petit et fragile, plus il est tendre, plus il est pur, plus il est innocent, plus il est redoutable... (L'alouette, p.124, Livre de Poche no1153) 11. [...] le mensonge est parfois une forme préalable de la vérité. (Ornifle, p.146, Folio no545) 12. [Vivre] est un métier comme un autre, cela s'apprend ! (L'Hurluberlu, p.87, Éd. La Table Ronde) Pierre Augustin Caron de Beaumarchais 1732-1799 1. Il faut un peu de vraisemblance, même dans les actes vertueux. (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket no 6168, p.105) 2. Le récit d'un mal trop connu touche peu. (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket no 6168, p.122) 3. [...] un beau discours imprimé, composé par un homme de bien, auquel il n'a manqué qu'un peu d'esprit pour être un écrivain médiocre. (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket no 6168, p.124) 4. [...] ne faisons point comme ces acteurs qui ne jouent jamais si mal que le jour où la critique est la plus éveillée. Nous n'avons point de lendemain qui nous excuse, nous. (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket no 6168, p.146) 5. [...] toute vérité n'est pas bonne à dire ; [...] toute vérité n'est pas bonne à croire ; [...] (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket no 6168, p.196) 6. Il est si doux d'être aimé pour soi-même. (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket no 6168, p.41) 7. Les larmes que l'on verse au théâtre, sur des maux simulés, qui ne font pas le mal de la réalité cruelle, sont bien douces. On est meilleur quand on se sent pleurer. On se trouve si bon après la compassion ! (Un mot sur La mère coupable,, Presses-Pocket no 6168, p.234) 8. Oh ! ce qu'il dit... n'est pas ce qu'il veut dire ! Mais saisir, en parlant, les mots qui lui échappent, le moindre geste, un mouvement ; c'est là le secret de l'âme ! (La mère coupable,, Presses-Pocket no 6168, p.241) 9. Ah ! [la politique] est l'art de créer des faits ; de dominer, en se jouant, les événements et les hommes ; l'intérêt est son but ; l'intrigue son moyen : toujours sobre de vérités, ses vastes et riches conceptions sont un prisme qui éblouit. (La mère coupable,, Presses-Pocket no 6168, p.281) 10.[...] la colère chez les bons coeurs, n'est qu'un besoin pressant de pardonner ! (La mère coupable,, Presses-Pocket no 6168, p.293) Patrick Süskind 1949 1. [...] notre langage ne vaut rien pour décrire le monde des odeurs. (Le parfum, p. 155, Livre de Poche no 6427) 2. [...] entre l'amour physique et le ridicule il n'y a qu'un pas [...] (La Contrebasse, p. 33, Livre de Poche no 7308) 3. À quoi bon lire, à quoi bon par exemple lire ce livre, quand je sais bien qu'au bout de très peu de temps il ne m'en restera pas même l'ombre d'un souvenir ? À quoi bon faire quoi que ce soit, si tout s'effrite et retourne au néant ? (Amnésie littéraire, p.82, in Un combat et autres récits, Livre de Poche no14192) 4. Peut-être que la lecture est plutôt un acte d'imprégnation, au cours duquel la conscience absorbe tout à fond, mais par osmose si imperceptible qu'elle n'est pas consciente du processus. (Amnésie littéraire, p.87, in Un combat et autres récits, Livre de Poche no14192) Eugène Ionesco 1912-1994 1. [...] la vérité ne se trouve d'ailleurs pas dans les livres, mais dans la vie. (La cantatrice chauve, p. 54 Folio no236) 2. Quand je dis oui, c'est une façon de parler. (La cantatrice chauve, p. 72 Folio no236) 3. Je ne me suis pas habitué à moi-même. Je ne sais pas si je suis moi. (Rhinocéros, p.41, Livre de poche no2620) 4. [...] la vérité n'a que deux faces mais son troisième côté vaut mieux ! (Jacques ou la soumission, p.112, in Théâtre I, Gallimard NRF 1954) 5. Oublie que tu existes. Souviens-toi que tu es. (Macbett, p.110, Folio no694) Henri Bergson 1859-1941 1. Il n'y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. (Le rire, p.2, Éd. P.U.F) 2. Imiter quelqu'un, c'est dégager la part d'automatisme qu'il a laissée s'introduire dans sa personne. (Le rire, p.25, Éd. P.U.F) 3. Est comique le personnage qui suit automatiquement son chemin sans se soucier de prendre contact avec les autres. Le rire est là pour corriger sa distraction et pour le tirer de son rêve. (Le rire, p.102, Éd. P.U.F) 4. [...] rien ne désarme comme le rire. (Le rire, p.105, Éd. P.U.F) 5. Quel est l'objet de l'art ? Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l'art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l'unisson de la nature. (Le rire, p.115, Éd. P.U.F) 6. Vivre consiste à agir. (Le rire, p.115, Éd. P.U.F) 7. [...] la plus haute ambition de l'art [...] est de nous révéler la nature. (Le rire, p.119, Éd. P.U.F) 8. L'art n'est sûrement qu'une vision plus directe de la réalité. Mais cette pureté de perception implique une rupture avec la convention utile, un désintéressement inné et spécialement localisé du sens ou de la conscience, enfin une certaine immatérialité de vie, qui est ce qu'on a toujours appelé de l'idéalisme. De sorte qu'on pourrait dire, sans jouer aucunement sur le sens des mots, que le réalisme est dans l'oeuvre quand l'idéalisme est dans l'âme, et que c'est à force d'idéalité seulement qu'on reprend contact avec la réalité. (Le rire, p.120, Éd. P.U.F) 9. [...] cette électrisation de l'âme qui est la passion. (Le rire, p.121, Éd. P.U.F) 10. La sincérité est communicative. (Le rire, p.124, Éd. P.U.F) 11. La modestie vraie ne peut être qu'une méditation sur la vanité. Elle naît du spectacle des illusions d'autrui et de la crainte de s'égarer soi-même. Elle est comme une circonspection scientifique à l'égard de ce qu'on dira et de ce qu'on pensera de soi. Elle est faite de corrections et de retouches. Enfin c'est une vertu acquise. (Le rire, p.133, Éd. P.U.F) 12. [...] le remède spécifique de la vanité est le rire, et que le défaut essentiellement risible est la vanité. (Le rire, p.133, Éd. P.U.F) 13.[...] plus un art est contestable, plus ceux qui s'y livrent tendent à se croire investis d'un sacerdoce et à exiger qu'on s'incline devant ses mystères. (Le rire, p.136, Éd. P.U.F) Albert Camus 1913-1960 1. La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre. (Les justes, p.15, Folio n°477) 2. Tout le monde ment. Bien mentir, voilà ce qu'il faut. (Les justes, p.23, Folio n°477) 3. J'ai compris qu'il ne suffisait pas de dénoncer l'injustice. Il fallait donner sa vie pour la combattre. (Les justes, p.24, Folio n°477) 4. Pour se suicider, il faut beaucoup s'aimer. Un vrai révolutionnaire ne peut pas s'aimer. (Les justes, p.32, Folio n°477) 5. [L'honneur] est la dernière richesse du pauvre. (Les justes, p.66, Folio n°477) 6. C'est tuer pour rien, parfois, que de ne pas tuer assez. (Les justes, p.66, Folio n°477) 7. [...] c'est cela l'amour, tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour. (Les justes, p.84, Folio n°477) 8. Que voulez-vous, je ne m'intéresse pas aux idées, moi, je m'intéresse aux personnes. (Les justes, p.111, Folio n°477) 9. Imaginez Dieu sans les prisons. Quelle solitude ! (Les justes, p.115, Folio n°477) 10. Il y a quelque chose de plus abject encore que d'être un criminel, c'est de forcer au crime celui qui n'est pas fait pour lui. (Les justes, p.121, Folio n°477) 11. Vivre est une torture puisque vivre sépare. (Les justes, p.123, Folio n°477) 12. C'est facile, c'est tellement plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre. (Les justes, p.141, Folio n°477) 13. Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie. (Le mythe de Sisyphe, p.15, Idées n°1) 14. [...] ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir. (Le mythe de Sisyphe, p.16, Idées n°1) 15. Un geste comme [le suicide] se prépare dans le silence du coeur au même titre qu'une grande oeuvre. (Le mythe de Sisyphe, p.16, Idées n°1) 16. Nous prenons l'habitude de vivre avant d'acquérir celle de penser. Dans cette course qui nous précipite tous les jours un peu plus vers la mort, le corps garde cette avance irréparable. (Le mythe de Sisyphe, p.21, Idées n°1) 17. Il est toujours aisé d'être logique. Il est presque impossible d'être logique jusqu'au bout. (Le mythe de Sisyphe, p.22, Idées n°1) 18. [...] comprendre c'est avant tout unifier. (Le mythe de Sisyphe, p.32, Idées n°1) 19. Vouloir, c'est susciter les paradoxes. (Le mythe de Sisyphe, p.36, Idées n°1) 20. À partir du moment où elle est reconnue, l'absurdité est une passion, la plus déchirante de toutes. (Le mythe de Sisyphe, p.38, Idées n°1) 21. L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde. (Le mythe de Sisyphe, p.44, Idées n°1) 22. Sur le plan de l'intelligence, je puis donc dire que l'absurde n'est pas dans l'homme (si une pareille métaphore pouvait avoir un sens), ni dans le monde, mais dans leur présence commune. (Le mythe de Sisyphe, p.48, Idées n°1) 23. Une seule certitude suffit à celui qui cherche. (Le mythe de Sisyphe, p.48, Idées n°1) 24. [...] un homme est toujours la proie de ses vérités. (Le mythe de Sisyphe, p.50, Idées n°1) 25. Je veux savoir si je puis vivre avec ce que je sais et avec cela seulement. (Le mythe de Sisyphe, p.60, Idées n°1) 26. [...] en vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout. (Le mythe de Sisyphe, p.69, Idées n°1) 27. La pensée d'un homme est avant tout sa nostalgie. (Le mythe de Sisyphe, p.70, Idées n°1) 28. Vivre, c'est faire vivre l'absurde. (Le mythe de Sisyphe, p.76, Idées n°1) 29. Pour un homme sans oeillère, il n'est pas de plus beau spectacle que celui de l'intelligence aux prises avec une réalité qui le dépasse. (Le mythe de Sisyphe, p.78, Idées n°1) 30. [...] un exemple n'est pas forcément un exemple à suivre [...] (Le mythe de Sisyphe, p.95, Idées n°1) 31. Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup ? (Le mythe de Sisyphe, p.97, Idées n°1) 32. Une attitude saine comprend aussi des défauts. (Le mythe de Sisyphe, p.100, Idées n°1) 33. Collectionner, c'est être capable de vivre de son passé. (Le mythe de Sisyphe, p.101, Idées n°1) 34. [...] ceux qu'un grand amour détourne de toute vie personnelle s'enrichissent peut-être, mais appauvrissent à coup sûr ceux que leur amour a choisis. (Le mythe de Sisyphe, p.101, Idées n°1) 35. Un destin n'est pas une punition. (Le mythe de Sisyphe, p.103, Idées n°1) 36. De toutes les gloires, la moins trompeuse est celle qui se vit. (Le mythe de Sisyphe, p.107, Idées n°1) 37. Un homme est plus un homme par les choses qu'il tait que par celles qu'il dit. (Le mythe de Sisyphe, p.115, Idées n°1) 38. Il vient toujours un temps où il faut choisir entre la contemplation et l'action. Cela s'appelle devenir un homme. (Le mythe de Sisyphe, p.117, Idées n°1) 39. Nous finissons toujours par avoir le visage de nos vérités. (Le mythe de Sisyphe, p.128, Idées n°1) 40. L'oeuvre d'art naît du renoncement de l'intelligence à raisonner le concret. (Le mythe de Sisyphe, p.132, Idées n°1) 41. Si le monde était clair, l'art ne serait pas. (Le mythe de Sisyphe, p.133, Idées n°1) 42. La fécondité et la grandeur d'un genre se mesurent souvent au déchet qui s'y trouve. Le nombre de mauvais romans ne doit pas faire oublier la grandeur des meilleurs. (Le mythe de Sisyphe, p.135, Idées n°1) 43. Créer, c'est ainsi donner une forme à son destin. (Le mythe de Sisyphe, p.156, Idées n°1) 44. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. (Le mythe de Sisyphe, p.166, Idées n°1) 45. [...] les grandes révolutions sont toujours métaphysiques. (Le mythe de Sisyphe, p.172, Idées n°1) 46. [...] l'envie, véritable cancer des sociétés et des doctrines. (L'envers et l'endroit (Préface), p.15, Folio-essais n°41) 47. [...] je ne sais pas posséder. [...] je suis avare de cette liberté qui disparaît dès que commence l'excès des biens. Le plus grand des luxes n'a jamais cessé de coïncider pour moi avec un certain dénuement. (L'envers et l'endroit (Préface), p.18, Folio-essais n°41) 48. Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit. (L'envers et l'endroit (Préface), p.18, Folio-essais n°41) 49. Si la solitude existe, ce que j'ignore, on aurait bien le droit, à l'occasion, d'en rêver comme d'un paradis. (L'envers et l'endroit (Préface), p.25, Folio-essais n°41) 50. En art, tout vient simultanément ou rien ne vient ; pas de lumières sans flammes. (L'envers et l'endroit (Préface), p.30, Folio-essais n°41) 51. [...] une oeuvre d'homme n'est rien d'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le coeur, une première fois, s'est ouvert. (L'envers et l'endroit (Préface), p.31, Folio-essais n°41) 52. Se faire écouter était son seul vice [...] (L'envers et l'endroit, p.42, Folio-essais n°41) 53. Les jeunes ne savent pas que l'expérience est une défaite et qu'il faut tout perdre pour savoir un peu. (L'envers et l'endroit, p.42, Folio-essais n°41) 54. N'être plus écouté : c'est cela qui est terrible lorsqu'on est vieux. (L'envers et l'endroit, p.43, Folio-essais n°41) 55. À la fin d'une vie, la vieillesse revient en nausées. Tout aboutit à ne plus être écouté. (L'envers et l'endroit, p.45, Folio-essais n°41) 56. Soudain il découvre ceci que demain sera semblable, et après-demain, tous les autres jours. Et cette irrémédiable découverte l'écrase. Ce sont des pareilles idées qui vous font mourir. Pour ne pouvoir les supporter, on se tue - ou si l'on est jeune, on en fait des phrases. (L'envers et l'endroit, p.46, Folio-essais n°41) 57. La mort pour tous, mais à chacun sa mort. Après tout, le soleil nous chauffe quand même les os. (L'envers et l'endroit, p.52, Folio-essais n°41) 58. [...] il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. (L'envers et l'endroit, p.56, Folio-essais n°41) 59. Il y a une solitude dans la pauvreté, mais une solitude qui rend son prix à chaque chose. (L'envers et l'endroit, p.59, Folio-essais n°41) 60. [...] il s'est tué parce qu'un ami lui a parlé distraitement. (L'envers et l'endroit, p.66, Folio-essais n°41) 61. Camus parle des heures de travail : [...] ces heures contre lesquelles nous protestons si fort et qui nous défendent si sûrement contre la souffrance d'être seul. (L'envers et l'endroit, p.102, Folio-essais n°41) 62. Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre. (L'envers et l'endroit, p.107, Folio-essais n°41) 63. Mais il n'y a pas de limites pour aimer et que m'importe de mal étreindre si je peux tout embrasser. (L'envers et l'endroit, p.109, Folio-essais n°41) 64. La vie est courte et c'est péché de perdre son temps. Je suis actif, dit-on. Mais être actif, c'est encore perdre son temps, dans la mesure où l'on se perd. Aujourd'hui est une halte et mon coeur s'en va à la rencontre de lui-même. Si une angoisse encore m'étreint, c'est de sentir cet impalpable instant glisser entre mes doigts comme les perles de mercure. Laissez donc ceux qui veulent tourner le dos au monde. Je ne me plains pas puisque je me regarde naître. À cette heure, tout mon royaume est de ce monde. (L'envers et l'endroit, p.117, Folio-essais n°41) 65. [...] ce qui compte c'est d'être humain et simple. Non, ce qui compte, c'est d'être vrai et alors tout s'y inscrit, l'humanité et la simplicité. Et quand donc suis-je plus vrai que lorsque je suis le monde ? Je suis comblé avant d'avoir désiré. L'éternité est là et moi je l'espérais. Ce n'est plus d'être heureux que je souhaite maintenant, mais seulement d'être conscient. (L'envers et l'endroit, p.118, Folio-essais n°41) 66. Mais c'est curieux tout de même comme nous vivons parmi des gens pressés. (L'envers et l'endroit, p.119, Folio-essais n°41) 67. [...] un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour pourrait sans peine vivre cent ans dans une prison. Il aurait assez de souvenir pour ne pas s'ennuyer. (L'Étranger, p.117, Livre de Poche n°406) 68. On se fait toujours des idées exagérées de ce qu'on ne connaît pas. (L'Étranger, p.163, Livre de Poche n°406) 69. Je n'ai jamais aimé être surpris. Quand il m'arrive quelque chose, je préfère être là. (L'Étranger, p.165, Livre de Poche n°406) 70. [...] on n'est jamais tout à fait malheureux. (L'Étranger, p.165, Livre de Poche n°406) 71. Une manière commode de faire la connaissance d'une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt. (La peste, p.11, Folio n°42) 72. [...] on croit difficilement aux fléaux lorsqu'ils vous tombent sur la tête. (La peste, p.41, Folio n°42) 73. [...] la souffrance profonde de tous les prisonniers et de tous les exilés [...] est de vivre avec une mémoire qui ne sert à rien. (La peste, p.72, Folio n°42) 74. On se fatigue de la pitié quand la pitié est inutile. (La peste, p.87, Folio n°42) 75. C'est au moment du malheur qu'on s'habitue à la vérité, c'est-à-dire au silence. (La peste, p.110, Folio n°42) 76. Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée. (La peste, p.124, Folio n°42) 77. Mais il vient toujours une heure dans l'histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort. L'instituteur le sait bien. Et la question n'est pas de savoir quelle est la récompense ou la punition qui attend ce raisonnement. La question est de savoir si deux et deux, oui ou non, font quatre. (La peste, p.125, Folio n°42) 78. Maintenant je sais que l'homme est capable de grandes actions. Mais s'il n'est pas capable d'un grand sentiment, il ne m'intéresse pas. (La peste, p.150, Folio n°42) 79. Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime. (La peste, p.151, Folio n°42) 80. [...] rien n'est moins spectaculaire qu'un fléau et, par leur durée même, les grands malheurs sont monotones. (La peste, p.166, Folio n°42) 81. [...] l'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même. (La peste, p.167, Folio n°42) 82. Il a l'air de vivre sur cette idée, pas si bête d'ailleurs, qu'un homme en proie à une grande maladie, ou à une angoisse profonde, est dispensé du même coup de toutes les autres maladies ou angoisses. (La peste, p.178, Folio n°42) 83. [...] il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul. (La peste, p.190, Folio n°42) 84. Rien au monde ne vaut qu'on se détourne de ce qu'on aime. Et pourtant je m'en détourne, moi aussi, sans que je puisse savoir pourquoi. (La peste, p.191, Folio n°42) 85. [...] personne n'est capable réellement de penser à personne, fût-ce dans le pire des malheurs. Car penser réellement à quelqu'un, c'est y penser minute après minute, sans être distrait par rien, ni les soins du ménage, ni la mouche qui vole, ni les repas, ni une démangeaison. Mais il y a toujours des mouches et des démangeaisons. C'est pourquoi la vie est difficile à vivre. (La peste, p.218, Folio n°42) 86. Ce qui est naturel, c'est le microbe. Le reste, la santé, l'intégrité, la pureté, si vous voulez, c'est un effet de la volonté et d'une volonté qui ne doit jamais s'arrêter. L'honnête homme, celui qui n'infecte presque personne, c'est celui qui a le moins de distraction possible. (La peste, p.228, Folio n°42) 87. Peut-on être un saint sans Dieu, c'est le seul problème concret que je connaisse aujourd'hui. (La peste, p.230, Folio n°42) 88. [...] la défaite définitive [est] celle qui termine les guerres et fait de la paix ellemême une souffrance sans guérison. (La peste, p.262, Folio n°42) 89. [...] un amour n'est jamais assez fort pour trouver sa propre expression. (La peste, p.263, Folio n°42) 90. [...] la joie est une brûlure qui ne se savoure pas. (La peste, p.266, Folio n°42) 91. [...] s'il est une chose qu'on puisse désirer toujours et obtenir quelquefois, c'est la tendresse humaine. (La peste, p.271, Folio n°42) 92. [...] il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. (La peste, p.279, Folio n°42) 93. [...] son mutisme est assourdissant. (La chute, p.8, Folio n°10) 94. Quand on a beaucoup médité sur l'homme, par métier ou par vocation, il arrive qu'on éprouve de la nostalgie pour les primates. Ils n'ont pas, eux, d'arrièrepensées. (La chute, p.8, Folio n°10) 95. Combien de crimes commis simplement parce que leur auteur ne pouvait supporter d'être en faute ! (La chute, p.23, Folio n°10) 96. L'homme est ainsi, cher monsieur, il a deux faces : il ne peut pas aimer sans s'aimer. (La chute, p.38, Folio n°10) 97. Il s'ennuyait, comme la plupart des gens. Il s'était donc créé de toutes pièces une vie de complications et de drames. Il faut