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Chapitre 1. Quels acteurs interviennent dans l’activité
économique ?
Plan
I. Les entreprises
A. Une entreprises ou des entreprises ?
1. La classification d’après l’activité
2. La classification d’après la dimension
3. La classification d’après la forme juridique
4. Entreprises privée/ entreprises publiques.
B. Quels sont les objectifs des entreprises ?
1. La recherche du profit : unique objectif ?
2. Comment ? Les stratégies mises en œuvre.
3. Comment ? Utilisation d’une combinaison de facteurs de production.
C. Quelles sont les évolutions récentes des entreprises ?
1. La concentration des entreprises s’intensifie
2. Internationalisation des firmes croissante
3. Une DIPP croissante
2. Les pouvoirs publics
A. Qui sont les pouvoirs publics ?
B. Dans quels domaines l’Etat doit-il intervenir ?
C. Quels sont les objectifs et moyens de l’intervention publique ?
3. Les autres acteurs importants : ménages, banques et institutions fi, l’extérieur
A. Les ménages : une hausse du niveau de vie ?
B. Le système financier : désintermédiation, décloisonnement et déréglementation
C. L’extérieur : des mondialisations croissantes
Mots-clés : entreprise (les différentes tailles, les différents statuts juridiques, la nature du propriétaire
de l’entreprise), secteurs d’activité, branche, le profit, les structures de marché (monopole, oligopole,
duopole, concurrence), les économies d’échelle, les pratiques anti-concurrentielles, la combinaison
productive, la productivité (différentes formes), concentration (différentes formes), FMN, IDE,
délocalisation, compétitivité, DIPP, administrations publiques, les trois fonctions de l’Etat
(Musgrave), Etat-gendarme, Etat-providence, le carré magique de Kaldor, les fluctuations
économiques (différentes formes), politiques monétaire et budgétaire, politiques conjoncturelle et
structurelle, revenus primaires, revenus de transfert, revenu disponible, la moyennisation, la
salarisation, la précarisation, société financière/ non financière, la règle des 3D, la mondialisation
(différentes formes)
Auteurs :
- Bourguinat Henri, « Finance Internationale », 1995.
- Braudel Fernand, « Civilisation matérielle, économie et capitalisme , XVè – XVIIIè », 1979
- Capron Michel « Les trois âges de la RSE », in Alternatives Economiques Poche n° 041 novembre 2009
- Castel Robert, « les métamorphoses de la question sociale », 1995
- El Mouhoub Mouhoub « Mondialisation : les cartes rebattues », in Alternatives économiques
Hors-Série, n°93, mai 2012.
- El Mouhoud Mouhoub Dans Mondialisation et délocalisation des entreprises, (2006)
-
Kaldor Nicolas dans « Conflicts in National Economic Objectives », in Economic Journal,
81(321), 1-16. 1971.
Mendras Henri, « la seconde Révolution française (1965-1984) », 1984
Musgrave Richard « Théorie des finances publiques » (1959)
Smith Adam, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations », 1776
Tullock Gordon et Buchanan James, « The Calculus of Consent: Logical Foundations of
Constitutional Democracy » (1962)
I. Le rôle des entreprises
A. Une entreprise ou des entreprises ?
1. La classification d’après l’activité
Rappel n°1 : Secteurs marchands et non marchands
Le secteur marchand regroupe toutes les organisations dont la production destinée à être vendue à un prix
supérieur à 50% du coût de production (entreprises privées). Le secteur non marchand regroupe toutes les
organisations dont la production destinée à être vendue à un prix supérieur à 50% du coût de production
(administrations publiques)
Rappel n°2 : Les secteurs primaire, secondaire et tertiaire
On utilise souvent le terme de secteur pour aborder la diversité des entreprises. On parle des
secteurs économiques avec secteurs primaire, secondaire et tertiaire, du secteur en fonction de
la propriété le secteur privé ou public ou alors de secteurs par domaines d’activité comme le
secteur automobile, le secteur des télécommunications.
Dans ce dernier cas, le terme de secteur est imprécis car un secteur regroupe
des entreprises de fabrication, de commerce ou de service qui ont la même activité principale
(au regard de la nomenclature d'activité économique considérée). L'activité d'un secteur n'est
donc pas homogène. Par exemple, Renault fait partie du secteur automobile alors que
l’entreprise a des activités dans d’autres domaines (robotique…).
Pour être plus précis, on l'utilise la notion de branche. La branche comptabilise la production
concernant un même bien ou un même service. Une entreprise dont l’activité est diversifiée
relève donc de plusieurs branches.
Le tableau ci-dessous présente l’évolution de la production des différentes branches d’activité
entre 1950 et 2013 en France.
Plusieurs éléments importants sont à noter :
Si l’on regarde l’activité des entreprises, on peut distinguer au moins quatre types
d’entreprise : les entreprises agricoles, les entreprises industrielles, les entreprises
commerciales et les entreprises de services.
Les entreprises agricoles : la tendance depuis plus d’un demi-siècle et d’avoir une baisse du
nombre d’agriculteurs et une augmentation de la taille des exploitations. De 1970 à 2010, la
surface moyenne des exploitations agricoles françaises est passée de 21 à 55 hectares. Avec
pour résultat une réduction du nombre des exploitations de 1,6 million à 490 000.
Agriculteurs : 16% de la population active en 1962 contre 2% en 2007.
Les entreprises industrielles s’appuient sur la transformation des matières premières et
nécessitent des investissements importants (bâtiments, machines, stocks). La tendance depuis
les années 1980 est celle d’une désindustrialisation dans le cadre d’une concurrence
internationale. Les secteurs les plus touchés sont le charbon, la sidérurgie et la métallurgie. Il
y avait 38,9% d’ouvriers dans la population active en 1962 contre 23,1% en 2007. 237 200
entreprises et 2 998 800 salariés en 2011.
Les entreprises commerciales ont pour objectif d’acheter pour revendre. Environ 682 800
entreprises en France en 2011 et 2 626 000 salariés. Il y a une tendance à l’augmentation du
nombre des entreprises dans les secteurs non alimentaires et à la concentration dans
l’alimentation.
Les entreprises de services se distinguent par le caractère immatériel de leur production, ce
qui n’exclut pas une activité de transformation ou une présentation physique des produits
(restauration, production de films, publicité). En 2011, il y avait 1 356 000 entreprises et 3
694 500 salariés.
Tableau n°1. Répartition de l'emploi par catégorie socioprofessionnelle de 1962 à 2007
(en %)
Catégorie
socioprofessionnelle
Agriculteurs
exploitants
Artisans,
commerçants, chefs
d'entreprise
Cadres et professions
intellectuelles
supérieures
Professions
intermédiaires
1962
1968
1975
1982
1990
1999
16,0
12,6
8,1
6,9
4,5
2,7
2,0
11,0
10,2
8,4
8,5
7,9
6,6
5,9
4,7
5,5
7,3
8,6
11,7
13,1
15,8
11,1
12,5
16,2
17,8
20,0
23,1
24,8
18,3
20,5
22,9
25,6
26,5
28,9
28,4
Ouvriers
38,9
38,7
37,1
32,6
29,4
25,6
23,1
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
Employés
2007
Champ : actifs ayant un emploi, France métropolitaine, contingent exclu.
Source : Recensements de la population.
Tableau n°2 : Répartition de l'emploi par secteur d'activité de 1962 à 2007 (en %)
Secteur
Agriculture
Industrie
Construction
Tertiaire
Total
1962
20,6
29,8
8,7
40,9
100,0
1968
15,6
29,1
10,5
44,8
100,0
1975
10,0
29,5
9,1
51,4
100,0
Champ : actifs ayant un emploi, France métropolitaine, contingent exclu.
