Mais où est donc Ornicar ?
Atelier de réflexion sur la langue française
On s’interroge, on fait des recherches, on échange et on partage. On essaie de
nourrir sept rubriques : les bizarreries, des précis linguistiques, les fautes de langue,
les expressions imagées, les astuces mnémotechniques, les étymologies
étonnantes, les devinettes et les jeux de mots et de lettres.
Site internet : http://jacge.nguyen.free.fr/ornicar/
Séance du 17 novembre 2009
Bizarreries ou anomalies
Diplôme, diplômer, diplômé, diplômant ; mais diplomate, diplomatie, diplomatique,
diplomatiquement. L’Académie ne dit rien sur ce point.
Ouvrage est un nom masculin. Mais il est féminin dans l’expression populaire : C’est
de la belle ouvrage.
Précis linguistiques
Apposition : « Les danseuses étoiles regardent des films culte »
Au pluriel, dans des syntagmes comme danseuse étoile, film culte, produit phare ou
mot clé, qui sont formés d’un nom mis en apposition à un autre nom, le mot apposé
suit la règle suivante : il varie uniquement si on peut établir une relation
d’équivalence entre celui-ci et le mot auquel il est apposé.
Ainsi, on écrira Les danseuses étoiles regardent des films culte, car si l’on considère
que les danseuses sont des étoiles (elles ont les mêmes propriétés qu’elles, elles
brillent de la même façon), il est évident que les films ne sont pas des cultes, mais
qu’ils font l’objet d’un culte. [http://www.academie-francaise.fr/langue/]
Ce qui reste ou ce qu’il reste ? Avec les verbes susceptibles d’être construits soit
personnellement, soit impersonnellement, on utilise ce qui ou ce qu’il : qui est le sujet
du verbe construit personnellement, qu’il apparaît dans la tournure impersonnelle. La
nuance entre les deux possibilités est parfois indiscernable. Ainsi : ce qui restait
d’élèves… (Pagnol) ; ce qui lui reste de sainteté (Maurois) ; ce qu’il lui restait à faire
(R. Rolland) ; ce qu’il vous reste à découvrir (Duhamel).
On peut donc écrire aussi bien : nous verrons ce qui se passera ou ce qu’il se
passera. [http://www.academie-francaise.fr/langue/]
Accord des mots désignant une couleur
1) Si le mot est un adjectif,
a) S’il est simple, il s’accorde : Des lèvres incarnates, des chevelures châtaines.
b) S’il est qualifié par un autre adjectif ou complété par un nom, l’ensemble reste
invariable, parce que le premier adjectif est pris substantivement, et suppose
l’ellipse de « d’un » : Des yeux bleu clair (= d’un bleu clair), des tenues bleu
horizon.
N.B. 1. Si on veut signer une couleur intermédiaire entre deux autres, on met
un trait d’union : Des robes bleu-vert.
2. Des drapeaux bleu, blanc et rouge : chaque drapeau contient du bleu, du blanc
et du rouge. Des drapeaux bleus, blancs et rouges : certains drapeaux sont tout
blancs, d’autres tout bleus et les derniers tout rouges.
2) Si le mot est un nom, qu’il soit simple ou composé, il reste invariable, parce qu’il
est complément du mot « couleur » sous-entendu ou qu’il y a une comparaison
implicite : Des étoffes marron (= de la couleur du marron ; pareilles, par la couleur,
au marron), des rubans orange, des favoris poivre et sel.
N.B. : Écarlate, mauve, pourpre, rose, désignant la couleur, sont devenus de
véritables adjectifs, et s’accordent : Des rubans écarlates, des joues pourpres.
[D’après M. Grévisse, Le Bon Usage]
Tout Nature, sens, emploi et accord :
- Tout, adjectif, singulier, devant un nom avec ou sans déterminant. Sens : complet,
entier, intégral. Tout le jour. Toute cette semaine. J’ai tout mon temps. À toute allure.
- Tous, toutes, déterminant indéfini, au pluriel, devant un nom avec ou sans
déterminant. Sens : l’ensemble, la totalité sans exception. Tous les hommes. De tous
côtés, de tous les côtés. De toutes parts. De toutes les façons. Dans tous les cas. En
toutes lettres.
Tout, au singulier, devant un nom sans article. Sens : un quelconque, n’importe quel.
Toute peine mérite salaire. De toute façon. En tout cas.
- Tout, pronom, au pluriel ou au singulier. Sens : représente toutes les personnes ou
toutes les choses exprimées avant ou en général. « Ils ne mouraient pas tous, mais
tous étaient frappés » (La Fontaine). Tout va bien.
- Tout, nom masculin, singulier ou pluriel (touts). Sens : l’ensemble des choses, le
point capital. Former un tout. Le tout est de (+ infinitif).
- Tout, adverbe, donc invariable devant les adjectifs masculins et les adjectifs
féminins commençant par une voyelle ou un h muet (on fait la liaison) ; mais par
euphonie tout s’accorde avec les adjectifs minins commençant par une consonne
ou un h aspiré (on ne fait pas la liaison). Sens : entièrement, tout à fait. Ils sont tout
émus. Elles sont tout aimables, tout heureuses, toutes contentes, toutes honteuses.
