Les Dossiers du Grappe - n°1 2011 Géo-ingénierie : un remède pire que le mal par Paul Lannoye 1 Introduction. …………………………………………….. Le Sommet de la Convention sur la diversité biologique qui a eu lieu à Nagoya en octobrenovembre 2010 s’est achevé dans un concert d’applaudissements saluant des accords pourtant dépourvus d’engagements significatifs. La complaisance des grandes ONG’s et des médias saluant des décisions selon eux importantes est consternante et ne s’explique guère sinon par le souci de ne pas perturber la grand’ messe et ainsi de sécuriser leur position d’officiant. Un évènement important aurait par contre mérité d’être salué avec satisfaction alors qu’il a été passé sous silence: il s’agit de l’adoption, le 2 novembre en fin de Sommet, d’un moratoire sur les activités de géo-ingénierie à grande échelle. A l’unanimité, les participants (193 pays signataires), constatant l’absence de contrôle efficace et de mécanismes de régulation transparents, globaux et scientifiquement pertinents, se sont engagés à renoncer à toute activité de géo-ingénierie susceptible d’affecter la biodiversité, aussi longtemps qu’une base scientifique adéquate ne permet pas de justifier de telles activités, et qu’une prise en considération appropriée des risques pour l’environnement et la biodiversité ainsi que des impacts sociaux, économiques et culturels n’est pas réalisée….. (1). Les 193 pays représentés à la conférence de Nagoya sur la biodiversité (novembre 2010) se sont engagés à renoncer à toute activité de géo-ingénierie susceptible d’affecter la biodiversité ! Même s’il implique des restrictions lourdes de sens *, cet engagement est capital. Il s’inscrit dans la logique de celui pris en mai 2008 à propos de la technique de fertilisation des océans, sur base de l’article 14 de la Convention et du principe de précaution. Il s’agit d’une sage décision, largement justifiée par les risques sans précédent pour les grands écosystèmes que portent toutes les techniques de géo-ingénierie actuellement proposées ou envisagées. *Qui jugera de la qualité de la base scientifique exigée ? De quoi s’agit-il ? …………………………………………… On peut attribuer, du moins en partie, à une méconnaissance du sujet le silence médiatique qui a accueilli la décision historique de Nagoya. Bien peu en effet savent réellement ce qu’est la géo-ingénierie ; la discrétion de ses promoteurs n’y est pas pour rien. De quoi s’agit-il ? La géo-ingénierie est l’intervention technologique à grande échelle et intentionnelle sur les océans, les sols ou l’atmosphère, dans le but de contrecarrer ou de réduire l’impact des activités humaines. 2 La recherche scientifique « à petite échelle » est autorisée : quelles seront les limites ? On sait aujourd’hui à quel point les activités humaines, pratiquées et promues par le monde occidental, sont en train de perturber gravement les équilibres écologiques planétaires. La menace, largement reconnue, d’un changement climatique irréversible focalise l’attention politico-médiatique. Elle a suscité une prise de conscience très largement proclamée de la nécessité d’un changement profond et d’une réduction d’émission des gaz à effets de serre. Mais certains scientifiques, dont la notoriété est bien établie (notamment le prix Nobel de chimie 1995 Paul Crutzen) se sont fait les chantres d’une approche plus conforme à la dynamique dominante. Et si, plutôt que de s’évertuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre, on développait des technologies capables d’atténuer voire d’en supprimer les effets les plus graves ? L’avantage d’une telle approche réside dans le fait qu’elle permet de ne pas remettre en question les pratiques et les politiques en vigueur depuis des décennies. Au contraire, elle s’inscrit dans la même logique. La foi dans le progrès et la capacité du monde de la technoscience à trouver les réponses à tous les problèmes, y compris les plus interpellants est ainsi confortée. La géo-ingénierie est l’intervention technologique à grande échelle et intentionnelle sur les océans, les sols ou l’atmosphère, dans le but de contrecarrer ou de réduire l’impact des activités humaines. Deux types principaux de méthodes de géo-ingénierie sont proposés depuis quelques années : La gestion du rayonnement solaire (SRM ou solar radiation management) et la captureséquestration des gaz à effet de serre, plus particulièrement du CO2 considéré comme le principal acteur du changement climatique. Dans la première catégorie, il faut classer les technologies qui renvoient une partie du rayonnement solaire incident dans l’espace ou l’empêchent de nous atteindre (réflecteurs ou écrans) Citons parmi les méthodes les plus sérieusement envisagées : 1. L’injection de sulfates dans la stratosphère. Il s’agit d’injecter dans la stratosphère des particules en quantités suffisantes pour renforcer son pouvoir réfléchissant. L’étude des éruptions volcaniques et de leurs conséquences climatiques a fait penser qu’il était possible d’imiter ces phénomènes naturels en créant des volcans artificiels. L’irruption du volcan Pinatubo aux Philippines en 1991 a envoyé dans la stratosphère 20 millions de tonnes de SO2 (anhydride sulfureux) et a entraîné un refroidissement de l’ordre de 0,5°C. Pourquoi ne pas provoquer artificiellement ce même refroidissement ? 