Synthèse Le présent rapport explique comment un pouvoir local ou régional comme le Hampshire County Council (HCC), ou un autre membre du partenariat ESPACE (European Spatial Planning for Adaptation to Climate Events) peut utiliser au mieux ses ressources pour maximaliser son influence sur le comportement des acteurs responsables dans la réponse à apporter au changement climatique. Il porte sur une question très importante, qui interpelle et qui est de plus en plus au centre des discussions relatives à la réponse à apporter au changement climatique. Le projet de recherche dont il est fait ici la synthèse a été mis en œuvre entre septembre 2004 et mai 2005 par Alexander, Ballard and Associates, sur la base de recherches réalisées par Rosslyn Research Ltd pour le compte des acteurs concernés, y compris des partenaires ESPACE. Le contrat a été géré pour le compte d’ESPACE par le HCC. Tandis que la recherche couvrait, en matière de changement climatique, un domaine plus large que la seule adaptation puisqu’elle incluait aussi les questions d’atténuation1, elle était aussi destinée à bénéficier à la fois au HCC et aux partenaires ESPACE de la manière suivante : la recherche sur les processus et les recommandations générales devaient être pertinentes pour le partenariat ESPACE, mais la recherche spécifique et les recommandations en matière d’actions devaient l’être pour le HCC. La structure du rapport est brièvement décrite ci-dessous, mais nous commencerons par résumer les dix messages clés de ce rapport. Dix messages clés Notre recherche a abouti à un ensemble très cohérent de conclusions. Ces conclusions ne reposent pas seulement sur la recherche scientifique, elles sont également solidement étayées par les faits que nous ont rapportés les praticiens, et par notre propre expérience pratique du travail sur les réponses du public au changement climatique et aux problèmes afférents. Nous avons pu identifier les dix messages clés suivants dont nous croyons qu’ils peuvent aider les responsables politiques et les autres acteurs concernés à développer des sociétés capables d’utiliser le carbone de manière durable. 1. Tant l’atténuation que l’adaptation impliquent un changement de comportement L’adaptation est une nécessité évidente : les planifications et l’aménagement du territoire doivent tenir compte d’impacts climatiques significatifs qui ne sont plus évitables. Les mesures d’adaptation ne peuvent pas inverser les conséquences d’un climat incontrôlable, et il est donc nécessaire de poursuivre des politiques d’atténuation. Que les mesures d’atténuation impliquent un changement de comportement est également un élément relativement clair : le changement climatique est en effet le résultat d’une multitude de petites décisions prises par les citoyens ordinaires au travail ou dans le « L’adaptation », principal thème du projet ESPACE, porte sur les étapes à suivre pour se préparer à un climat dont la modification est certaine (en raison des émissions de gaz à effet de serre). « L’atténuation » porte sur les actions visant à atténuer l’effet des activités humaines sur le climat pour que les dérèglements restent dans des proportions autorisant une adaptation. 1 domaine privé. Mais l’adaptation aux impacts, aussi incertains que certains d’entre eux puissent être, implique également un changement, que ce soit dans le chef des ingénieurs et des responsables, des professionnels et des industriels, ou dans celui du grand public. Il semble toutefois y avoir des obstacles en la matière : Des études menées sur de grands projets de construction montrent que les experts concernés ne sont souvent pas mieux informés sur la nécessité des mesures d’adaptation que le grand public, et que leurs clients ne le sont pas davantage. Nous avons trouvé que bien que certaines mesures d’adaptation comme le stockage des eaux soient entreprises au niveau local, la nécessité de stratégies d’adaptation plus larges est à peine reconnue. Des travaux effectués pour le partenariat ESPACE pour le compte du West Sussex County Council2 montrent que la méconnaissance de l’éventuel impact d’inondations est significativement plus élevée parmi les propriétaires qui ont la plus grande probabilité d’en être victimes. Aucun de ces deux types de changement n’est adéquat pour l’instant : la société est insuffisamment adaptée aux impacts éventuels, et les mesures d’atténuation ne sont pas suffisantes pour limiter de futurs changements climatiques. Certains des principaux blocages au changement portent tant sur les questions d’adaptation que d’atténuation, et nous pensons que des progrès sur les uns peuvent être bénéfiques aux autres. Les deux aspects présentent en effet tant de points communs qu’ils constituent en pratique une seule problématique, chacun d’eux présentant des ouvertures et des opportunités pour l’autre. 