Source : Recensements de la population.
1982
8,2
25,9
8,3
57,6
100,0
1990
5,7
22,7
7,4
64,2
100,0
1999
4,1
18,3
5,8
71,8
100,0
2007
3,0
15,0
6,8
75,2
100,0
2. La classification d’après la dimension
Tableau n°3. Nombre d’entreprises et de salariés par catégorie d’entreprises en 2011
(secteurs marchands non agricole)
nombre
nombre de salariés
d'entreprises moyen
médian
243 16 790
7 830
4 959
615
354
137 534
27
16
3 001 329
1
0
Grandes entreprises
ETI
PMEs hors micros
microentreprises
part des
salariés
31%
23%
27%
19%
Au 31/12/2011, on dénombrait 3,14 millions d’entreprises employant 14,9 millions de salariés
(13,3 millions ETP)
Rappel n°3 : Les différentes tailles d’entreprises
-
-
-
Une microentreprise est une entreprise occupant moins de 10 personnes, et qui a un chiffre
d'affaires annuel ou un total de bilan n'excédant pas 2 millions d'euros.
La catégorie des petites et moyennes entreprises (PME) est constituée des entreprises qui occupent
moins de 250 personnes, et qui ont un chiffre d'affaires annuel inférieur à 50 millions d'euros ou un
total de bilan n'excédant pas 43 millions d'euros
Une entreprise de taille intermédiaire est une entreprise qui a entre 250 et 4999 salariés, et soit
un chiffre d'affaires n'excédant pas 1,5 milliards d'euros soit un total de bilan n'excédant pas 2
milliards d'euros.
Une grande entreprise est une entreprise qui a au moins 5000 salariés.
Une entreprise qui a moins de 5000 salariés mais plus de 1,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires et
plus de 2 milliards d'euros de total de bilan est aussi considérée comme une grande entreprise.
Plusieurs faits sont à noter :
3. La classification d’après la forme juridique
Les entreprises privées peuvent adopter plusieurs formes juridiques. Le choix dépendra de
plusieurs critères : désir de s'associer ou d’oeuvrer en individuel, dimension de l'affaire et
montant des capitaux à réunir, limite des risques et protection du patrimoine, obligations
fiscales…
On distingue 9 statuts juridiques différents. Nous n’allons en présenter que 4. Pour plus
d’informations,
cf :
http://www.entreprises.cci-paris-idf.fr/web/reglementation/creationentreprise/choisir-forme-juridique-entreprise
Tableau n°4. Les différentes formes juridiques d’entreprise
Propriétaires
de l’entreprise
Capital social
Responsabilité
des
propriétaires
Pas de capital
social.
L’entreprise n’a
pas d’existence
juridique
propre. Le
patrimoine de
l’entreprise et
celui de
l’entrepreneur
sont
confondus.
La totalité du
capital social
appartient au
seul
propriétaire.
L’entreprise a
son propre
patrimoine,
séparé de celui
du propriétaire.
Entreprise
individuelle
Entreprise
unipersonnelle
à responsabilité
limitée
(EURL)
Partage des
bénéfices
Dirigeants
L’entrepreneur
perçoit la
totalité des
bénéfices.
L’entrepreneur
est seul à
prendre les
décisions.
L’associé
unique perçoit
la totalité des
bénéfices.
Le propriétaire
est seul à
prendre les
décisions.
Comme pour la
SARL, on
l’appelle le
gérant.
Société à
responsabilité
limitée
(SARL)
Le capital
social est divisé
en parts
sociales.
Chaque
associé
possède des
parts, en
fonction du
capital qu’il a
apporté.
En fonction des
parts sociales.
Celui qui
possède 50%
des parts a droit
à 50% des
bénéfices.
Société
anonyme (SA)
Le capital
social est divisé
en actions.
Chaque
associé
possède des
actions.
En fonction des
actions.
.
Le gérant est
nommé par un
ou plusieurs
associés
représentant plus
de la moitié des
parts sociales. Il
peut être l’un des
associés, ou une
personne
extérieure à la
société.
Les actionnaires
votent pour élire
les membres du
conseil
d’administration,
qui élisent à leur
tout un président
directeur général
(PDG)
Parmi les critères à prendre en compte dans le choix de la forme juridique, il y a la
responsabilité du (des) propriétaire (s). Deux choix sont possibles : soit la responsabilité est
limitée au montant des apports personnels dans le capital de l’entreprise, auquel cas, les biens
personnels du propriétaire ne sont pas engagées en cas de faillite ; soit la responsabilité est
totale et les biens personnels du propriétaire peuvent être engagés en cas de faillite.
4. La classification d’après la nature du propriétaire
On distingue traditionnellement les entreprises privées des entreprises publiques. L’entreprise
publique est une entreprise sur laquelle l'État peut exercer directement ou indirectement une
influence dominante du fait de la propriété ou de la participation financière, en disposant soit
de la majorité du capital, soit de la majorité des voix attachées aux parts émises. L’entreprise
privée est la propriété d'un ou de plusieurs particuliers, lesquels ont investi les capitaux
nécessaires à sa création.
Fin 2011, l'État contrôle en France majoritairement, directement ou indirectement,
1 498 sociétés, en détenant plus de la moitié de leur capital. Les plus importantes sont par
ordre d’importance : La poste (268 000 salariés ; Etat : 73% du capital) ENGIE (236 000
salariés ; Etat : 33 % du capital) ; EDF (151 000 salariés. Etat possède 84% du capital).
C’est au XXème siècle que on n’a assisté à plusieurs vagues de nationalisation :
C'est surtout à partir des années 1980 qu'on assiste à plusieurs vagues de privatisations. Ce
mouvement s'inspire des privatisations qui ont lieu au Canada et en Grande-Bretagne dès
1979.
Un cas illustre cette privatisation progressive : France Telecom / Orange. En septembre 2004,
l'État français cède une partie de ses actions pour passer en dessous de la barre des 50 %.
France Télécom devient alors une entreprise privée. Cent-quinze ans après sa nationalisation,
la téléphonie redevient privée en France. En juin 2007, l'État français cède à nouveau 5 % de
sa participation dans France Télécom. La participation publique (État Français et ERAP) est
portée à 27 %. À cette même date, France Télécom revend Orange Pays-Bas et acquiert le
fournisseur d'accès espagnol Ya, ainsi que l'opérateur mobile autrichien One. En septembre
2014, Bpifrance vend 1,9 % d'Orange, qu'il ne détient plus qu'à 11,6 %. Bpifrance et l'État
Français possédant 25 % des actions d'Orange.
Plus d’informations : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=T13F154
B. Quels sont les objectifs des entreprises ?
1. La recherche du profit : unique objectif ?
Emerge depuis les années 1950, d’abord aux Etats-Unis, la notion de responsabilité sociale
des entreprises qui fait apparaître d’autres objectifs pour les entreprises. Dans un article « Les
trois âges de la RSE », in Alternatives Economiques Poche n° 041 - novembre 2009, Michel
Capron distingue trois temporalités dans l’apparition de ce concept :
- L'âge de la conception éthique : elle s’inspire du paternalisme d'entreprise du XIXe
siècle et naît aux Etats-Unis dans les années 1950. Fondée sur des valeurs morales et
religieuses, elle fait appel à l'éthique personnelle du dirigeant d'entreprise. Elle se
traduit souvent par de la philanthropie : Les actions sociales des entreprises ont alors
tendance à être hors business, financées par des fondations extérieures à leurs
activités. Ex : Fondation Rockfeller né aux USA en 1913 investie dans le monde
entier, en particulier dans les domaines de la santé publique, de l'éducation médicale,
de l'innovation scientifique, des sciences sociales et des arts.
