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SÉMINAIRE NATIONAL RÉSEAU RURAL FRANÇAIS
" ACCOMPAGNEMENT DE L'ENTREPRENEURIAT RURAL ET GOUVERNANCE LOCALE :
REGARDS SUR LES RÉALITÉS QUÉBÉCOISES ET FRANÇAISES "
JEUDI 5 ET VENDREDI 6 FÉVRIER 2015
AGEN, CONSEIL GÉNÉRAL DU LOT ET GARONNE
Hôtel du Département, 1633 avenue du Général Leclerc
(Salle de l'Orangerie)
L’objectif du séminaire est d’examiner les conditions de réussite de l’entrepreneuriat rural et de la
gouvernance locale au Québec comparativement à la France, en vue de dégager notamment des
enseignements pour le travail du futur Réseau Rural Français et dans la perspective de point
d’appui pour une coopération entre les deux pays.
Ce projet est soutenu par le commissariat général à l'égalité des territoires et la direction des
politiques agricoles et des territoires (Ministère de l'agriculture et de l'agroalimentaire et de la
forêt), et est financé au titre du Réseau rural national par le FEADER (Fonds Européen Agricole
pour le Développement Rural). Dans ce cadre, est organisée cette rencontre dans le département
rural du Lot et Garonne avec le témoignage d’acteurs et de chercheurs du Québec (séminaire
ouvert au Réseau rural), avec l'idée de faire ressortir des pistes et des propositions pour l'avenir
des politiques de développement des territoires ruraux.
Contact : Gwénaël Doré
Mel : [email protected]
Portable : 06 07 95 86 43
PROGRAMME
Jeudi 5 février 2015
14h30
Accueil par Pierre Camani, Président du Conseil général du Lot et Garonne
14h45
Ouverture par les co-pilotes du Réseau Rural Français : Florent Guhl, Adjoint du sous-directeur du
développement rural, Ministère de l'Agriculture et de la Forêt, et Représentant(e) du CGET
(Commissariat Général à l'Egalité des Territoires)
Présentation du Séminaire par Gwénaël Doré, Directeur de projets, INDL
15h-17h
1. L’évolution des politiques publiques québécoises (PPQ) de développement rural
Communication de Kamal El-Batal, Chercheur et directeur général de MRC (Municipalité
Régionale de Comté)
Territoires et entrepreneuriat en France, Intervention de Fabien Nadou, Enseignantchercheur, Responsable du Master Développement, Innovations et Marketing Territorial,
Ecole de Management de Normandie
17h-19h
2. L’évolution des structures publiques, parapubliques et autres (SPPAQ) appuyant le
développement entrepreneurial en milieu rural au Québec
Communication de Bruno Jean, directeur de Chaire de recherche du Canada en
développement rural de l’UQAR (Université du Québec à Rimouski)
Éléments de comparaison France-Québec, par Jacques Palard, directeur de recherches
émérite au CNRS, Sciences Po Bordeaux
Conclusion de la journée avec Raymond Vall, maire de Fleurance, président de l'Association
Nationale des Pôles territoriaux et des Pays et ancien président de la commission du
développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du
territoire du Sénat (sous réserve)
Vendredi 6 février 2015
9h15
Ouverture de la journée par Luc Paboeuf, Directeur général, INDL
9h30-12h30
3. L’évolution de l’entrepreneuriat privé en milieu rural québécois
Communication d'André Joyal, professeur à l’Université du Québec à Trois Rivières et
auteur de diverses études sur l’entrepreneuriat rural
Témoignage d'Arthur Francoeur, Analyste financier, SADC de la Région de Matane
Les dispositifs d'appui dans un Département rural : le Lot et Garonne, par Jean-Luc
Giordana, Directeur de l'action économique, Conseil général du Lot et Garonne
L'expérience française des Groupes d'Action Locale LEADER, par Marc Bonnard, Président
de LEADER France
13h30-16h30
4. L’évolution de l’entrepreneuriat collectif en milieu rural québécois
Communication de Patrice Leblanc, Directeur de la Chaire Desjardins en développement
des petites collectivités, Directeur du département des sciences du développement social
et humain, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Témoignage de Mario Tardif, Directeur général de la Coopérative régionale de
développement de l'Abitibi-Témiscamingue
Présentation du projet AFIP-FNCUMA sur l'entrepreneuriat collectif (soutenu par le réseau
rural français), par Ludovic Mamdy, Chargé de Mission Création d'activités rurales, AFIP
16h30
Conclusion du séminaire par Yannick Lung, Président de l'INDL, Vice-président à la Recherche,
Université de Bordeaux
LOCALISATION DU CONSEIL GÉNÉRAL DU LOT ET GARONNE
Hôtel du Département, 1633 avenue du Général Leclerc, Agen
L’évolution des politiques publiques québécoises (PPQ) de développement rural,
Dr. Kamal El-Batal,
Chercheur et Directeur général de MRC (Municipalité régionale de comté)
L’objectif de la communication vise à faire un suivi chronologique de l’évolution des politiques de
développement régional et rural au Québec.
