Thème 3 L’Union européenne : dynamiques de développement des territoires De l’espace européen aux territoires de l’Union européenne - Qu’est-ce que l’Europe ? Quelle identité européenne ? Qu’ont en commun les Européens ? Où les caractéristiques communes sont-elles les plus perceptibles ? - Quelles dynamiques d’élargissement ou d’approfondissement de l’Union européenne ? Quels débats ces questions suscitent-elles? Pourquoi l’UE est-elle à géométrie variable ? Quelle carte de l’Union européenne se dessine du fait des adhésions sélectives aux politiques communes ? - Quelles sont les disparités et inégalités socio-spatiales dans l’Union européenne? Où et comment l’UE agit-elle pour les réduire ? Quels sont les résultats de son action ? 1. Europe, Europes : un continent entre unité et diversité Les habitants du continent européen partagent un certain nombre d’héritages historiques et culturels permettent de trouver une certaine homogénéité. Mais le pluriel « Europes » se justifie par la grande diversité géographique et culturelle de ce continent pourtant de faible étendue. Rappel : le continent européen est fragmenté (de 44 à 50 pays, selon les limites qu’on lui donne). L'Europe a une superficie de 10 392 855 km². Cela représente un tiers de l'Afrique (54 Etats) ou un quart de l'Asie (51 Etats) ou de l'Amérique (44 Etats). L’Europe compte 724 millions d’habitants soit 10,6 % de la population du globe. 1.1 Les éléments d’unité du continent européen Le continent européen présente certains traits d’unité qui sont principalement issus d’un héritage historique et culturel commun. un héritage judéo-chrétien, c’est-à-dire l’influence prédominante des religions fondées sur la Bible : différentes Eglises chrétiennes (catholique, protestante et orthodoxe) et le judaïsme ; des valeurs aujourd’hui considérées comme universelles issues de l’humanisme de la Renaissance (XVe-XVIIe siècles), période de renouveau intellectuel et artistique qui a redécouvert l’Antiquité classique (c’est l’héritage gréco romain) et placé l’être humain et son épanouissement au coeur de ses préoccupations ; défendant la raison et la liberté de pensée des individus (le libre-arbitre), les humanistes ont bénéficié de l’invention de l’imprimerie pour la diffusion de leurs idées ; la philosophie des Lumières (XVIIle siècle) a poursuivi cette promotion de la liberté individuelle qui débouchera sur la définition et la défense des droits de l’homme ; l’État moderne, démocratique et garant des droits des individus que l’Europe a inventé ; d’autres innovations majeures liées entre elles et également nées en Europe aux XVIIle et XIXe siècles : le capitalisme (système économique et social caractérisé par la propriété privée des moyens de production et la recherche du profit) ; les révolutions industrielles des XVIIIe-XIXe s. et l’industrialisation ; « l’exploration » du monde et l’expansion coloniale ; l’urbanisation. Il résulte de ce développement économique ancien certaines caractéristiques géographiques que l’Europe partage avec d’autres continents ou régions du monde, mais qui permettent de la différencier par rapport à d’autres ensembles géographiques : un haut niveau de développement comme l’indique l’IDH (Indice de développement humain), qui fait de l’Europe le second ensemble le plus développé du monde après l’Amérique du Nord ; parmi les 50 pays en tête de classement, on trouve 31 états européens ; des densités de population élevées (69 hab/km² ; 100 hab/km² sans les parties européennes de la Russie et du Kazakhstan). un taux d’urbanisation (part de la population totale vivant en ville) élevé : alors qu’à l’échelle mondiale, la part des citadins dépasse légèrement celle des ruraux, 72 % des Européens vivent en ville (2007). Certains pays développés ont cependant une proportion plus élevée : Australie (91 %), Canada (81 %), Etats-Unis et Japon (79 %) ; un réseau urbain très dense et un peuplement rural très continu caractéristiques des régions les plus denses du globe ; la population continentale la plus âgée et la seule population du globe à stagner à l’échelle continentale ; elle pourrait même diminuer d’ici 2030, ce qui est unique au monde. 1.2 Mais les éléments de diversité l’emportent La diversité est donc ce qui caractérise le mieux les milieux européens : quoi de commun en effet entre la froide Laponie finlandaise et le Sud méditerranéen aux étés secs, entre le doux climat océanique de l’Irlande et le rude climat continental et montagnard de l’Oural septentrional, entre la plaine de Flandre et les hauts sommets du Caucase ? Sur le plan politique, l’Europe comporte, comme les autres continents, des états de taille très variable. Elle présente même la particularité de comprendre une partie du plus grand pays du monde (la Russie, dont la partie européenne est presque aussi vaste que les 27 Etats membres de l’Union européenne) mais également les deux plus petits : le Vatican (44 hectares), qui est aussi avec moins d’un millier de résidents permanents le pays le moins peuplé du globe, et Monaco, qui n’atteint pas les deux kilomètres carrés. L’Europe comporte plusieurs autres micro-Etats puisque sur les 231 pays ou territoires recensés sur la planète, on relève également comme Etats en fin de