3 Eruption du volcan Pinatubo aux Philippines en 1991. Ce raisonnement conduirait à injecter dans la stratosphère, par avion, roquette ou fusée, de grandes quantités de sulfates, et ainsi provoquer une importante réduction du rayonnement solaire incident, laquelle permettrait de compenser l’augmentation de température résultant de la trop grande concentration de CO2. Certains scientifiques suggèrent de remplacer les sulfates par des nanoparticules. C’est ainsi que David Keith, directeur de l’Institute for sustainable Energy, Environment and Economy à l’Université de Calgary, suggère d’utiliser des nanoparticules de matériaux électrostatiques et magnétiques leur permettant de perdurer au-dessus de la stratosphère et évitant toute interférence avec la chimie de l’ozone (2). Cette technique de géo-ingénierie est celle qui a suscité à ce jour le plus d’intérêt. Ses inconvénients potentiels sont pourtant flagrants. Ils ont été largement mis en évidence par de nombreux scientifiques (3). Les principaux sont les suivants, pour ce qui concerne l’injection de sulfate : - dommages probables à la couche d’ozone ; - perturbations de la photosynthèse ; - impacts très diversifiés sur les différentes régions du monde ; en particulier, importants risques de sécheresse accrue sur de vastes territoires en Afrique, en Asie et en Amazonie. - les modèles préliminaires révèlent le risque d’une élévation brutale de température en cas d’arrêt de l’expérience. Une telle hausse serait certainement plus dangereuse pour la vie sur terre que l’élévation graduelle actuellement en cours. Selon son promoteur, l’usage de nanoparticules au lieu de sulfates réduirait certains de ces inconvénients (notamment l’action sur la couche d’ozone) mais les inconnues relatives au comportement des nanoparticules sont telles que cette alternative parait au moins aussi risquée que le volcan artificiel. 2. Le blanchissement des nuages. Renforcer l’albédo terrestre, en dessous de la stratosphère par blanchissement des nuages est une autre méthode de géo-ingénierie présentée comme séduisante. Il s’agit de modifier la composition des nuages par injection d’eau de mer, de manière à les rendre plus blancs. L’injection d’eau salée accroît en principe la présence de noyaux de condensation dans les nuages ; elle diminue leurs dimensions et augmente leur pouvoir réfléchissant. Les principaux promoteurs de cette technique sont John Latham du National Center for Atmospheric Research de l’Université du Colorado et Stephen Salter de l’Université d’Edimbourg. Selon John Latham, sous réserve de la résolution de 4 quelques problèmes spécifiques, le blanchissement des nuages pourrait maintenir constante la température sur terre si la concentration en CO2 continuait d’augmenter jusqu’au double de la valeur actuelle (4). Cet optimisme est loin d’être partagé par l’American Meteorological Society (AMS) qui admet que cette technologie peut certes refroidir le climat terrestre mais peut aussi modifier considérablement la circulation atmosphérique globale. Les conséquences sur le régime des précipitations et le parcours des tempêtes pourraient s’avérer très sérieuses. Les différentes régions du monde en seraient affectées de manière très inégale, ce qui pose un nouveau type de problèmes géopolitiques. (5). Enfin, toujours selon l’AMS, les écosystèmes marins sont menacés d’une totale désorganisation. 3. La fertilisation des océans. La mission du Lohafex dans l’océan atlantique austral en janvier 2009. Fertilisation des océans par dispersion artificielle de fer pour stimuler la production de phytoplancton. La seconde catégorie de techniques consiste à créer des puits de carbone. La plus connue consiste à renforcer la capacité du phytoplancton à absorber le CO2. En déversant des nutriments (fer, azote, phosphore) dans les mers, où la concentration de phytoplancton est faible, on espère accroître cette concentration et en conséquence le piégeage du CO2. Quand le phytoplancton meurt, il tombe au fond des océans où il est séquestré pour longtemps. Actuellement, on constate un déclin des populations de phytoplancton du fait du changement climatique et du réchauffement des eaux. Selon les données collectées par satellite depuis 1979, on observe un déclin global à un rythme de l’ordre de 1% par an (6). Les partisans de la fertilisation croient que le fer est le nutriment manquant et estiment que l’addition de fer permettrait de restaurer la productivité, ce qui permettrait de piéger 2 à 3 milliards de tonnes de CO2 en plus chaque année, soit l’équivalent d’un tiers à un quart des émissions mondiales de l’industrie et du transport routier. Mais de nombreux scientifiques, spécialistes de la