2. Obstacles contextuels significatifs au changement Qu’est-ce qui empêche le changement ? Il a été démontré de manière concluante qu’accroître la sensibilisation n’était pas suffisant pour promouvoir le changement, et qu’il y avait d’autres obstacles à vaincre. Beaucoup d’entre eux sont des barrières contextuelles, c’est-à-dire que ces obstacles sont normalement en dehors de la portée immédiate des actions visant à promouvoir le changement. Sur la base de notre recherche, nous proposons une structure simple pour l’analyse des obstacles au changement. Ces obstacles peuvent se situer au niveau )individuel ou au niveau collectif, et ils peuvent porter sur des problèmes de nature subjective (par exemple, a priori posant des limites ou normes de groupe) ou sur des facteurs objectifs (par exemple, contraintes liées à un rôle ou à des technologies). 1. Facteurs individuels subjectifs (Valeurs personnelles imposant des limites, conception du monde, a priori, etc.) 3. Facteurs collectifs subjectifs (Cultures de groupe, normes partagées, etc.) 2. Facteurs individuels objectifs (Limitations dues à la fonction, aux compétences, aux connaissances, aux relations, etc.) 4. Facteurs collectifs objectifs (Politiques, économiques, sociaux, technologiques, légaux, environnementaux) Obstacles au changement (d’après Ken Wilber) 2 Par nos partenaires, Rosslyn Research Ltd. L’un ou l’autre de ces obstacles peut intervenir à tout moment, et il arrive souvent qu’ils interagissent. Par exemple, un travail sur une réponse technique d’adaptation (partie 4 du tableau) peut se heurter à une dynamique de pouvoir organisationnel (également partie 4 du tableau) qui peut résulter d’un ensemble d’opinions partagées sur la manière dont les décisions devraient être prises (partie 3 du tableau). Les compétences et la fonction au niveau individuel (partie 2 du tableau) peuvent empêcher d’influer sur ces opinions, tout comme des a priori personnels (partie 1 du tableau) tels que « le changement climatique est un problème tellement énorme qu’il n’y a rien qu’une personne comme moi puisse faire à ce propos » (il a été démontré que cet a priori était particulièrement fort chez beaucoup de personnes). Les efforts en faveur du changement se heurteront continuellement à des contraintes « dures » et « douces » à différents niveaux, contraintes qui peuvent saper les efforts en question. 3. Les mesures de sensibilisation doivent être accompagnées de trois autres facteurs En dépit de la sensibilisation à l’importance cruciale des problèmes liés au changement climatique, il a été démontré de manière concluante qu’il s’agissait d’une méthode très peu efficace pour stimuler le changement, à moins de s’attaquer parallèlement à d’autres questions. En l’occurrence, nous pouvons distinguer les quatre questions suivantes : a) « Awareness » : conscience de, sensibilisation à la problématique en question. À un niveau très basique, la sensibilisation au changement climatique est exceptionnellement élevée (au Royaume-Uni du moins). Toutefois, la conscience de son degré d’urgence et de son échelle est bien inférieure puisqu’elle concerne seulement 15 % environ de la population. Le degré de sensibilisation est même très faible si l’on parle de sa structure systémique, soit les délais afférents au système climatique et aux réponses apportées par l’homme, les points d’intervention, etc. Si l’on veut que les efforts en faveur du changement portent leurs fruits, il est nécessaire d’accroître le degré de sensibilisation sur les points précités. b) « Agency » : sentiment que la réponse a un sens. L’un des obstacles les plus importants à la sensibilisation de la population est que celle-ci croit que le changement climatique est un problème tellement important qu’elle ne peut rien faire de significatif à ce propos (partie 1 du tableau ci-dessus), et que la meilleure