- L’âge de la conception utilitariste : cette conception naît aux Etats-Unis à partir des
années 70 et connaît son essor dans les années 1980-1990. Dans cette conception, les
entreprises ont intérêt à soigner leur image, leur réputation pour garder une crédibilité
et maximiser leurs profits. Ex : Nike en 1996.
Cliché était paru dans le magazine “Life” en juin 1996, avec le titre révélateur “Six cents an
hour”
- L’âge de la soutenabilité :
La première conception est encore très présente aux USA, mais peine à se répandre en
Europe. La seconde est dominante en Europe. La troisième est surtout en Europe, mais peine
à arriver à maturité.
2. Comment ? Les stratégies mises en œuvre.
Les entreprises évoluent sur des structures de marché, en fonction du nombre d’acheteurs et
de vendeurs, et vont par conséquent développer des stratégies pour accroître leurs avantages
sur ces structures de marché.
Tableau n°5. Les différentes structures de marché
Source : Emmanuel Combe, Précis d’économie, p 25
En fait, une stratégie vise souvent à réduire la concurrence sur une structure de marché pour
qu’elle puisse accroître son pouvoir de marché et maximiser ses profits. Pour ce faire, elle
érige des barrières à l’entrée du marché. Ces barrières peuvent prendre plusieurs formes :
- l’entreprise peut bénéficier d’un avantage en termes de coût de production par
exemple grâce à une technique de production plus efficace que c’est rival.
- L’entreprise peut différencier son produit, soit de manière objective, soit de manière
subjective.
- L’entreprise peut bénéficier d’économies d’échelle. L’entreprise qui arrivent sur le
marché se trouve confronté à un dilemme : soit elle rentre avec un niveau élevé de
production pour réaliser elle-même des économies d’échelle mais provoque une chute
du prix qu’il est-ce que de tomber en dessous du coût moyen de production. Soit elle
pénètre avec un faible niveau de production mais souffre d’un désavantage en terme
de coût de production par rapport à la firme.
Rappel n°4 : Les économies d’échelle
Ces stratégies sont légales au sens où elles respectent le code de la concurrence. D’autres
stratégies anti-concurrentielles sont parfois pratiquées par les entreprises : les ententes, abus
de position dominante. Exemple : La Cour d'appel de Paris a confirmé la condamnation à une
amende record de 534 millions d'euros des trois opérateurs de téléphonie mobile pour entente
illicite (Orange, SFR, Bouygues). Il leur était reproché, entre autres, de s'être entendus entre
2000 et 2002 pour geler leurs parts de marché, en maintenant leurs prix à un niveau
artificiellement élevé.
Rappel n°5 : Les pratiques anti-concurrentielles
-
-
Un abus de position dominante : Une entreprise détient une position dominante sur
un marché lorsqu'elle peut faire obstacle au maintien d'une concurrence effective sur ce marché. Pour
apprécier cette situation de position dominante, on peut examiner les parts de marché détenues par
l'entreprise, son avance technologique lui permettant de pratiquer des prix élevés, ou bien la propriété
d'unemarque de grande notoriété dont les distributeurs ne peuvent se passer. On considérera
qu'une entreprise abuse de cette position dominante dans les cas suivants : refus de vente; les ventes
liées ; les conditions de vente discriminatoires; la rupture de relations commerciales établies, au seul
motif que le partenaire refuse de se soumettre à des conditions commerciales injustifiées. Ainsi,
la Commission européenne a infligé à Microsoft une amende de 561 millions d'euros le 06 mars 2013
pour cause de non-respect de ses engagements consistant à proposer aux utilisateurs un écran
multichoix leur permettant de sélectionner facilement le navigateur web qu'ils souhaitent (on reproche
ici à l'entreprise d'imposer son propre navigateur internet en diffusant son système d'exploitation : il
s'agit d'un cas de vente liée).
L'entente anticoncurrentielle est un accord ou une action concertée qui a pour objet ou peut avoir pour
effet d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché de produits ou de
services déterminé.
3. Comment ? Utilisation d’une combinaison de facteurs de production.
Précision : le qualificatif « apparent » signifie que la productivité ne provient pas de la seule
contribution du facteur étudié. Ainsi l’augmentation de la productivité du travail provient
souvent de l’acquisition de capital plus productif.
Tableau n°6. Les différents types de productivité
Type de
productivité
Productivité apparente du
travail
Par tête :
Physique
Horaire : Nbre d’unités
produites/ Nb d’heures de
travail utilisées
Par tête : Valeur ajoutée/
Nb de salariés utilisés
Valeur
Horaire :
Productivité
apparente du capital
Utilisée : Nbre
d’unités produites/
Nb d’unités de
capital utilisées (=
stock de capital fixe
utilisé)
Installée : Nbre
d’unités produites/
Nb d’unités de
capital installées
(stock de capital fixe
installé)
Utilisée : Valeur
ajoutée/coût du
capital utilisé (=
stock de capital fixe
utilisé)
Installée : Valeur
ajoutée/coût du
capital installé (=
stock de capital fixe
installé)
Productivité globale des
facteurs
C’est un résidu, ie la partie
non
expliquée
de
la
croissance économique par la
variation de la quantité de
facteurs de production ou leur
productivité (qualité).
On peut la rapprocher de la
mesure du progrès technique,
mais la PGF mesure toutes les
autres sources de croissance
économique non mesurée par
la variation de la quantité de
facteurs de production ou leur
productivité (qualité).
C. Quelles sont les évolutions récentes des entreprises ?
1. La concentration des entreprises s’intensifie
Il existe différentes formes de concentration des entreprises :
-
Concentration technique (rassemblement géographique de l’appareil de production,
les équipements notamment, mais aussi les salariés, la recherche, …)
Concentration économique (rassemblement de plusieurs entreprises sous une même
entité)
Concentration financière (concentration de la propriété et contrôle commun de la
gestion financière)
Ces différentes formes de concentration peuvent concerner différents niveaux de production
qui renvoient à différentes stratégies :
Les concentrations conglomérales associent des firmes n'ayant aucun lien autre que
financier. C'est le cas du groupe Bouygues (TV, téléphonie et BTP). Il s'agit alors de
diversifier les risques et les sources de profits.
Les concentrations verticales associent des entreprises qui ont des activités
complémentaires au sein d'un processus de fabrication (par exemple l'extraction, le
raffinage et la distribution de pétrole). Cela permet de maîtriser la chaîne de
production d’amont en aval et d'éliminer les intermédiaires.
-
Les concentrations horizontales regroupent des sociétés qui ont la même activité.
L'objectif est d'augmenter les parts de marché et de profiter des économies d'échelle
(exemple : fusion de BNP et Paribas...).
La concentration renvoie à la croissance externe des entreprises. En effet, une entreprise a la
possibilité de « grossir » à partir de ses propres moyens, ou alors à partir de ressources
extérieures. On distingue alors la croissance interne de la croissance externe.
La croissance interne consiste à s'appuyer sur ses propres moyens pour prospérer. Les
entrepreneurs font alors appel à leur savoir-faire, à leur expérience et à leur capacité
productive propre. Pour financer leur développement, ils recourent à l'autofinancement,
l'emprunt ou encore l'augmentation du capital social des sociétés. Cette forme de croissance
trouve rapidement ses limites aujourd'hui : il y a souvent insuffisance de financement.
C'est pourquoi on assiste fréquemment à une croissance externe. Cela désigne l'ensemble des
procédures financières de rapprochement entre plusieurs entreprises par :
Fusion : processus par lequel deux entreprises mettent en commun leurs actifs
(Pechiney – Ugine –Kuhlmann – Rorer)
Absorption : opération par laquelle une entreprise apporte ses actifs à une autre
(Pechiney absorbé par Alcan) plus puissante (heu… Sagem-Snecma ?). Il y a
disparition de l’existence juridique de l’entreprise absorbée. Ces rapprochements se
font le plus souvent par consentement mutuel et, pour les entreprises cotées en bourse,
par des OPA ou des OPE (offres publiques d’échange, on échange des actions de
l’entreprise absorbée contre des actions de l’entreprise absorptrice).