vie océanique, contestent de telles hypothèses. A la lumière des expériences entreprises au cours de ces dernières années, ils considèrent en savoir assez sur la fertilisation des océans pour affirmer que cette 5 technique ne devrait pas être considérée comme un moyen d’atténuer le changement climatique. (7). La liste des effets potentiels indésirables est longue : - changements dans la chaîne alimentaire marine ; - réduction de la productivité dans les zones non ensemencées ; - déplétion de l’oxygène en profondeur ; - production d’algues toxiques lesquelles pourraient empoisonner la faune marine ; - production de gaz nocifs susceptibles de perturber la chimie de l’atmosphère ; - augmentation de l’acidification des océans ; - conséquences négatives pour les récifs coralliens du fait de la production accrue de dinoflagellates toxiques ; - impacts dévastateurs sur le mode de vie des populations qui vivent des ressources marines. Il faut signaler qu’au cours des 20 dernières années, pas moins de 13 expériences de fertilisation des océans ont eu lieu dans le monde. En 2007, une expérience initiée par la société Planktos (Etats-Unis) au voisinage des îles Galapagos a été stoppée à la suite d’une campagne menée par des groupes de citoyens américains. Le projet visait à disséminer des dizaines de tonnes de fines particules de fer dans une zone de 10 000 Km² des eaux internationales proches des îles Galapagos. Malgré l’adoption en mai 2008 d’un moratoire de fait sur cette technique de fertilisation des océans par la Convention sur la biodiversité, une équipe de scientifiques germano-indienne a reçu en 2009 l’autorisation des deux gouvernements concernés pour la mission Lohafex (Loha = fer en hindi ; fex = fertilization experiment) Cette mission qui s’est déroulée entre le 7 janvier et le 17 mars 2009 a noyé dans les eaux de l’Océan Atlantique austral 6 tonnes de fer (en fines particules) sur une surface de l’ordre de 300 Km². L’expérience s’est révélée très décevante : l’addition de fer a stimulé la production ; mais les vitesses d’accumulation du phytoplancton n’ont crû que pendant une courte période du fait de la pression exercée par le zooplancton. Ce sont le picophytoplancton et le zooplancton qui ont bénéficié le plus de l’apport de fer. En réalité, la fertilisation de l’océan par le fer comme moyen pour séquestrer le CO2 s’est avérée moins efficace que prévu. 4. La production et l’enfouissement du biochar. Alors que les végétaux sont généralement considérés comme neutres en ce qui concerne les émissions de CO2, puisque l’absorption de CO2 par la photosynthèse compense l’émission de CO2 provoquée lors de la décomposition, la technologie du biochar se veut être « négative » en émission de CO2. En effet, les « déchets » agricoles ou forestiers ou encore les végétaux ou les arbres cultivés pour cet usage sont en effet brûlés en atmosphère pauvre en oxygène (pyrolyse) ; le produit solide résultant de ce brûlage, qui s’apparente à du charbon de bois, est dénommé biochar. S’il est enfoui dans le sol et y reste indéfiniment, le carbone est séquestré et l’opération globale (photosynthèse + biochar enfoui) s’avèrera bénéfique en termes d’émissions de CO2. Outre l’opération de séquestration du carbone, il y a production de sous-produits énergétiques qui peuvent remplacer les combustibles fossiles (syngas et biopétrole). 6 La technologie est à première vue séduisante lorsqu’elle est appliquée selon le concept de biochar soutenable. Celui-ci est présenté comme suit dans une étude récente (8) : « Des résidus de cultures, des déchets animaux, des déchets forestiers ou de scieries ainsi que tous types de déchets verts sont pyrolisés par un procédé technique moderne pour fournir du bio-pétrole, du syngaz, de la chaleur et du biochar. La pyrolyse empêche la dégradation directe des intrants. Les produits issus de la pyrolyse fournissent de la bio-énergie (syngas et biopétrole) évitant les émissions de gaz à effet de serre comme le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N2O) et fournissent aussi des amendements aux sols agricoles et aux pâturages. La bioénergie est utilisée pour compenser les émissions dues aux combustibles fossiles et renvoie dans l’atmosphère la moitié du carbone fixé par photosynthèse. En outre, aux émissions de gaz à effet de serre évitées par non dégradation de la biomasse, s’ajoutent les réductions d’émissions du fait de l’enfouissement du biochar dans les sols. Le biochar séquestre le carbone sous une forme qui lui permet d’accroître l’humidité des sols et leur capacité à piéger les nutriments, ce qui permet de stimuler la croissance des végétaux cultivés. Cette productivité accrue est une rétroaction positive qui accroît encore la quantité de CO2 non libérée dans l’atmosphère. La lente dégradation du biochar dans les sols, jointe aux activités de labour et de transport renvoie une faible part de CO2 dans l’atmosphère ». Cette présentation est considérée comme trop optimiste et basée plus sur des données de laboratoire et des études théoriques que sur des expériences concrètes pour justifier une promotion hâtive par certains scientifiques ; c’est ainsi que le CSIRO, un institut de recherche australien, qui a reçu un financement substantiel du gouvernement, a émis de sérieuses réserves sur la politique visant à recommander aux fermiers l’usage du biochar, en l’absence de recherches supplémentaires sur les performances réelles du procédé.