classement le Luxembourg (175e), Andorre (194e), Malte (205e), le Liechtenstein (216e) et San-Marin (222e). Sur le plan démographique, les écarts ne sont pas moindres puisque à côté de ces toutes petites nations, l’Europe comporte quelques poids lourds : la seule Russie d’Europe (114 millions d’habitants) émargerait en 11e position entre le Japon et le Mexique, l’Allemagne (82 millions) occupe encore la 15e place, tandis que cinq pays se classent dans les trente premiers (France métropolitaine, Royaume-Uni, Italie, Espagne et Ukraine). Enfin, ces pays sont-ils loin d’être homogènes sur le plan culturel (carte p. 202-203 + carte p. 208). On a vu que l’Europe se partage entre plusieurs grands cultes (doc. 2). Certains pays se partagent même entre plusieurs religions, comme l’Allemagne, ou comportent des minorités religieuses, que la carte n’a pas toutes représentées (par exemple les protestants, les musulmans et les adeptes du judaïsme n’ont pas été figurés là où ils sont très minoritaires ou dispersés). À côté de la division religieuse, la diversité linguistique n’est pas moindre puisque l’on ne compte pas moins de 225 langues sur le continent, même si la plupart se rattachent à trois grands groupes linguistiques indo-européens (langues latines, germaniques et slaves). Une partie de ces langues sont employées par des minorités. Les minorités nationales (n°1, p. 209) demeurent malgré un apparent ajustement des frontières des Etats aux nations par les redécoupages des pays intervenus après chacune des guerres mondiales et à nouveau après l’effondrement des régimes communistes en 1990. Entre 1957 et 2011, pas moins de quinze nouveaux pays ont ainsi vu le jour en Europe, pour une seule disparition (la République démocratique allemande (RDA) ou Allemagne de l’Est après la réunification de l’Allemagne en 1989). La fragmentation croissante de la carte politique de l’Europe a accru le nombre de petits pays : sans parler des micro-Etats cités supra, dont aucun n’excède les 500 000 h., sept autres créations pour la plupart récentes ne dépassent pas les 2,5 millions d’habitants (soit la population d’une région comme le Languedoc-Roussillon) : Islande, Monténégro, Slovénie, Macédoine, Estonie, Kosovo et Lettonie. Aussi la superficie et la population moyennes des Etats d’Europe sontelles moindres qu’ailleurs : même avec la Russie, les pays d’Europe sont trois fois moins vastes et deux fois moins peuplés que la moyenne planétaire. En dehors de l’immense Russie, l’Europe, de faible dimension et fragmentée sur le plan géopolitique, ne comporte cependant aucun très grand pays en termes de superficie : l’Ukraine figure seulement au 45e rang et la France métropolitaine au 48e. Enfin, l’extrême hétérogénéité des États européens se mesure à leur niveau de développement. Dix pays européens se classent dans les 20 premiers. Six d’entre eux figurent même dans les dix premiers. Si l’Europe figure comme l’un des trois pôles de la Triade avec l’Asie orientale et l’Amérique du Nord, elle le doit essentiellement à l’Europe occidentale. Les pays les plus développés sont tous localisés en Europe de l’Ouest et du Nord. Les plus à la traîne se situent tous en Europe orientale et notamment dans les Balkans (Europe du Sud-est : Ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM), Bosnie-Herzégovine, Albanie, Serbie, Bulgarie). Au regard de critères naturels, démographiques, géopolitiques et économiques, il est difficile de faire valoir l’unité de l’Europe. Le morcellement politique croissant accroît le besoin de coopération pour assurer la paix sur un continent divisé, compenser l’étroitesse des marchés nationaux par le libre-échange des marchandises et réduire les inégalités de développement entre eux. L’Europe est donc un continent en quête d’unité politique. 2. L’Union européenne : frontières et limites ; une union d’États à géométrie variable La CEE a été constituée à partir des six pays fondateurs déjà associés dans la CECA : Allemagne, France, Italie, PaysBas, Belgique, Luxembourg (n°1, p. 211). Il faut ensuite attendre 1973 pour qu’intervienne le premier élargissement, effectué vers le Nord-ouest avec les îles britanniques (Royaume-Uni, Irlande) et le Danemark, soit l’Europe des 9. La CEE s’étend alors vers le nord. Puis c’est l’élargissement en direction du sud. La Grèce, redevenue démocratique, a rejoint la CEE en 1981. C’est l’Europe des 10, puis l’Europe des 12. En 1986, la péninsule ibérique (Espagne, Portugal), à son tour sortie de nombreuses années de dictature. La réunification allemande en 1990 conduit à l’absorption de l’Allemagne de l’Est, extension géographique sans nouvel Etat membre. 