La tournure Tout… (nom ou adj. attribut) que + indicatif ou subjonctif exprime la
concession : Tout riche que je suis… Tout hôtelière qu’elle fût…
- Donc, selon le sens, on accorde de telle ou telle façon ou on n’accorde pas :
Elles exprimaient toute leur joie (leur joie entière).
Elles exprimaient toutes leur joie (toutes exprimaient leur joie).
Cette mère est tout à son devoir (tout à fait à son devoir).
Elle est toute à ses enfants (toute sa vie, toute sa tendresse sont à ses enfants).
Demandez-moi toute autre chose (toute chose autre que celle qu’on demande).
Vous demandez tout autre chose (tout à fait autre chose).
Quelque Nature, sens, emploi et accord :
- Dans la tournure Quelque… que exprimant la concession :
Devant un nom, quelque est adjectif et s’accorde : Quelques raisons que vous
donniez, vous ne convaincrez personne.
Devant un adjectif, quelque est adverbe et reste invariable : Quelque bonnes que
soient vos raisons, vous ne convaincrez personne.
- Quelque, déterminant indéfini :
Au singulier, sens : un, certain. En quelque sorte. Quelque part. Quelque chose
(masc.). Depuis quelque temps.
Au pluriel, sens : un petit nombre, un certain nombre de. Faire quelques pas, dire
quelques mots.
- Devant un déterminant numéral, quelque est adverbe, reste invariable et
signifie « environ ». Il y a quelque soixante ans…
Attention ! Ne pas confondre avec la locution concessive Quel que (en deux mots) +
verbe être au subjonctif : Quelles que soient vos raisons, vous êtes en tort.
Ne dites pas, n’écrivez pas
Dites, écrivez
Au plus je réfléchis, au plus je suis
indécis.
Plus je réfléchis, plus je suis indécis.
Quand vous viendrez, amenez vos
outils.
Quand vous viendrez, apportez vos outils.
L’ensemble des personnels…
L’ensemble du personnel Personnel est
un nom collectif qui désigne toujours un
ensemble d’individus.
Ce modèle est inutile, voire même
dangereux.
Ce modèle est inutile, voire dangereux.
Voire : et même. L’ajout du mot même est
donc un pléonasme.
Expressions imagées
- De bon, de mauvais aloi : de bonne, de mauvaise qualité, qui mérite, ne rite pas
l'estime. Aloi : (Vx) Alliage. (Spécialt) Titre légal (d'une monnaie, d'un article
d'orfèvrerie). [Le Petit Robert]
- Tenir le crachoir : parler sans arrêt. Tenir le crachoir à qqn, l'écouter sans pouvoir
placer un mot. [Le Petit Robert]
- Tirer à hue et à dia : tirer en sens contraire ; (fig.) employer des moyens
contradictoires. Hue et dia étaient des onomatopées employées par des charretiers
pour faire avancer leurs chevaux, à droite (hue) ou à gauche (dia). Hue a donné le
verbe huer, dia a peut-être donné le nom dada. [D’après C. Duneton, La Puce à
l’oreille]
- Ne pas être dans son assiette. Dans un premier temps, assiette signifiait « position,
manière d’être posé ». Son étymologie est la même que pour asseoir et assise. C’est
ce sens que l’on trouve dans les expressions : avoir une bonne assiette pour un
cavalier, l’assiette d’un avion ou d’un sous-marin (l’équilibre). Le mot a aussi le sens
figuré de « disposition, état d’esprit » ; c’est dans ce sens qu’il faut prendre
l’expression Ne pas être dans son assiette. En matière de repas, l’assiette signa
d’abord la position des convives autour d’une table. Par extension, on appela ainsi le
service qu’ils avaient devant eux, et enfin le petit plat d’argent, d’étain, de porcelaine,
qui remplaça chez les riches la vieille écuelle à potage. [D’après C. Duneton, La
Puce à l’oreille]
- Porter un toast. Le mot anglais toast vient du vieux français tostée et signifiait « une
tranche de pain grillée que l’on mangeait en buvant ». Au XVIIème siècle, quand les
Britanniques portaient la san à une dame, la chope qui passait de convive en
convive contenait effectivement un morceau de pain grillé, devenu le symbole de la
dame elle-même. L’auteur du vœu la mangeait en dernier ressort. [D’après C.
Duneton, La Puce à l’oreille]
Astuces mnémotechniques
- Venant du large et entrant dans un port, un capitaine doit enfiler un tricot vert et
deux bas si rouges. C’est-à-dire qu’il doit laisser à tribord (tri) une balise portant le
numéro 1 ou un numéro impair, de forme conique (cot), de couleur verte et à bâbord
(bas) une balise portant le numéro 2 ou un numéro pair, de forme cylindrique (si), de
couleur rouge.