(9) L’analogie faite par les partisans du biochar avec l’existence en Amazonie de sols très noirs particulièrement fertiles (terra preta), n’est pas totalement justifiée. En effet, ces sols du bassin amazonien ont été gérés par les populations indigènes à une époque qui se situe entre 500 et 2500 ans de la nôtre. Cette gestion se basait sur l’intégration d’amendements organiques divers et complexes visant à maximiser la production et la qualité des aliments tout en minimisant la dégradation des ressources. L’ajout de charbon de bois faisait partie de ces pratiques, au même titre que celui de résidus divers de la biomasse (10). Ces terres noires d’Amazonie sont susceptibles de livrer des données extrêmement utiles pour formuler les critères d’une agriculture soutenable et notamment de fournir une alternative à la culture sur brûlis. De là à considérer que la technique du biochar donnera les mêmes résultats en termes de fertilisation des sols, il y a un pas à ne pas franchir pour deux raisons principales : avec le biochar, il s’agit plutôt de remplacer les déchets organiques et non de s’y ajouter ; en outre, rien ne permet d’affirmer que les bénéfices constatés pour la qualité des sols soient instantanés. Selon certaines études, il a peut-être fallu 50 à 100 ans de pratiques pour que la terre preta acquière ses qualités agronomiques. Ces réserves n’invalident pas l’intérêt éventuel de la technique biochar à petite échelle comme le soulignent certains de ses promoteurs.* Par contre, il faut émettre les plus grandes réserves dès lors qu’il s’agit de la développer à grande échelle comme instrument de lutte contre le réchauffement climatique. 7 Il faudrait consacrer des étendues énormes de terres cultivables pour produire le biochar en quantités significatives (au moins 500 millions d’hectares). * Encore faudrait-il que des études sérieuses, indépendantes de la poursuite d’objectifs commerciaux, soient effectuées pour étayer les hypothèses actuelles. En effet, selon plusieurs études consacrées au potentiel d’intervention du biochar pour séquestrer le CO2 en quantités significatives, il apparaît qu’une estimation réaliste serait de l’ordre de 20 milliards de tonnes, soit 1 milliard de tonnes par an (11). Une analyse de 17 études effectuées en 2003 (12) suggère que de 5,5 à 9,5 milliards de tonnes pourraient être produites chaque année. Pour ce faire, 500 millions d’hectares de plantations devraient au minimum y être consacrées. Mais ce serait sans doute beaucoup plus. Il est en tout cas tout à fait clair que la pyrolyse des résidus organiques de tous types ne peut en aucun cas suffire à produire du biochar en quantités telles que la séquestration du CO2 atteigne des valeurs suffisamment importantes. Il faut donc consacrer des étendues énormes de terres cultivables à la production de biomasse pour le biochar. Une telle option politique ne peut qu’entraîner de lourds impacts pour les communautés paysannes et exacerber les problèmes d’insécurité alimentaire et les conflits pour l’accès à la terre. La publication en août 2010 de l’étude citée en référence 8 a suscité une réaction virulente de 21 associations écologistes et mouvements sociaux qui ont dénoncé dans un communiqué « l’appropriation des terres pour le biochar au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. » Un état des lieux de la problématique du biochar a montré l’impact potentiellement dévastateur de cette technologie pour l’Afrique, ses auteurs insistant avec force arguments sur les insuffisances du dossier scientifique brandi par ses promoteurs (13). Pourquoi la géo-ingénierie est inacceptable. …………………………………………………………………….. Chacune des technologies de géo-ingénierie analysées souffre d’inconvénients spécifiques qui justifient son rejet et légitime le moratoire adopté en novembre 2010. Les autres techniques apparentées, citées dans les tableaux 1 et 2, présentent au minimum les mêmes défauts génériques auxquels peuvent s’ajouter des caractéristiques propres qui les rendent encore plus inacceptables. C’est notamment le cas de la dissémination planétaire de variétés végétales génétiquement modifiées pour accroître leur capacité de séquestration du CO2 ! Toutefois, sachant que l’idéologie technoscientiste continue à imprégner les esprits de la plupart de nos contemporains, il n’est sans doute pas inutile de montrer pourquoi il faut considérer la géo-ingénierie comme politiquement et éthiquement inacceptable. 