De François Ier à Nicolas Sarkozy de J.-P. SALVETAT Page 2
En 1528, un nouveau représentant, Antonio Ricon, va instituer avec la Porte, une alliance
franco-ottomane autour de la guerre de successions de Hongrie.
En 1535, le premier ambassadeur officiel, Jean de la Forest, est nommé. Il est accompagné
de Guillaume Postel, extraordinaire personnage, que l’on retrouvera plus tard. Au cours de
cette ambassade, un premier accord de capitulation est signé avec le Sultan, donnant à la
France des privilèges dans les domaines commerciaux, juridiques et religieux et assurant à
l’ambassadeur de France la préséance sur les autres ambassadeurs.
Peu après, des actions communes vont intervenir entre les flottes françaises et ottomanes,
le capitaine Polin va embarquer sur les galères de Barberousse. La flotte française va
d’ailleurs hiverner à Istanbul en 1537. Français et ottomans vont mener ensemble le siège de
Nice en 1543, à la suite duquel la flotte ottomane va hiverner à Toulon.
En 1546, importante ambassade à Istanbul de Gabriel d’Aramon, reçu par Soliman avec une
suite imposante de scientifiques, théologiens et artistes, qui seront les premiers
orientalistes.
Parmi eux, des hommes remarquables :
- Guillaume Postel, dont c’est le deuxième voyage. Ce sera le premier exemple de tolérance
et d’entente entre chrétiens et musulmans .Théologien, il souhaitait une réunion de tous les
humains dans une monarchie et une religion universelles, où Bible et Coran guideraient les
hommes. Il a publié « De la république des turcs » avec une étude des mœurs , et de
l’organisation civile et militaire des ottomans. Il y juge les turcs supérieurs aux chrétiens
dans le respect de la justice et la fidélité à la parole…
- Pierre Belon, une des personnalités scientifiques les plus importantes du XVIème siècle,
père de l’anatomie comparée, en même temps qu’ami de Ronsard. Il a suivit l’ambassade
auprès du Sultan, a parcouru le levant de 1546 à 1549 et a publié d’importants ouvrages
comportant des observations sur l’histoire naturelle, l’archéologie, les mœurs et
l’ethnographie.
- Jérôme Morant, qui a navigué aux côtés de Barberousse et qui a fait un récit de ses
voyages, comportant une description précieuse d’Istanbul.
- Antoine Guiffroy, qui a écrit « un état de la cour du Grand Turc », d’un grand intérêt
géographique, historique et ethnographique.
- Jean Chesneau, chargé d’affaires auprès de la Porte et secrétaire d’Aramon, rédacteur du
« Voyage de Monsieur d’Aramon ».
- Nicolas de Nicolay, artiste, dessinateur et graveur, qui fera connaître le Levant avec des
portraits des personnage ottoman de l’époque.
La collaboration franco-turque se poursuit à la mort de François Ier avec Henri II. La flotte
française sera avec la flotte ottomane à la prise de Tripoli, ces opérations en Méditerranée
se poursuivant en 1551, 1552 et 1553, ces deux dernières attaquant la Corse.
A noter, outre les représentants du Roi de France, la présence d’un flamand, Ghislin de
Resbecq, à Istanbul de 1582 à 1589, qui loue la discipline, la priorité du mérite sur la
naissance, l’absence de phénomène de classe et le sens de la solidarité des turcs.
Le XVIème s. est intéressant car il montre comment deux régimes, au-delà des conceptions
religieuses, le « Souverain très chrétien » et « l’Ombre de Dieu sur terre », peuvent au nom
d’intérêts communs, collaborer, se connaître et se respecter : lettre de Soliman à François
Ier l’appelant « mon frère ».
Et en sens inverse, Jean Bodin à la fin de ce siècle : « Pourquoi discuter d‘une évidence qui