- Rouge sur rouge, rien ne bouge ; vert sur vert, tout est clair. Il s’agit de feux de
navigation (rouge à bâbord, vert à tribord). Si le feu rouge de l’autre navire est du
côté du feu rouge de mon navire (idem pour les feux verts), je ne modifie pas ma
route. Dans le cas contraire en revanche (rouge sur vert ou vert sur rouge), je
m’affole… Sinon, gare à l’abordage.
Par association d’idées, Blanc sur rouge, rien ne bouge ; rouge sur blanc, tout fout le
camp et Vin sur lait est bienfait, lait sur vin est venin sont des proverbes conseillant
l’ordre dans lequel il convient de consommer ces boissons.
Etymologies étonnantes
- Autour d’une racine grecque ôtos « oreille », on trouve :
Otite : inflammation de l’oreille. Otarie, de ôtarion « petite oreille ». Myosotis, mot
latin, grec muosôtis « oreille (ous, ôtos) de souris (mus) », à cause de la forme des
feuilles.
- Carde : Instrument (d'abord formé de têtes de chardon) servant à carder la laine ;
peigne.
- Fieffé, adj. de l'ancien français fieffer « pourvoir d'un fief » : (Vieilli) Qui possède au
plus haut degré un défaut, un vice. Achevé, complet, consommé, fini, parfait. Un
ivrogne, un coquin fieffé. (Mod.) Un fieffé menteur. Sacré.
- Compter et conter ont la même origine : le latin computare « calculer ». Ce verbe a
d’abord donné la forme conter, qui au Moyen Age voulait dire « calculer »,
« énumérer », puis « relater ». Plus tard, pour distinguer ces sens, on a procédé à la
formation savante compter pour le sens de « calculer », gardant la formation
populaire conter pour le sens de « relater ».
- Terre-plein, de l’italien terrapieno « rempli de terre », de pieno « plein », attraction
de sens de plain « plat ». Des terre-pleins.
De plain-pied. Plain vient du latin planus « plan, plat, uni, égal ». Tapis plain est un
belgicisme signifiant « moquette ».
Devinettes, jeux de mots, jeux de lettres
Le jeu de la langue française du Nouvel’Obs. Le quiz de Jacques Drillon (2)
1. On accorde : Il était un cavalier et un
musicien…
a. Accompli
b. Accomplis
c. L'un ou l'autre.
2. On écrit :
a. Viet Nam
b. Viêt Nam
c. Vietnam.
3. Un alexandrin comporte :
a. Douze syllabes
b. Douze pieds
c. C’est pareil.
V
R
V
R
V
R
4. Une synérèse, c’est :
a. Une strophe de vers libres
b. Le regroupement de deux voyelles
en une seule syllabe
c. Une figure de rhétorique (métaphore
figée).
5. Que désigne-t-on par « haut mal » ?
a. La syphilis
b. Les stigmates
c. L’épilepsie.
6. Le plus ancien document écrit en
français, « les Serments de
Strasbourg », date de :
a. 633
b. 726
c. 842.
7. La fasciathérapie intervient sur :
a. Les muscles de la face
b. Les faisceaux nerveux
c. Les tissus musculaires, tendons,
ligaments...
8. Le verbe mouvoir donne au passé
antérieur :
a. J’eus mû
b. J’eus mouvu
c. J’ai meuvu.
9. Dans « plusieurs fois »,
« plusieurs » est :
a. Un adjectif démonstratif
b. Un adjectif indéfini
c. Un adverbe.
10. On écrit :
a. Des camaïeu
b. Des camaïeus
c. Des camaïeux
d. Comme on veut.
11. On écrit :
a. Ça n’est pas facile
b. Çà n’est pas facile
c. Les deux.
12. On écrit « le fond du trou », mais
de l’âme, on écrit :
a. Le tréfond
b. Le tréfonds
c. Les deux.
13. Que fait le verbe fuir à la deuxième
personne du pluriel du passé simple ?
14. Une femme dit :
a. Je me suis permis de vous appeler
b. Je me suis permise de vous appeler
c. L’un ou l’autre.
15. On écrit :
a. Nous, on est revenu tout de suite
b. Nous, on est revenus tout de suite
c. L’un ou l’autre.
16. On accorde :
a. L’employée se voit accorder une
prime
b. L’employée se voit accordé une
prime
c. L’employée se voit accordée une
prime.
17. Comment accorde-t-on ?
a. Dans le miroir, le banquier se voit
signer des chèques
b. Dans le miroir, le banquier se voit
signé des chèques
c. Dans le miroir, le banquier se voit
signés des chèques
18. Doit-on dire, en bonne correction :
a. Il est parti sans qu’on le sache
b. Il est parti sans qu’on ne le sache
c. L’un ou l’autre.
19. Azalée est du genre :
a. Masculin
b. Féminin
c. Les deux.
20. Les grotesques sont ainsi nommés
a. Parce qu’ils étaient caricaturaux
b. Parce qu’ils étaient dus à des
peintres méprisés
c. A cause des maisons enterrées où
ils sont apparus d’abord, et qu’on avait
prises pour des grottes.
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