Radicalisation et Laïcité
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La radicalisation (première phase), trouve essentiellement sa source dans le
contexte social. Sentiment d’injustice, d’inutilité, stigmatisation ou crise
identitaire, l’individu s’éloigne peu à peu de la société. Il peut également sentir
son identité personnelle ou sociale menacée suite à certains événements (attentats,
crise économique, etc.). La principale cause serait le manque d’attention ressenti
ou le sentiment d’être marginalisé. Une crise de confiance se développe
progressivement lors de laquelle les oppositions se renforcent entre l’individu et la
société.
L’extrémisme est la seconde phase, celle où les discours radicaux
s’intensifient et où l’usage de la violence commence à se profiler comme un
moyen légitime sans pour cela devenir effectif : l’auteur recherche des alternatives
culturelles, politiques ou idéologiques. C’est l’étape où la dynamique de groupe
est importante et les contacts radicaux s’accroissent : l’acceptation de l’identité
du groupe et de l’idéologie ainsi que la reconnaissance deviennent des facteurs
déterminants. L’isolement par rapport à la société et la création de liens, radicaux,
solides (leader charismatique, personne de confiance, etc.) renforcent l’adhésion aux
valeurs extrémistes.
Le terrorisme est l’étape ultime où l’usage de la violence est reconnu, accepté
et légitimé comme seule et unique possibilité d’agir.
On distingue 5 degrés de radicalisation chez un jeune musulman ou converti
1er degré : revendiquer des pratiques communautaristes (manger halal,
lire le Coran plusieurs fois par jour etc)
2ème degré : revendiquer des pratiques « identitaristes » (je suis d’abord
musulman, arabe) Il s'agit en premier lieu d'une quête de visibilité : de l'« islam
des catacombes », dans l'intimité du foyer, les jeunes veulent passer à une
reconnaissance de dignité égale à celle de tous les autres citoyens, à l'instar
d'autres minorités en quête de visibilité, comme peut l'illustrer le phénomène de
la gay pride. Le droit à la pratique religieuse dans un espace réservé (la mosquée),
un « carré musulman » dans les cimetières, un espace pour d'autres rituels festifs
(Aïd al Kebir, Ramadān), des facilités pour accéder au pèlerinage à La Mecque font
partie de ces revendications et pratiques identitaires.
3ème degré : exprimer une radicalité cultuelle (pratiquer la religion de
façon très rigoriste, comme porte le voile, la burqa, se laisser pousser la
barbe). Se pose ici le problème de la laïcité. La question scolaire constitue
un autre symptôme. Le port du foulard ne sert pas uniquement à marquer sa
différence revendiquée, il se place aussi en une réfutation de l'enseignement laïc,
en certaines matières du moins : la biologie (Darwin et l'évolutionnisme), la
musique (interdite aux filles en islam), l'éducation physique (à cause du
« dévêtu » que cela implique) et l’histoire.
4ème degré : tenir des propos radico-théologico politiques. Le passage au
politique constitue l'une des voies de structuration et d'expression du mal-vivre
réactif des jeunes musulmans. Le relais est pris par les mouvements et les
groupes activistes islamiques-islamistes, adossés à quelques grands courants du
fondamentalisme et de l'intégrisme islamique planétaire, transnational. tendance
« rigoriste » de l'école néo-hanbalite, originaire de l'Arabie Saoudite et qu'on évoque
souvent abusivement sous l'appellation « wahhabisme » (XVIIIe siècle),