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et favorise l’immigration de techniciens. Il profite de la main-d’œuvre rurale bon marché pour
développer une industrie capitaliste. Les premiers ouvriers sont en fait des ouvrières qui
cherchent un revenu d’appoint. Le Japon profite des faiblesses des autres économies et de la
mode japonaise à la fin du XIX° : il exporte des cotonnades et des soies (grège) bon marché.
Le pouvoir impérial, considéré comme usurpé par les Tokugawas, est restauré par le jeune
Mikado Mutsu-Hito (ça me tue qu’il ne l’ait pas dit en classe, avec son accent ç’aurait été
beau ! surtout qu’il avait 16 ans à l’époque) qui établit un nouveau droit social :
- Les corporations sont abolies
- Les samouraïs sont autorisés à exercer des activités commerciales (ou autres)
- Les obligations des paysans sont abaissées, ils peuvent vendre leurs terres et changer
d’activité (équivaut à une suppression du servage)
- Réforme de l’impôt foncier, le Chiso Kaïsi : les paysans peuvent payer en monnaie, non
en nature, et directement à l’Etat
Les réformes s’accompagnent d’un interventionnisme étatique important. Dès les années
1870, il s’impose comme l’initiateur de l’industrialisation. Il construit et exploite des
usines dans tous les secteurs : textile (filatures, bobinage, lainage et usines de dévidage),
cimenterie, tuilerie, armement (5 usines de munitions), construction navale (3 chantiers dans
les 1880s), mines, chemin de fer (135 premiers km en 1885) et système télégraphique. En 85,
il est le premier propriétaire de navires de transport (51).
Le gouvernement Meiji modernise le système bancaire et financier, il crée une banque
centrale en 1885 et assure si nécessaire le financement du secteur privé. Il sait se désengager
dès la fin du siècle, laissant le secteur privé prendre le relais.
Entre 1868 et 75, la croissance japonaise est déséquilibrée, marquée par des fluctuations
importantes du rythme de la croissance, la naissance de nombreuses entreprises mais aussi des
faillites. L’inflation (1876 – 85) engendre des fragilités mais est limitée par la « déflation
Matsukata ».
À partir de 85, la croissance est plus équilibrée. La priorité est donnée à l’accroissement de la
qualité sur la quantité. L’Etat favorise l’initiative privée et promeut la constitution
d’associations (Dogyo Kumiai), la formation de guildes visant à stimuler les exportations. Les
premiers zaibatsus sont créés, notamment Mitsubishi par Iwasaka qui crée le quartier
d’affaires de Marumuchi. Fin XIX°, l’industrie japonaise se développe dans un cadre très
libéral, l’Etat étant plus un organisateur qu’un contrôleur.
La croissance japonaise décolle, entre 1886 et 1898, le PNB croît de 4,1 % par an (3,1 % pour
le PNB / tête avec une croissance démographique annuelle de 0,9 %). Mais l’économie reste
cyclique : croissance de 0 % entre 1899 et 1905, avec un recul de 1,2 % par an du PNB/tête.
La croissance redémarre entre 1906 et 1919 à 6,1 % de TCAM du PNB et 4,8 % pour le
PNB/tête. Mais en 1914, le produit par habitant japonais est un quart de celui américain.
L’ère Meiji prend fin en 1912, à la mort de Mutsu-Hito. Le Japon est alors une économie qui
a connu son démarrage, même si elle reste dépendante des secteurs traditionnels :
l’agriculture, où les rendements s’améliorent de 80 % (TCAM entre 1878 et 1917 de 2,3 %) et
le secteur textile peu capitalistique. Le taux d’épargne agricole reste élevé (± 30 %) mais,
avec peu d’investissements, le surplus agricole part à la ville. Fin XIX°, 50 % des recettes de
l’Etat proviennent encore de l’impôt foncier (33 % en 1914).
Le taux brut d’investissement au Japon en 1914 est de 12 %, mais sans endettement (et
notamment pas d’endettement extérieur) pour préserver l’indépendance (nationale). Le
partage des tâches concerne l’Etat pour les investissements lourds et les entrepreneurs
individuels pour les autres. L’investissement est dilué dans un tissu industriel fait de petites
unités de production avec une main-d’œuvre abondante. Un dualisme apparaît entre les
économies paysanne et capitaliste. En 1882, 15 % de la production industrielle est effectuée
en usine, contre 48 % en 1912.