Contenu de la Communication
Quelques chiffres et constats sur la ruralité québécoise
Cette section de la communication nous permettrait de nous imprégner relativement du contexte
rural québécois pour ce qui de ses forces et fragilités.
Historique de développement rural au Québec
Cette sous-section relatera une séquence chronologique des faits historiques et saillants les plus
importants de la ruralité québécoise depuis la fin du 19 e siècle
Évolution du développement régional au Québec depuis la révolution tranquille
Cette section mettra en exergue l’approche (modèle, philosophie, etc.) québécoise de
développement des régions depuis l’ère Post révolution tranquille. Quatre (4) ères marquantes
des transformations, des politiques et des approches de développement régional et local-rural à
savoir, le fordisme (1960-1980); le partenarial (1981 – 2003); le néo-libéral (2004 – 2014); le
révisionnisme (2014 -)
Les Politiques nationales de la ruralité 2001-2006; 2007-2014; 2014-2024
Cette section expose la volonté politique de promouvoir la ruralité notamment le secteur
entrepreneurial. Un survol descriptif et analytique des trois PNR nous permettrait de capter,
jusqu’à un certain point, les sens, les fondements et les idéologies supportant les milieux ruraux
québécois.
Fédéralisme-Provincialisme : Complémentarité et/ou ambiguïté
Tout comme le gouvernement provincial (Québec), le gouvernement canadien intervient
également, par le bais de son Secrétariat rural du Canada en injectant des fonds dans la recherche,
le réseau des SADC et les programme de partenariat rural du Canada. Ainsi, cette section nous
permettrait de comprendre les dynamiques gouvernementales à deux étages au niveau du soutien
du tissu rural québécois.
Territoires ruraux et entrepreneuriat en France
Fabien Nadou,
Enseignant-chercheur en développement territorial
Responsable du Master Développement, Innovations et Marketing Territorial,
Institut du Développement Territorial, Ecole de Management de Normandie
Introduction
Etat des lieux et problématiques aujourd’hui :
-
-
Comprendre les dynamiques de création ou de localisation d’activités nécessite de
comprendre les évolutions territoriales (sociales, économiques, démographiques,
environnementales) des trente dernières années, en particulier en milieu rural
Le positionnement de l’entrepreneuriat dans les territoires ruraux : brève revue de
littérature
1/ Les politiques publiques de soutien à l’entrepreneuriat en milieu rural français
Politique de pôles et mimétisme du monde urbain ?
La politique nationale, via les pôles d’excellence rurale
L’inscription dans les politiques européennes : le programme Leader
2/ Retour d’expériences dans les territoires
L’innovation en milieu rural
Le développement de filières
Conclusion
Le rural nécessite une véritable réflexion : prochain CIADT consacré au rural ?