8 1. La géo-ingénierie est risquée et imprévisible. Pour aucune des techniques de géo-ingénierie envisagées, il n’est possible de prétendre qu’elle soit dépourvue de risques potentiellement graves. Dès lors qu’il est question de perturber un cycle géochimique comme celui du carbone par des moyens chimiques, physiques ou biologiques, il est prévisible que d’autres cycles soient eux aussi perturbés, tels celui de l’azote ou de l’eau. De même, rien ne permet de négliger a priori les effets totalement imprévus voire imprévisibles provoqués par une perturbation volontaire d’un paramètre dès lors qu’on a affaire à un système complexe. Les modèles les plus sophistiqués développés notamment par le GIEC pour prévoir l’évolution du climat et ses conséquences concrètes ont été incapables de tout prévoir ; c’est ainsi que la fonte accélérée des glaces arctiques constatée depuis 2007 n’avait pas été prévue. Aucune théorie n’est en mesure de prévoir comment va évoluer le système terrestre après une expérience de géo-ingénierie à grande échelle. 2. Toute expérience de géo-ingénierie est irréversible. Dès lors qu’une expérience serait décidée et déclenchée, il est impossible de revenir en arrière au cas où on constaterait son inefficacité ou ses effets pervers. Qui pourrait s’arroger le droit de prendre une telle décision dans de telles conditions ? Ceci signifie qu’il est impossible d’expérimenter à une échelle pertinente les techniques de géo-ingénierie. Toute expérimentation à grande échelle ne peut être que bannie a priori pour des raisons éthiques. 3. La géo-ingénierie est inéquitable et incompatible avec la démocratie. Le changement climatique généré par la société industrielle et sa boulimie consumériste et productiviste entraîne des effets perturbateurs sur les écosystèmes et le mode de vie de populations dont la contribution au fonctionnement de cette société donc aussi à ses effets négatifs est marginale. Le Bangladesh, un des pays les plus misérables de la planète est aussi un de ceux parmi les plus menacés par la montée des eaux. C’est profondément injuste mais c’est une conséquence involontaire d’une évolution des sociétés développées qui n’ont pas mesuré les conséquences négatives de cette évolution. Avec la géo-ingénierie, il s’agit d’action volontaire pour modifier le climat, sachant que les modifications climatiques provoquées sont susceptibles d’affecter de manière très inégale les différentes régions du monde, de bénéficier à certains et de pénaliser d’autres. Qui pourrait décider, et avec quelle légitimité, dans ces conditions ? C’est manifestement une situation inextricable et le risque est grand de voir les décisions confiées à des « experts » convaincus du bien-fondé de leurs modèles prévisionnels mais irresponsables face aux populations. 4. La géo-ingénierie comme alibi pour ne pas remettre en cause le fonctionnement actuel du monde. Certains scientifiques, promoteurs de techniques de géo-ingénierie présentent ces techniques comme faisant partie d’un plan B pour le climat, sachant que rien ne permet d’être optimiste quant à l’évolution prochaine en matière de rejet des gaz à effet de serre. Il ne s’agit pas selon eux de relâcher les efforts pour réduire les émissions de ces gaz mais bien de mettre au point des mesures de sécurité au cas où on ne parviendrait pas à atteindre les objectifs visés. 9 La géo-ingénierie, présentée comme solution de secours au cas où l’humanité n’atteindrait pas les objectifs de réduction d’émission de GES, est en réalité le meilleur alibi pour ne rien faire. Ou il s’agit d’un aveuglement coupable, ou d’une grande hypocrisie. Il va de soi que, présentée comme une solution de secours, la géo-ingénierie constituera un alibi parfait pour que les puissances dominantes dans ce monde, c'est-à-dire les plus grandes productrices de gaz à effet de serre, renoncent de facto à tout changement majeur. Le résultat ne peut être que désastreux pour l’humanité. 5. La géo-ingénierie comme instrument de domination du monde. La nature même des techniques de géo-ingénierie donne à leurs concepteurs et à leurs détenteurs le pouvoir de dominer le monde. Cette volonté de domination n’épargne pas les scientifiques ; il suffit d’évoquer d’éminentes personnalités du monde de la physique nucléaire pour s’en convaincre. Edward Teller, physicien célèbre, qui fut un des pères de la bombe à hydrogène, a prôné jusqu’à la fin de sa vie le recours à la géo-ingénierie contre le réchauffement climatique (14). Dans un registre apparemment moins sulfureux, on doit évoquer Frédéric Joliot-Curie, le concepteur du programme nucléaire français, qui, lors d’une conférence de presse en octobre 1945, s’interrogeait en ces termes : « Pourquoi n’essaierait-on pas de faire éclater des bombes à haute altitude ? D’énormes nuages de vapeur d’eau seraient formés qui pourraient modifier les climats et protéger du soleil de vastes étendues ? » (15) Aujourd’hui, la guerre froide a disparu mais la tonalité guerrière, elle, a subsisté, surtout dans le registre de l’économie. La course aux brevets dans les techniques liées de