chose à faire est de ne plus y penser. À moins de répondre à ce sentiment d’impuissance, les informations supplémentaires ne font qu’empirer les choses. Dès lors, le changement dépend de la capacité à développer le sentiment qu’il est possible d’apporter des réponses significatives à un problème de cette ampleur. Notre étude séparée réalisée pour le HCC sur les « champions » du changement climatique montre qu’un élément très distinctif est leur volonté de développer le sentiment en question. c) « Association » : partenariat avec d’autres groupes de personnes pour travailler sur ces problèmes. Il y a de fortes indications permettant de croire que les efforts en vue du changement sont plus efficaces et plus durables si les personnes concernées coopèrent, ce qui a pour effet potentiel non seulement de développer le facteur « agency », mais aussi de produire un effet de groupe qui renforce les motivations chancelantes. d) « Action et réflexion ». L’action est nécessaire, mais il importe aussi de réfléchir aux résultats de façon à pouvoir recentrer les efforts. Même au niveau le plus basique, le changement implique de perdre certaines habitudes, et les études montrent que la réflexion est un élément clé du succès en la matière. Plus le changement est profond, plus la réflexion nous aide à identifier les éléments capables de faire une réelle différence, ce qui nous aide aussi à développer le sentiment que nos réponses ont un sens. Ces quatre facteurs sont dans la ligne des autres éléments que nous avons identifiés dans le cadre de notre étude. À la base, il est beaucoup plus probable que les gens passent de l’action à la sensibilisation que l’inverse. En l’occurrence, le facteur « agency » est un élément prépondérant qui, s’il peut être développé, permet d’accroître la sensibilisation. Cet élément suggère que les prémices d’une action ne sont pas tellement importantes, à condition de pouvoir développer le sentiment que la réponse a un sens, ce qui favorise à son tour la sensibilisation. 4. Un facteur décisif : le changement doit commencer par une action proche des citoyens Les recherches ont clairement établi qu’il était très difficile de faire participer les citoyens à moins de les faire agir à propos d’un problème dont ils se soucient. Notre opinion sur les problèmes dont les citoyens devraient se soucier n’a pas d’importance, nous devons partir des problèmes dont ils se soucient réellement. Il importe que les projets aient un sens tant en termes de changement climatique que d’implication des participants Particpants’ main concerns Climate change agenda The project’s position Problèmes des participants Questions du changement climatique Position du projet Il y a de nombreux éléments prouvant qu’il est possible d’établir une relation entre les problèmes qui préoccupent les citoyens et les questions relatives au climat. Toutefois, nous ne recommandons pas que les pouvoirs locaux dissimulent leur intérêt pour le changement climatique (nous pensons qu’il y a un risque de perception de manipulation et donc de perte de confiance), mais plutôt qu’ils présentent les projets comme répondant tant aux questions de changement climatique qu’aux préoccupations des citoyens, afin d’arriver à une situation où tout le monde est gagnant. Ceci permet la constitution de groupes ou d’associations au sein desquels les citoyens peuvent (a) accroître leur sensibilisation en découvrant comment le changement climatique modifiera ce qu’ils considèrent comme important et (b) développer un sentiment qui leur permette d’envisager des réponses dont ils considèrent qu’elles ont un sens. Cela signifie également que les résultats doivent faire l’objet d’une évaluation, que cette évaluation doit être continue afin de répondre aux intérêts de tous, et que l’un des critères de succès doit être que les parties s’accordent pour reconnaître que leurs problèmes respectifs ont été rencontrés. 