Réussir à bien quantifier l’apport économique des territoires ruraux dans le PNB Français
Articulation urbain/rural comme nécessaire dans la cohésion et la compétitivité des territoires
L’évolution des structures publiques, parapubliques et autres (SPPAQ) appuyant le
développement entrepreneurial en milieu rural au Québec
Bruno Jean,
Professeur, Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en développement rural
Université du Québec à Rimouski
La présente communication illustrera l’émergence de l’approche du développement local au
Québec qui a succédé à une approche plutôt top-down de développement d’ensembles
territoriaux plus vastes, une approche de développement régional. Vu l’échec relatif de ces
programmes étatiques, les mêmes gouvernements en sont venus à considérer les « initiatives
locales de développement » comme davantage efficientes. Ce courant du développement local
puisait au Canada et au Québec à deux traditions américaines et européennes de DEL
(développement économique communautaire) et de DEL (développement économique local).
Nous pourrons alors montrer les similitudes entre le l’approche européenne (LEADER), canadienne
(le PDC : Programme de développement des collectivités) et américaine (avec les Rural
Parnertship).
À une certaine époque, une multitude d’organismes soutenait le développement de
l’entreprenariat local, comme la formule « commissariat industriel » dans les villes. Les politiques
publiques récentes ont fait en sorte que deux grands réseaux d’intermédiation se partagent
l’action en matière de développement local au Québec depuis 1997, date de la création des CLD
(Centre locaux de développement), soit ce réseau des CLD et le réseau des SADC-CAE (Société
d'aide au développement et Centre d'aide aux entreprises). Nous analyserons alors plus en détail
la mission des organismes et leur approche en termes de soutien au développement local,
notamment dans les collectivités et les territoires ruraux.
Nous conclurons cette communication en identifiant quelques enjeux que le soutien à
l’entreprenariat, essentiellement de type public ou parapublic dans le cas québécois, pose de nos
jours que ce soit en terme de gouvernance de ces organismes ou des problématiques comme la
relève en entreprise, ou encore le retournement des politiques publiques elles-mêmes avec la
réorientation majeure et en cours des CLD pour une faire un outil optionnel de développement
local entièrement sous la seule autorité des MRC (Municipalités régionales de comté, le palier
québécois supra-local).
Institutions, acteurs et culture :
Comment est initié et se développe l’entrepreneuriat en milieu rural ?
Jacques Palard,
Directeur de recherches émérite au CNRS, Sciences Po Bordeaux
Cette intervention ne visera pas avant tout ni d’emblée à rendre compte pour elles-mêmes des
structures publiques et parapubliques qui ont pour mission d’intervenir en appui au
développement entrepreneurial en milieu rural. Sur un mode volontiers inductif, elle tentera
plutôt d’interroger ces structures à la lumière d’une pratique de recherche multi-sites qui a eu
pour terrain principal la Beauce québécoise, véritable « région-sœur » de la Vendée choletaise en
France (au Nord-Est du département de la Vendée), qui a d’ailleurs servi de banc d’essai à
l’observation et à l’analyse de la cette région du Québec. En contrepoint ou en complément de ces
deux terrains (qui ne paraissaient pas porter dans leurs gènes l’improbable mais impressionnante
réussite industrielle qu’ils continuent de connaître), l’investigation s’est également intéressée à la
transformation et au pilotage de quelques territoires ruraux de l’Aquitaine placés sous la conduite
d’acteurs-clés qui y exercent divers métiers du développement territorial.
