COMMUNIQUE DE PRESSE UNCTAD/PRESS/PR/Doha/2012/015 Original: Anglais «LA RÉFORME DE LA GOUVERNANCE MONDIALE DOIT RATTRAPER LA MONDIALISATION», SELON L’ÉTUDE DE LA CNUCED INTITULÉE «DEVELOPMENT AND GLOBALIZATION» Certes, les pays les moins riches peuvent tirer parti du commerce international, mais ils n’en sont pas moins touchés par le ralentissement des échanges Doha (Qatar), 21 avril 2012 − Selon le nouveau rapport de la CNUCED intitulé Development and Globalization: Facts and Figures (DGFF) 2012, publié cet après-midi à l’occasion de l’ouverture de la treizième session de la Conférence quadriennale, l’économie mondiale s’est développée beaucoup plus rapidement que la gouvernance économique internationale, d’où la nécessité de mener des réformes institutionnelles et réglementaires afin de combler le fossé qui s’est creusé. Dans ce rapport, la CNUCED estime que les tensions entre des relations économiques qui se développent rapidement et une gouvernance mondiale qui reste limitée, «conjuguées à une foi aveugle dans l’autoréglementation des marchés, ont créé un environnement mondial dangereux qui a finalement ouvert la voie aux événements cataclysmiques de 2008-2009». «Si l’épicentre de l’effondrement financier était situé dans le monde développé, les pays en développement, qui sont de plus en plus intégrés à l’économie mondiale, ont été touchés alors qu’ils n’étaient que des spectateurs innocents.» Selon l’étude, les pays en développement tirent, à des degrés divers, avantage de leur pénétration des marchés internationaux, mais ils en pâtissent presque toujours lorsque les courants économiques mondiaux sur lesquels ils n’ont aucune prise deviennent négatifs. Le thème de la treizième session de la Conférence est la «mondialisation centrée sur le développement»; la question très controversée de l’opportunité de contrôler ou de réglementer davantage les marchés internationaux devrait être examinée à plusieurs reprises au cours de cette session, qui s’achève le 26 avril. Le principal message du rapport est que «la réforme de la gouvernance mondiale a besoin de rattraper la mondialisation − sous peine d’un retour en arrière. La mondialisation est à la croisée des chemins: afin de se poursuivre, dans des conditions plus sûres, le processus doit être maîtrisé et géré de manière plus avisée.». Le secrétariat de la CNUCED a procédé à une analyse détaillée de l’état de la mondialisation et recommande notamment d’ajuster les salaires réels en fonction de la productivité et − pour que la reprise soit durable − les transferts publics de fonds aux ménages à faible revenu devraient être accrus, aussi bien pour améliorer le niveau de vie que pour stimuler la croissance économique intérieure, ces fonds étant habituellement dépensés rapidement au niveau local. * Contacts: Unité de Communication et d'information de la CNUCED, à Doha, T: +974 7795 3748/7792/8023, T: +41 79 502 43 11, E: [email protected], Web: www.unctad.org/press ou à Genève, T: +41 22 917 5828, T: +41 79 502 43 11, E: [email protected], Web: www.unctad.org/press UNCTAD/PRESS/PR/Doha/2012/015 Page 2 Le rapport contient aussi de nombreux graphiques, diagrammes et tableaux statistiques conviviaux. L’impact de la crise sur le monde en développement a été exacerbé par la participation croissante des pays en développement à l’économie mondiale, selon le rapport. La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel des pays en développement et des pays en transition n’a été que de 1,6 % lors de la récession mondiale en 2009, soit bien inférieur au taux de croissance moyen annuel de 5,4 % enregistré entre 2003 et 2007. Même si ce taux est resté supérieur à celui de nombreux pays industrialisés, les pays en développement ont besoin de croitre plus rapidement afin d’augmenter leur faible niveau de vie et de faire face à l’accroissement de la population. La situation actuelle n’est pas exempte de danger comme en témoignent les chiffres indiquant que la configuration de pays excédentaires et de pays déficitaires