Mieux connaître les cellules cancéreuses - Marchés publics

Nancy, le 19 juin 2015
NANCYCLOTEP-GIE
Historique, état des lieux, projets
(Pr Gilles Karcher, juin 2015)
Historique
L’imagerie moléculaire clinique et en particulier la Tomographie par Emission de Positons
(TEP) prend une place croissante en médecine. Elle participe, avec la biologie, à
l’amélioration du diagnostic, à définir les traitements les mieux adaptés et à en évaluer
l’efficacité thérapeutique pour chaque patient. Ses applications concernent en particulier
les grands domaines de santé publique (oncologie, neurologie, maladies cardiovasculaires).
a mise en place progressive à partir des années 2000 d’un réseau de cyclotrons et de sites de
production industrielle de radiopharmaceutiques et l’équipement en imageurs dédiés (PET)
des établissements de santé ont permis la diffusion de cette technique en routine clinique
mais très majoritairement en utilisant un seul radiopharmaceutique, le fludésoxyglucose
marqué au 18F (FDG) en oncologie.
Cependant le potentiel énorme de cette technologie, en particulier avec les très nombreux
traceurs marqués au 18F, au 11C ou au 68Ga, n’est pas actuellement suffisamment exploité en
clinique à cause des contraintes techniques, logistiques, organisationnelles et économiques,
liées à la courte demi-vie de ces radiotraceurs (18F : 110 min, 11C : 20 min) et à la complexité
réglementaire de leur mise en œuvre. L’accès de la population à ces examens innovants est
actuellement très insuffisant.
L’objectif de la plateforme Nancyclotep située sur le site du CHRU de Nancy, est de lever les
verrous qui limitent l’utilisation de ces techniques en pratique médicale courante et de
répondre ainsi aux besoins des patients, du système de santé, de la recherche académique
et de la Recherche et du Développement (R&D) industriels.
Dès l’année 2000, cinq établissements de santé du Grand-Est (Nancy, Strasbourg, Besançon,
Dijon, Reims) se sont coordonnés pour s’équiper simultanément de PET-scan, avec le choix
d’implanter sur le site des Hôpitaux de Brabois du CHRU de Nancy le cyclotron et le site de
production industriel du radiopharmaceutique FDG (société IBA-CIS Bio International). Le
cyclotron et le PET-scan du CHRU de Nancy ont été opérationnels en 2002.
Il avait été prévu à l’époque de réserver environ 60 m2 dans le bâtiment cyclotron pour de
futures activités de recherche.
En 2007, grâce à la volonté et au soutien à l’investissement (4,5M€) des collectivités
territoriales de Lorraine (Conseil Régional, Conseil Général 54, Grand Nancy), le GIE
Nancyclotep a été créé et localisé sur le site de Brabois, avec pour objectif de mettre en place
et d’exploiter une structure de recherche et développement pré-clinique et clinique dans le
domaine de la tomographie à Emission de Positons. Ce GIE comporte quatre membres : le
CHRU, l’Université de Lorraine et les sociétés Genclis et Posifit.
Nancy, le 19 juin 2015
Etat des lieux
Le plateau technique de Nancyclotep-GIE comporte actuellement :
Un laboratoire pour la recherche et le développement de nouveaux radiotraceurs
(laboratoire de radiochimie)
Une unité de fabrication industrielle incluse dans le périmètre de l’établissement
pharmaceutique CIS Bio International et conforme aux bonnes pratiques de fabrication,
comportant un laboratoire de production (situé dans le bâtiment cyclotron) et un laboratoire
de Contrôle de Qualité. Cette unité est dédiée à la fabrication de médicaments
radiopharmaceutiques utilisables chez l’Homme
Une plateforme d’imagerie « petit animal » avec en particulier un « micro-pet », un beta-
Imager et une animalerie associée pour les études pré-cliniques
Une unité Pet-scan clinique
Nancyclotep a créé des collaborations avec de nombreuses structures et organismes :
L’industriel IBA-CISBio International avec lequel Nancyclotep collabore dans le cadre
de la production de F-DOPA (DOPACIS) commercialisée
Plusieurs équipes de recherche et laboratoires de l’Université de Lorraine en
particulier :
Les équipes de Chimie
La faculté de Pharmacie et l’ENSIC, en particulier autour de la Filière
« Pharma+ »
Le CRAN sur des projets de développements méthodologiques
Les équipes INSERM et CNRS du domaine Biologie-Santé
L’école de Chirurgie
Le Centre d’Investigation Clinique du CHRU
L’Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC) de Strasbourg avec mise en commun
de projets de RetD sur les radiotraceurs et mise en commun de moyens techniques
Les services de Médecine Nucléaire et des équipes de recherche du Luxembourg
Environ 18 personnes travaillent à plein temps pour Nancyclotep qui fédère ainsi sur un
même site de nombreux métiers et compétences : chimistes, radio-chimistes, pharmaciens
