Sous la XIIe dynastie, inaugurée par Amménémès Ier, la capitale se déplaça symboliquement
vers le nord, à Licht, non loin du Fayoum dont les terres furent mises en valeur. La volonté de
renforcer l’unité nationale s’exprima, durant cette période, par le compromis religieux passé
avec les clergés thébain et héliopolitain, par lequel Amon fut associé à Rê. Intercesseur entre
Amon-Rê et les hommes, le pharaon renforça son pouvoir en abaissant celui de la féodalité
provinciale et en assurant, de son vivant, la succession au trône. Dans le même temps,
l’immortalité n’était plus l’apanage du souverain. Tous pouvaient désormais y accéder, dans
les limites imposées par un rituel très strict.
Durant les règnes des Amménémès et des Sésostris, se constitua également une classe
intermédiaire entre le peuple et les hauts dignitaires, formée par les scribes dont l’influence
allait croissant et par les artisans. La période fut celle d’une renaissance intellectuelle et
culturelle, qu’exprime le développement de genres littéraires variés — romans merveilleux,
analyses psychologiques (telle l’Histoire de Sinouhé), poèmes lyriques et traités scientifiques
écrits sur papyrus — ; l’architecture, l’art et les bijoux révèlent une extraordinaire délicatesse
de conception.
Les successeurs d’Amménémès, de Sésostris Ier, de Sésostris II et d’Amménémès III,
poursuivirent l’ambitieuse politique étrangère de leur prédécesseur. Des forteresses furent
bâties à travers toute la Nubie et le Soudan. Des gouverneurs furent envoyés en Palestine et en
Syrie. Sésostris III organisa une armée permanente qu’il utilisa dans les campagnes contre les
Nubiens, au sud, et contre les Libyens, à l’ouest. Il divisa l’administration en trois unités
géographiques puissantes, contrôlées chacune par un haut fonctionnaire dépendant du vizir.
Au début du IIe millénaire, pourtant, l’unité égyptienne fut ébranlée par l’afflux des
populations sémites d’Asie intérieure chassées par les invasions indo-européennes dans l’Asie
intérieure. Ces Hyksos, établis dans le nord-est du Delta, profitèrent de l’affaiblissement du
pouvoir des pharaons des XIIIe et XIVe dynasties pour conquérir toute la Basse-Égypte. Ils
maîtrisaient l’art de la guerre, avaient apporté en Égypte chevaux et chars. Une deuxième
période intermédiaire s’ouvrit vers 1785 lorsque Avaris, centre de la puissance des Hyksos,
devint la capitale d’une XVe dynastie étrangère. Le sud, cependant, avait résisté aux
conquérants. Les princes de Thèbes, qui contrôlaient le territoire situé entre Éléphantine et
Abydos, entreprirent de libérer le territoire. Kamôsis, qui régna vers 1570 av. J.-C., parvint à
vaincre les Hyksos, mais ce fut son frère, Amôsis Ier, qui finalement les soumit et réunifia le
pays.
5.1.4 Le Nouvel Empire (XVIIIe-XXe dynasties)
Néfertiti Buste du XIVe siècle av. J.-C. Staatliche Museen, Berlin.THE BETTMANN
ARCHIVE
Le Nouvel Empire, qui dura cinq siècles, de 1580 à 1080 av. J.-C., avait pour capitale Thèbes.
Ses souverains, les Aménophis, les Thoutmosis, Séti, Mineptah et les Ramsès, portèrent à leur
apogée la grandeur et la puissance de l’Égypte.
Sur l’initiative d’Aménophis Ier, Karnak, sur la rive orientale du Nil, devint un grandiose site
architectural. Le premier, il sépara son tombeau proprement dit du temple funéraire et instaura
la coutume de tenir secret le lieu de son dernier repos. Thoutmosis Ier, son successeur, fit
creuser son hypogée dans la vallée des Rois. À partir du règne de Thoutmosis II, les reines