5. Le sens passe par un changement de contexte Étant donné que le changement est freiné par les obstacles contextuels que nous venons de résumer, il importe de s’attaquer à ces obstacles et de les transformer si nous voulons développer le sentiment que les actions ont un sens, et donc initier un changement de comportement dans le cadre des réponses à apporter au changement climatique. Par exemple, si le changement est freiné par une loi qui a des conséquences perverses, donner un sens à l’action commence par réexaminer cette loi pour essayer de la modifier ou de lui donner une nouvelle interprétation. Si la culture d’organisations partenaires est un facteur qui pose des limites, et s’il n’est pas possible de passer outre, le sens de l’action sera dérivé de l’intérêt porté à cette culture. En agissant de la sorte, on permet non seulement une prise en compte de ses propres solutions, mais également de celles des autres, et le tout prend alors son sens. Nous estimons que la nécessité de solutionner de tels obstacles contextuels exige beaucoup de travail stratégique pour les réponses à apporter au changement climatique, dans la mesure où la stratégie implique un travail extérieur aux structures opérationnelles existantes afin d’aborder des problèmes qui se situent au-delà des responsabilités opérationnelles quotidiennes. L’utilisation d’approches relativement mécaniques pour provoquer le changement (règlement, mesures fiscales) fait bien entendu partie des processus du changement, certainement si les citoyens souhaitent participer, mais ces approches n’auront d’effet véritable que si elles prennent également en compte d’autres contraintes contextuelles. 6. Le changement va souvent de pair avec des difficultés émotionnelles Ce qui précède suggère que les réponses à apporter au changement climatique requièrent des facultés intellectuelles, mais un engagement adéquat dans cette problématique a également une forte dimension émotionnelle : Il est bien connu que les changements majeurs vont de pair avec une forte dimension émotionnelle, et les modifications demandées à l’homme pour répondre au changement climatique font partie de ces changements majeurs. Modifier la sensibilisation pour reconnaître l’urgence et l’ampleur du défi posé par le changement climatique a des dimensions humaines évidentes : en effet, la plupart des choses que les humains apprécient sont menacées par ce changement. Les recherches indiquent que les citoyens sont réticents à aborder ces problèmes parce qu’ils ne pensent pas pouvoir faire quoi que ce soit à ce propos, comme si la Terre était sur le point d’être frappée par un astéroïde, et ils préfèrent donc ne pas y penser. S’attaquer ainsi au problème rend cette stratégie intenable et beaucoup de personnes se sentent désarçonnées par ce processus. C’est peut-être pour cette raison que notre propre étude réalisée pour le HCC sur les « champions » du changement climatique, étayée par de nombreux articles, indique que ces champions sont très impliqués dans une problématique qui en outre les passionne énormément. Cela ne signifie pas qu’il faille tenter de fabriquer des expériences émotionnelles en la matière. Bien qu’une telle implication émotionnelle soit habituelle lorsque les citoyens se sentent concernés par les problèmes, et qu’elle semble très utile dans la stimulation et le soutien à l’action, elle ne se produit pas nécessairement pour tout le monde. Même si notre expérience révèle qu’il y a souvent une meilleure sensibilisation après les six premiers mois d’un projet, les citoyens ont des réactions très différentes et nous ne pensons pas qu’il faille les mettre sous pression pour provoquer une réaction émotionnelle. D’autre part, les responsables de projets doivent être préparés à rencontrer des émotions parfois difficiles à gérer, et ils doivent être amenés à reconnaître qu’il s’agit probablement d’un processus utile auquel il faut faire face et qui ne doit certainement pas être évité. 7. Le changement est inévitablement un processus d’apprentissage qui demande du temps et qui requiert des qualités tant de management que de leadership Les projets relatifs au changement impliquent un apprentissage continuel, dans la mesure où il est crucial d’identifier les obstacles au fur et à mesure qu’ils surviennent et de trouver les moyens de les résoudre. Cela signifie que des réponses adaptées au changement climatique seront rarement mises en œuvre exactement comme cela a été prévu, et qu’elles devront constamment être modifiées afin de mieux rencontrer les objectifs sous-jacents. En fait, les projets devraient normalement être partiellement conçus comme des activités de développement en tant que telles. Nous suggérons de retenir comme l’un des résultats planifiés de ces initiatives la formation