que quelque chose arrive, voilà l'explication de la plupart des engagements humains. Il faut que quelque chose arrive, même la servitude sans amour, même la guerre, ou la mort. (La chute, p.41, Folio n°10) 98. Si les souteneurs et les voleurs étaient toujours et partout condamnés, les honnêtes gens se croiraient tous et sans cesse innocents, cher monsieur. Et selon moi [...] c'est surtout cela qu'il faut éviter. (La chute, p.44, Folio n°10) 99. D'une manière générale, j'aime toutes les îles. Il est plus facile d'y régner. (La chute, p.49, Folio n°10) 100. Je sais bien qu'on ne peut se passer de dominer ou d'être servi. Chaque homme a besoin d'esclaves comme d'air pur. Commander c'est respirer [...].Et même les plus déshérités arrivent à respirer. Le dernier dans l'échelle sociale a encore son conjoint, ou son enfant. S'il est célibataire, un chien. L'essentiel, en somme, est de pouvoir se fâcher sans que l'autre ait le droit de répondre. (La chute, p.50, Folio n°10) 101. Oui, l'enfer doit être ainsi : des rues à enseignes et pas moyen de s'expliquer. On est classé une fois pour toutes. (La chute, p.52, Folio n°10) 102. La vérité est que tout homme intelligent, vous le savez bien, rêve d'être un gangster et de régner sur la société par la seule violence. Comme ce n'est pas aussi facile que peut le faire croire la lecture des romans spécialisés, on s'en remet généralement à la politique et l'on court au parti le plus cruel. (La chute, p.60, Folio n°10) 103. Vous savez ce qu'est le charme : une manière de s'entendre répondre oui sans avoir posé aucune question claire. (La chute, p.62, Folio n°10) 104. [...] après un certain âge, tout homme est responsable de son visage. (La chute, p.62, Folio n°10) 105. Croyez-moi, pour certains êtres, au moins, ne pas prendre ce qu'on ne désire pas est la chose la plus difficile du monde. (La chute, p.68, Folio n°10) 106. Nul homme n'est hypocrite dans ses plaisirs [...]. (La chute, p.71, Folio n°10) 107. Les hommes ne sont convaincus de vos raisons, de votre sincérité, et de la gravité de vos peines, que par votre mort. Tant que vous êtes en vie, votre cas est douteux, vous n'avez droit qu'à leur scepticisme. (La chute, p.79, Folio n°10) 108. Les martyrs [...] doivent choisir d'être oubliés, raillés ou utilisés. Quant à être compris, jamais. (La chute, p.81, Folio n°10) 109. Car le châtiment sans jugement est supportable. Il a un nom d'ailleurs qui garantit notre innocence : le malheur. (La chute, p.82, Folio n°10) 110. [...] la seule divinité raisonnable, je veux dire le hasard. (La chute, p.84, Folio n°10) 111. Surtout, ne croyez pas vos amis, quand ils vous demanderont d'être sincère avec eux. Ils espèrent seulement que vous les entretiendrez dans la bonne idée qu'ils ont d'eux-mêmes, en les fournissant d'une certitude supplémentaire qu'ils puiseront dans votre promesse de sincérité. Comment la sincérité seraitelle une condition de l'amitié ? Le goût de la vérité à tout prix est une passion qui n'épargne rien et à quoi rien ne résiste. C'est un vice, un confort parfois, ou un égoïsme. [...] Le plus souvent [...] nous nous confessons à ceux qui nous ressemblent et qui partagent nos faiblesses. Nous ne désirons donc pas nous corriger, ni être améliorés : il faudrait d'abord que nous fussions jugés défaillants. Nous souhaitons seulement être plaints et encouragés dans notre voie. En somme, nous voudrions, en même temps, ne plus être coupables et ne pas faire l'effort de nous purifier. (La chute, p.88, Folio n°10) 112. On appelle vérités premières celles qu'on découvre après toutes les autres, voilà tout. (La chute, p.89, Folio n°10) 113. Une crainte ridicule me poursuivait, en effet : on ne pouvait mourir sans avoir avoué tous ses mensonges. Non pas à Dieu, ni à un de ses représentants, j'étais au-dessus de ça, vous le pensez bien. Non, il s'agissait de l'avouer aux hommes, à un ami, ou à une femme aimée, par exemple. Autrement, et n'y eût-il qu'un seul mensonge de caché dans une vie, la mort le rendait définitif. Personne, jamais plus, ne connaîtrait la vérité sur ce point puisque le seul qui la connût était justement mort, endormi sur son secret. (La chute, p.95, Folio n°10) 114. Vous avez dû le remarquer, les hommes qui souffrent vraiment de jalousie n'ont rien de plus pressé que de coucher avec celle dont ils pensent pourtant qu'elle les a trahis. Bien sûr, ils veulent s'assurer une fois de plus que leur cher trésor leur appartient toujours. Ils veulent le posséder, comme on dit. Mais c'est aussi que, tout de suite après, ils sont moins jaloux. La jalousie physique est un effet de l'imagination en même temps qu'un jugement qu'on porte sur soi-même. (La chute, p.111, Folio n°10) 115. [...] nous ne pouvons affirmer l'innocence de personne, tandis que nous pouvons affirmer à coup sûr la culpabilité de tous. Chaque homme témoigne du crime de tous les autres, voilà ma foi et mon espérance. (La chute, p.116, Folio n°10) 116. Je vais vous dire un grand secret [...]. N'attendez pas le Jugement dernier. Il a lieu tous les jours. (La chute, p.118, Folio n°10) 117. Oui, on peut faire la guerre en ce monde, singer l'amour, torturer son semblable, parader dans les journaux, ou simplement dire du mal de son voisin en tricotant. Mais, dans certains cas, continuer, seulement continuer, voilà ce qui est surhumain. (La chute, p.120, Folio n°10) 118. [...] le plus haut des tourments humains est d'être jugé sans loi. (La chute, p.123, Folio n°10) 119. [Il] divisait les êtres en trois catégories : ceux qui préfèrent n'avoir rien à cacher plutôt que d'être obligés de mentir, ceux qui préfèrent mentir plutôt que de n'avoir rien à cacher, et ceux enfin qui aiment en même temps le mensonge et le secret. (La chute, p.125, Folio n°10) 120. La vérité, comme la lumière, aveugle. Le mensonge, au contraire, est un beau crépuscule, qui met chaque objet en valeur. (La chute, p.126, Folio n°10) 121. Quand nous serons tous coupables, ce sera la démocratie. (La chute, p.142, Folio n°10) 122. Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde. (Noces, p.14, Folio n°16) 123. Il y a un temps pour vivre et un temps pour témoigner de vivre. (Noces, p.18, Folio n°18) 124. Il vient toujours un moment où l'on a trop vu un paysage, de même qu'il faut longtemps avant qu'on l'ait assez vu. (Noces, p.19, Folio n°16) 125. [...] pour un homme, prendre conscience de son présent, c'est ne plus rien attendre. (Noces, p.26, Folio n°16) 126. On vit avec quelques idées familières. Deux ou trois. Au hasard des mondes et des hommes rencontrés, on les polit, on les transforme. Il faut dix ans pour avoir une idée bien à soi - dont on puisse parler. (Noces, p.28, Folio n°16) 127. [...] je comprends que toute mon horreur de mourir tient dans ma jalousie de vivre. Je suis jaloux de ceux qui vivront et pour qui fleurs et désirs de femme auront tout leur sens de chair et de sang. Je suis envieux, parce que j'aime trop la vie pour ne pas être égoïste. (Noces, p.30, Folio n°16) 128. Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume. (Noces, p.34, Folio n°16) 129. Tout ce qui exalte la vie, accroît en même temps son absurdité. (Noces, p.48, Folio n°16) 130. Car s'il y a un péché contre la vie, ce n'est peut-être pas tant d'en désespérer que d'espérer une autre vie, et se dérober à l'implacable grandeur de celle-ci. (Noces, p.49, Folio n°16) 131. Et vivre, c'est ne pas se résigner. (Noces, p.49, Folio n°16) 132. Vivre, bien sûr, c'est un peu le contraire d'exprimer. Si j'en crois les grands maîtres toscans, c'est témoigner trois fois, dans le silence, la flamme et l'immobilité. (Noces, p.53, Folio n°16) 133. Il n'y a pas tellement de vérités dont le coeur soit assuré. (Noces, p.56, Folio n°16) 134. Il faut savoir se prêter au rêve lorsque le rêve se prête à nous. (Noces, p.58, Folio n°16) 135. Rien n'est plus vain que de mourir pour un amour. C'est vivre qu'il faudrait. (Noces, p.58, Folio n°16) 136. Car les mythes sont à la religion ce que la poésie est à la vérité, des masques ridicules posés sur la passion de vivre. (Noces, p.63, Folio n°16) 137. [...] qu'est-ce que le bonheur sinon le simple accord entre un être et l'existence qu'il mène ? (Noces, p.65, Folio n°16) 138. [...] la force et le violence sont des dieux solitaires. Ils ne donnent rien au souvenir. (L'été, p.95, Folio n°16) 139. [...] changer les choses de place, c'est le travail des hommes : il faut choisir de faire cela ou rien. (L'été, p.102, Folio n°16) 140. Est-ce qu'on fait la nomenclature des charmes d'une femme très aimée ? Non, on l'aime en bloc, si j'ose dire, avec un ou deux attendrissements précis, qui touchent à une moue favorite ou à une façon de secouer la tête. (L'été, p.127, Folio n°16) 141. [...] la meilleure façon de parler de ce qu'on aime est d'en parler légèrement. (L'été, p.130, Folio n°16) 142. [...] l'amitié est une vertu. (L'été, p.140, Folio n°16) 143. Nul homme ne peut dire ce qu'il est. Mais il arrive qu'il puisse dire ce qu'il n'est pas. Celui qui cherche encore, on veut qu'il ait conclu. (L'été, p.142, Folio n°16) 144. Un écrivain écrit en grande partie pour être lu (ceux qui disent le contraire, admirons-les, mais ne les croyons pas). (L'été, p.143, Folio n°16) 145. Les oeuvres d'un homme retracent souvent l'histoire de ses nostalgies ou de ses tentations, presque jamais sa propre histoire, surtout lorsqu'elles prétendent à être autobiographiques. Aucun homme n'a jamais osé se peindre tel qu'il est. (L'été, p.146, Folio n°16) 146. Le désespoir est silencieux. Le silence même, au demeurant, garde un sens si les yeux parlent. Le vrai désespoir est agonie, tombeau ou abîme. S'il parle, s'il raisonne, s'il écrit surtout, aussitôt le frère nous tend la main, l'arbre est justifié, l'amour naît. (L'été, p.148, Folio n°16) 147. Un jour vient où, à force de raideur, plus rien n'émerveille, tout est connu, la vie se passe à recommencer. C'est le temps de l'exil, de la vie sèche, des âmes mortes. Pour revivre, il faut une grâce, l'oubli de soi ou une patrie. (L'été, p.159, Folio n°16) 