Création d’une filiale commune
Rétrocession au secteur privé d’entreprises nationalisées, cession dite « au gré à
gré ».
Face aux difficultés que suscitent les concentrations classiques, on assiste à l’émergence
d’alliances qui renvoient plus à des pratiques industrielles de long terme. Certains
constructeurs automobiles ont ainsi choisi de fabriquer à partir d'une même plate-forme des
véhicules vendus sous des marques différentes : c'est le cas de la Peugeot 806 et du Fiat
Ulysse par exemple. Apparaissent également des partenariats qui renvoient plus
fréquemment à une logique commerciale et de court terme. Afin de proposer la plus large
offre de destinations et de fidéliser leur clientèle, les compagnies aériennes se regroupent ainsi
en réseaux à l'échelle mondiale.
Tableau n°7. Répartition de l’emploi par tranche de taille
Source : « Depuis trente ans, les grandes entreprises concentrent de plus en plus d’emplois »,
INSEE première, n°1289, avril 2010.
Plusieurs évolutions sont à noter :
2. Internationalisation des firmes croissante
Une firme transnationale (ou multinationale) est une entreprise possédant au moins une unité
de production (pas seulement de commercialisation) à l'étranger. Cette unité de production
est alors sa filiale.
L’internationalisation des entreprises revêt des formes très différentes :
les exportations : souvent le premier pas vers une internationalisation car il s’agit
d’une première prise de contact ;
création de filiales de commercialisation pour être en prise directe avec les marchés et
mieux contrôler la politique commerciale ;
délocalisation de la production pour se rapprocher des marchés, contourner les
obstacles protectionnistes…
la globalisation : la multinationale gère ici sa stratégie et ses ressources au niveau
mondial.
Le nombre de firmes transnationales augmente très fortement puisqu'il est passé selon la
Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) de 7000
au milieu des années 1960 à 37 000 en 1993 et à 63 000 en 2000. Aujourd'hui, la quasitotalité des grandes entreprises sont des multinationales : elles sont implantées à l'étranger
(production, réseau de distribution) sur les marchés internationaux, emploient du personnel de
nationalités différentes. Ce phénomène est ancien, mais les coûts élevés des transports et des
télécommunications freinaient la généralisation qui date des années 1960 et s’accentue
actuellement.
Les flux d’IDE donne une idée du mouvement d’internationalisation des firmes. Rappelons
que l’IDE consiste en la création ou l’acquisition d’une unité de production située à
l’étranger ; l’investisseur doit en détenir au moins 10% sinon il s’agit d’un investissement de
portefeuille ou placement.
Tableau n°8. Flux d’IDE entrants et sortants en millions de dollars et %
Plusieurs faits sont à noter :
Tableau n°9. Critères des entreprises dans leurs choix de localisation
On peut regrouper, en partie, les stratégies des FMN autour de quelques objectifs :
L’amélioration de la compétitivité-prix par la recherche d’un coût du travail plus faible,
d’une fiscalité plus avantageuse ;
La recherche d’une meilleure compétitivité hors-prix à travers la qualification de la main
d’œuvre ;
La qualité des infrastructures ;
L’environnement politique.
On note que la recherche d’une compétitivité-prix n’est le premier objectif. A ce titre, Une
étude 1 menée sur les firmes industrielles françaises montre ainsi que 95 000 emplois
industriels supprimés entre 1995 et 2001 auraient été des victimes directes de
délocalisations, soit en moyenne 13 500 sur un total de 500 000 emplois supprimés dans
l'industrie par an, soit 2,7%. L’essentiel des destructions d’emplois procède surtout du
progrès technique et la désindustrialisation et non de la recherche d’une main d’œuvre à
bas coût.
1
" Délocalisations et réductions d'effectifs dans l'industrie française ", par Patrick Aubert et
Patrick Sillard, dans L'Economie française : comptes et dossier, édition 2005-2006, InseeRéférences.
Rappel n°6 : La compétitivité
On distingue deux types de compétitivité :
- la compétitivité-prix : capacité à conquérir des parts de marché en raison d'un niveau de prix plus faible
que les concurrents. Cette compétitivité est plutôt de l'ordre du court terme car les concurrents vont réagir ;
- la compétitivité hors prix ou structurelle : capacité à conquérir des parts de marché indépendamment du
niveau de prix grâce à l'adaptation à la demande, à la qualité réelle ou supposée du produit, au service après
vente, à l'image de marque, aux délais de livraison, etc…). Cette compétitivité est plutôt de l'ordre du long
terme et elle demande du temps pour se construire.
Les automobiles japonaises, par exemple, ont mis du temps à percer en Europe, du fait d'une qualité jugée suspecte
malgré leurs prix plus faibles que celui des voitures européennes comparables ; le fait que Toyota offre une garantie
illimitée de trois ans a totalement modifié les conditions de la compétitivité de l'industrie automobile japonaise sur
les marchés européens.
Source : http://ses.webclass.fr/cmH/notion/competitivite
3. Une décomposition internationale du processus productif (DIPP) croissante
Les FMN peuvent fragmenter leur processus productif. On parle de décomposition
internationale du processus productif (DIPP). Il s’agit d’un processus de décomposition du
processus de production d’un bien en plusieurs opérations prises en charge par des unités de
production implantées dans différents pays. La DIPP correspond au fait que les firmes opèrent
une externalisation de certains segments de la chaîne de valeur, ce qui peut donner lieu à une
exportation préalable de certains composants, à des investissements directs étrangers ou à de
la sous-traitance internationale. Les firmes multinationales sont des acteurs importants de la
DIPP et sont à l’origine d’une croissance du commerce intra-firme.
Ce phénomène a pris une très grande ampleur. On peut l’observer à travers la hausse du
volume des exportations mondiales. En effet, elles ont augmenté beaucoup plus vite entre
1950 et 2009 que la production mondiale : les premières ont été multipliées par 28, la seconde
seulement par 7, 6. On peut également le constater à travers la multiplication des IDE entrants
et sortants depuis les années 1970 (cf. supra).
Tableau n°10. Evolution d’indicateurs liés à l’économie internationale
On peut trouver identifier deux types de facteur à cette DIPP :
les facteurs techniques qui correspondent aux principes de modularité des produits
ou des procédés ;
les facteurs économiques liés à l’exploitation des avantages comparatifs des lieux
d’implantation.
On peut noter plusieurs phases dans la progression de la DIPP :
Des années 1950 jusqu’au début des années 1990, la DIPP concerne surtout la production
manufacturière : dès les années 1950, Les FMN américaines avaient déjà recouru à la DIPP de
manière massive avec les pays d’Asie du Sud-Est. Les produits électroniques grand public en
provenance des pays d’implantation représentaient plus de la moitié des importations
américaines. On trouve cette production modulaire dès les années 1970 dans le secteur de
l’automobile avec la Ford Escort (Les USA conservent les activités de RD et de
conceptualisation). Jusqu’aux années 1990, la DIPP concerne surtout la production
manufacturière.
A partir du début des années 1990, la DIPP concerne les activités de services avec
l’apparition des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) qui
réduit presque à zéro les coûts de transport de communication et la libéralisation du
commerce international des services. On parle de « Business Process Outsourcing » avec le
transfert d’une partie de la production de services dans les pays à bas coût et la réimportation
dans le marché domestique.
