Aspects microscopiques. Ils changent avec la période de l'affection. Au début, il existe
une congestïon diffuse des vaisseaux piaux, des raptus hémorragiques à leur contact et un
exsudat séreux aigu distendant les espaces sous-arachnoïdiens. Par la suite, l'exsudat n'est
formé que de polynucléaires. Puis, en cours d'extinction, il devient subaigu ou chronique,
avec lymphocytes, plasmocytes et histiocytes. Il contient le méningocoque, à l'état libre ou
à l'intérieur de polynucléaires ou de macrophages. Parallèlement, on remarque une
hyperplasie du revêtement méningothélial aboutissant à un épaississement de la
leptoméninge. Dans les formes sévères, l'encéphale présente des zones de démyélinisation
périvasculaire avec ramollissement de la substance blanche.
Aspects macroscopiques. Ils sont le reflet des aspects histologiques. A la période initiale,
la leptoméninge, congestive, prend une coloration rose-noirâtre, tandis que l'arachnoïde,
modifiée par l'exsudat, se montre opalescente. Si la mort survient alors, ce qui est
l'évolution des formes fulminantes, seules ces lésions sont notées. En revanche, lorsque
l'infection se poursuit, l'exsudat passe du clair au trouble blanc-jaunâtre, puis au purulent
jaune-verdâtre ; il recouvre la convexité des deux hémisphères (Fig. 2l.lOc) ; il s'accumule
dans les scissures sylviennes et dans les citernes de la base où il englue diverses structures
basilaires ; à partir de la grande citerne, il s'étend à la leptoméninge spinale. Dans le même
temps, l'encéphale sous-jacent possède des circonvolutions aplaties et des sillons remplis de
matériel gélatiniforme ou fibrinopurulent ; les ventricules sont distendus par l'exsudat alors
que leur revêtement épendymaire est souvent ulcéré et végétant, avec masses verruqueuses
suppurées ; les plexus choroïdes baignent fréquemment dans le pus. Le terme de
pyocéphalie est employé quand le liquide d'exsudat est nettement purulent. Dans les cas
sévères, le cortex est le siège de pétéchies.
Aspects évolutifs. La méningite cérébrospinale est mortelle dans moins de 10 % des cas.
Elle peut se compliquer de différentes façons : cloisonnement du pus dans des poches
arachnoïdiennes, sources de compression cérébrale ou médullaire ; extension de l'infection
à l'encéphale, par l'intermédiaire des scissures et des espaces périvasculaires, avec
formation éventuelle d'abcès cérëbral (méningo-encéphalite suppurée) ; hydrocëphalie
interne par obstruction des trous de communication du système ventriculaire ; thrombose
des veines piales gagnant les sinus duraux. Le pronostic immédiat et à long terme, avec
séquelles neuropsychiques, est d'autant plus réservé que le patient est plus jeune.
L'affection, contagieuse, se manifeste par épidémies à prédominance automno-hivernale.
Le germe pénètre dans l'organisme, par voie rhinopharyngée, en suscitant une
rhinopharyngite qui passe, le plus souvent, inaperçue ; en période épidémique, plus de 50
% de la population, réputée saine, serait porteuse de méningocoques dans le rhinopharynx.
Aucune tranche d'âge ne paraît épargnée, mais près de 40 % des malades sont âgés de
moins de 5 ans.
Méningite tuberculeuse
Sa forme exsudative, diffuse et granulique, avec suffusions hémorragiques et plages de
nécrose caséeuse fourmillant de bacilles, est actuellement exceptionnelle. Sa forme
granulomateuse, électivement localisée à la base du crâne, paraît, à l'inverse, la plus
courante aujourd'hui ; seule, elle sera décrite.
Aspects microscopiques. Les lésions tuberculeuses sont typiques mais pauvres ou
démunies de bacilles de Koch. A leur pourtour, la prolifération fibroblastique est la règle,
au point que l'expression malencontreuse de méningite fibrillomateuse a été proposée à son
sujet. La participation de l'appareil circulatoire est toujours importante ; elle comporte une
fibrose intimale et adventitielle, avec thrombi fibrinocruoriques dans les gros troncs
vasculaires.
Aspects macroscopiques. Plusieurs formes se rencontrent. La caséose de la base cérébrale
est la plus fréquente d'entre elles ; dense et pouvant acquérir 2 cm d'épaisseur, elle remplit
les citernes optochiasmatique, pédonculaire et prépontique ; elle contient de véritables
tubercules. En dehors de cette caséose, on observe, parfois, un feutrage arachnoïdien
verdâtre (Fig.2l.lOd), déformant la région chiasmatique. On relève aussi, de temps à autre,
des pseudokystes cantonnés dans la fosse postérieure.