Nature & voyage Les foudres du climat s’abattent sur la Terre par Pauline Baron, Vendredi 13 août 2010 Selon le GIEC, un climat plus chaud risque de décupler la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles, comme les sécheresses et les inondations Une vague de chaleur sans précédent qui étouffe la Russie, des trombes d’eau qui déferlent sur l’Inde et le Pakistan ou encore une sécheresse qui gagne le reste du monde… Cet été, la météo semble être devenue folle, causant diverses catastrophes naturelles exceptionnelles. De lourds soupçons pèsent aujourd’hui contre les dérèglements climatiques, tandis que les scientifiques redoutent désormais que ces phénomènes se multiplient dans les années à venir. De graves menaces pèsent aujourd’hui contre la planète, dont l’avenir s’assombrit au fil du temps. Sécheresses, inondations, canicules ou encore tornades, ces phénomènes naturels qui s’abattent actuellement sur divers pays du globe, risquent en effet de devenir plus fréquents et plus intenses au cours des prochaines décennies. « Ce sont des événements qui sont appelés à se reproduire et à s’intensifier dans un climat perturbé par la pollution des gaz à effet de serre », estime Jean-Pascal Van Ypersele, vice-président du GIEC (NDLR : Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat). « Qu’il s’agisse de fréquence ou d’intensité, pratiquement chaque année, on bat des records et même plusieurs parfois en une semaine : en Russie, le record absolu observé à Moscou, jamais vu depuis le début des enregistrements météo il y 130 ans (NDLR : 38,2°C fin juillet) a été battu. Au Pakistan, les inondations n’ont jamais connu une telle ampleur géographique », précise Omar Baddour, chargé du suivi du climat à l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Le changement climatique mis en cause… ou presque Les dérèglements qui affectent depuis quelques années le climat à l’échelle planétaire, sont sans doute à l’origine de ces catastrophes en cascade. « Nous avions insisté (NDLR : dans les conclusions de leur dernier rapport publié en 2007) sur le fait que, dans un monde qui se réchauffe, il est très probable d’observer davantage de vagues de chaleur et d’inondations », évoque ainsi Jean-Pascal Van Ypersele. Une explication qui remporte également le soutien d’Omar Baddour : « les événements extrêmes sont une des manière dont les changements climatiques deviennent dramatiquement perceptibles », affirme-t-il. Une accusation à l’encontre du changement climatique, que de nombreux scientifiques préfèrent nuancer en raison notamment d’un manque de recul vis-à-vis de ces événements catastrophiques. S’ils les jugent « cohérents avec les conclusions établies par le GIEC », certains climatologues interrogés par l’AFP (NDLR : Agence France Presse) refusent pourtant d’imputer totalement les situations que connaissent la Russie, le Pakistan ou l’Europe de l’Est, à la hausse des températures ou aux gaz à effet de serre. « Un été est bien trop court pour le juger. Je m’exprime avec nuance et ne peux dire avec certitude que ces phénomènes climatiques et le réchauffement de la planète sont liés. […] Le GIEC ne peut pas affirmer que la vague de chaleur en Russie ou les inondations au Pakistan n’auraient pas eu, il y a 200 ans, avant la Révolution industrielle (NDLR : période où l’homme a commencé à rejeter des grandes quantités de gaz polluants) », concède pour sa part, Jean-Pascal Van Ypersele. La nature également à l’œuvre Tous ces événements exceptionnels peuvent ainsi résulter du cours normal des choses et n’être que l’œuvre de la nature elle-même. « On ne peut exclure que ces phénomènes soient totalement naturels. Il existe une petite probabilité pour qu’il en soit ainsi, mais nous sommes bien incapables de la quantifier », tempère ainsi le vice-président du GIEC. Les trombes d’eaux qui déferlent sur le Pakistan peuvent ainsi être imputées à La Nina, la petite sœur d’El Nino provoquée par un refroidissement de la température à la surface de l’océan Pacifique. « D’une manière générale, El Nino entraîne une sécheresse dans le sous-continent indien et au Sahel : avec La Nina, c’est le contraire », explique Omar Baddour. Reste que les catastrophes naturelles exceptionnelles qui ravagent depuis quelques années la Terre, sont « totalement cohérentes avec les rapports du GIEC », selon le climatologue anglais Andrew Waston. Une situation qui fera peut-être réagir les dirigeants de la planète et les incitera à prendre les mesures adéquates pour s’attaquer au changement climatique. Mais avec toutes les données scientifiques établies, les nombreux rapports du GIEC et tous les autres documents, ces derniers ont déjà toutes les cartes en main pour sauver la planète. Reste désormais à mettre carte sur table. Crédit photo : Flickr – U.S. Geological Survey