Aujourd’hui, « les cartes sont rebattues » pour reprendre l’expression de Mouhoub El
Mouhoub2. Pour lui, la DIPP fait l’objet d’un redécoupage de la DIT et d’un mouvement de
relocalisations industrielles et participe ainsi au passage d’une « hypermondialisation » à un
processus de « postmondialisation ». Selon lui, cette redistribution des cartes se caractérise
par :
 L’émergence nouveaux concurrents entrés sur la scène internationale,
remettant en cause le monopole de l'avance technologique et de la
spécialisation manufacturière des pays anciennement industrialisés.
Ensemble, les Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine) représentent d ésormais
entre 13 % et 15 % du commerce mondial de marchandises.
 Le poids croissant du commerce intrafirme : la moitié du commerce entre les pays
de l'OCDE et plus du tiers du commerce international sont désormais de nature
intrafirme, c'est-à-dire qu'ils transitent à l'intérieur même des multinationales,
d'une filiale à une autre, à des prix de cession interne échappant aux régulations de
marché. C'est le résultat du choix des multinationales de fragmenter leur chaîne de
valeur, donnant lieu à des échanges de morceaux de produits. Mesure directe du
revenu dégagé par les activités délocalisées, les ventes réalisées par les
filiales de groupes à l'étranger sont passées de 5 727 milliards de dollars en
1990 à 29 298 milliards en 2009, selon la Cnuced.
 L’accélération du mouvement de délocalisations : Elle s'est accélérée et élargie
dans les années 2000, tout en devenant plus sélective.
 Des mouvements de relocalisation sous l’effet d’une hausse des coûts de
transport, des coûts de main d’œuvre (Alors que la progression annuelle était
limitée à moins de 5 % avant 2005, le coût salarial chinois exprimé en euros
connaît depuis une progression comprise entre 12 % et 18 %), des progrès de
l’automatisation, de l’imperfection des produits et services finaux. Ces
relocalisations ne profitent pas nécessairement aux pays dont les emplois ont été
détruits : elles se font souvent vers les régions où se concentre la demande. Pour
compenser le retour de la production manufacturière dans les zones à forts coûts
salariaux, les firmes externalisent et délocalisent de plus en plus leurs services
-
2
Mouhoub El Mouhoub, « Mondialisation : les cartes rebattues », in Alternatives
économiques Hors-Série, n°93, mai 2012.
supports (centres d'appels, saisie informatique), les services de recherche et
d'innovation continuant cependant à se concentrer dans les grandes
agglomérations.
2. Les pouvoirs publics
A. Qui sont les pouvoirs publics ?
D’après une définition de l’INSEE, il s’agit de l’« ensemble des unités institutionnelles dont
la fonction principale est de produire des services non marchands ou d'effectuer des
opérations de redistribution du revenu et des richesses nationales. Elles tirent la majeure partie
de leurs ressources de contributions obligatoires. Le secteur des administrations publiques
comprend les administrations publiques centrales, les administrations publiques locales et les
administrations de sécurité sociale »
 Les administrations publiques centrales : ce sous secteur regroupe les administrations
centrales de l’Etat (les principaux ministères assurant les fonctions régaliennes de
l’Etat, justice, police, armée, éducation) et les organismes divers à compétence
spécialisée qui en dépendent directement (universités, ANPE, théâtres nationaux,
musées…). Elles ont une compétence nationale.
 Les administrations publiques locales : Elles regroupent les collectivités locales
(régions, départements, communes), à compétence générale étendue à une partie du
territoire et les organismes divers d’administration locale à compétence spécialisée
(DDE - Direction départementale de l'équipement -, état civil, théâtres municipaux…).



Les communes constituent l’échelon le plus ancien et le plus proche des citoyens
au sein de l’organisation territoriale de la France. Au nombre d’environ 36 000,
elles ont succédé en 1789 aux anciennes paroisses. Le maire, qui est élu par le
conseil municipal, est à la fois un représentant de l’État dans la commune (il
détient des compétences en matière d’état civil et de police administrative) et le
détenteur du pouvoir exécutif local (il prépare et exécute les décisions du conseil
municipal).
Les départements ont été créés également en 1789. Ils sont au nombre de 101, dont
96 en métropole. Ils constituaient à l’origine des circonscriptions d’action de l’État
(qui y est représenté par le préfet) et ce n’est qu’en 1871 qu’ils sont devenus des
collectivités territoriales. Dirigés par les conseils départementaux (depuis mars
2015). Les électeurs de chaque canton éliront deux membres de sexe (conseillers
départementaux) différent se présentant en binôme de candidats. Les conseils
départementaux se renouvelleront intégralement tous les six ans. Les département
exercent leurs compétences dans le domaine social (insertion sociale et
professionnelle, notamment en s'occupant du RSA), le domaine de la santé (accès
aux soins des personnes démunies, âgées ou handicapés avec l’APA, la PMI),
gestion de l’aménagement du territoire (voirie).
Les 13 régions sont de création plus récente. Elles constituaient, dans les années
1960, de simples établissements publics, circonscriptions d’action régionale
destinées à donner davantage de cohérence à la politique de l’État, à un échelon
supérieur à celui du département. La loi du 2 mars 1982 leur a reconnu le statut de

collectivité territoriale mais ce n’est qu’en 1986 qu’a eu lieu la première élection
des conseils régionaux au suffrage universel. De 22 régions, elles passent à 13 au
1/1/2016. A leur tête, un conseil régional élu tous les 6 ans avec des conseillers
régionaux. On retrouve surtout des compétences économiques : Aménagement et
développement durable du territoire, Protection de la biodiversité - Climat, qualité
de l'air, énergie, Développement économique, Soutien à l'innovation Internationalisation des entreprises, Intermodalité et complémentarité entre les
modes de transports, Soutien à l'enseignement supérieur et à la recherche
L’intercommunalité : la France est l’un des pays du monde qui compte le plus de
communes. Pour faire face au risque d’émiettement des politiques publiques
locales, s’est développé un échelon intercommunal, qui permet à plusieurs
communes de mettre en commun la gestion de certains services publics et
l’élaboration de certaines politiques. Pour ce faire, sont créés des établissements
publics de coopération intercommunale (EPCI), qui sont des personnes publiques
sans être des collectivités territoriales. Leur création résulte d’une démarche
volontaire des collectivités qui en deviennent membres et elle n’entraîne pas leur
disparition. La première génération d’EPCI est constituée des syndicats
intercommunaux, qui sont aujourd’hui au nombre d’environ 11 000.
En 2012, les dépenses des administrations publiques locales s’élevaient à
242,5 milliards d’euros, dont 45,4 milliards d’euros de dépenses d’investissement : à
elles seules, les collectivités territoriales financent ainsi plus de 70 % de
l’investissement public. Au total, les dépenses locales représentent environ 20 % de la
dépense publique, soit près de 12 % du PIB.
Source : http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/role-et-pouvoirs-de-l-assembleenationale/les-institutions-francaises-generalites/l-organisation-territoriale-de-la-france
 Les administrations de sécurité sociale : Elles se composent des régimes d’assurance
sociale qui distribuent des prestations sociales à partir des cotisations sociales
obligatoires, ainsi que les organismes qui dépendent des assurances sociales (hôpitaux
publics…). La sécurité sociale assure donc unbnsystème de protection sociale.
En France, le régime général de la sécurité sociale a été défini juste après la Seconde
Guerre mondiale, par le Conseil national de la Résistance sous l'influence de Pierre
Laroque et d'Ambroise Croizat. Il vise à unifier toutes les formes d'assurance sociale
existant en France au sein d'une caisse unique, financée par une cotisation
interprofessionnelle à taux unique et gérée par des représentants syndicaux. Selon
l'ordonnance du 4 octobre 1945 : « art. 1er — Il est institué une organisation de la
sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques
de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir
les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent. » La Sécurité
sociale en France comporte actuellement quatre branches qui organisent et gèrent les
dépenses de la sécurité pour le régime général dans leur domaine : branche maladie ;
branche famille ; branche recouvrement, branche vieillesse.