1995 voit l’entrée de deux états nordiques (Suède et Finlande) et de l’Autriche dans ce qui est devenu entretemps (1993) l’Union européenne (Europe des 15). L’agrandissement le plus spectaculaire intervient en 2004 puisque non seulement dix pays entrent dans l’UE d’un seul coup (Europe des 25), avec de surcroît parmi eux huit anciennes démocraties populaires, seulement 14 ans après la chute du rideau de fer. Cet élargissement agrandit l’Europe vers le Sud (Malte et Chypre) et surtout vers l’Est avec les huit anciens pays communistes qui ont réussi spectaculairement leur conversion à l’économie de marché et leur transition démocratique. Le dernier élargissement absorbe deux autres anciens pays communistes, la Roumanie et la Bulgarie, élargissant l’UE vers le Sud-est, donnant naissance en 2007 à l’actuelle Europe des 27. La chute du communisme a donc fortement accéléré le processus d’intégration, augmentant en peu d’années le nombre d’Etats membres, la Communauté étant passée de 6 à 12 pays en près de 30 ans, mais de 12 à 27 en peine plus de 20 ans en raison de la multiplication du nombre de pays en Europe et du désir des anciens pays du bloc de l’Est de rejoindre une Union européenne démocratique et prospère. L’Union européenne est à « géométrie variable ». L’analyse de cartes permet de dégager le noyau des Etats adhérant à l’essentiel des structures communes, notamment la monnaie unique et l’espace Schengen (carte p. 210), et les auréoles d’Etats moins engagés. Les frontières ont donc tendance à s’effacer mais n’ont pas disparu. La notion même de frontière est renouvelée (entrées dans l’Union par les aéroports, contrôle des flux sur des lieux qui ne sont plus les frontières nationales…) – introduction p. 214. L’extension spatiale suscite aussi l’émergence d’ensembles régionaux au sein de l’Union afin de défendre des positions communes. L’UE est susceptible d’accueillir de nouveaux membres. Pour être admis dans l’Union européenne, il faut manifester l’adhésion à ses valeurs en présentant sa candidature puis respecter l’ensemble des conditions pour y rentrer (ce qu’on appelle depuis 1993 les critères de Copenhague) en reprenant dans son droit national l’ensemble des décisions prises et textes réglementaires adoptés depuis l’origine par les états membres : c’est la transcription (dans la législation du pays) de l’acquis communautaire. Enfin, l’ensemble des Etats membres doit être d’accord pour accueillir le pays candidat. L’agrandissement de l’Europe communautaire n’a donc pu se faire que par étapes. Par ordre chronologique, l’Union européenne a officiellement reconnu comme candidats et ouvert des négociations d’adhésion avec les cinq pays suivants (entre parenthèses, la date de reconnaissance officielle comme pays candidat) : la Turquie (1999) ; la Croatie, ancienne république de l’ex-Yougoslavie (2004) ; l’Ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM), également née de la disparition de la Yougoslavie communiste (2005) ; l’Islande, désireuse d’adopter l’Euro suite à la crise financière de 2008 (2010) ; le Monténégro, un des derniers pays nés des divisions successives de l’ancienne Yougoslavie (2010). Au regard du niveau d’avancement des négociations, la Croatie devrait pouvoir intégrer l’UE d’ici à 2014 de même que l’Islande. En 2009, deux autres pays se sont portés candidats : l’Albanie et la Serbie ; leur candidature n’a pour l’instant pas encore été jugée recevable par l’UE au regard des exigences préalables, de sorte que les négociations d’adhésion ne sont pas entamées. D’autres pays situés en Europe ont officiellement « vocation à adhérer à l’Union européenne ». On les appelle candidats potentiels : ce sont des Etats dont les Etats membres de l’UE reconnaissent officiellement qu’ils sont susceptibles d’adhérer un jour. Ce statut leur est décerné par l’Union européenne sans que les pays en question aient auparavant nécessairement fait acte de candidature. Deux pays des Balkans occidentaux faisant autrefois partie de la défunte Yougoslavie sont désormais concernés : la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo. En dehors de ces pays officiellement associés au processus d’élargissement, des débats ont lieu dans d’autres pays d’Europe occidentale (Norvège, Suisse) sur l’opportunité d’une candidature éventuelle. Certains pays d’Europe orientale ont fait connaître leur aspiration à rentrer dans l’Union européenne : l’Ukraine et la Moldavie et trois pays du Caucase (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) dont seul le premier est géographiquement européen si l’on s’en tient aux limites traditionnelles. 3. Disparités et inégalités socio-spatiales : l’action de l’Union européenne sur les territoires Les inégalités socio-spatiales concernent les disparités observées entre les populations ou les groupes sociaux en fonction de l’endroit où ils vivent. L’Union européenne compare principalement ces écarts par région car c’est à ce niveau qu’elle agit pour tenter de réduire ces disparités. De telles inégalités socio-spatiales s’observent aussi entre les espaces urbains et espaces ruraux, notamment dans les parties les moins développées de l’espace communautaire. La Commission européenne recherche une meilleure cohésion, c’est-à-dire une réduction des inégalités. Elle poursuit un triple objectif de cohésion économique (réduction des disparités de développement entre Etats membres), sociale (réduction des écarts de revenus et de chômage entre populations) et territoriale (réduction des différences de développement entre les territoires, notamment régionaux). 