Ce qu’ont en commun ces deux approches – l’entrée par les territoires et l’entrée par l’analyse des
structures d’appui –, c’est l’intérêt porté aux modes de gouvernance territoriale estimés les plus
efficients. La question centrale qui se trouve à l’intersection de ce double regard pourrait être
formulée ainsi : comment les structures d’appui au développement entrepreneurial en milieu rural
au Québec et en France appréhendent-elles les dynamiques sociales et culturelles en vue d’en
tirer profit au bénéfice du système économique local ? En d’autres termes, de quelle façon ces
structures d’appui s’y prennent-elles pour comprendre de l’intérieur le génie du lieu, la
« conscience de place » ou les attributs identitaires des territoires cibles ? Emprunté à
Clarence N. Stone, qui l’a appliqué à ses études urbaines, le concept de « régime » territorial est ici
utile en ce qu’il oriente le regard vers la façon dont une société – rurale, en l’occurrence – est
dirigée, c’est-à-dire vers la mise à jour des règles implicites qui y commandent les prises de
décisions ou la désignation des responsables ou des représentants, ou encore vers la construction
des rapports de confiance qui servent de base à l’élaboration de nouveaux projets. Ainsi,
l’attention se portera principalement sur les facteurs non proprement économiques du
développement économique. C’est (1) à la lumière de l’étude du processus industriel de la Beauce
que seront ensuite (2) appréhendés les dispositifs institutionnels français dédiés au
développement économique rural, avec l’espoir que cette confrontation à distance puisse
contribuer à répondre à quelques-unes des questions qui fondent la problématique du séminaire :
« quelle aide à l’émergence de créateurs d’entreprises » ; « quelles structures collectives
d’accompagnement et de mutualisation inter-entreprises » ; « quel rôle du territoire ? » ; « quelle
gouvernance locale ? ».
1. L’analyse en quatre étapes du développement de la Beauce québécoise et de ses leçons. La
Beauce illustre parfaitement le constat de Marc-Urbain Proulx pour qui des « territoires se
positionnent mieux que d’autres, souvent limitrophes, dans la dynamique
spatioéconomique » parce qu’ils sont dotés d’« une capacité particulièrement efficace
pour impulser l’innovation et le développement de manière endogène »1. Ces étapes vont
du constat le plus évident à la quête du facteur le plus explicatif :
 Un processus paradoxal d’industrialisation ;
1
Marc-Urbain Proulx, « Centre et périphérie : le nouveau modèle québécois », Revue d’économie régionale et urbaine,
2012, n° 4, p. 600 ; ce numéro spécial est consacré à La science régionale au Québec.



La gouvernance régionale : forte interaction d’acteurs en co-opétition ;
L’appropriation collective de l’aventure du développement ;
Les ressorts identitaires des Beaucerons comme ressources.
2. Les structures publiques d’appui au développement : l’exemple de l’application régionale du
programme européen LEADER2 (Liaison Entre Actions de Développement de l’Économie
Rurale), dont la maturité, progressivement construite au cours de deux décennies, en fait
désormais une approche territoriale intégrée en vue du développement rural
 La définition d’un périmètre d’action et la structuration d’un territoire élargi ;
 L’apprentissage de l’action collaborative, de la logique de projet et du partenariat
(au sein des GAL, Groupes d’Action Locale) : acculturation au développement et
mise en place d’une stratégie locale ;
 La formation à la culture de l’évaluation.
2
Au cours de la période 2007-2013, 14 territoires ont bénéficié du programme LEADER en Aquitaine.
PME Manufacturières en milieu rural : des exemples de succès
André Joyal,
Chercheur au CRDT (Université du Québec)
Il est fréquemment admis que les PME manufacturières en milieu rural oeuvrent généralement
dans des domaines qui génèrent peu de valeur ajoutée, font appel à une main-d’œuvre peu
qualifiée et soufrent de façon endémique d’un problème de sous-financement. La place relative
relativement faible qu’elles occupent s'explique par les facteurs suivants :
• La faiblesse du marché régional;
• L’éloignement des autres régions du Québec. On pense ici aux coûts de transport impliqués
autant pour l'approvisionnement que pour l'expédition;
• L'absence de main-d'oeuvre spécialisée. Les régions souffrent d'une pénurie d'ingénieurs et
de travailleurs qualifiés. Les PME seraient obligées de recourir aux services de consultants
extérieurs à leur région;
• L'absence de recherche et développement. On y voit ici un lien avec les difficultés d'obtenir de
la main-d'oeuvre spécialisée.