B. Dans quels domaines l’Etat doit-il intervenir ?
Cette question est une source de débats inépuisable en économie. Elle renvoie à des courants
politiques et économiques très différentes, voire opposées. On ne va pas rentrer dans le détail
de l’histoire de la pensée économique car nous allons y revenir dans le chapitre 3. Il s’agit
d’effleurer ce débat en retenant quelques approches keynésiennes et libérales.
Voyons tout d’abord l’approche keynésienne puis libérale.
Dans sa « Théorie des finances publiques » (1959), l'économiste américain Richard Musgrave
définit le rôle de l'Etat à travers trois fonctions, dont il soutient la séparabilité. Il s’agit d’une
théorie normative au sens où il s’agit des fonctions que doit accomplir l’Etat. En ce sens, cette
approche s’inscrit dans un courant keynésien :
Les trois fonctions sont :
Musgrave avance 5 raisons pour justifier cette intervention :
 L’Etat doit fixer des règles et des droits, notamment de propriété, qui favorisent le jeu
de la libre concurrence, quand les marchés concurrentiels constituent la solution la
plus efficace ;
 Le rôle des rendements croissants : en présence de rendements croissants, la
concurrence oblige à pratiquer des prix inférieurs au coût moyen de production. Des
productions utiles à la collectivité (énergie, transports collectifs, par exemple) sont
ainsi condamnées à disparaître, faute de rentabilité, ou bien ne peuvent être
maintenues que par un monopole ou un oligopole.
 L’Etat doit faire en sorte que les agents économiques internalisent leurs externalités.
Cf, le rôle des politiques climatiques par rapport à la dégradation de l’environnement
(Pgm de terminale)
 La production de biens publics que le marché ne peut produire faute de rentabilité
(rivalité et exclusivité) ;
 La production de biens tutélaires : Biens pour lesquels l'autorité publique considère
qu'elle doit interférer avec la souveraineté du consommateur et imposer un usage plus
important ou, au contraire, plus modéré (hygiène, éducation, santé, alcool, tabac…).
Source : J. Généreux, Les trois fonctions de l'Etat, selon Richard Musgrave, Alternatives
Economiques n° 219 - novembre 2003
Cette perspective trouve son application à travers les politiques économiques d’obédience
keynésienne. Néanmoins, le rôle de l’Etat est remis en cause dans une perspective libérale au
moins de deux manières :
 Une critique de l’intervention de l’Etat : on peut retenir un exemple, la critique des
politiques économiques conjoncturelles keynésienne par la nouvelle économie
classique (NEC). Dans une perspective keynésienne, l’Etat doit réguler la quantité de
monnaie en circulation dans l’économie pour lutter contre le chômage ou l’inflation
(cf Courbe de Phillips). S’il y a trop de chômage, une politique monétaire expansive
permet de stimuler la demande, l’embauche et le retour à la création d’emplois quitte à
accepter un peu d’inflation. A l’inverse, s’il y a trop d’inflation, l’Etat doit réduire la
quantité de monnaie en circulation dans l’économie, mais prend le risque d’avoir plus
de chômage. Pour des auteurs de la NEC (Lucas, Muth, Barro…), les politiques
monétaires sont inefficaces en raison des anticipations rationnelles des agents
économiques. Les agents économiques sont capables d’anticiper parfaitement les
conséquences d’une décision. Ainsi, si l’Etat mène une politique expansive, les
salariés anticipent une inflation et réclament des hausses de salaires. Ce faisant, le
niveau de chômage ne baisse pas puisque les coûts salariaux des entreprises
augmentent. La politique monétaire de relance ne se traduit que par une hausse de
l’inflation.
 Une critique de l’Etat en tant qu’institution. Cette critique est principalement formulée
par l’école du choix public. Ce courant s’attaque à l’existence même de l’Etat comme
institution et non plus seulement à l’efficacité de son action. On trouve plusieurs
théories dans ce courant. On peut citer l’ouvrage de Gordon Tullock et James
Buchanan, « The Calculus of Consent: Logical Foundations of Constitutional
Democracy » (1962) dans lequel ils expliquent que les hommes politiques font
prévaloir leurs intérêts en premier lieu, notamment à travers leur réélection, plus que
l’intérêt général à travers notamment la régulation des activités économiques. C’est
ainsi que s’explique la hausse des dépenses publiques : ce n’est pas pour des raisons
économiques, mais parce que les gouvernements veulent donner satisfaction aux
revendications des groupes des pression (Plus d’infos p. 603-604 du manuel Bréal).
Nous avons répondu de manière normative à la question « dans quels domaines doit intervenir
l’Etat », c’est-à-dire que nous avons vu quelques théories qui disent ce que doit faire l’Etat. Il
est possible d’avoir également une lecture plus historique de l’intervention de l’Etat pour
savoir ce que fait et a fait l’Etat.
En ce sens, on peut distinguer deux temporalités associées à deux formes d’Etat différentes :
l’Etat-gendarme et l’Etat-providence :
 L’Etat-gendarme : selon les libéraux, au XVIIIe et XIXe siècles, l’Etat doit être un
Etat-minimal qui se limite aux fonctions régaliennes. On qualifie cet Etat d’ « Etatgendarme » au sens où il assure essentiellement la sécurité et la stabilité politique d’un
territoire. Par exemple, Adam Smith dans « Recherches sur la nature et les causes de
la richesse des nations » (1776) réduit l’intervention de l’Etat à trois pouvoirs
régaliens : protéger la société contre toute violence intérieure ou extérieure ; protéger
tous les membres de la société contre l’injustice ou l’oppression causée par un autre
membre, ou bien établir une administration exacte de la justice ; fournir des
infrastructures et des institutions publiques, qui sont bénéfiques à la société, mais
qu’un entrepreneur privé ne peut pas financer lui-même profitablement.
 L’Etat-providence : Progressivement, à la fin du XIXe siècle et surtout à partir de la
seconde moitié du XXe siècle, les interventions économiques et sociales de l’Etat
s’élargissent. L’Etat-gendarme se mue en un « Etat-providence ». Cette conception
s’inspire des idées économiques de Keynes et du principe de solidarité établi par
William Beveridge dans son livre « Du travail pour tous dans une société libre » dans
lequel il montre qu’une économie capitaliste peut être à la fois solidaire et efficace.
Même si elle s’exprime sous différentes formes (cf. Esping-Andersen), l’intervention
de l’Etat-providence renvoie aux trois fonctions formalisées par Richard Musgrave
(cf. infra)
3. Quels sont les objectifs et moyens de l’intervention publique ?
Quatre caractéristiques, figurant dans la presque totalité des programmes économiques
gouvernementaux des démocraties occidentales, constituent les objectifs macroéconomiques
fondamentaux :
Une représentation de ces quatre objectifs est donnée par le "carré magique" de l’économiste
britannique post-keynésien Nicolas Kaldor dans « Conflicts in National Economic
Objectives », in Economic Journal, 81(321), 1-16. 1971. Ce schéma permet de visualiser
rapidement la situation économique et sociale d'un pays à un moment donné. Avec au nord le
taux de croissance, au sud, le taux d’inflation, à l’est le solde commercial rapporté au PIB (en
%) et à l’ouest, le taux de chômage, le carré est représentatif de la meilleure situation
économique et sociale possible et doit être pris comme un objectif à atteindre. Les « mauvais
chiffres » étant placés au centre du schéma à l’origine de chaque axe, lorsque la figure se
réduit, cela signifie une dégradation des équilibres. Ci-dessous, vous trouverez le cas de la
France en 2014.