3.1 Les inégalités entre États membres Inégalités des PIB (n°1, p. 217). On distingue : Les pays riches de l’Ouest (une douzaine de pays plus productifs que la moyenne de l’Union européenne) : le Luxembourg, petit pays à l’économie tertiaire centrée sur les activités financières, est loin devant les autres, qui appartiennent tous à l’Europe occidentale et à l’ancienne Europe des 15 (1995) , sauf la Grèce et le Portugal. Les intermédiaires dont le PIB/hab. est situé entre la moyenne communautaire et 75 % de cette moyenne : une demi-douzaine de pays d’Europe méditerranéenne, entrés avant 2003 (Grèce, Portugal) ou après (Chypre, Malte), et centrale, les plus développés des PECO (Pays d’Europe centrale et orientale), territoires autrefois communistes (Slovénie, République tchèque) ; Les pauvres : 4 pays dont le PIB/habitant est compris entre 75 % et 61 % de la moyenne, autrement dit où la richesse produite par tête est située entre les trois quarts et les trois cinquièmes de la moyenne. Ce sont toutes d’anciennes économies communistes d’Europe centre-orientale ; Les très pauvres : 4 pays d’Europe orientale où le niveau de productivité est à peu près deux fois plus faible que la moyenne de l’UE, se situant autour de 50 %, voire moins. Taux de pauvreté en Europe (le taux de pauvreté est la part de pauvres dans la population d’un pays (en fonction du niveau de vie de ce dernier). Les pays à forte proportion de pauvres pays (plus de 18,4 %) ont pour certains un faible PIB par habitant comme les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), la Roumanie et la Bulgarie. La productivité étant faible, le niveau de vie probablement aussi. Ces Etats n’ont pas les moyens de soutenir leurs populations désargentées, ce qui explique la part élevée de pauvres. La crise financière débutée en 2008 a par ailleurs accru le chômage et endetté fortement la Grèce et l’Espagne, deux pays méditerranéens où la part de pauvres a beaucoup augmenté. La dizaine de pays de l’Union européenne comptant la plus faible proportion de pauvres (moins de 13,8 % de la population) sont des pays riches à tradition de politiques sociales : pays nordiques, Pays- Bas, Autriche, France. Ce peut aussi être d’anciens pays communistes moins développés mais ayant conservé leurs politiques sociales et de moindres écarts de revenus entre catégories sociales (République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Hongrie). Pour comparer le degré de pauvreté d’un pays à l’autre, il faut cependant comparer leur niveau de vie. Etre pauvre au Luxembourg, pays à très fort niveau de vie, n’a pas la même portée que l’être en Bulgarie, dernier pays de l’UE pour son PIB par habitant. C’est l’objectif de l’indicateur suivant. Taux et seuil de pauvreté dans l’Union européenne Le taux de pauvreté est la proportion de pauvres dans la population totale. Est considéré comme pauvre quelqu’un dont le revenu est inférieur à 60 % de la médiane. Le seuil de pauvreté est le revenu en-dessous duquel on est pauvre dans chacun des pays. Les pays à faible proportion de pauvres sont les mêmes : République tchèque et Pays-Bas (10 %), et plusieurs pays où il est compris entre 11% et 13 % (Suède, Slovaquie, Autriche, Danemark, Hongrie, Slovénie, Finlande et France). D’autres restent sous les 15 %, c’est-à-dire en-deçà de la moyenne communautaire (18 %) (Luxembourg, Malte, Belgique, Allemagne, Chypre). C’est majoritairement mais non exclusivement l’Europe du Nord et de l’Ouest. Inversement, les États comptant une plus forte proportion de pauvres que la moyenne de l’UE sont situés en Europe orientale (Roumanie, Bulgarie, pays baltes, Pologne) Lettonie, au Sud (Italie, Grèce, Espagne, Portugal) et dans les îles britanniques (Royaume-Uni, Irlande). Les écarts entre pays sont importants (variation de 1 à 2,5 entre les extrêmes). 3.2 Les disparités régionales (p. 199) Le PIB (carte n°2, p. 229) régional le plus bas est de 6 400 euros par habitant et par an, tandis que la plus élevée dépasse les 83 000 euros, soit un rapport de 1 à 77. Les régions les moins riches sont situées dans la moitié orientale de l’Union européenne à savoir les Pays d’Europe centrale et orientale (PECO), de l’Estonie à la Bulgarie, prolongés par la Grèce. Dans cet ensemble, aucune région n’atteint les 20 000 euros en dehors de régions capitales : Varsovie (Pologne), Prague (République tchèque), Bratislava (Slovaquie), Budapest (Hongrie), Bucarest (Roumanie), Athènes (Grèce). Les plus pauvres de toutes (moins de 14 000 Euros) sont situées sur la frange orientale de l’Union européenne le long de sa frontière externe. L’Outre-mer constitue l’autre ensemble de régions en retard, à l’exception de Madère. Dans la moitié Ouest, les régions à la traîne sont peu nombreuses : un Land (région) de l’Est de l’Allemagne, une partie de la Wallonie (Belgique francophone) et des régions méditerranéennes : le sud-ouest de la péninsule ibérique (Portugal, Estrémadure) et le Midi italien (Mezzogiorno). Les plus productives (n°3, p. 217) se situent, à l’inverse, en Europe de l’Ouest : exception faite de celles qu’on vient de citer, toutes les régions d’Europe occidentale sont au-dessus de la moyenne, du nord de la Finlande au sud de l’Espagne. La mégalopole, région densément peuplée, urbanisée et industrielle s’étendant du Nord de l’Angleterre à l’Italie du Nord, a les valeurs les plus élevées avec l’Europe du Nord : Danemark, Suède et Finlande. Une dizaine de régions atteint les valeurs maximales : ce sont principalement