près ou de loin à la géo-ingénierie en est la traduction concrète (voir à ce sujet le très documenté rapport de l’ETC group cité en référence 7). Des scientifiques, qui se retrouvent parmi les principaux chantres de la géo-ingénierie, comme David Keith, John Latham ou Steven Salter sont aussi détenteurs de brevets déterminants. Certains d’entre eux sont directement ou indirectement liés à des magnats de la finance comme l’omniprésent Bill Gates (16) ou encore Richard Branson. Ce dernier a créé une « War Room du climat » pour pouvoir travailler avec « les acteurs appropriés » dans le but de « créer un plan stratégique de gouvernance et de réglementation » dans le « champ de bataille » de la géo-ingénierie (17). L’implication directe d’institutions états-uniennes dotées de budgets et de contrats militaires comme la NASA et la DARPA* complète le tableau et ne laisse plus de doute sur le caractère « strictement pacifique » de la géo-ingénierie. *La Darpa est l’Agence de Recherche de projets de défense avancés. 10 Les antécédents guerriers de la géo-ingénierie et la Convention Enmod. Tout le monde se rappelle l’utilisation massive de napalm par les troupes américaines au Vietnam, de même que celle de l’Agent orange, défoliant contaminé à la dioxine, dont les conséquences ont été dramatiques pour les populations locales et leurs descendants. On sait moins que, dans le but de soumettre définitivement l’ennemi nord-vietnamien, l’US Air Force a ensemencé les nuages avec des particules d’iodure d’argent pour provoquer des pluies torrentielles. L’objectif était de rendre impraticable la piste Hô Chi Minh et de freiner ainsi la progression des troupes nord-vietnamiennes. Deux mille trois cent missions aériennes ont été menées à cet effet dès 1966. Cette opération, baptisée opération Popeye a été révélée par le Pentagone en 1971 et a suscité d’importants débats aux Nations-Unies. Une initiative importante, suscitée par l’URSS en 1975, aboutit à l’adoption dès 1976 (Résolution 31/72de l’Assemblée générale) de la Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toute autre fin hostile, dénommée ENMOD, abréviation de Environmental Modification. Cette convention a été ouverte pour signature à Genève le 18 mai 1977 et est entrée en vigueur le 5 octobre 1978. Tous les pays européens ont ratifié cette Convention, à l’exception notoire de la France. Les Etats-Unis, la Chine (elle a signé en 2005 seulement), la Russie et tous les autres pays développés sont parties à la Convention. Celle-ci interdit les techniques de géo-ingénierie mais uniquement si elles sont utilisées à des fins hostiles. Son article III exprime clairement qu’elle n’empêche pas l’utilisation des techniques de modification de l’environnement à des fins pacifiques. Cependant, le paragraphe 2 de ce même article III précise que les Etats parties à la Convention s’engagent à une coopération économique et scientifique internationale pour la préservation, l’amélioration et l’utilisation pacifique de l’environnement, en pleine considération des besoins des Régions en développement du monde. L’existence d’un moratoire ne signifie pas que la géo-ingénierie est abandonnée. ………………………………………………………………………………………………. Autant il y a tout lieu de se réjouir de l’adoption d’un moratoire sur la géo-ingénierie, autant il serait naïf de croire à une victoire définitive. Plusieurs raisons incitent au contraire à la vigilance. 1. Le moratoire, dans son énoncé même, laisse la porte ouverte à une relance des débats. Il admet en effet « que soient conduites, par exception, des recherches scientifiques à petite échelle, de manière contrôlée en conformité avec l’article 3 de la Convention, et seulement si elles sont justifiées par la nécessité de collecter des données scientifiques spécifiques et si elles sont soumises à une évaluation préalable de leur impact potentiel sur l’environnement. » 11 Sachant que de nombreuses équipes scientifiques sont engagées dans des programmes de recherche sur la géo-ingénierie, il est prévisible qu’elles ne vont pas aisément abandonner ces recherches, surtout si celles-ci sont programmées en coopération avec des sociétés commerciales intéressées par les crédits carbone et le mécanisme de développement propre. 2. La définition même de la géo-ingénierie est sujette à controverse. Soit elle fait référence explicitement au climat, comme le propose l’UK Royal Society (intervention délibérée à grande échelle sur le système climatique terrestre dans le but de modérer le réchauffement global), soit elle ne mentionne pas ce but, comme le propose le GIEC, lequel parle de manipulation délibérée à grande échelle de l’environnement planétaire sans plus, définition manifestement plus extensive. La Convention sur la biodiversité se doit donc de s’accorder sur une définition de manière à préciser ce que recouvre le moratoire. 