hospitaliers et industriels, médecins, biologistes, techniciens, informaticiens, manipulateurs
d’électroradiologie, secrétaires…
Nancyclotep, associé au Tep du CHRU a permis de réaliser :
Plus de 80 études cliniques
Plus de 50 000 TEP depuis l’installation du premier TEP en 2002
Plus de 35 études précliniques sur le petit-animal
La production industrielle de Fluoro-dopa pour le compte de l’industriel IBA-CIS Bio
International ainsi que la production de Fluoro-choline prévue fin 2015
L’accueil physique et l’encadrement scientifique et techniques de 3 Post-Doc, 8
doctorants, 21 étudiants en Master, et 13 stagiaires (ingénieurs, IUT, Lience3)
La mise en place d’un module d’enseignement sur la radio-chimie/radio-pharmacie
de la filière PHARMA+ (Pharmacie + ENSIC)
Nancy, le 19 juin 2015
Les projets
L’activité de Nancyclotep-GIE est, à ce jour, principalement focalisée sur les radio-traceurs
marqués au 18F. Un projet d’extension de cette plateforme vise à doter Nancyclotep des
moyens pour développer et produire une large gamme de radiopharmaceutiques marqués
au 11C et au 68Ga et en valider leur utilisation clinique. Pour ce faire, il est nécessaire :
De se doter d’équipements techniques supplémentaires : ciblerie pour le cyclotron,
automates de synthèse, générateurs de Gallium 68, matériel spécifique de contrôle
de qualité. L’utilisation en clinique de radiopharmaceutiques marqués au C11 (20mn
de période) nécessite également de se doter d’un PET-scan supplémentaire
De finaliser les accords de coopération avec la structure CYRCE (IPHC / Strasbourg)
pour la mutualisation des programmes de RetD ainsi que des moyens de production
de radiotraceurs
D’obtenir l’autorisation d’ouverture d’établissement pharmaceutique de
fabrication pour Posifit afin de pouvoir produire des médicaments
radiopharmaceutiques et des médicaments radiopharmaceutiques expérimentaux
(destinés à la recherche clinique) dans des conditions réglementaires et de sécurité
optimales. Le dossier a été déclaré « recevable » par l’ANSM et la première
inspection a eu lieu au mois de juin 2015.
D’adapter la structure pour respecter l’ensemble des réglementations applicables :
radioprotection, pharmaceutique, vétérinaire, médicale…
D’adapter l’équipe en nombre et en compétences pour faire face aux nouvelles
activités
Il s’agit ainsi de créer une plateforme ouverte, intra-hospitalière, d’envergure européenne,
mettant en synergie sur un site unique l’ensemble des acteurs impliqués depuis la production
d’isotopes jusqu’à la validation clinique et visant à créer un réseau collaboratif au niveau
national et de la Grande Région. Ses principaux objectifs sont de :
Répondre aux besoins des patients
La structure mettra à disposition, en pratique clinique, des radiotraceurs connus dont
l’intérêt médical est validé dans la littérature ou par l’usage dans d’autres centres européens
(par exemple la [11C] choline pour le cancer de la prostate, la [11C] méthionine pour certaines
tumeurs cérébrales, les traceurs fluorés de l’apoptose et de l’ischémie, les marqueurs de la
maladie d’Alzheimer.
Par ailleurs, il est nécessaire de favoriser la R&D de nouveaux radiotraceurs, moteurs des
progrès dans ces domaines, ainsi que leur industrialisation, condition indispensable à leur
accès pour la population.
Répondre aux besoins de l’industrie pharmaceutique
Les techniques de radiomarquage sont très utiles dans le processus de développement des
médicaments pour le criblage de banques de molécules, l’étude de la pharmacocinétique
(chez l’animal et chez l’Homme), et l’évaluation de l’efficacité thérapeutique. Il est donc
important de développer le savoir-faire nécessaire au radiomarquage de candidats
médicaments.
Nancy, le 19 juin 2015
Favoriser la recherche en radiochimie / radiopharmacie
Le développement des connaissances, des méthodes et du savoir-faire en radiochimie est la
base des progrès en imagerie moléculaire TEP, que ce soit pour les besoins médicaux ou pour
l’industrie pharmaceutique. La radiochimie est une science complexe, d’une part concernant
les aspects chimiques (quantités de matière mises en œuvre), d’autre part pour la mise en
œuvre du marquage en raison des contraintes techniques (courte demi-vie des isotopes) et
méthodologiques (radioprotection, contraintes des productions de qualité pharmaceutique).
La recherche en radiochimie / radiopharmacie nécessite des structures adaptées : cyclotron,
automates de synthèse, enceintes plombées, environnement contrôlé… Peu de sites
remplissent ces conditions, ce qui limite le nombre d’équipes de recherche pouvant travailler
sur ce domaine pourtant très vaste et à fort potentiel applicatif.