des régions : Ouest de Londres, Ile-de-France, Stockholm, Copenhague, Amsterdam, Francfort, Munich, Hambourg, Brême, Dublin, Vienne, Luxembourg. Les régions les moins productives correspondent aux anciens pays du Bloc de l’Est qui ont pris du retard à l’époque communiste (1945-1990) sur les pays d’économie de marché. Seule l’ancienne RDA a pu rattraper largement son retard grâce à la réunification allemande qui a permis la solidarité de l’ex-Allemagne de l’Ouest et des aides de l’Union européenne dès 1990. Ces pays restent aussi plus agricoles (ils comptent davantage d’agriculteurs dans la population active). C’est aussi le cas des régions méditerranéennes en retard en Europe du Sud. Dans ces régions, l’agriculture est le secteur le moins productif. L’industrie de ces pays n’a pas non plus achevé sa modernisation et elle repose sur des secteurs plus traditionnels (métallurgie, textile, chaussure). Enfin, les services de haut niveau (activités financières, conseil stratégique…) sont rares. Les rares espaces où la productivité excède les 37 000 euros par tête correspondent presque tous à des régions-capitales concentrant des activités de commandement (région londonienne, Paris, Stockholm, Copenhague, Amsterdam, Dublin, Vienne, Luxembourg) ou plus largement à des régions métropolitaines comptant une forte proportion d’activités financières (comme Francfort) ou d’industries de pointe (comme Munich). Ce sont soit des métropoles isolées, soit des ensembles régionaux vastes, comme la mégalopole. 3.3 La politique de cohésion (n°2, p. 217 ; carte p. 216) La politique de cohésion désigne les politiques de mise à niveau des États les plus pauvres et de réduction des écarts entre régions. Pour la période de programmation 2007-2013, cette politique va mobiliser 308 milliards d’euros. L’Union européenne cherche d’abord à favoriser le décollage des pays les plus pauvres (en 1994, elle a créé le fonds de cohésion pour financer ce rattrapage des économies les plus en retard). Tous les nouveaux Etats membres entrés depuis 2004 (PECO, Chypre et Malte) sont aidés par ce fonds (en plus de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce. On appelle pays de la cohésion les 15 Etats bénéficiaires de ce fonds. L’Union européenne mène également depuis 1988 une politique régionale visant à favoriser le développement des régions en retard ou en crise. D’autres fonds peuvent intervenir comme le volet A de coopération transfrontalière (n°2, p. 214) qui vise à faire coopérer des régions entre elles de part et d’autre d’une frontière. Cela s’explique par les impératifs d’une coopération de proximité pour traiter en commun des questions telles que le transport, l’emploi, le développement économique, les espaces naturels, etc. en réalisant des projets communs. Les territoires ultramarins et leur développement 1. Le développement d'un territoire ultramarin : entre Union européenne et aire régionale (étude de cas) La Guyane, p. 234-237 + carte p. 254 Les revenus de la Guyane, notamment en provenance de l’Union européenne et grâce au centre spatial de Kourou, la singularisent au sein de l’Amazonie et de ses voisins brésilien et surinamais. Toute une série d’échanges en découle, de marchandises, dans le cadre d’un commerce informel, et d’hommes, avec une arrivée massive de clandestins. Cette étude de cas met en évidence la dimension européenne et régionale du développement guyanais. Les pages 234-235 insistent sur le contraste existant entre la Guyane et ses voisins, ce qui en fait une sorte d’îlot de prospérité. La carte 1 montre l’étendue de la forêt amazonienne et le fait que les villes et les axes de communication sont concentrés dans le Nord, près du littoral. Les frontières Est et Ouest correspondent à des fleuves, le Maroni et l’Oyapock. Sur ce dernier, le premier lien fixe avec un pays voisin est en train d’être achevé (voir doc. 10). Le tableau 2 permet de comparer la Guyane avec l’État voisin du Suriname, lui aussi faisant partie de la forêt amazonienne. Les indicateurs économiques et démographiques sont contradictoires, car les revenus et l’espérance de vie sont plus élevés côté français, mais sur le plan démographique le Suriname est plus avancé dans la transition démographique. Ce paradoxe est lié à l’immigration clandestine massive et aux conditions de vie de ces immigrants en Guyane. Ce flux entraîne un rajeunissement de la population, mais vivant clandestinement dans des bidonvilles cette population est frappée par le chômage et une mortalité infantile élevée. Sur le doc. 3, on se rend compte que les échanges commerciaux de la Guyane sont largement dominés par la France (métropolitaine). Les échanges régionaux sont réduits. La comparaison des valeurs des importations et des exportations démontrent une balance commerciale très déficitaire. Sur le doc. 4, au milieu de la forêt amazonienne, une fusée Ariane 5 prend son envol. Le doc. 5 est à mettre en regard avec la carte (doc. 1) et éclaire le déséquilibre spatial fondamental existant entre la bande littorale et l’intérieur. Le doc. 6, à l’instar du doc. 4 page 233, montre l’implication des fonds européens dans des infrastructures de la communauté de communes du centre littoral de Guyane (CCCL), qui comprend les