148. [...] il y a seulement de la malchance à n'être pas aimé : il y a du malheur à ne point aimer. (L'été, p.163, Folio n°16) 149. Ceux qui aiment et qui sont séparés peuvent vivre dans la douleur, mais ce n'est pas le désespoir : ils savent que l'amour existe. (L'été, p.171, Folio n°16) 150. On supporterait tellement mieux nos contemporains s'ils pouvaient de temps en temps changer de museau. Mais non, le menu ne change pas. Toujours la même fricassée. (Caligula, p.17, Livre de Poche n°1491) 151. [En parlant de l'amour] C'est le genre de maladies qui n'épargnent ni les intelligents ni les imbéciles. (Caligula, p.17, Livre de Poche n°1491) 152. Notez bien, le malheur c'est comme le mariage. On croit qu'on choisit et puis on est choisi. (Caligula, p.20, Livre de Poche n°1491) 153. Ce monde, tel qu'il est fait, n'est pas supportable. J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peutêtre, mais qui ne soit pas de ce monde. (Caligula, p.26, Livre de Poche n°1491) 154. [...] faire souffrir était la seule façon de se tromper. (Caligula, p.31, Livre de Poche n°1491) 155. Gouverner, c'est voler, tout le monde sait ça. (Caligula, p.34, Livre de Poche n°1491) 156. Le mensonge n'est jamais innocent. (Caligula, p.38, Livre de Poche n°1491) 157. [...] qu'est-ce qu'un dieu pour que je désire m'égaler à lui ? Ce que je désire de toutes mes forces, aujourd'hui, est au-dessus des dieux. Je prends en charge un royaume où l'impossible est roi. (Caligula, p.41, Livre de Poche n°1491) 158. Perdre la vie est peu de chose et j'aurai ce courage quand il le faudra. Mais voir se dissiper le sens de cette vie, disparaître notre raison d'existence, voilà ce qui est insupportable. On ne peut vivre sans raison. (Caligula, p.53, Livre de Poche n°1491) 159. HÉLICON : Il faut un jour pour faire un sénateur et dix ans pour faire un travailleur. CALIGULA : Mais j'ai bien peur qu'il en faille vingt pour faire un travailleur d'un sénateur. (Caligula, p.59, Livre de Poche n°1491) 160. On est toujours libre au dépens de quelqu'un. (Caligula, p.68, Livre de Poche n°1491) 161. Il n'y a que la haine pour rendre les gens intelligents. (Caligula, p.81, Livre de Poche n°1491) 162. Ah ! tu ne sais pas que seul, on ne l'est jamais ! Et que partout le même poids d'avenir et de passé nous accompagne ! (Caligula, p.85, Livre de Poche n°1491) 163. [...] on ne peut aimer celui de ses visages qu'on essaie de masquer en soi. (Caligula, p.112, Livre de Poche n°1491) 164. Et c'est si bon de se contredire de temps en temps. Cela repose. (Caligula, p.116, Livre de Poche n°1491) 165. L'insécurité, voilà ce qui fait penser. (Caligula, p.128, Livre de Poche n°1491) 166. Aimer un être, c'est accepter de vieillir avec lui. (Caligula, p.151, Livre de Poche n°1491) 167. Je sais, par expérience, qu'il vaut mieux ne pas les regarder [les victimes]. Il est plus facile de tuer ce qu'on ne connaît pas. (Le malentendu, p.167, Livre de Poche n°1491) 168. Non, les hommes ne savent jamais comment il faut aimer. Rien ne les contente. Tout ce qu'ils savent, c'est rêver, imaginer de nouveaux devoirs, chercher de nouveaux pays et de nouvelles demeures. Tandis que nous [les femmes], nous savons qu'il faut se dépêcher d'aimer, partager le même lit, se donner la main, craindre l'absence. Quand on aime, on ne rêve à rien. (Le malentendu, p.178, Livre de Poche n°1491) 169. [...] l'amour des hommes est un déchirement. Ils ne peuvent se retenir de quitter ce qu'ils préfèrent. (Le malentendu, p.180, Livre de Poche n°1491) 170. Je ne déteste que les bourreaux. (Lettres à un ami allemand (préface), p.17, Folio n°2226) 171. [...] l'esprit ne peut rien contre l'épée, mais [...] l'esprit uni à l'épée est le vainqueur éternel de l'épée tirée pour elle-même. (Lettres à un ami allemand, p.29, Folio n°2226) 172. On ne possède bien que ce qu'on a payé. (Lettres à un ami allemand, p.29, Folio n°2226) 173. Qu'est-ce que l'homme ? [...] Il est cette force qui finit toujours par balancer les tyrans et les dieux. (Lettres à un ami allemand, p.39, Folio n°2226) 174. Les mots prennent toujours la couleur des actions ou des sacrifices qu'ils suscitent. (Lettres à un ami allemand, p.53, Folio n°2226) 175. Je continue à croire que ce monde n'a pas de sens supérieur. Mais je sais que quelque chose en lui a du sens et c'est l'homme, parce qu'il est le seul être à exiger d'en avoir. Ce monde a du moins la vérité de l'homme et notre tâche est de lui donner ses raisons contre le destin lui-même. (Lettres à un ami allemand, p.71, Folio n°2226) 176. [...] l'héroïsme est peu de chose, le bonheur [est] plus difficile. (Lettres à un ami allemand, p.74, Folio n°2226) 177. Changer de métier n'est rien, mais renoncer à ce qu'on sait, à sa propre maîtrise, n'est pas facile. (L'Exil et le Royaume, p.64, Livre de Poche n°1679) 178. Mais il comprit assez vite qu'un disciple n'était pas forcément quelqu'un qui aspire à apprendre quelque chose. Plus souvent, au contraire, on se faisait disciple pour le plaisir désintéressé d'enseigner son maître. (L'Exil et le Royaume, p.117, Livre de Poche n°1679) 179. Mais beaucoup d'artistes sont comme ça. Ils ne sont pas sûrs d'exister, même les plus grands. (L'Exil et le Royaume, p.128, Livre de Poche n°1679) 180. Les bons gouvernements sont les gouvernements où rien ne se passe. (L'État de siège, p.42, Folio/théâtre n°52) 181. Diego : Mentir est toujours une sottise. Nada : Non, c'est une politique. (L'État de siège, p.44, Folio/théâtre n°52) 182. Je dois m'occuper d'être heureux. (L'État de siège, p.44, Folio/théâtre n°52) 183. L'ironie est une vertu qui détruit. Un bon gouvernement lui préfère les vices qui construisent. (L'État de siège, p.56, Folio/théâtre n°52) 184. Dieu nie le monde, et moi je nie Dieu ! Vive rien puisque c'est la seule chose qui existe ! (L'État de siège, p.99, Folio/théâtre n°52) 185. Le Juge : Je ne sers pas la loi pour ce qu'elle dit, mais parce qu'elle est la loi. Diego : Mais si la loi est le crime ? Le Juge : Si le crime devient la loi, il cesse d'être crime. (L'État de siège, p.119, Folio/théâtre n°52) 186. Le devoir est auprès de ceux qu'on aime. (L'État de siège, p.128, Folio/théâtre n°52) 187. Ni peur ni haine, c'est là notre victoire ! (L'État de siège, p.164, Folio/théâtre n°52) 188. Ah ! C'est un affreux tourment de mourir en sachant qu'on sera oubliée. (L'État de siège, p.167, Folio/théâtre n°52) 189. Ma vie n'est rien. Ce qui compte, ce sont les raisons de ma vie. Je ne suis pas un chien. (L'État de siège, p.170, Folio/théâtre n°52) 190. [...] on ne peut pas bien vivre en sachant que l'homme n'est rien et que la face de Dieu est affreuse. (L'État de siège, p.186, Folio/théâtre n°52) Albert Cohen 1895-1981 1. Oui, les mots, ma patrie, les mots, ça console et ça venge. (Le livre de ma mère, p.10 Folio no. 561) 2. On aime être ce qu'on n'est pas. (Le livre de ma mère, p.11 Folio no. 561) 3. Pleurer sa mère, c'est pleurer son enfance. L'homme veut son enfance, veut la ravoir, et s'il aime davantage sa mère à mesure qu'il avance en âge, c'est parce que sa mère, c'est son enfance. J'ai été un enfant, je ne le suis plus et je n'en reviens pas. (Le livre de ma mère, p.33 Folio no. 561) 4. Le terrible des morts, c'est leurs gestes de vie dans notre mémoire. Car alors, ils vivent atrocement et nous n'y comprenons plus rien. Emmanuel Kant 1724-1804 1. La passion amoureuse ou un haut degré d'ambition ont, de tout temps, changé des gens raisonnables en fous qui déraisonnent. (Essai sur les maladies de la tête, Garnier-Flammarion, no 571 p. 54) 2. Le sublime touche, le beau charme. (Observations sur le sentiment du beau et du sublime, GF-Flammarion, no 571, p.83) Federico Garcia Lorca 1898-1936 1. Naître femme est le pire des châtiments. (La maison de Bernarda Alba, p.70, Livre de poche, no996) 2. Quand on ne peut rien contre un danger, le plus facile est de lui tourner le dos pour ne pas le voir. (La maison de Bernarda Alba, p.112, Livre de poche, no996) 3. Nous aimons tous à savoir ce qui peut nous faire souffrir. (Les noces de sang, p.147, Livre de poche, no996) 4. LA MÈRE : Tu sais ce que c'est le mariage, petite ? LA FIANCÉE : Je le sais. LA MÈRE : C'est un homme, des enfants, et un mur épais de deux mètres entre toi et tout le reste. (Les noces de sang, p.169, Livre de poche, no996) 5. Qui a un cheval, tout de suite ! Qui a un cheval ? Je donnerai tout ce que j'ai, mes yeux, ma langue, pour un cheval ! Clin d'oeil évident au Richard III de Shakespeare. (Les noces de sang, p.218, Livre de poche, no996) Plus de 400000 visites de septembre 95 à juillet 2001 Julien Green 1900-1998 1. [...] une langue est un commentaire humain sur la création. (Mon premier livre en anglais, p.62, in L'apprenti psychiatre, Livre de Poche no 5006) 2. [..] presque tous les enfants sont des poètes, c'est-à-dire qu'ils ont souvent un sens assez profond du mystère; ils sont dans un monde un peu comme des étrangers qui arrivent dans un pays où ils n'avaient jamais mis les pieds, et ils regardent autour d'eux avec beaucoup d'étonnement. Le but de l'éducation est de faire peu à peu disparaître cet étonnement en expliquant à l'enfant le sens de ce qui l'étonne. Et peu à peu il grandit et se sent tout à fait chez lui dans un monde où plus rien ne peut l'étonner. Et c'est ainsi que meurent les poètes. (Mon premier livre en anglais, p.63, in L'apprenti psychiatre, Livre de Poche no 5006) 3. Le poète est essentiellement un homme qui a gardé au fond de lui-même le sens du mystère et la faculté de s'étonner. (Mon premier livre en anglais, p.63, in L'apprenti psychiatre, Livre de Poche no 5006) 4. [...] nous sommes ce que nous pensons. (Mon premier livre en anglais, p.64, in L'apprenti psychiatre, Livre de Poche no 5006) 5. [...] la vie est un roman qui a besoin d'être récrit. (Mon premier livre en anglais, p.79, in L'apprenti psychiatre, Livre de Poche no 5006) Jean Giraudoux 1882-1944 1. Je ne comprends pas les paroles des gens. Je n'ai pas d'instruction. Je comprends les gens... (Électre, Grasset (1937), p.48) 2. [...] chaque théâtre n'est