Créer les conditions d’une validation clinique efficace
Pour passer d’un radiotraceur prometteur à un radiopharmaceutique utilisable en clinique, il
est nécessaire de franchir, comme pour tout autre médicament, l’ensemble des étapes de
validation afin d’aboutir in fine à la démonstration de l’inrêt médical.
Compte tenu de leur difficulté de production (en phase pré-industrielle) et de leur
péremption courte (les rendant difficilement transportables), il faut disposer à proximité du
site de production d’une structure clinique équipée et organisée pour mettre en œuvre les
études de validations pré-clinique et clinique en respectant les conditions méthodologiques,
réglementaires et médicales.
Deux thèmes de recherche seront privilégiés : la pharmaco-imagerie (radiomarquage des
médicaments) et l’utilisation de l’imagerie TEP pour optimiser les procédures de
radiothérapie.
Favoriser l’industrialisation et donc la disponibilité
La mise à disposition de la population de ces techniques nécessite que les
radiopharmaceutiques puissent être produits et délivrés à proximité des sites cliniques
utilisateurs. Or, la production et la distribution de médicaments radiopharmaceutiques sont
soumises à de très fortes contraintes réglementaires et s’adressent à un marché réduit (de
plusieurs ordres de grandeur inférieurs à celui des « blockbusters » pharmaceutiques
classiques), ce qui constitue un réel frein à leur développement.
Il convient donc de lever ces barrières en proposant aux industriels l’accès à des prestations
de R&D, de validation pré-clinique, et de validation des process leur permettant de limiter les
coûts de développement. Par ailleurs, la création de grands plateaux techniques à « haut
débit » à proximité des sites de production est une nécessité pour l’utilisation de traceurs à
demi-vie très courte comme le 11C (20 min) et limiter les coûts et les problèmes
réglementaires liés au transport.
Répondre aux attentes des autorités de santé
Compte tenu de l’intérêt médical, mais aussi du coût de ces techniques, les autorités de
santé ont besoin d’informations médico-économiques fiables pour définir une politique de
santé cohérente et décider en particulier de l’aménagement du territoire en équipements
lourds. Par ailleurs, pour optimiser l’utilisation clinique de ces nouvelles techniques, il faut
exploiter l’expérience acquise pour écrire et faire évoluer les référentiels.
Nancy, le 19 juin 2015
Répondre aux besoins d’enseignement
Le développement de ces techniques a fait naître des besoins en radiochimistes et
radiopharmaciens / pharmaciens industriels spécialisés. En collaboration avec l’ENSIC, il est
prévu de créer une structure de formation adaptée pour répondre aux besoins de l’industrie
et de la recherche.
Il s’agit en outre d’assurer la formation initiale et continue des professionnels de santé
impliqués (médecins, radiophysiciens, personnels paramédicaux), condition essentielle pour
garantir la qualité de la pratique médicale.
En particulier il est prévu de créer une structure industrielle de production de modules d’e-
learning multi langues pour la formation des médecins nucléaires aux nouveaux examens
d’imagerie TEP utilisant les nouveaux radiopharmaceutiques. La cible visée est l’ensemble
des médecins nucléaires au niveau mondial.
La montée en puissance de Nancyclotep-GIE vise donc à créer sur le site hospitalo-
universitaire de Nancy une plateforme de visibilité européenne réunissant les conditions
architecturales, techniques, scientifiques, médicales et réglementaires pour être en
capacité de répondre à ces objectifs.
Nancyclotep et son projet d’extension représentent une occasion de développer les
coopérations scientifiques et médicales au sein de la Grande Région.
Nancyclotep se veut en effet être une plateforme ouverte à tous les acteurs scientifiques,
industriels et médicaux de la Grande Région intéressés par les applications de la tomographie
par émission de positons.
Ces collaborations pourront prendre plusieurs formes :
- coopération scientifique avec les centres de recherches belges, allemands et
luxembourgeois dans le domaine de la radiochimie, de la pharmacie et de la biologie
- la mise à disposition aux Centres TEP de la Grande Région de radiotraceurs innovants
développés sur la plateforme Nancyclotep
- l’accueil sur la plateforme des patients de la Grande Région qui pourraient bénéficier
d’examens TEP avec des radio-traceurs non transportables (exemple : traceurs marqués au
11C ayant 20 min de demi-vie).
Il est donc possible de créer en Lorraine, au CHRU de Nancy sur le site de Brabois, une
plateforme unique en Europe ouverte à la clinique, l’enseignement, la recherche et à
l’industrie, contribuant ainsi à l’amélioration du service médical rendu de l’imagerie
moléculaire TEP tout en assurant son équilibre économique de fonctionnement et en
créant de nouveaux emplois qualifiés.
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