communes de Cayenne, Macouria, Matoury, Montsinéry-Tonnégrande, Remire-Montjoly et Roura, incluant donc l’agglomération guyanaise principale. Les pages 236-237 montrent les conséquences de ces contrastes de richesse de richesse et de développement avec les flux générés. Visible sur le doc. 1 page 234, le village de Camopi (doc. 7) est totalement enclavé et accessible uniquement par le fleuve ou les airs. L’écharpe portée par le maire de Camopi montre le maillage administratif français jusque dans les zones les plus reculées de la République. On voit aussi que la population est, contrairement au littoral, totalement amérindienne. Dans le texte (doc. 8) les différents courants migratoires avec leurs raisons sont abordés. Il est à mettre en relation avec les photos 9 et 11, où on voit le trafic clandestin sur le fleuve Maroni et un bidonville du chef-lieu Cayenne. Matérialisation des échanges de plus en plus importants avec les pays voisins, le pont sur l’Oyapock, en construction (doc. 10) va créer un lien fixe entre le Brésil et la France. Au-delà du risque migratoire, brandi par certain, c’est une chance pour la Guyane que de pouvoir valoriser sa contiguïté à un voisin en pleine croissance économique. 2. Discontinuités, distances, insularité, spécificités socio-économiques 2.1 Eloignement, insularité et enclavement Il existe une soixantaine de territoires ultramarins, sous souveraineté française, espagnole, portugaise, danoise, néerlandaise et britannique (carte p. 238-239). Ce sont les restes des empires coloniaux européens. La plupart sont des îles de petites tailles, à l’exception de la Guyane française et du Groenland, province autonome du Danemark. Ils apportent à leurs métropoles des millions de km2 de ZEE (près de 10 millions de km2 pour les territoires ultramarins français, par exemple). Ils bénéficient de deux statuts différents au sein de l’UE. - Le « premier cercle » est constitué par les RUP, régions ultrapériphériques, qui sont pleinement intégrés à l’UE et bénéficient ainsi des aides de la FEDER pour combler leurs handicapas structurels. Il s’agit des Açores, de Madère (Portugal), des Canaries (Espagne), de la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion et la Guyane ainsi que Saint-Barthélemy et Saint-Martin (France). Le « deuxième cercle » regroupe une cinquantaine de pays et territoires d’outre-mer (PTOM), simplement associés à l’UE (ils appartiennent à quatre Etats membres : le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas et le Danemark). Le droit communautaire ne leur est pas applicable, mais ils peuvent toutefois bénéficier de certaines aides européennes. On notera que la France est le seule Etat européen à posséder à la fois des RUP et des PTOM. La distance (carte p. 232-233) entre Paris et les territoires des Antilles et de la Guyane est de 7000 km environ, de plus de 9000 km pour la Réunion (12 heures d’avion – n°1, p. 244) et de plus de 18 000 km pour la Nouvelle-Calédonie. Le Groenland est situé à 3000 km du Danemark. Les territoires portugais et espagnol sont plus proches de la métropole, cependant (entre 1000 et 2000 km pour des territoires comme Madère). Cette distance génère des coûts en termes de transports – pour les marchandises comme pour les personnes - et le temps de trajet ainsi que le décalage horaire ajoutent encore à la discontinuité dont souffrent ces territoires : au total les territoires ultramarins européens sont situés dans presque tous les fuseaux horaires, de moins 11 heures en Polynésie dans le Pacifique, à plus 12 heures pour Wallis et Futuna. Toutefois, on peut nuancer cette difficulté dans la mesure où ces territoires bénéficient comme ailleurs du « rétrécissement du monde » dû à la révolution des transports et des communications. Cet éloignement est aggravé pour les îles secondaires plus ou moins éloignées de l’île principale où se trouvent la capitale, l’aéroport et/ou le port international. Ainsi, les îles Marquises et les autres archipels – Archipel des Gambier, des Australes, des Tuamotu, en Polynésie française (le nom signifie « pays des îles nombreuses »), se trouvent à plus de 1 000 km de Tahiti et sont composés de centaines d’îlots dans une superficie maritime représentant 8 fois la surface de la France. Mis à part la Guyane et les espaces de l’Antarctique, les territoires ultramarins sont insulaires, qu’ils soient des îles des archipels ou des atolls. Ils sont donc concernés par l’insularité, un phénomène caractéristique des îles dont les habitants ont une perception particulière de l’espace et du temps (l’« îléité ») et, pour certains, une tendance au repliement (on parle d’ « insularisme »). Pour les îles secondaires, encore plus éloignées, on évoque le terme de « surinsularité ». Certains de ces territoires ont en outre une très petite superficie, comme Mayotte, avec 375 km2, ce qui représente 1/15e de la superficie de la Corrèze. L’insularité, comme la distance, renforce la dépendance à l’égard de la métropole : une grande partie des ressources de ces territoires est liée aux transferts sociaux en provenance de la métropole et aux aides européennes. L’insularité explique également une des particularités de la population de ces îles, qui a du mal à se positionner entre ouverture et insularisme. Toutefois, l’insularité peut constituer un atout potentiel : la perception des îles comme d’un territoire exotique, au climat tropical et au territoire et à la biosphère protégés de la modernité, fait rêver et ce qui apparaît au départ comme un handicap peut favoriser le développement touristique. De même, le positionnement des îles à la croisée des routes maritimes commerciales internationales peut également constituer un atout, si cette potentialité est mise en valeur. 