écrit que pour une seule pièce, et le seul secret de sa direction est de découvrir laquelle. (Ondine, p.70 Livre de Poche no1657) 3. C'est le grand avantage du théâtre sur la vie, il ne sent pas le rance... (Ondine, p.77 Livre de Poche no1657) 4. C'est une mauvaise action d'accélérer la vie ! Vous en supprimez les deux éléments sauveurs, la distraction et la paresse. (Ondine, p.77 Livre de Poche no1657) 5. Dès que la guerre est déclarée, impossible de tenir les poètes. La rime, c'est encore le meilleur tambour. (La guerre de Troie n'aura pas lieu, p.99 Livre de Poche no945) 6. (La guerre de Troie n'aura pas lieu, p.112 Livre de Poche no945) 7. Un discours aux morts de la guerre, c'est un plaidoyer hypocrite pour les vivants, une demande d'acquittement. C'est la spécialité des avocats. Je ne suis pas assez sûr de mon innocence... (La guerre de Troie n'aura pas lieu, p.115 Livre de Poche no945) 8. Personne, même le destin, ne s'attaque d'un coeur léger à la passion... (La guerre de Troie n'aura pas lieu, p.131 Livre de Poche no945) 9. Aux approches de la guerre, tous les êtres sécrètent une nouvelle sueur, tous les événements revêtent un nouveau vernis, qui est le mensonge. Tous mentent. (La guerre de Troie n'aura pas lieu, p.132 Livre de Poche no945) 10. Les hommes n'éprouvent pas leurs sentiments : ils les miment, et cela leur suffit. (Sodome et Gomorrhe, p.126, Grasset) Marivaux 1688-1763 1. Dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable qu'à l'aimable homme. (Le jeu de l'amour et du hasard, p.19, Éd. des Loisirs, 1947) 2. [...] un mari porte un masque avec le monde, et une grimace avec sa femme. (Le jeu de l'amour et du hasard, p.21, Éd. des Loisirs, 1947) 3. [...] dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es. (La double Inconstance, p.137, Éd. des Loisirs, 1947) Molière 1622-1672 1. Et c'est une folie à nulle autre seconde De vouloir se mêler de corriger le monde. (Le Misanthrope, p.93, Éd. Classiques Français) 2. C'est un parleur étrange, et qui trouve toujours L'art de ne vous rien dire avec de grands discours ; Dans les propos qu'il tient, on ne voit jamais goutte, Et ce n'est que du bruit que tout ce qu'on écoute. (Le Misanthrope, p.114, Éd. Classiques Français) 3. Un coeur ne peut jamais outrager quand il aime Et ce que fait l'amour, il l'excuse lui-même. (Don Garcie de Navarre, p.143, in Oeuvres complètes, Éd. de Crémille, 1971) 4. [...] qui rit d'autrui Doit craindre qu'en revanche on rie aussi de lui. (L'École des femmes, p.206, in Oeuvres complètes, Éd. de Crémille, 1971) 5. Il le faut avouer, l'amour est une grand maître : Ce qu'on ne fut jamais, il nous enseigne à l'être ; Et souvent de nos moeurs l'absolu changement Devient par ses leçons l'ouvrage d'un moment. (L'École des femmes, p.217, in Oeuvres complètes, Éd. de Crémille, 1971) 6. C'est une lâcheté que se faire expliquer trop sa honte. (Don Juan, p.355, in Oeuvres complètes, Éd. de Crémille, 1971) 7. Tous les discours n'avancent point les choses. Il faut faire et non pas dire ; et les effets décident mieux que les paroles. (Don Juan, p.361, in Oeuvres complètes, Éd. de Crémille, 1971) 8. [...] l'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. (Don Juan, p.373, in Oeuvres complètes, Éd. de Crémille, 1971) 9. Les grimaces d'amour ressemblent fort à la vérité ; et j'ai vu de grands comédiens là-dessus. (Le malade imaginaire, p.770, in Oeuvres complètes, Éd. de Crémille, 1971) 10. L'amour a, pour nous prendre, De si doux attraits, Que, de soi, sans attendre, On voudrait se rendre À ses premiers traits ; Mais tout ce qu'on écoute Des vives douleurs Et des pleurs qu'il nous coûte, Fait qu'on en redoute Toutes les douceurs. (Le malade imaginaire, p.789, in Oeuvres complètes, Éd. de Crémille, 1971) 11.Dans les discours et dans les choses, ce sont deux sortes de personnes que vos grands médecins. Entendez-les parler : les plus habiles gens du monde ; voyez-les faire : les plus ignorants des hommes. (Le malade imaginaire, p.791, in Oeuvres complètes, Éd. de Crémille, 1971) Jean Racine 1639-1699 1. Que sais-je ? À ma douleur je chercherai des charmes. (Bajazet, p.32, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, no 37) 2. Je n'examine point ma joie ou mon ennui : J'aime assez mon amant pour renoncer à lui. (Bajazet, p.36, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, no 37) 3. Mais, hélas ! de l'amour ignorons-nous l'empire ? (Bajazet, p.43, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, no 37) 4. Ils ont beau se cacher. L'amour le plus discret Laisse par quelque marque échapper son secret. (Bajazet, p.44, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, no 37) 5. Je ne vous ferai point de reproches frivoles : Les moments sont trop chers pour les perdre en paroles. (Bajazet, p.58, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, no 37) 6. Je ne sais où je vais, je ne sais où je suis. (Phèdre, p.233 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, no 37) 7. Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ; Qui sait si nous serons demain ? (Athalie, p.344 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, no 37) 8. L'amour ne règle pas le sort d'une princesse : La gloire d'obéir est tout ce qu'on nous laisse. (Andromaque, p.198 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) 9. Il faut se croire aimé pour se croire infidèle. (Andromaque, p.216 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) 10. J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer. (Britannicus, p.350 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) 11. Ce n'est point nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. (Bérénice (Préface), p.377 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) 12. [Dans une pièce] La principale règle est de plaire et de toucher. (Bérénice (Préface), p.379 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) 13. Que ne fait point un coeur Pour plaire à ce qu'il aime, et gagner son vainqueur ? (Bérénice, p.398 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) 14. Ah lâche ! fais l'amour, et renonce à l'Empire. Au bout de l'univers va, cours te confiner, Et fais place à des coeurs plus dignes de régner. (Bérénice, p.416 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) 15. Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre, Que mon coeur de moi-même est prêt à s'éloigner ; Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner. (Bérénice, p.418 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) 16. Ah, Rome ! Ah, Bérénice ! Ah, prince malheureux ! Pourquoi suis-je empereur ? Pourquoi suis-je amoureux ? (Bérénice, p.422 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) 17.Tous mes moments ne sont qu'un éternel passage De la crainte à l'espoir, de l'espoir à la rage. (Bérénice, p.425 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, no 27) Ernesto Sabato 1911 1. Mais pourquoi cette manie de vouloir trouver des explications à tous les actes de la vie ? (Le tunnel, p.12, Éd. du Seuil, 1978) 2. [...] on peut détester avec le plus de raison ce qu'on connaît à fond. (Le tunnel, p.20, Éd. du Seuil, 1978) 3. LES CRITIQUES. C'est une plaie que je n'ai jamais pu comprendre. Si j'étais grand chirurgien et qu'un monsieur qu n'a jamais manié un bistouri, qui n'est pas médecin, qui n'a pas mis une gouttière à la patte d'un chat, vienne m'expliquer les défauts de ma façon d'opérer, qu'est-ce qu'on en penserait ? Il en va de même pour la peinture. Ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que les gens ne se rendent pas compte que c'est la même chose et, alors qu'on se moque des prétentions du critique en chirurgie, on écoute ces charlatans avec un incroyable respect. On pourrait écouter avec un certain respect les jugements d'un critique à qui il serait arrivé de peindre, quand ce ne serait que des croûtes. Mais, même en ce cas, ce serait absurde, car comment peut-on trouver raisonnable qu'un peintre médiocre donne des conseils à un bon peintre ? (Le tunnel, p.20, Éd. du Seuil, 1978) 4. Toute notre vie ne serait-elle qu'une suite de cris anonymes dans un désert d'astres indifférents ? (Le tunnel, p.41, Éd. du Seuil, 1978) 5. [...] c'est incroyable à quel point la cupidité, l'envie, la prétention, la grossièreté, l'avidité et, en général, tout cet ensemble d'attributs qui forment la condition humaine, transparaissent sur un visage, dans une démarche, dans un regard. (Le tunnel, p.45, Éd. du Seuil, 1978) 6. [...] moi, je me demande pourquoi la réalité devrait être simple. Mon expérience m'a appris qu'au contraire, elle ne l'est pour ainsi dire jamais et que, quand quelque chose paraît extraordinairement clair, ou qu'une action semble obéir à une cause toute simple, presque toujours il y a par en dessous des mobiles beaucoup plus complexes. (Le tunnel, p.54, Éd. du Seuil, 1978) 7. [...] vivre consiste à se faire de futurs souvenirs. (Le tunnel, p.57, Éd. du Seuil, 1978) 8. [...] se montrer original, c'est en quelque sorte souligner la médiocrité des autres [...]. (Le tunnel, p.91, Éd. du Seuil, 1978) Paul Valéry 1871-1945 1. La jeunesse est un temps pendant lequel les conventions sont, et doivent être, mal comprises : ou aveuglément combattues, ou aveuglément obéies. On ne peut pas concevoir, dans les commencements de la vie réfléchie, que seules les décisions arbitraires permettent à l'homme de fonder quoi que ce soit : langage, sociétés, connaissances, oeuvres de l'art. (Monsieur Teste (préface), p.9, L'Imaginaire/Gallimard n°29) 2. Trouver n'est rien. Le difficile est de s'ajouter ce qu'on trouve. (Monsieur Teste, p.19, L'Imaginaire/Gallimard n°29) 3. L'expression d'un sentiment est toujours absurde. (Monsieur Teste, p.21, L'Imaginaire/Gallimard n°29) 4. La vie est la conservation du possible. (Mélange, p.288, in Oeuvre t.1, La Pléiade) 5. Le moi est haïssable... mais il s'agit de celui des autres. (Mélange, p.325, in Oeuvre t.1, La Pléiade) 6. Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n'est rien. (Mélange, p.375, in Oeuvre t.1, La Pléiade) 7. Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion. (Mélange, p.376, in Oeuvre t.1, La Pléiade) Stefan Zweig 1881-1942 1. [...] toute vie qui ne se voue pas à un but déterminé est une erreur. (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, p.85, Livre de Poche no 4340) Oscar Wilde 1856-1900 1. Les gens ont la rage de nous donner ce dont ils ont eux-mêmes le plus besoin. C'est ce que j'appellerai l'insondable abîme de la générosité. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 2. Du seul fait qu'un homme a publié un recueil de médiocres sonnets, il devient irrésistible. Il vit la poésie qu'il ne peut écrire. Les autres écrivent la poésie qu'ils n'osent vivre. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 3. Les enfants commencent par aimer leurs parents; devenus grands ils les jugent; quelquefois ils leur pardonnent. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 4. Aimer c'est se surpasser. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 5. Rien n'est jamais tout à fait vrai. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 6. L'horreur de l'éternité vous saisit. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 7. Le seul charme du passé, c'est qu'il est le passé. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 8. Se faire le spectateur de sa propre vie c'est échapper à toutes les souffrances de la vie. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 9. La vie est une grande désillusion. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 10. La Beauté est une des formes du Génie. [...] Elle surpasse même le Génie, n'ayant pas comme lui, à se démontrer. Elle est une des réalités suprêmes de ce monde, comme l'éclat du soleil, comme l'éveil du printemps, comme le reflet dans une eau sombre de cette conique d'argent qu'on appelle la lune. La Beauté ne se discute pas. Elle règne de droit divin. Elle fait prince quiconque la possède. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 11. La seule différence entre un simple caprice et une passion éternelle, c'est que le caprice dure un peu plus longtemps! (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 12. Définir, c'est limiter. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) 13. C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume. (Le portrait de Dorian Gray, Livre de poche no 569) Virginia Woolf 1882-1941 1. Peu de gens demandent aux livres ce que les livres peuvent nous donner. (Cité par H. Nyssen dans Éloge de la lecture, p.15, coll. Les grandes conférences, éd. Fides 1997) 2. Il y a des gens qui ont vraiment des dons. Le problème, c'est de les découvrir. (Entre les actes, p.69, Livre de Poche/Biblio n°3068) 3. L'amour, la haine, la paix : voilà les trois émotions qui forment la trame de la vie humaine. (Entre les actes, p.95, Livre de Poche/Biblio n°3068) 4. Les livres : la sève vivante des esprits immortels. 5. [...] la beauté, c'est la bonté ; c'est la mer sur laquelle nous flottons. Nous sommes imperméables ; mais parfois le bateau prend l'eau. (Entre les actes, p.180, Livre de Poche/Biblio n°3068) Marguerite Yourcenar 1903-1987 1. Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ? (L'Œuvre au Noir, p.18, Folio no798) 2. Mon métier me parut vain, ce qui est presque aussi absurde que de le croire sublime. (L'Œuvre au Noir, p.154, Folio no798) 3. Mais quand je vois combien peu de gens lisent L'Iliade d'Homère, je prends plus gaiement mon parti d'être peu lu. (L'Œuvre au Noir, p.156, Folio no798) 4. [...] il m'advient rarement de quitter une maîtresse sans ce petit soupir de soulagement de l'écolier qui sort de l'école, et je crois bien que ce sera un soupir du même genre que je pousserai à l'heure de ma mort. (L'Œuvre au Noir, p.157, Folio no798) 5. Je sais que je ne sais pas ce que je ne sais pas. (L'Œuvre au Noir, p.159, Folio no798) 6. Il y avait entre eux l'intimité d'un secret bien gardé. (L'Œuvre au Noir, p.208, Folio no798) Victor Hugo 1802-1885 1. Vous me manquez, je suis absente de moi-même ; (Hernani, p.50, Livre de Poche no 2434) 2. Le drame noue l'action, la comédie l'embrouille, la tragédie la tranche. (Ruy Blas (préface), p.240, Livre de Poche no 2434) 3. Je ne veux pas tomber, non, je veux disparaître ! (Ruy Blas, p.248, Livre de Poche no 2434) 4. Avec les gens de cour, vos pareils, don Salluste, Je vous laisse, et je reste avec mes chenapans. Je vis avec les loups, non avec les serpents. (Ruy Blas, p.261, Livre de Poche no 2434) 5. Hum ! visage de traître ! Quand la bouche dit oui, le regard dit peut-être. (Ruy Blas, p.262, Livre de Poche no 2434) 6. Aujourd'hui je suis reine. Autrefois, j'étais libre. (Ruy Blas, p.293, Livre de Poche no 2434) 7. J'ai l'habit d'un laquais, et vous en avez l'âme ! (Ruy Blas, p.406, Livre de Poche no 2434) 8. Quelques peuples seulement ont une littérature, tous ont une poésie. (Océan prose, p.3, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 9. Aimer, c'est donner à autrui, par une sorte de pouvoir créateur, une existence supérieure ; être aimé, c'est la recevoir. (Océan prose, p.6, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 10. En amour, tel mot, dit tout bas, est un mystérieux baiser de l'âme à l'âme. (Océan prose, p.7, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 11. Le penseur est comme la terre. L'un ne garde pas plus l'ombre des événements que l'autre ne garde l'ombre des nuées. (Océan prose, p.14, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 12. L'homme est forcé de faire ; la femme peut se contenter d'être. (Océan prose, p.15, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 13. La solitude n'admet pas les nouveaux visages. (Océan prose, p.18, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 14. La liberté commence où l'ignorance finit. (Océan prose, p.21, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 15. La volonté trouve, la liberté choisit. Trouver et choisir, c'est penser. (Océan prose, p.25, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 16. L'homme trouve la raison en lui et la sagesse hors de lui. (Philosophie prose, p.58, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 17. L'imagination n'est autre chose que le reflet de la nature dans l'âme de l'homme. (Philosophie prose, p.59, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 18. Les mots qui se ressemblent ne sont pas identiques. Ne confondez pas le sombre avec l'obscur. L'obscur accepte l'idée de bonheur ; le sombre accepte l'idée de grandeur. (Philosophie prose, p.60, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 19. Songe que le médisant qui te prend pour auditeur exploite aujourd'hui tes oreilles et demain tes ridicules. (Philosophie prose, p.61, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 20. Le pied de l'échelle de l'inconnu est dans le tombeau. (Philosophie prose, p.61, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 21. À force de nains, on fait la somme du géant, on l'abat et on l'enchaîne. Savoir attendre le jour et savoir choisir l'heure, c'est le secret des vrais génies. Ils ont une patience sereine qui rassure et intimide à la fois les pygmées et les prépare à obéir et à céder. Bien des batailles sont gagnées d'avance pour la civilisation et pour la pensée par le spectacle d'une grande force qui se repose et qui rêve. (Philosophie prose, p.61, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 22. Les hypocrites les plus doux sont les plus redoutables. Les masques de velours sont toujours noirs. (Philosophie prose, p.61, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 23. Toutes les violences ont un lendemain. (Philosophie prose, p.61, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 24. La véritable indulgence consiste à comprendre et à pardonner les fautes qu'on ne serait pas capable de commettre (Philosophie prose, p.62, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 25. Les paradoxes-vérités ont une certaine clarté charmante et bizarre qui illumine les esprits justes et qui égare les esprits faux. (Philosophie prose, p.66, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 26. Mentelli était un grand savant. Il mourut. On me demanda une épitaphe pour lui. J'écrivis sur sa tombe cette ligne : Il est allé savoir le reste. (Philosophie prose, p.67, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 27. Dans connaître, il y a naître. (Philosophie prose, p.68, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 28. Ce qui polit use. (Philosophie prose, p.69, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 29. La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder. (Philosophie prose, p.70, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 30. Dieu est l'auteur de la pièce ; Satan est le directeur du théâtre. (Philosophie prose, p.70, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 31. On ne souffre jamais que du mal que nous font ceux qu'on aime. Le mal qui vient d'un ennemi ne compte pas. (Philosophie prose, p.72, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 32. Rien ne ressemble plus à ce qu'on nomme le hasard que ce qu'on nomme le nuage. Eh bien, les nuages sont exacts. (Philosophie prose, p.72, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 33. On fuit de deux façons : devant quelque chose et vers quelque chose ; devant le mal qu'on ne veut pas faire, et vers le bien qu'on veut retrouver. Dans le premier cas, on s'échappe ; dans le second, on se réfugie. (Philosophie prose, p.73, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 34. N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe. (Philosophie prose, p.75, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 35. L'odieux est la porte de sortie du ridicule. (Philosophie prose, p.75, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 36. Faire justice est bien. Rendre justice est mieux. (Philosophie prose, p.75, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 37. Huile : ce que les sages versent sur les roues et les fous sur le feu. (Philosophie prose, p.75, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 