Graphique n°1. Le carré magique de Kaldor en France en 2014
Source : http://www.ses.ac-versailles.fr/extras/bd/carre/carre.html
Pour atteindre ces objectifs, l’Etat et en
Traditionnellement, on distingue deux typologies.
place
des
politiques
économiques.
Rappel n°7 : Les fluctuations économiques
Variations de l'activité économique qui peut obéir à une certaine régularité permettant ainsi de faire apparaître
des cycles économiques. Toutefois, ces régularités sont parfois critiquées.
On distingue trois formes de fluctuations :
- l’expansion : Désigne une phase d'accélération de la croissance économique ou bien une période au cours de
laquelle la croissance est supérieure à son trend de long terme. C'est une augmentation de plus courte durée
que la croissance.
- La récession : Désigne la phase de ralentissement de la croissance économique.
Ce terme peut aussi désigner une période d'au moins deux trimestres consécutifs de baisse du PIB.
- La dépression : Baisse du PIB pendant plusieurs années.
Source : http://ses.webclass.fr/
Une seconde typologie entre les politiques monétaires et budgétaires :
- La politique monétaire désigne l’action sur les variables économiques au moyen de la
quantité de monnaie en circulation et des taux d’intérêt.
- La politique budgétaire concerne l’ensemble des mesures qui déterminent aussi bien le
budget de l’Etat, ie aussi le montant, que la structure (dépenses et recettes) et son
solde dans le but d’agir sur les variables macroéconomiques.
Les politiques monétaire et budgétaire sont fortement liées aux politiques conjoncturelles et
structurelles. En simplifiant, on peut présenter les premières comme des instruments des
secondes. En ce sens, les politiques monétaire (hausse ou baisse des taux d’intérêt) et
budgétaire (la fiscalité) sont les instruments d’une politique conjoncturelle ; la politique
budgétaire, un instrument de la politique structurelle (dépenses pour les infrastructures
routières par ex).
L’ensemble de ces politiques peut s’inscrire dans le cadre d’une politique de relance ou
d’austérité :
- Dans le cadre d’une politique de relance, la politique monétaire peut se traduire par
une baisse des taux d’intérêt et la politique budgétaire par une hausse des dépenses
publiques ou une baisse de la fiscalité.
- Dans le cadre d’une politique d’austérité, la politique monétaire peut se traduire par
une hausse des taux d’intérêt et la politique budgétaire par une baisse des dépenses
publiques ou une hausse de la fiscalité.
3. Les autres acteurs importants : ménages, banques et
institutions financières, l’extérieur
A. Les ménages : une hausse du niveau de vie ?
En comptabilité nationale, la notion de ménage revêt une acception très large : tout individu
ou groupe d’individus, habitant sous le même toit, constituant ménage.
En 2011, la France compte 28 millions de ménages. Un tiers d'entre eux est constitué d'une
seule personne. En moyenne, il y a 2,2 personnes par ménages contre 3,1 en 1970 en raison
du vieillissement de la population et de la recomposition des familles.
On mesure souvent le revenu des ménages à l’aune du revenu disponible, ie le revenu
réellement mis à la disposition des ménages pour consommer et épargner.
Revenu disponible = revenus primaires + revenus de transfert – prélèvements obligatoires
(impôts direct + indirects + cotisations sociales).
 Les revenus primaires sont issus de la participation directement ou indirectement aux
activités productives. On distingue trois formes de revenu primaire : les revenus du
travail en échange d’une force de travail (=salaire), les revenus du capital en échange
de la mise à disposition d’un patrimoine matériel (un hangar) ou financier (crédit) et
les revenus mixtes qui rémunèrent l’apport d’une force de travail et d’un capital.
 Les revenus de transfert (=prestations sociales) prennent la forme d’allocations sociale
ou de revenus issues de l’assistance sociale (RSA…).
 Les cotisations sociales sont prélevées sur le salaire brut pour financer la sécurité
sociale qui les redistribue sous forme d’allocations.
En 2013, le revenu disponible annuel moyen était de 35 950 euros et médian 29 540 euros.
Historiquement, on peut dégager deux tendances au cours du XXème siècle, la salarisation et
la moyennisation, qui marquent une progression du niveau de vie global de la population et
l’émergence d’une société de consommation.
Le processus de salarisation a bien été décrit par Robert Castel (1933-2013) dans un ouvrage
publié en 1995, les métamorphoses de la question sociale. Sans remonter au Moyen Âge, si
on s’en tient à son analyse au cours du XXème siècle, il montre comment une « société
salariale » s’établit sous l’influence d’un « Etat social ». Les salariés acquiert alors des droits
sociaux, ce que Castel appelle « la propriété sociale » qui leur apporte plus de sécurité. C’est
surtout après que la création de la Sécurité Sociale que ces droits sociaux deviennent
protecteurs. Ainsi le salariat raisonne comme un statut protecteur. En cas de risque social
(maladie, chômage…), la Sécurité Sociale verse des allocations aux salariés qui ne peuvent
pas percevoir leurs revenus habituels. Auparavant, on était salarié lorsqu'on n'avait rien
d'autre à échanger que la force de ses bras. On "tombait" dans le salariat (ruine de l'artisan, du
tenancier), soit un état de dépendance contraignant à vivre au jour le jour sous l'emprise du
besoin. Par ailleurs, d’un point de vue économique, le salariat se traduit également par des
revenus plus réguliers pour les ménages.
La moyennisation accompagne ce mouvement de salarisation. Henri Mendras (1927-2003)
soutenait la thèse d’une moyennisation de la société dans son ouvrage "la seconde Révolution
française (1965-1984)" paru en 1988. Pour lui, les multiples transformations qu’a connues la
société française des années 1960 aux années 1980 ont tellement bouleversé la structure
sociale qu’il les compare à une « Seconde Révolution française ». Le principal changement
réside dans le passage d’une « structure (sociale) de classes » à une structure sociale faite de
strates où l’on assiste à une moyennisation. Il identifie plusieurs facteurs qui expliquent cette
« seconde révolution française » : l’évolution de la population active ; l’enrichissement de la
société française ; la forte croissance des classes moyennes avec la multiplication des emplois
intermédiaires ; les phénomènes de diffusion culturelle (la généralisation de la scolarisation,
le développement des médias de masse).
Si on prolonge les observations de MENDRAS jusqu’à aujourd’hui, les changements qu’il a
identifiés sont visibles :
- On peut observer que la tertiairisation de l’économie s’est traduite par une diminution
du nombre d’ouvriers (40% de la population active en 1970 contre 25% en 2005),
classe sociale caractéristique d’une structure sociale de classes, au profit des
professions intermédiaires (10% de la population active en 1970 contre 23% en 2005)
ou des cadres (5% en 1970 contre 15% en 2005), groupes sociaux qui forment le gros
de la classe moyenne.
- L’enrichissement de la société française se traduit par une réduction des inégalités
économiques si l’on regarde l’évolution le rapport interdécile (D9/D1) entre le début
des années 1960 et 2004 : 4,6 en 1970 et 3,5 en 2013.
Depuis le début des années 1980, la multiplication des emplois atypiques et la montée du
chômage fragilisent ces dynamiques d’intégration sociale et, ce faisant, la société de
consommation. Ainsi, Robert Castel (1995) parle alors d’une « nouvelle question sociale » et
d’une « déstabilisation des stables » : la précarité met à mal la position sociale d’individus que
la société avait préalablement intégrées. Si l’on regarde les données statistiques, on constate
cette déstabilisation :
- Le taux de chômage est passé de 2,5% en 1975 (au sens du BIT) à 10% en 2013. Celui
des 15-24 ans de 5,4% à 23,7%.