3. Les Etats-Unis ne sont pas partie à la Convention sur la protection de la biodiversité (qu’ils n’ont pas ratifiée). Même s’ils étaient présents à Nagoya lors de l’adoption du moratoire, ce qui les implique politiquement, ils ne sont liés par aucun engagement. Il y a donc lieu de craindre des initiatives unilatérales de leur part. Cette crainte est fondée sur le fait que la plupart des initiatives de R.D sur les techniques de géo-ingénierie sont états-uniennes. Il suffit de voir les brevets déposés à ce sujet pour convaincre. 4. Les Européens ne sont pas nécessairement vertueux en la matière. Il faut rappeler que l’expérience Lohafex a été cautionnée par le gouvernement allemand en violation du moratoire décidé en 2009 sur la fertilisation des océans. 5. On notera par ailleurs que la Royal Society de Londres a lancé en mars 2010 une initiative d’étude sur la gouvernance de la géo-ingénierie, en coopération avec l’EDF (Environmental Defense Fund) de Washington et le TWAS (Third World Academy of Science), ONG basée à Trieste et dont l’objectif est d’aider les chercheurs du Tiers-Monde. Le principal responsable du projet, John Shepherd s’est exprimé comme suit : « il est essentiel de considérer que des mécanismes législatifs et des directives sont nécessaires pour s’assurer que toute recherche entreprise et effectuée de manière hautement contrôlée et responsable avec un plein accord international si nécessaire ». En outre, le programme Implicc (Implications and Risks of engineering solar radiation to limit climate change) lancé en juillet 2009 est financé par le 7ème programme cadre de l’Union européenne (2007-2013). 6. L’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre reste à la hausse ; il est de plus en plus clair que le protocole de Kyoto s’avère à la fois inefficace et pervers. On peut donc légitimement craindre que l’obstination à rester dans la logique de développement durable conduise in fine à abandonner le moratoire sur la géo-ingénierie. Un très mauvais signal a été donné en juin 2011 par le GIEC qui a confié à un groupe d’experts, parmi lesquels nombre de scientifiques impliqués dans la recherche sur la géoingénierie le soin d’évaluer le potentiel des techniques de géo-ingénierie en dépit du moratoire décidé quelques mois auparavant. 12 Tableau 1 : Technologies de géo-ingénierie visant à piéger et à séquestrer le CO2 Technologies Fertilisation des océans avec du fer ou de l’azote. Biochar Machines à aspirer le carbone ou captation dans l’air et séquestration minérale ou par arbres synthétiques Modification des courants océaniques ascendants ou descendants Erosion renforcée par addition de carbonates à l’océan Erosion renforcée (terrestre) Séquestration permanente de résidus de cultures par les océans (CROPS) Algues génétiquement modifiées et microbes marins. Chercheurs/promoteurs Description D. Whaley (Climos Inc, USA) ; V. Smetacek ( Inst. Alfred Wegener); W.Naqvi (Inst.national d’océanographie, Inde);I.SF Jones (Ocean Nourishment Corporation, Australie); R.George (Planktos Science, USA), M.Markels (GreenSeaVentures inc., USA) J.Lehmann(Univ.Cornell, USA), C.Sams (Carbon Gold, UK) ; Pacific Pyrolis Ltd, (Australie) ; Biochar engineering Corporation (US), Carbon War Room (US) ; ConocoPhillips (Canada), Fondation Biochar (Belgique), Alterna Energy Pty (Canada et Afrique du Sud), Centre de recherche Biochar, Angleterre. Ajout de nutriments dans les eaux pour stimuler la croissance du phytoplancton et tenter ainsi de séquestrer le CO2 en mer profonde D.Keith (Univ.de Calgary, Canada) ; K.Lackner (Univ.de Columbia, Global research technologies, USA); R.Pielke (Univ.du Colorado, USA et Univ.d’Oxford, Royaume-Uni) J.Lovelock (Royaume-Uni) et C.Rapley (Musée des Sciences de Londres, Royaume-Uni) ; P.Kithil (Atmocean, Inc, USA) Extraction du CO2 de l’air par utilisation d’hydroxyde de sodium liquide, lequel est converti en carbonate de sodium ; ensuite, extraction du CO2 sous forme solide pour l’enfouissement Utilisation de canalisations transportant l’eau de la mer riche en nutriments en surface pour refroidir les eaux de surface et renforcer la séquestration du CO2 par les océans. Alcalinité de l’océan renforcée dans le but d’augmenter le piégeage de CO2 I.Jones (Ocean Nourishment Corporation, Australie) ; T.Kruger (Cquestrate, Royaume-Uni) ; H.S.Kheshgi (ExxonMobil, USA) R.D.Schuiling et P.Krijgsman (Inst.des Sciences de la terre, Utrecht, Pays-Bas) ; Fondation Olivine pour la réduction de CO2 (Royaume-Uni) S.Strand (Univ.de.Washington, USA) J.Craig Venter (Synthétic Genomics, Inc, USA) ; Solazyme (USA) ; Sapphire Energy (USA) ; BP (Royaume-Uni) ; Inst.d’ingénieurs mécaniciens (Royaume-Uni) Combustion de la biomasse par pyrolyse (en milieu peu oxygéné) de manière à éviter les rejets de carbone et enfouissement du carbone concentré dans le sol. Contrôle du niveau de CO2 atmosphérique par épandage d’olivine en poudre fine (silicate de magnésium et de fer) sur les terres agricoles et forestières. Stockage du carbone par enfouissement de troncs d’arbres ou de biomasse en mer Fabrication de communautés de microbes et d’algues synthétiques pour séquestrer des quantités plus importantes de CO2. Cela vise soit les communautés océaniques soit des milieux fermés ou même des revêtements de bâtiments. 