Les secteurs d’activité les plus souvent rencontrés se rapportent à l’alimentation ou à la première
transformation de produits alimentaires, à la transformation sommaire du bois, et à la mécanique
peu élaborée. Ces entreprises se trouvent handicapées par un isolement qui les tient éloignées des
grands réseaux d’information ainsi que des sources d’appui offertes par divers organismes de
soutien généralement concentrés dans les régions métropolitaines. C’est pourquoi on estime que
les entreprises en milieu rural sont marquées par un réel besoin d’information à la fois sur
l’évolution des marchés et des nouvelles technologies et qu’elles cherchent de plus en plus à
recourir à d’autres entreprises pour répondre à leurs besoins.
Malgré les nombreux obstacles, et contrairement à ce que les lignes ci-haut laissent croire
généralement, les PME en milieu rural peuvent être innovatrices et dynamiques dans tous les
secteurs d’activité. L’isolement ou l’éloignement ne sont pas insurmontables. La pénétration des
marchés est un défi au départ, mais certaines PME tirent leur épingle du jeu en misant sur des
conditions gagnantes comme la qualité et l’originalité de leurs produits, la recherche
d’informations nouvelles, la mise en oeuvre d’alliances stratégiques et l’intégration des nouvelles
technologies. C’est grâce à de telles initiatives que certaines de nos PME ont pu devenir des PME
de classe mondiale. Les exemples ne manquent pas comme en font foi les neuf Universités rurales
du Québec réalisées depuis 1997 d’où quelques exemples seront tirés.
En se rapportant à ce que l’usage désigne de plus comme étant la «nouvelle économie» rurale où
l’information tend à s’imposer comme le principal facteur de production, les choses évoluent
rapidement. Ainsi, même si les entreprises continuent d’évoluer à l’intérieur des mêmes secteurs
d’activité, bon nombre d’entre elles recourent dorénavant à des équipements de pointe. C’est ce
qui leur permet d’améliorer leurs produits ou d’en créer de nouveaux et, ainsi, être en mesure
d’affronter les nouveaux défis que pose un marché de plus en plus mondialisé.
Sur la rive sud du Saint-Laurent, par exemple, une simple entreprise de portes et de fenêtres
comme il en existe bien d’autres au Québec, se distingue par la spécificité de son produit principal,
mais aussi par la détermination de son dirigeant : “ Ma seule ambition est d’être le meilleur, dit-il.
Je veux prouver qu’on peut être le meilleur sans être le plus gros. Ce que les gros ne font pas, nous
on le fait. ” . Une entreprise entre Montréal et Trois-Rivières parvient à vendre ses cylindres
hydrauliques pour camions dans une vingtaine de pays. À son tour, son dirigeant a fortement
insisté sur la qualité de ses produits. En fait selon lui, ce serait là un des principaux avantages des
PME québécoises : «La grande différence entre une entreprise québécoise et une entreprise
américaine c’est que les Québécois ne lésinent pas sur la qualité contrairement aux Américains qui
ont tendance à être plus négligents». Ce dirigeant n’a pas manqué de signaler l’importance de
respecter les délais de livraison comme facteur de succès de toute PME exportatrice face à la
concurrence chinoise.
L’innovation, un atout majeur pour se distinguer sur les marchés internationaux, prend des visages
différents selon les secteurs. Pour les plastiques, dont les produits sont relativement simples, c’est
la technologie assistée par ordinateur qui confère à nos entreprises le statut d'entreprise
innovante. Dans un autre secteur pour une entreprise au sud de Trois-Rivières spécialisée dans
l'habillement, le design particulier d'une gamme pour jeunes enfants fait son originalité. Une autre
entreprise, au nord-ouest de Trois-Rivières cette fois, fabrique des bennes de camion
monocoques plus résistantes et d’un poids inférieur à tous les produits concurrents, ce qui lui
permet de vendre en Australie. La liste pourrait s'allonger encore, mais on retient surtout
l'importance de l'engagement des dirigeants de ces entreprises. La détermination, la confiance en
soi et l'audace3 constituent leur marque de commerce.