de personnes qui seront mieux à même de s’engager de manière novatrice dans cette problématique, ce tant dans l’équipe de projets que parmi les acteurs concernés. Peu de personnes ont développé un sens aigu de la signification des réponses à apporter et le degré de sensibilisation est généralement faible, mais les projets peuvent fournir un contexte permettant de développer ces deux aspects. Une autre raison explique pourquoi les projets seront probablement amenés à être modifiés au cours du temps : pour la grande majorité des citoyens, le point de départ de la prise de conscience se situe à un niveau beaucoup trop bas pour qu’un projet puisse être défini de manière adéquate. Les stratèges reconnaissent généralement que le fait de développer la perception d’une personne sur des problèmes vitaux au fur et à mesure que cette personne agit (tout en maintenant une tension créatrice avec la nécessité des résultats) n’est pas un problème, mais le signe qu’un changement stratégique mature est en train de se produire. Nous estimons qu’il restera quelques domaines nécessitant une telle approche, même dans le cas de projets à l’ingénierie lourde et très fonctionnels comme ceux relatifs à de grandes défenses marines. Le processus d’apprentissage demande beaucoup de temps. D’après nos conclusions, il est rare que les personnes soient pleinement conscientes de la dimension du problème avant les six premiers mois de travail, et il faut normalement deux ans ou plus avant que des réponses adéquates soient trouvées.3 Les projets doivent être gérés de manière à faciliter cet apprentissage et ce changement. Pour les projets relatifs aux changements, nous avons proposé un modèle basé sur la réflexion quant à la qualité du management, avec des phases d’actions alternant avec des périodes de réflexion et de redéfinition des objectifs. Nous nous sommes également aperçus que les « champions » du changement climatique ont joué un rôle crucial dans tous les projets que nous avons étudiés. La raison en est probablement que leur niveau de sensibilisation et leur volonté de trouver un sens à l’action sont tels qu’ils sont à même d’aider les autres à développer ces aspects. 8. Rôle clé des pouvoirs locaux Il est manifeste que les pouvoirs locaux et régionaux ainsi que les organismes similaires ont un rôle clé à jouer dans la promotion du changement en ces matières. Plus encore que les gouvernements nationaux, ils disposent de contacts au niveau local qui permettent de faire participer la population dans des domaines qui la touchent de près, qu’il s’agisse des écoles, des infrastructures de loisirs, de l’industrie au niveau local et d’autres domaines essentiels de la vie des citoyens. Ces organismes disposent normalement des ressources et des processus permettant de structurer et de soutenir les initiatives pour le changement orientées vers l’apprentissage et, dans le cas contraire, ils ont presque toujours la capacité de les développer. Ils ont la capacité de gérer les flux d’apprentissage des projets, de les protéger des interférences dans les premières étapes, et d’aider à leur diffusion en temps utile. Ils peuvent aussi créer des communautés de soutien pour les « champions » du changement climatique, soit directement soit (selon leurs propres capacités par rapport aux autres agences locales) en contribuant à apporter le soutien d’autres organismes. Dans la littérature afférente à ce sujet4, ce rôle a été décrit comme celui d’une organisation « pivot » capable de donner du sens à l’action pour les personnes qui travaillent pour les autorités locales. 9. Choix des domaines d’actions en fonction des problèmes clés locaux Dans leur action portant sur les comportements et le changement climatique, les pouvoirs locaux et régionaux devront sans aucun doute prendre en compte les problèmes importants au niveau local. Pour le Hampshire, nous sommes arrivés à cette conclusion par la recherche ainsi que par des entretiens avec les acteurs concernés, et nous recommandons que d’autres pouvoirs locaux adoptent une approche similaire. Ceci indique clairement que les résultats des enquêtes d’opinion, des « jurys de citoyens », etc., doivent être interprétés avec beaucoup de prudence. 4 Par Ian Christy, qui effectue un travail sur le changement climatique pour le Surrey County Council, un partenaire ESPACE, dans un ouvrage publié avec le Professeur Michael Carley. 