- Les formes particulières d’emploi : en 1982, les CDD représentaient 4% de l’emploi
total des 15 ans et plus et l’intérim 0,5% ; en 2013, respectivement 8,4% et 2%. La
part des FPE reste cependant minoritaire : 12% de l’emploi total.
Cette déstabilisation touche principalement les moins qualifiés et les plus jeunes : en 2013,
chez les 15-24 ans, plus de la moitié des emplois occupés sont des formes particulières
d'emploi, contre un emploi sur six en 1982. A l’inverse, elle ne touche pas les ménages les
riches. D’après les données de l’INSEE, entre 2008 et 2011, le niveau de vie moyen des 10%
les plus riches a augmenté de + 1 800 euros alors qu’il a baissé de 400 euros pour les 10 % les
plus pauvres. Plus on monte en haut de l’échelle des revenus, plus les revenus augmentent :
les revenus annuels déclarés par personne ont augmenté de 9800 euros entre 2004 et 2001
pour les 1% les plus riches, 48 400 euros pour les 0,1% les plus riches et 243000 euros 0,01%
(Source :
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1456&id_groupe=9&id_mot=164&id_rubrique=1)
Ces écarts grandissants remettent en cause la thèse d’une moyennisation et font dire à certains
sociologues qu’il y aurait un retour des classes sociales. On pourra lire à profit :
- l’article
de
Louis
Chauvel,
« le
retour
des
classes
sociales ? »,
2001 http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/9-79.pdf
- l’article d’Olivier Swchartz, « peut-on parler des classes populaires ? »,
2011 :http://www.laviedesidees.fr/Peut-on-parler-des-classes.html).
Graphique n°2. Développement des formes particulières d’emploi chez les jeunes de 15 à
24 ans
Graphique n°3. Développement des formes particulières d’emploi tous âges confondus
Source : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=irsocmartra14
Outre la moyennisation, la salarisation, une dynamique a accompagné l’élévation du niveau
de vie des ménages : la progression du taux d’activité des femmes. Chez les femmes de 25 à
49 ans, le taux d'activité passe ainsi de 59 % en 1975 à 84 % en 2013.
Précisons pour terminer, qu’au sens économique, les ménages ont pour principale fonction de
consommer et d’épargner. Nous allons revenir dessus dans la partie suivante.
Graphique n°4. Evolution du taux d’activité des femmes en France
2. Le système financier : désintermédiation, décloisonnement et
déréglementation
Précédemment, nous avons vu le rôle des entreprises, qui correspondent dans la comptabilité
nationale aux sociétés non financières (SNF). Les sociétés non financières doivent être
distinguées des sociétés financières (SF) dont l’activité principale est de financer (c’est-à-dire
connectés, transformer et repartir des moyens de financement) ou alors de gérer des moyens
de financement. On trouve une hétérogénéité d’acteurs parmi les SF. Dans la comptabilité
nationale, on distingue trois groupes :
- les intermédiaires financiers hors assurances et fonds de pensions :
 la Banque centrale dont la fonction principale consiste à émettre la monnaie, à
maintenir sa valeur interne et externe et à gérer une partie ou la totalité des
réserves de change d'un pays
 Les institutions de dépôts autres que la banque centrale dont l'activité principale
consiste à recevoir des dépôts (ou de proches substituts), à octroyer des crédits ou
à effectuer des placements en valeurs mobilières pour leur propre compte
 Les fonds d'investissement monétaires
 Les fonds d'investissement non monétaires
 Les autres intermédiaires financiers
-
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Les auxiliaires financiers et institutions financières captives et prêteurs non
institutionnel : les sociétés et quasi-sociétés financières dont la fonction principale
consiste à exercer des activités étroitement liées à l'intermédiation financière et celles
qui ne partagent pas cette activité.
Les sociétés d'assurances et fonds de pension
Le système financier, sur lequel nous allons revenir dans le chapitre 2, fait l’objet d’un triple
changement depuis les années 1980 : un décloisonnement, une déréglementation et une
désintermédiation. Ces trois changements ont été synthétisés par Henri Bourguinat à travers
« la règle des 3D » dans un ouvrage Finance Internationale, 1995.
3. L’extérieur : des mondialisations croissantes
Qu’est-ce que la Mondialisation ? Dans Mondialisation et délocalisation des entreprises, El
Mouhoub Mouhoud (2006), distingue les différentes composantes de la mondialisation :
- Les délocalisations des activités impliquant ou non des IDE ;
- Les flux commerciaux de biens et services entre les filiales des firmes ou entre firmes,
et les échanges de biens intermédiaires ;
- Les flux financiers ou de capitaux à court terme ;
- Les flux de connaissances et de technologies ;
- Les migrations internationales de travailleurs, qualifiés et peu qualifiés.
Il y a donc plusieurs mondialisations qui concernent les hommes, les biens et services, les
capitaux, les idées.
D’un point de vue historique, c’est à partir de la fin du XIVème siècle que se développe le
grand commerce (la mondialisation du commerce) par voie maritime, mais c’est surtout à
partir du XIXème siècle que se manifeste le commerce international. Pour avoir un ordre
d’idée, selon Paul Bairoch, entre 1830 et 1913, la valeur des exportations nettes européennes
a été multipliée par 16 grâce notamment à de meilleurs moyens de communication
(locomotives, navires à vapeur…).
Pour reprendre les termes de Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et
capitalisme , XVè – XVIIIè (1979) c’est à partir du XIXème siècle qu’une « économie
mondiale » succède progressivement aux « économies-mondes ». Avant le XIXème siècle, le
monde est composé d’une juxtaposition d’économies-mondes ayant très peu de relations entre
elles. Une économie-monde constitue pour Braudel une partie du monde formant un ensemble
économique, cohérent, un système avec pour caractéristiques : un espace bien défini, limité
géographiquement par des barrières naturelles ou zones à faible densité ; un pôle urbain, une
ville capitaliste qui a un rôle de centre décisionnel ; des zones successives fortement
hiérarchisées avec les zones les plus dynamiques proches du pôle puis, plus loin, les zones
périphériques subordonnées et dépendantes. On trouve comme exemple d’économies-mondes,
la Russie, L’Empire Ottoman, l’Europe…C’est avec la révolution industrielle que l’économie
devient mondiale. Londres prend alors le relais de l’économie-monde européenne et étend
cette économie à l’ensemble de la planète.
Signe de ce poids du « reste du monde » (ComptaNat), le taux d’ouverture ((X+M/2) / PIB),
mesure la place que tient le reste du monde dans l'économie d'un pays, de l’économie
française est passé de 13% à 28% entre 1965 et 2010.
Par ailleurs, l’ouverture financière est également forte :
- La France accueille sur son territoire le 4ème stock mondial d’IDE entrants
(1 095 Md$ en 2012 selon la CNUCED) derrière les Etats-Unis, la Chine et le
Royaume-Uni
- De même, avec 1 497 Md$ d’investissements à l’étranger en 2012, elle est le 5ème
détenteur d’IDE hors de ses frontières, après les Etats-Unis, le Royaume-Uni,
l’Allemagne et la Chine.
Source : http://www.tresor.economie.gouv.fr/9431_investissements-directs-etrangers-ide-enfrance-investissements-directs-francais-a-l-etranger
Si l’on regarde la mondialisation des hommes, on constate en France une augmentation du
nombre d’immigrés depuis 1911 : à cette époque, environ 3% de la population totale était
immigrée contre 8% en 2008.
Graphique n°5. Part des immigrés dans la population totale selon le sexe.
Source : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/IMMFRA12_g_Flot1_pop.pdf
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