13 Tableau 2 : Technologies de géo-ingénierie basée sur la gestion du rayonnement solaire. Technologie Chercheurs/promoteurs 1. Couverture des déserts Alvia Gaskell (Environmental Reference materials, Inc, EtatsUnis) 2. Ecrans solaires spatiaux Roger Angel et Nick Woolf (Univ.d’Arizona, Etats-Unis), David Miller (Inst.de technologie du Massachusetts), S.Pete Worden (NASA, Etats-Unis). 3. Couverture de la glace arctique Leslie Field (Univ. de Stanford et Ice911 Research corporation, Etats-Unis), Jason Box (Univ.de l’Ohio, Etats-Unis). 4. Peinture en blanc des toits, des revêtements de sol (routes) et des sommets montagneux Hashem akbariet Surabi Menon (laboratoire national de Lawrence Berkeley, Etats-Unis) ; Eduardo Gold (Banque mondiale du Pérou) Andy Ridgwell (Univ.de Bristol, Royaume-Uni) firme agbiotech incluant BASF, Dupont, Syngenta, Monsanto, Centre de technologie Canaveira, Brésil. 5. Culture « Climate ready » 6. Miroirs spatiaux Dr Lowell Wood (laboratoire Lawrence Livermore, Etats-Unis) 7. Changement à grande échelle de l’utilisation des sols/récolte de l’eau de pluie Peter Cox (Univ.d’Exeter, Royaume Uni) ; Ray Taylor (The global cooling project, Royaume Uni, et Afrique de l’Ouest). Description Couverture de larges étendues désertiques par des surfaces (plastiques ou métalliques) réfléchissantes. Un grand nombre (évalué comme devant atteindre le milliard de milliards, soit 1018) de vaisseaux spatiaux sans pilote devrait être lancé dans l’espace pour former un nuage cylindrique de 100 000 Km de long, et ainsi dévier 10% du rayonnement solaire dirigé vers la terre. Couverture de la couche neigeuse ou des glaciers de l’Arctique par du matériau isolant ou un film à échelle nanométrique, de manière à réfléchir la lumière solaire et empêcher la fusion. Peinture en blanc des toits et des routes pour réfléchir la lumière du soleil. Technologies visant à augmenter l’albedo (réflectivité) ou plans à grande échelle visant à produire des plantes et des arbres résistant à la sécheresse, la chaleur ou la salinité. Installation d’un treillis d’aluminium réfléchissant entre la terre et le soleil. Changements à grande échelle dans les mouvements des eaux dans le but de provoquer la formation de nuages réfléchissant la lumière solaire. D’après ETC group – 2009 Références. ……………………………………………………………………………………….. (1) Biodiversity and Climate Change, Convention on Biological Diversity, Nagoya, Japan, 18-19 October 2010. (2) David Keith: Photophoretic levitation engineered aerosols for geoingineering, Proceedings of the National Academy of Sciences; Vol. 107, n° 38, sept 21, 2010, p.16428-16431. (3) Alan Robock: 20 reasons why geoengineering may be a bad idea; Bulletin of the Atomic scientists, 64, n° 2, 14-18, 59 14 (4) P.Rash, C-C Chen, John Latham: Global temperature stabilisation via cloud albedo enhancement geoengineering options to respond to climate change (Response to National Academy call), 2009. (5) AMS: Proposals to geoengineer climate require more research, cautions consideration and appropriate restrictions; AMS news, 21 juillet 2009; www.ametsoc.org/policy. (6) D Boyce, M.R.Lewis et B.Worm: Global phytoplankton decline over the past century; Nature, vol 466, 29 juillet 2010 (p.591-596). (7) ETC Group: Reference 69 du dossier Geopiracy: the case against geoengineering”, octobre 2010. Site www.etcgroup.org (8) D.Woolf, J.E.Amonette, et all. ; Sustainable biochar to mitigate global climate change, dans Nature Communications, 1 article 56, 10 août 2010. (9) S.Sohi, E.Lopez-Capel, E.Krull and R.Bo, Biochar, climate change and soil: a review to guide future research, CSIRO Land and Water Science Report, May, 2009. (10) FAO and GIAHS: Terra Preta – Amazonian Dark Earths (Brazil), 2 décembre 2009. (11) UNEP, Climate Change Science Compendium, 2009 www.unep.org/compendium2009/PDF/compendium2009.pdf (12) G.Bemdes, M.Hoogwijk and R.Van den Broeck : The contribution of biomass in the future global energy supply: A review of 17 studies; Biomass and Bioenergy 25, 128. (13) The African Biodiversity Network, Biofuelwatch and the Gaia Foundation: Biochar Land Grabbing: The impacts on Africa, Novembre 2009. (14) Edward Teller, Lowell Wood and Roderick Hyde: “Global warming and Ice ages: Prospects for physics-based modulation of global change”; 15 août 1997. (15) Cité par Ben Cramer: “Quand les militaires détraquent le climat”; Nexus, n° 73, mars-avril 2011. (16) Bill Gates Funding Geoengineering Research: http:// news.sciencemag.org/scienceinsider /2010/01/bill-gates-fund.html (17) Pryska Ducoeurjoly : “ Vent contraire sur la géo-ingénierie”; Nexus, n°72, janvier-février 2011. Pour en savoir plus, il est vivement conseillé de consulter le dossier d’ETC group « the case against geoengineering”, octobre 2010 qui a servi de base pour le présent travail. (Site : www.etcgroup.org ) 15