2.2 Les particularités des territoires, des sociétés et des économies des RUP Le territoire et le peuplement des îles situées dans la zone intertropicale ou subtropicale est structuré par l’opposition entre « côtes au vent », plus humides et soumises aux alizées, et « côtes sous le vent », plus sèches et plus peuplées. L’intérieur de ces terres, souvent marqué par un relief volcanique – volcanisme parfois actif -, est délaissé au profit des côtes. Ces territoires sont également caractérisés par des risques naturels : cyclones tropicaux au cours de la saison chaude, séismes, volcanisme actif (le Piton de la Fournaise, à la Réunion), inondations et glissements de terrain dus aux pluies torrentielles et à l’érosion liée à la déforestation. Ces caractéristiques géographiques sont contraignantes mais constituent également un fort potentiel pour ces territoires ultramarins : l’insularité et le climat tropical ainsi que la biodiversité sont des atouts pour le tourisme. Souvent, ces îles tropicales sont bordées de récifs coralliens abritant des lagons et de larges plages de sable blanc. Les territoires les plus proches de l’Europe, et donc les moins chers, comme les Açores, les Canaries et Madères, sont les plus favorisés. D’autres territoires sont situés dans une zone de froid extrême, comme le Groenland et TAAF - les Terres australes et antarctiques -, les Îles Sandwich. Ils sont très peu peuplés et le tourisme y est peu développé, malgré une faune riche et préservée dans des réserves naturelles terrestres et maritimes (manchot empereur et royal, albatros, éléphant de mer, otarie, pétrel géant, gorfous, sternes, skua, etc.). De même, la Terre Adélie est uniquement peuplée par quelques scientifiques. Certaines activités économiques y sont possibles, comme la pêche, mais elles sont très peu développées. Dans les Antilles, ces sociétés sont pluriethniques (n°2, p. 247). L’esclavage et l’économie deplantation sont à l’origine de la coexistence de descendants d’esclaves et de colons,cohabitant dans une culture commune appelée créole. Elle se caractérise par la langue,mais également par l’organisation sociale et des aspects culturels communs. Cettepluriethnicité est renforcée par l’immigration, le plus souvent clandestine, quicaractérise ces îles (13% de la population des Canaries selon une estimation).L’héritage douloureux de la période esclavagiste et la coexistence ethnique peuventégalement renforcer les tensions sociales liées aux difficultés économiques. Dans les territoires du Pacifique, la population polynésienne est majoritaire, mais le nombre de métisses (Polynésiens, Européens, Asiatiques) est important. Ainsi, en Nouvelle-Calédonie, trois groupes principaux sont en présence : les Européens et les Mélanésiens, qui représentent environ 40% de la population, et les autres groupes ethniques, indonésiens, tahitiens, wallisiens, etc. Ce découpage ethnique pèse dans les désaccords politiques au sujet de l’avenir de l’île s’exprimant lors des consultations électorales. Que ce soit aux Antilles ou dans le Pacifique (graphique p. 240 et n°1, p. 241), les populations des territoires ultramarins ont été caractérisées par une démographie dynamique jusque dans les années 2000, ralentie depuis lors – en dehors de la Guyane. Le phénomène de tertiarisation des activités, lié en particulier au recul de l’agriculture, a entraîné une urbanisation rapide – fort exode rural à destination des métropoles locales -, accompagnée d’un phénomène de littoralisation. Dans certains cas, ont peut même évoquer un phénomène de macrocéphalie urbaine, comme pour Nouméa, Fort-de- France ou Papeete. Ces territoires peuvent apparaître comme des îlots de prospérité dans leur région, mais leurs économies sont fragiles. On observe tout d’abord une hypertrophie du secteur tertiaire, et en particulier de l’emploi public, ce qui entraîne une augmentation des revenus pour une partie de la population, mais également une augmentation des prix pour le plus grand nombre. Les taux de chômage et le nombre de bénéficiaires du RMI sont nettement supérieurs à ceux de la métropole. Les activités traditionnelles comme l’agriculture et la pêche sont en crise. Les cultures de plantations comme la canne à sucre et la banane ont tendance à disparaître ou à subir la concurrence internationale, celle de la « banane-dollars » des Antilles par exemple. Le tourisme, ressource majeure des régions ultramarines, n’est pas suffisamment développé, engendre des recettes décevantes et subit une forte concurrence internationale – seules Madère et les Canaries ont développé un tourisme de masse. D’autre part, ces territoires possèdent très peu de matières premières, si l’on fait exception du nickel en Nouvelle-Calédonie. Les PTOM britanniques