38. La suprême bassesse de la flatterie, c'est d'encourager l'ingratitude. (Philosophie prose, p.76, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 39. J'aime mieux tout de quelque chose que quelque chose de tout. (Philosophie prose, p.76, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 40. L'oeil ne voit bien Dieu qu'à travers les larmes. (Philosophie prose, p.76, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 41. Il y a des moments doublement mélancoliques et mystérieux, où notre esprit semble éclairé à la fois par le soleil qui se couche et par la lune qui se lève. (Philosophie prose, p.76, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 42. Ô tristesse ! On passe la moitié de sa vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre moitié à quitter ceux qu'on aime. (Philosophie prose, p.77, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 43. Pouvoir, vouloir, savoir, trois mots qui mènent le monde. (Philosophie prose, p.78, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 44. Quand on est jeune, mourir c'est faire faillite, se tuer c'est faire banqueroute. (Philosophie prose, p.79, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 45. Sophisme, le mensonge de la logique. (Philosophie prose, p.79, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 46. Dans tout fanfaron il y a un fuyard. (Philosophie prose, p.79, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 47. [Le suicide] est une lutte entre deux craintes. Il y a suicide quand la crainte de la vie l'emporte sur la crainte de la mort. (Philosophie prose, p.80, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 48. [...] cette magique lunette d'approche, la pensée. (Philosophie prose, p.81, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 49. Pardonnez beaucoup de choses, oubiez-en un peu. (Philosophie prose, p.81, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 50. Il ne suffit pas d'être le premier, il faut encore être le meilleur. (Philosophie prose, p.81, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 51. La porte de la Vérité a deux clefs : l'une s'appelle l'étude, l'autre la souffrance. (Philosophie prose, p.81, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 52. Le souvenir, c'est la présence invisible. (Philosophie prose, p.82, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 53. L'homme fort dit : je suis. Et il a raison. Il est. L'homme médiocre dit également : je suis. Et lui aussi a raison. Il suit. (Philosophie prose, p.82, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 54. Deux choses font la fleur : la graine et le rayon de soleil. Deux choses font le grand homme : le génie et l'occasion. (Philosophie prose, p.83, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 55. La vieillesse bien comprise est l'âge de l'espérance. (Philosophie prose, p.83, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 56. L'âme, le coeur et l'esprit, c'est la trinité qui est dans l'unité de l'homme comme dans l'unité de Dieu. (Philosophie prose, p.84, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 57. On ne méprise pas toujours ce qu'on dédaigne ; on ne dédaigne pas toujours ce qu'on méprise. Le dédain diffère gravement du mépris, en ce sens que dans le dédain c'est soi-même qu'on regarde. Dans le mépris, c'est autrui. Le dédain se compose de dignité. Le mépris ne se compose que de justice. (Philosophie prose, p.84, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 58. Mieux vaut une conscience tranquille qu'une destinée prospère. J'aime mieux un bon sommeil qu'un bon lit. (Philosophie prose, p.85, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 59. Le travail est la meilleure des régularités et la pire des intermittences. (Philosophie prose, p.86, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 60. Ce sera ma loi d'avoir vécu célèbre et ignoré. Je ne suis connu que de l'Inconnu. (Philosophie prose, p.87, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 61. Dis-moi qui tu aimes, je te dirai qui tu hais. (Philosophie prose, p.87, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 62. En fait d'insultes, ne dédaignez pas tout. Il faut toute la grandeur de l'esprit pour discerner sainement les cas de dédain. Un homme de coeur doit savoir être offensé. (Philosophie prose, p.88, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 63. Penseurs, voulez-vous vivre en paix avec le genre humain ? respectez tous les fétichismes. Voulez-vous vivre en paix avec votre conscience, attaquez-les tous. (Philosophie prose, p.89, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 64. Quand on est pas compris, c'est qu'on n'est pas intelligent. (Philosophie prose, p.92, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 65. Vu du dehors, tout système paraît la prison de l'esprit ; vu au dedans, c'est un monde. (Philosophie prose, p.92, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 66. [...] l'effrayant mot incommensurable. (Philosophie prose, p.93, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 67. Seigneur, l'homme qui vous est fidèle a plus de mérite que l'ange. L'ange voit, l'homme croit. (Philosophie prose, p.94, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 68. Priez. L'esprit de l'homme fait plus de chemin avec les genoux qu'avec les pieds. (Philosophie prose, p.94, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 69. On sent son esprit tomber dans un abîme quand on songe que les hommes font tant de mauvaises actions en présence des étoiles. (Philosophie prose, p.94, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 70. Devant la conscience, être capable, c'est être coupable. (Philosophie prose, p.99, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 71. Petits séminaires, le néant enseigné. Faire un prêtre, c'est vider un homme. (Philosophie prose, p.99, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 72. L'instinct, c'est l'âme à quatre pattes ; la pensée, c'est l'esprit debout. (Philosophie prose, p.100, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 73. Le prêtre éclipse Dieu. (Philosophie prose, p.101, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 74. Qui a bu, boira. Qui a lu, lira. (Philosophie prose, p.102, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 75. Même les choses dont vous avez peur peuvent vous aider à lire l'humanité et comprendre l'avenir. Il y a de la lumière dans la torche. (Philosophie prose, p.102, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 76. Il y a des hommes dont l'amour hait. (Philosophie prose, p.106, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 77. Si l'âme n'était pas immortelle, la mort serait un guet-apens. (Philosophie prose, p.107, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 78. Le premier des bons ménages est celui qu'on fait avec sa conscience. (Philosophie prose, p.109, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 79. Le suicide est un bris de prison. (Philosophie prose, p.109, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 80. La vie est une phrase interrompue. (Philosophie prose, p.109, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 81. Chaque fois qu'on perd une habitude, il semble qu'on perde quelque chose de la vie. Et dans le fait la vie n'est que la plus longue de nos habitudes. (Philosophie prose, p.112, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 82. Mourir, c'est mûrir. (Philosophie prose, p.113, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 83. Nos fautes sont des dettes contractées ici et payables ailleurs. L'athéisme n'est autre chose qu'un essai de déclaration d'insolvabilité. (Philosophie prose, p.113, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 84. Le mariage, tel que le catholicisme l'institue, n'est pas autre chose qu'une couture au coeur humain, proprement faite. (Faits et croyances, p.122, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 85. On fait l'éloge d'un homme en disant qu'il est humain et d'une femme en disant qu'elle est inhumaine. (Faits et croyances, p.122, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 86. Tout bruit écouté longtemps devient une voix. (Faits et croyances, p.123, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 87. Femmes, vous donner, c'est nous prendre. (Faits et croyances, p.125, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 88. La science est obscure - peut-être parce que la vérité est sombre. (Faits et croyances, p.129, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 89. Dieu a fait un noeud que l'homme cherche à dénouer avec deux mains : la philosophie et la Science. (Faits et croyances, p.130, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 90. Les maîtres d'écoles sont des jardiniers en intelligences humaines. (Faits et croyances, p.130, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 91. [...] cet effrayant univers sans fond et sans limite, qu'on appelle la pensée. (Faits et croyances, p.131, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 92. Le hasard bavarde. Le génie écoute. (Faits et croyances, p.133, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 93. Le peuple a le droit à la liberté, mais n'a pas droit sur la liberté. (Faits et croyances, p.133, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 94. Lire, c'est boire et manger. L'esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas. (Faits et croyances, p.151, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 95. Un sot est un imbécile dont on voit l'orgueil à travers les trous de son intelligence. (Faits et croyances, p.151, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 96. Il est bon d'être ancien et mauvais d'être vieux. (Faits et croyances, p.152, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 97. La pensée d'un homme de génie est une vrille sans fin. Le trou qu'elle fait va toujours s'approfondissant et s'élargissant. (Faits et croyances, p.154, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 98. Écrivains qui avez souci de votre dignité, n'écrivez