Revue Ouest Africaine de Sciences Economiques et de Gestion, Vol 7, n°1
Introduction
Beaucoup de pays riches en ressources minières ont su transformer leur richesse
naturelle en avantage économique et social, alors que d’autres ont souffert du phénomène dit
de la malédiction des ressources caractérisé par une croissance économique stagnante, la
mauvaise gouvernance et autres problèmes. Bien que ce n’est pas un phénomène nouveau, son
potentiel à devenir plus répandu et plus profondément inébranlable a augmenté
significativement ces dernières années, comme la hausse des cours des matières premières qui
a amené beaucoup de pays à devenir dépendants des exportations des produits minéraux.
Etant donné que l’incertitude économique grandissante pousse à la baisse les prix des matières
premières, beaucoup de ces pays pourraient être dangereusement exposés. Une étude publiée
par Oxford Policy management (Haglund, 2011) montre que le nombre de pays en
développement dépendant de ressources minières est passé de 46 à 61, soit une croissance de
30% entre 1996 et 2011 ; en outre, elle révèle que 50% de ces pays sont d’Afrique.
La concentration géographique des ressources naturelles amène certains pays à en être
dépendant en raison de son abondance. L’abondance ou la dépendance s’explique par la part
disproportionnée du produit dans les exportations totales ou dans le PIB du pays, ce qui
devrait conduire à un impact positif sur la croissance et donc le développement économique.
Et c’est l’absence de cette corrélation positive qui occasionne le ‘paradoxe de l’abondance’ ou
‘malédiction des ressources’.
Le secteur minier togolais comporte des ressources naturelles autres que le phosphate.
Il s’agit notamment du fer et de produits dérivés du calcaire tels que le clinker servant à
produire le ciment. En effet, le Togo produit et exporte des produits agricoles (coton, café, et
cacao) et miniers (clinker/ciment, et phosphate). Ces produits primaires ont généré au moins
60% des recettes d’exportations du pays jusqu’en 2000. Cette performance s’est dégradée
depuis 1989 avec une baisse des exportations de phosphate alors que les exportations totales
augmentaient. Ces dix dernières années, le phosphate a perdu sa place dans la structure des
exportations au profit d’autres produits comme le coton et le ciment/clinker.
Essentiellement exporté, la production du phosphate a culminé à 3,3 millions de
tonnes en 1989 avant de connaître une baisse régulière. En 2009, la production n’est que de
0,73 million de tonnes soit 22% de son niveau de 1989. Contrairement aux décennies qui ont
suivi les indépendances, sur la période 1990-2009, les exportations du phosphate ont perdu
leur importance dans l’économie togolaise. De 38% des exportations et 6% du PIB sur la
période 1990-1999, le phosphate n’en représente que 14% et 3% respectivement durant la