et néerlandais des Antilles bénéficient de leur statut de paradis fiscaux sans pour autant développer une économie équilibrée. La Guyane, dont l’activité spatiale représente une part importante du PIB, ne développe guère d’autres activités. Ces territoires sont largement dépendants de la métropole (n°2, p. 244 et n°6, p. 245) et de l’Union européenne. Les aides extérieures sont massives : subventions, sur-rémunération, défiscalisation, etc., apportent des revenus à ces territoires mais ne créent pas les conditions d’un développement économique autonome. Les cultures vivrières sont insuffisantes et les RUP doivent importer l’essentiel de leurs matières premières agricoles des métropoles. Enfin, le fait que ces territoires soient très faiblement intégrés dans leur espace régional aggrave cette dépendance vis-à-vis de la métropole et de l’UE. 3.3 Les enjeux du développement Depuis le traité d’Amsterdam (1997), l’Union européenne reconnaît les « handicaps structurels » dont soufrent ces territoires et leur vient en aide – ce soutien vient s’ajouter aux subventions en provenance de la métropole. Ces subventions proviennent de quatre fonds principaux : le FEDER (Fonds européen de développement régional), le FSE (Fonds social européen), le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) et le FEP (Fonds européen pour la pêche). Les aides européennes ont dans un premier temps été destinées à compenser l’insularité et à soutenir les activités traditionnelles – agriculture, pêche, tourisme, infrastructures. Mais ces dernières années, les subventions font l’objet d’une nouvelle stratégie : il s’agit pour l’UE de mettre en valeur la biodiversité et les caractéristiques géographiques des territoires ultramarins en soutenant des projets dans le domaine de l’innovation : recherche biomédicale, énergies renouvelables, technologies relatives aux microalgues, etc. L’UE encourage également l’intégration des terres ultramarines dans leur bassin régional : certaines aides sont destinées à développer les échanges avec les territoires voisins, par le biais des programmes Interreg (coopération transfrontalière et transrégionale). Ces programmes sont déclinés en fonction de la localisation des territoires ultramarins et de leurs caractéristiques : Interreg Caraïbes, Interreg Amazonie, Interreg Océan Indien, etc. Les RUP possèdent des atouts indéniables en matière de potentiel touristique : exotisme, plages de sable blanc des lagons, récifs de corail, paysages volcaniques, forêt tropicale, etc. Il faut également évoquer dans ce domaine les cultures locales qui constituent un facteur d’attractivité. Or, force est de constater qu’en dehors de Madère et des Canaries, le potentiel touristique est largement sous-exploité dans la plupart des îles. Les structures d’accueil sont jugées insuffisantes et le malaise social et les difficultés économiques expliquent en partie cet état de fait. A cela s’ajoute la concurrence de destinations moins onéreuses et jugées plus attractives, dans les Antilles en particulier (République dominicaine, île Maurice) mais également dans l’océan Indien (Maldives). Le tourisme a du mal à s’internationaliser, particulièrement dans les RUP françaises, où l’essentiel de la clientèle est métropolitaine. La solution du développement de ce secteur passe certainement par le développement d’un tourisme durable, ce qui nécessite une meilleure protection de l’environnement et de la biodiversité, ainsi que la mise en valeur des cultures locales. L’écotourisme, qui consiste à promouvoir une région peu fréquentée tout en protégeant la nature et en assurant un bien-être aux populations locales, devient un objectif majeur. Toute la difficulté est de concilier tourisme de masse et principes du développement durable. On a vu que l’UE encourageait de nouvelles activités afin de développer des secteurs de substitution aux activités traditionnelles – culture du sucre et de la banane – tout en mettant en valeur le potentiel particulier des RUP. Mais jusqu’à présent, le plan d’action européen n’est pas parvenu à réduire le chômage et la pauvreté qui constituent le problème principal des populations autochtones, ni à réduire la fracture urbaine qui mine ces territoires : l’opposition entre quartiers défavorisés et quartiers aisés localisés dans des emplacements bien exposés persiste. Outre le développement du tourisme, le potentiel agricole des RUP peut être valorisé de façon différente : l’introduction de cultures à haute valeur ajoutée, comme les agrumes en Martinique, les ananas à la Réunion ou le vignoble à Madère a permis de relancer l’activité agricole. De même, des cultures spécifiques peuvent contribuer à redynamiser en partie l’économie des îles : fleurs, rhum de qualité, etc. Enfin, il est indispensable de mieux intégrer les RUP dans leur espace régional. Des investissements importants ont été réalisés pour créer et aménager des zones franches et une partie des aides de l’UE est désormais destinée à mieux intégrer ces territoires dans leur bassin proche. Toutefois, la plupart des RUP sont situées dans des zones de pauvreté et ont du mal à faire face à l’afflux d’immigrés clandestins pour lesquels ces terres représentent paradoxalement des îlots de prospérité.