jamais rien sans vous demander : quelle figure ceci fera-t-il quand tous les hommes qui vivent maintenant seront morts ? (Faits et croyances, p.155, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 99. La raison, c'est l'intelligence en exercice l'imagination c'est l'intelligence en érection. (Faits et croyances, p.158, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 100. Je ne reconnais pour grand écrivain que celui qui a telle page qui est comme son visage et telle autre page qui est comme son âme. (Faits et croyances, p.159, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 101. Celui-là seul sait écrire qui écrit de telle sorte qu'une fois la chose faite, on n'y peut changer un mot. (Faits et croyances, p.159, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 102. La bêtise et la brutalité n'outragent pas ; l'insulte intelligente est la seule insulte ; l'affront sérieux ne rugit pas et ne hurle pas ; il parle. Pour qu'il soit l'affront, il faut qu'il sorte d'où sort l'idée. Une gueule bave, une bouche crache. (Faits et croyances, p.165, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 103. On est stupéfait de la quantité de critique que peut contenir un imbécile. (Faits et croyances, p.171, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 104. Livres ! livres ! livres ! tous les livres ! lumière ! lumière ! lumière ! toute la lumière ! lisez ! apprenez ! interrompez-vous, rompez-vous, corrompez-vous, pourrissez le vieil homme, renaissez ! (Faits et croyances, p.176, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 105. L'homme de génie s'inquiète peu des diatribes, des harangues et des clameurs de ses ennemis ; il sait qu'il aura la parole après eux. (Faits et croyances, p.180, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 106. La poésie est de toutes les choses humaines la plus voisine des choses divines. (Faits et croyances, p.180, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 107. La rêverie est la vapeur de la pensée. (Faits et croyances, p.181, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 108. La contemplation de la nature fait les poètes ; la méditation de la destinée fait les penseurs. Le poète et le penseur regardent chacun un côté du mytère. Dieu est derrière le mur. (Faits et croyances, p.182, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 109. Les vrais grands écrivains sont ceux dont la pensée occupe tous les recoins de leur style. (Faits et croyances, p.183, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 110. Entre un savant et un poète il y a la même différence qu'entre un jardin botanique et une forêt. (Faits et croyances, p.183, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 111. Il y a des hommes qui sont sources. (Faits et croyances, p.183, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 112. [...] lorsqu'on jette un regard sur la création, une sorte de musique mystérieuse apparaît sous cette géométrie splendide ; la nature est une symphonie ; tout y est cadence et mesure ; et l'on pourrait presque dire que Dieu a fait le monde en vers. (Faits et croyances, p.186, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 113. L'art, c'est le relief du beau au-dessus du genre humain. (Faits et croyances, p.188, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 114. L'infini, dans les oeuvres humaines, est une salaison pour l'immortalité. (Faits et croyances, p.188, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 115. Les grands artistes ont du hasard dans leur talent et du talent dans leur hasard. (Faits et croyances, p.189, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 116. L'art, c'est le reflet que renvoie l'âme humaine éblouie de la splendeur du beau. (Faits et croyances, p.189, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 117. Il y a la nature qui est la chose que Dieu fait immédiatement et il y a l'art qui est la chose que Dieu fait à travers le cerveau de l'homme. (Faits et croyances, p.190, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 118. La musique est la nébuleuse de l'art. (Faits et croyances, p.191, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 119. Une femme qui a un amant est un ange, une femme qui a deux amants est un monstre, une femme qui a trois amants est une femme. (Faits et croyances, p.197, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 120. Il se faut entr'aider même dans notre moi. Si indivisible qu'il soit en apparence, cette loi se fait sentir. (Faits et croyances, p.201, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 121. On les voit tous les deux partout coude à coude. Ces deux hommes riment ensemble. (Faits et croyances, p.201, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 122. Il y a des gens qui vous laissent tomber un pot de fleurs sur la tête d'un cinquième étage et qui vous disent : je vous offre ces roses. (Faits et croyances, p.202, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 123. Toujours suivre d'un point à l'autre la ligne droite, c'est le chemin le plus long. (Faits et croyances, p.203, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 124. Regarder le ciel dans le télescope, disait Falbala, c'est une indiscrétion. (Faits et croyances, p.203, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 125. Étonné comme une mouche qui rencontre une vitre. (Faits et croyances, p.205, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 126. Quand les vieillards croient gémir sur leur temps, ils se trompent ; ils ne gémissent que sur leur âge. (Faits et croyances, p.207, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 127. L'animal a cet avantage sur l'homme qu'il ne peut être sot. (Faits et croyances, p.209, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 128. La grandeur se compose de deux éléments qui sont l'essence même du génie : deviner et oser. Se donner à ce qui sera malgré la résistance de ce qui est. (Faits et croyances, p.215, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 129. Exagérer, c'est compromettre. (Faits et croyances, p.217, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 130. Les colères d'un homme patient, c'est comme les dépenses d'avare, cela se prodigue. (Faits et croyances, p.221, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 131. Il n'y a d'incontesté que le silence. (Faits et croyances, p.223, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 132. Défiez-vous de ceux qui vous disent en vous parlant d'une personne qui vous est chère : - je crains que un tel, ou une telle, ne soit bien malade. On n'est pas oiseau de mauvais augure sans s'y plaire un peu. (Faits et croyances, p.225, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 133. Il y a un doigté de la flatterie. (Faits et croyances, p.238, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 134. L'homme est un pendule oscillant de la brute à l'ange. (Faits et croyances, p.241, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) 135. Les hommes sont des anges stagiaires. (Faits et croyances, p.242, in Océan, Éd.Robert Laffont coll. Bouquins) Alfred de Musset 1810-1857 1. La poésie [...] c'est bien. Mais la musique, c'est mieux. (Les marrons du feu, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.58) 2. C'est la musique, moi, qui m'a fait croire en Dieu. (Les marrons du feu, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.58) 3. Ah ! que le coeur est un grand maître ! On n'invente rien de ce qu'il trouve, et c'est lui seul qui choisit tout. (Il ne faut jurer de rien, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.400) 4. [...] il n'y a de vrai au monde que de déraisonner d'amour. (Il ne faut jurer de rien, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.404) 5. Quel chien vorace est-ce donc que le néant ? Faut-il qu'il nous prenne jour par jour cette vie si courte dont la totalité lui appartient tôt ou tard ? (Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.641) 6. Dis-moi un peu d'où vient cette manie de n'être jamais ce qu'on est ? (Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.644) 7. Tous les poètes du monde étaient-ils fous lorsqu'ils se sauvaient de la réalité dans le paradis de leur pensée ? [...] Ah ! malheureux que vous êtes, de n'être pas fous ! (Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.645) 8. [...] où le plaisir ne coûte rien, la jeunesse n'a rien à perdre. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.318) 9. Ceux qui mettent les mots sur leur enclume, et qui les tordent avec un marteau et une lime, ne réfléchissent pas toujours que ces mots représentent des pensées, et ces pensées des actions. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.320) 10. [...] pour dormir tranquille, il faut n'avoir jamais fait certains rêves. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.325) 11. [...] ce que vous dites là est parfaitement vrai, et parfaitement faux, comme tout au monde. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.327) 12. Trouver sur les lèvres d'un honnête homme ce qu'on a soi-même dans le coeur, c'est le plus grand des bonheurs qu'on puisse désirer. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.327) 13. Je n'appartiens à personne ; quand la pensée veut être libre, le corps doit l'être aussi. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.328) 14. Va, cela est facile d'être un grand roi, quand on est roi. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.343) 15. Je puis délibérer et choisir, mais non revenir sur mes pas quand j'ai choisi. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.349) 16. S'il y a quelqu'un là-haut, il doit bien rire de nous tous ; cela est très comique, très comique, vraiment. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.351) 17.Philippe : Tu aurais déifié les hommes, si tu ne les méprisais. Lorenzo : Je ne les méprise point, je les connais. Je suis très persuadé qu'il y en a très peu de méchants, beaucoup de lâches, et un grand nombre d'indifférents. (Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.355)