3 En ce qui concerne les mesures d’adaptation, le HCC a bénéficié, tout comme le reste de la South East Region, de sa participation précoce au programme « Climate Impacts » mis en place par le Royaume-Uni, qui a mis en évidence les impacts qui étaient le plus susceptibles de toucher le pays. Ceux-ci ont été consignés dans le rapport « Rising to the Challenge », ainsi que dans la mise à jour de 2004 de ce dernier, intitulée « SECTORS ». Les principaux impacts identifiés sont les suivants : l’agriculture souffrira d’inondations et (partiellement) de sécheresse, et les agriculteurs devront adapter leurs cultures ; des plans d’urgence devront être établis pour les inondations des fleuves et plus particulièrement pour les inondations côtières ; modification de la biodiversité, avec certaines espèces subissant un impact négatif et d’autres un impact positif, mais l’effet général sur les écosystèmes sera négatif ; effets sur les infrastructures, notamment en ce qui concerne la disponibilité de l’eau et la capacité des bâtiments à résister aux impacts du climat ; effets sur la santé publique, notamment les vagues de chaleur et la qualité de l’air ; le secteur du tourisme et des loisirs pourrait s’accroître mais nécessitera de nouvelles infrastructures ; en ce qui concerne les entreprises, les acteurs concernés ne sont pas très sensibilisés aux impacts, mais les emplois dans la région (1,5 million) seront affectés, «étant donné que les schémas de transport, de santé et de nature de l’environnement de travail se modifient ». En matière de mesures d’atténuation, nous avons utilisé les statistiques gouvernementales et régionales pour obtenir un aperçu du schéma énergétique utilisé dans la région et, là où c’était possible, dans le pays, en utilisant des statistiques nationales pour établir un contexte le cas échéant. Nous avons constaté des niveaux très faibles d’industrie lourde dans la région qui est davantage orientée sur les services, avec une proportion importante de start-ups : pour ce type de sociétés, il est peu probable que l’énergie puisse représenter des coûts stratégiques. La population est aussi relativement aisée, ou, comme l’un de nos contacts l’a formulé : riche d’argent, pauvre en temps. On constate également un niveau bien plus faible de « pauvreté en carburant » par rapport au nord du Royaume-Uni par exemple, ce qui signifie que les coûts énergétiques en tant que tels ne seront probablement pas un facteur déterminant pour la plupart des consommateurs d’énergie de la région dans le cadre des programmes visant au changement. Les espaces non industriels, le chauffage de l’eau et les transports ont été identifiés en tant que problèmes d’atténuation prioritaires. Avec ces conclusions à l’esprit, et en tenant compte de nos discussions avec les acteurs concernés, nous avons identifié un certain nombre de domaines pouvant faire l’objet de recherches plus détaillées. 10. Les écoles sont des milieux très favorables pour les projets visant des changements de comportement La conclusion que nous tirons de cette étude (résumée dans le rapport) est que les écoles disposent d’un grand potentiel leur permettant de jouer un rôle significatif dans les initiatives portant sur les changements de comportement : elles sont l’objet de beaucoup d’actions visant à lever des fonds et autres activités menées par les parents ; elles peuvent souvent faire beaucoup d’économies grâce à des mesures d’économies d’énergie ; avec les changements dans la gestion des écoles, le HCC dispose d’un potentiel pour développer de nouvelles relations constructives dans le cadre d’un parrainage ; les écoles disposent beaucoup de possibilités pour diffuser les mesures d’économies d’énergie parmi la population, en disposant ainsi d’une marge financière, et pour encourager et soutenir les parents dans leurs actions en faveur de l’environnement ; le programme du gouvernement britannique intitulé « Building Schools for the Future » permet une extension dans le secteur de la construction ; il existe d’autres domaines communs entre les questions abordées dans les écoles et le changement climatique, notamment les transports (santé des enfants et sécurité routière), les impacts du climat (résistance des bâtiments aux vents violents et aux précipitations) et l’alimentation saine (liens avec la distribution alimentaire locale, et évitement des « kilomètres-nourriture ») ; des liens sont possibles avec le programme scolaire national ; les écoles sont profondément ancrées dans la société et leur échelle est parfaitement adaptée à la capitalisation des effets de réseau, ce qui offre la perspective séduisante d’une « normalisation » des comportements favorables à l’environnement. Pour ces raisons, les communautés scolaires et en particulier les écoles primaires sont des lieux tout à fait appropriés à des projets menés par le HCC portant sur la modification des comportements et susceptibles de toucher une large frange de la population de la région. Bien que cela dépasse l’objet de notre étude, nous pensons que cela pourrait également être le cas pour d’autres partenaires au sein du projet ESPACE. Nous avons élaboré une proposition que nous avons testée avec des acteurs concernés du secteur. Elle a été très bien accueillie et nous pensons qu’elle offre des possibilités novatrices pour des activités du HCC axées sur les changements de comportement. D’autres initiatives sont certainement possibles, mais nous recommandons celle-ci pour un début. Il existe des précédents de changements de cette ampleur Nous ne pourrons jamais répondre avec certitude à la question de savoir si des changements de comportement significatifs par une partie des participants à des projets de ce type seront suffisants pour entraîner une réponse efficace de la société face aux dangers imminents du changement climatique. Des théories scientifiques complexes suggèrent qu’il est impossible de le savoir avec certitude, et si une telle réponse était finalement apportée, comme ce fut le cas avec la fin tant attendue du commerce des esclaves au Royaume-Uni en 1806, les historiens auraient devant eux un long débat quant aux facteurs explicatifs de la réponse en question. Nous estimons néanmoins que notre étude prouve qu’il existe des raisons d’espérer que les efforts en faveur d’un changement des comportements ne seront pas vains. Structure du présent rapport Ces points sont également résumés au chapitre 13 qui fait en outre référence à des parties du rapport principal. Le rapport comporte deux volumes. Le volume 1, qui porte sur le rapport principal, est articulé comme suit : La première partie présente les aspects généraux du défi posé par les changements des comportements humains en réponse au changement climatique. Elle débute par une introduction au projet et aborde ensuite l’ensemble du défi. Elle résume ensuite les principaux obstacles contextuels au changement avant d’aborder les facteurs clés pouvant favoriser ce changement, de résumer le rôle majeur que les pouvoirs locaux peuvent jouer, et de décrire un processus général pour la gestion des projets axés sur les changements de comportement. Nous avons rédigé cette partie du rapport en tenant compte des besoins de tous les partenaires du projet ESPACE. La deuxième partie porte sur des problèmes spécifiquement liés à l’aménagement du territoire et aux changements de comportement. Elle passe d’un aperçu général du projet ESPACE à des problèmes plus spécifiques concernant le Hampshire pour identifier certaines possibilités de réponse. La troisième partie est un résumé de l’étude portant sur ces possibilités dans le Hampshire, et elle se termine par des conclusions destinées principalement au HCC. Le volume 2 inclut les annexes afférentes à des domaines spécifiques de notre étude. Nous attirons tout particulièrement l’attention du lecteur sur l’annexe D qui résume les principales références de la recherche sur les changements de comportement, et sur l’annexe E qui résume des études de cas. Nous espérons qu’elles seront utiles tant au HCC qu’aux partenaires du projet ESPACE dans les années à venir. Nous souhaitons pour terminer exprimer toute notre gratitude aux responsables du HCC, au nom du partenariat ESPACE, pour nous avoir donné l’occasion de participer à ce superbe projet. Dans ce contexte, nous avons appris à apprécier à sa juste valeur le long travail accompli par le HCC dans ce domaine, ainsi que ses « champions du changement climatique ». Nous tenons également à remercier nos collègues de Rosslyn Research Ltd pour la contribution qu’ils ont apportée à ce rapport. David & Susan Ballard Alexander, Ballard & Associates, Juillet 2005