Dans l’ensemble, les PME en milieu rural peuvent être innovantes en étant branchées sur les
réseaux d’information et proactives pour répondre à leurs besoins d’information. On peut
également affirmer que les économies d’agglomération ont beaucoup moins d’importance qu’il y
a trente ou quarante ans dans le choix de la localisation des entreprises. Et surtout, l'éloignement
n’est plus comme autrefois un handicap majeur pour l'essor des PME. Ne sont-elles pas à un clique
de souris de Tokyo ou de Sydney?
3
Rappelons –nous l’invective de Danton face au danger de Valmy : « De l’audace, toujours de l’audace et encore de
l’audace! »
Les dispositifs d’appui dans un département rural : le Lot-et-Garonne
Jean-Luc Giordana
Directeur des politiques contractuelles, du développement économique et du tourisme, Conseil
Général du Lot et Garonne
Contexte :
Un territoire rural se doit, peut-être encore plus qu’ailleurs, d’être soutenu par les pouvoirs
publics locaux. A l’aune d’une refonte de notre organisation territoriale cela reste d’autant plus
vrai.
Le développement territorial (économique, touristique, agricole, culturel …) est une préoccupation
constante du Conseil général qui a mis en place et développe une politique ambitieuse en faveur
des acteurs économiques et des territoires.
I- Le soutien direct aux entreprises
En matière économique et de soutien direct aux entreprises, son appui est à même de couvrir
toutes les phases du cycle de vie d’une entreprise.
Son intervention, définie dans un document cadre stratégique, le Schéma de Développement
Economique, s’inscrit dans un partenariat étroit avec la Région Aquitaine.
1- En phase de création ou de reprise d’une entreprise existante :
Que ce soit dans le secteur artisanal, commercial, industriel ou de services et même agricole, le
département dispose d’une palette variée d’outils d’aides directes permettant de soutenir les
investissements et les créations d’emplois.
Le champ d’intervention est large, de l’entreprise individuelle à la PME de groupe.
Un dispositif exemplaire, le Tremplin Rural, intervient de façon forfaitaire pour soutenir la
création d’emploi en milieu rural (communes de moins de 3 500 habitants).
2- En phase de développement :
Plusieurs dispositifs concernent cette phase de développement de l’entreprise, dont l’Aide à
l’Investissement des Entreprises (AIE). Pour tout projet d’investissement d’une entreprise de
production ou de service à l’industrie, le Département a la possibilité d’octroyer soit une
subvention, soit une avance remboursable. Les recrutements de postes de pré-encadrement
nécessaire au développement peuvent également être soutenus.
3- En phase de restructuration :
La vie d’une entreprise n’est pas linéaire. Des difficultés plus ou moins importantes interviennent.
Le secteur artisanal est particulièrement sensible aux fluctuations des marchés. Le Département a
ainsi mis en place depuis maintenant plus de 20 ans un dispositif d’accompagnement temporaire à
la trésorerie par la bonification des taux d’intérêts de prêts court terme.
La transmission/reprise reste un enjeu important dans un département où 43 % des chefs
d’entreprise ont plus de 50 ans. Un accompagnement via le tremplin rural permet de soutenir les
projets de reprise.
L’approche départementale de l’aide directe aux entreprises est basée sur une évaluation
collective du projet de l’entreprise, tant sur la stratégie, que l’emploi ou encore l’appréhension
des efforts en matière de développement durable. Un dispositif unique d’éco-bonification a été à
ce titre mis en place.
II- L’aide indirecte
A côté de ces soutiens financiers directs, le Département de Lot-et-Garonne investit dans des
infrastructures pour donner les éléments favorables à l’installation et développement des
entreprises.
L’exemple le plus emblématique reste l’AGROPOLE, avec 1 M€ / an de soutien à cette technopole
dédiée à l’agroalimentaire.
Au-delà, un réseau de pépinières d’entreprises, hôtel d’entreprises ou encore ateliers relais
permet de compléter l’offre d’accueil.
