
vapeur d’eau, nos connaissances des mécanismes et processus contrôlant la distribution d'humidité ainsi que les détails
de l'interaction entre rayonnement ondes longues et humidité se sont beaucoup renforcées. Le rôle important de la
vapeur d'eau dans la sensibilité climatique est clairement établi, et, l'importance des régions sèches de la troposphère
libre dans cette rétroaction radiative a été soulignée dans de nombreuses études. Enfin, la dernière décennie de
recherche a confirmé le lien entre circulation atmosphérique et distribution d'humidité. Il a été montré en particulier que
l'évaporation de l'eau et de la glace nuageuse pouvait être négligée pour calculer la distribution d'humidité. Au coté de
ces avancées théoriques, le laboratoire a porté des exercices de comparaisons entre modèles qui indiquent une difficulté
des modèles de climat à reproduire la climatologie et la variabilité récente de l’humidité comme elles sont caractérisées
à partir des données satellite. Trois directions seront privilégiées pour avancer sur ces questions.
En premier, nous documenterons le champ de vapeur d’eau et nous interpréterons les distributions observées à partir
des mécanismes de transport. Les travaux menés au laboratoire sur l'utilisation des satellites météorologiques
géostationnaires pour la documentation de l'humidité troposphérique nous fournissent aujourd'hui l'accès à une banque
de données très bien adaptée à l'étude précise du lien entre dynamique et humidité. En effet, ces données résolvent les
échelles diurnes et couvriront bientôt une trentaine d'années permettant une caractérisation unique de la variabilité
synoptique de la vapeur d'eau. Les outils de transport lagrangien serviront à identifier les régions sources et les régions
puits pour l'air humide et l’air sec afin de clarifier le rôle du mélange latéral (extratropical et tropical) dans la
distribution d'humidité subtropicale. Dans les régions équatoriales, la convection profonde complète la dynamique de
grande échelle pour expliquer la source et la variabilité de la vapeur d'eau. Afin de préciser leur rôle respectif dans cette
région, un couplage entre les observations d'humidité et notre climatologie de systèmes convectifs sera entrepris. Nous
étudierons particulièrement le continent africain.
En second, nous améliorerons la représentation de la distribution troposphérique de la vapeur d'eau dans le modèle
LMDZ. Au cours des 20 dernières années, les modèles de circulation générale atmosphérique se sont complexifiés en
prenant en compte les surfaces continentales et océaniques, les aérosols et diverses espèces chimiques, etc. Ce faisant
l'amélioration de la physique du cycle de l'eau n'a pas été une priorité suffisante pour bien simuler le cycle de l'eau dans
les tropiques aujourd'hui. Certains développements dans le modèle LMDZ semblent particulièrement pertinents pour la
distribution de l'humidité troposphérique : schéma de transport originaux et variés, schéma de convection innovant et
récemment couche limite nuageuse améliorée. Notre effort de recherche portera d'une part sur l'établissement d'un
diagnostic permettant de mesurer l'impact de ces développements sur la simulation du champ d'humidité. Nous
évaluerons l’humidité du modèle au regard des climatologies que nous avons établies. D’autre part, nous étudierons les
détails du transport atmosphérique et de sa représentation dans le modèle en réalisant des simulations guidées par des
analyses météorologiques. Nous utiliserons des représentations idéalisées des sources d'humidité pour préciser l'impact
du schéma de transport sur l'humidité troposphérique tropicale. Les études seront centrées sur la période et la zone
Amma et bénéficieront de la description enrichie du champ de vapeur et ne se limiteront donc pas aux satellites.
Enfin en troisième, nous analyserons ensemble les séries de vapeur d'eau troposphérique et de suivi des systèmes
convectifs dérivées par le laboratoire à partir des mêmes observations Météosat sur plus de 20 ans. Le couplage des
deux séries de données sur les régions tropicales permettra de qualifier de manière statistique l'influence de
l'environnement humide sur le comportement des systèmes convectifs et réciproquement. A plus longue échéance, la
mission Megha-Tropiques apportera des observations très complémentaires, en particulier sur le profil vertical
d'humidité, à des échelles spatio-temporelles adaptées à la caractérisation des processus sous jacents, et l'exploitation
future de ces mesures bénéficiera sans aucun doute des présentes avancées.
Collaborations : Latmos, DWD, Saf-Climat
Nuages bas océaniques tropicaux
S. Bony, H. Chepfer, F. Chéruy, F. Codron, J-L Dufresne, L. Fairhead, F. Hourdin, A. Idelkadi, I. Musat, G. Sèze
Une étude menée au laboratoire a montré que les différences de sensibilité climatique entre modèles provenaient en
premier lieu de différences dans la réponse des nuages bas océaniques au réchauffement global. Or actuellement, nul ne
sait évaluer le réalisme des réponses nuageuses simulées par les modèles.
Pour améliorer cette situation, nous avons besoin de mieux évaluer la couverture nuageuse simulée par les modèles,
en particulier sa structure verticale et ses propriétés radiatives. Or, avec l'arrivée des données en provenance des
satellites de l'A-Train (CloudSat, Calipso, Parasol, Aqua) et le développement de simulateurs d'observations spatiales,
nous entrons dans une nouvelle ère en ce qui concerne l'évaluation des nuages simulés par les modèles. Les simulateurs
Calipso et Parasol développés au laboratoire seront utilisés dans la communauté internationale pour les prochaines
projections de changement climatique du Giec. Ceci permettra d'évaluer les nuages bas simulés par les modèles de
façon moins ambiguë que par le passé. En parallèle, l'analyse des observations radar et lidar nous permettra de mieux
comprendre le potentiel et les limites des instruments de télédétection passive pour la détection et la classification des
nuages. Ceci permettra de mieux interpréter et de mieux utiliser les longues séries temporelles existantes comme celle
de l’ISCCP (International Satellite Cloud Climate Project).