qui avait précédé la crise − et dont les déséquilibres ont été des facteurs déclenchants − n’a pas changé. En dollars courants, les déséquilibres de la balance des paiements courants ont atteint un record en 2007-2008, avant de s’estomper en 2009 − lors de la forte baisse du volume et de la valeur des échanges mondiaux − mais ils se sont de nouveau accrus en 2010-2011. La dégringolade, suivie d’une nouvelle flambée des prix des produits de base, surtout du cours du pétrole, a été un facteur important. Les excédents et déficits se sont résorbés depuis les montants records atteints avant la crise, mais les tendances n’ont pas changé (voir le graphique 1). Parmi les autres tendances persistantes qui ont des effets néfastes sur les pays pauvres − mais que ceux-ci ne maîtrisent guère − figure l’instabilité des taux de change et des prix des produits de base. Selon le rapport, «le monde a besoin d’un ordre monétaire international qui à la fois permette une stabilité raisonnable des taux de change et incite à des ajustements symétriques de la situation des pays créanciers et des pays débiteurs». Il convient de noter que «le taux de change effectif réel du Brésil a fortement augmenté jusqu’au milieu de l’année 2008, puis a dégringolé au plus fort de la crise et n’est remonté que jusqu’au milieu de 2011 pour atteindre de nouveaux sommets, avant que la tendance ne commence à nouveau à s’insérer. Une évolution comparable des taux de change a été observée dans d’autres pays en développement, dont un petit nombre ont enregistré un déficit considérable de leur balance des paiements courants qui risque d’augurer d’une instabilité future». La proposition de la CNUCED de conclure un accord multilatéral axé sur un régime de taux de change réels constants traiterait directement les causes systémiques de ces déséquilibres mondiaux. Les prix des produits de base − matières premières issues de ressources naturelles et produits de base agricoles qui sont les principaux produits d’exportation de nombreux pays pauvres − sont tellement instables qu’ils ont un effet déstabilisant. «Des fluctuations de prix aussi grandes peuvent avoir des effets néfastes à la fois sur les pays importateurs et sur les pays exportateurs de produits de base, et influer sur la résilience des ménages et des producteurs» (voir le graphique 2). Selon le rapport, une tendance récente peut aussi pénaliser les pays pauvres: «les pays développés sont revenus à une politique de resserrement budgétaire de peur d’accumuler des dettes publiques excessives. Ces craintes sont injustifiées car une expansion budgétaire et monétaire est en fait nécessaire pour éviter tout nouveau ralentissement économique. La reréglementation financière est un élément essentiel de la stabilité de l’économie mondiale mais elle reste incomplète.». La présentation interactive de la publication est un bon exemple de l’évolution des statistiques de la CNUCED, qui sont plus élaborées sur le plan technologique et faciles à utiliser. Les dernières données présentées dans le rapport sont étayées par un guide complet qui facilite l’interprétation des statistiques et permet donc de bien les utiliser. Le rapport est conçu pour être accessible et utile aux non-spécialistes ainsi qu’aux économistes et statisticiens internationaux. La publication est disponible à l’adresse http://dgff.unctad.org/. La base de données statistiques de la CNUCED http://unctadstat.unctad.org/. peut être consultée à l’adresse UNCTAD/PRESS/PR/Doha/2012/015 Page 3 Graphique 1. Balance des paiements courants de certains pays, 2005-2011 Autres pays en développement et pays en transition Chine Japon Union européenne, sauf Allemagne Pays exportateurs de combustibles États-Unis Allemagne Graphique 2 .Évolution des indices de prix des produits de base, janvier 2000-décembre 2011 Janvier 2011: L’indice des prix des produits de base hors combustibles a dépassé le record atteint en avril 2008 Produits de base hors combustibles (en dollars courants) Pétrole brut *** ** ***