En matière d’accueil foncier, le Département a investi lourdement dans des Pôles d’activités
d’Intérêt Régional (PAIR) aux cotés des collectivités locales : Parcs d’Activités de Marmande Sud,
Pôle d’activités du Confluent, Marché d’Intérêt National d’Agen-Boé, Agrinove.
Le soutien à l’entrepreneuriat rural passe aussi par l’accompagnement financier des micro-projets.
Le Département soutient à cet effet les Plate-formes d’initiatives locales du Lot-et-Garonne qui
octroient des prêts à taux zéro pour ces projets.
Enfin, les démarches territoriales jouent un rôle fondamental pour encourager la création et le
développement d’entreprises en milieu rural.
Le Département a ainsi instauré un dispositif particulier de soutien au développement local. Il
contractualise (3 à 6 ans) avec les territoires de projets (Pays, Agglo, GAL Leader) et finance les
projets retenus par le truchement d’un Fonds territorial dédié.
III- Les limites
Même si son champ d’intervention est large, la collectivité départementale se trouve confrontée à
des situations d’entreprise et/ou des contextes face auxquels les solutions sont peu satisfaisantes.
Les entreprises en difficultés
Il existe peu de moyens des collectivités d’aider correctement une entreprise en difficulté. L’Etat
semble le plus pertinent dans ces situations, par sa capacité à mobiliser des réseaux nationaux,
voire internationaux, pour la recherche de candidats à la reprise ou à la participation au capital, ou
encore par sa capacité à traiter les dettes fiscales et sociales.
Le soutien à la trésorerie
Le soutien au 1er développement (levée de fonds)
Une collectivité ne peut pas se substituer aux organismes bancaires et financiers pour soutenir les
fonds de roulement et d’investissement.
Les limites budgétaires
Les marges de manœuvre réduite et la perte d’autonomie fiscale des Départements depuis la
réforme de la fiscalité de 2010 limitent les capacités budgétaires des interventions directes des
collectivités.
L’évolution législative
La future Loi NOTRe portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République va de plus
modifier et restreindre les prérogatives des Départements en matière d’aide publique directe.
Une réflexion globale sur le soutien à l’entrepreneuriat devra s’organiser entre les Départements
et les collectivités infra et supra.
Entrepreneuriat collectif en milieu rural :
Ce que le Québec peut en dire
Patrice LeBlanc
Chaire Desjardins en développement des petites collectivités
Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Le développement des villages ruraux québécois au XXe siècle est intimement lié à la présence du
mouvement coopératif. Des premières coopératives agricoles ou forestières aux coopératives
multiservices de proximité d’aujourd’hui en passant par les entreprises d’économie sociale,
l’entrepreneuriat collectif a souvent été et est encore une solution novatrice aux défis
économiques et sociaux des milieux ruraux. Cette présentation retracera les grandes lignes de
l’histoire des coopératives et des entreprises d’économie sociale au Québec et présentera les
mesures d’accompagnements actuelles. Les défis auxquels fait face l’entrepreneuriat collectif
québécois et les solutions possibles pour y répondre seront également abordés.
Plan préliminaire de la présentation
a) Un peu d'histoire
i) Les premières coopératives au Québec
ii) Les chantiers coopératifs
iii) Les grandes coopératives
iv) Déclins et renaissances
v) Les entreprises d'économie sociale
b) Les types de coopératives
i) De consommation
ii) De producteurs
iii) De travail
iv) De travailleurs actionnaires
v) De solidarité
c) Économie sociale et monde rural
i) Les pôles régionaux de l’Économie sociale
d) L'accompagnent
i) Coopératives régionales de développement (CDR)
ii) Chantier de l’économie sociale
iii) Réseau d’investissement social du Québec (RISQ)
iv) Fiducie du Chantier de l’économie sociale
e) De nouveaux champs d'intervention
i) Les coopératives multiservices
ii) Les coopératives de santé
f) De nouveaux modèles
i) Les coopératives et l’économie de proximité
g) Défis actuels et conditions gagnantes
i) Un lien d’usage à recréer
ii) Une économie solidaire
BIBLIOGRAPHIE
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