Paris, le 23 juin 2010 Communiqué de presse Quels délais d’attente pour un rendez-vous IRM ? Avec 34,6 jours, rien ne bouge en 2010… et le retard persiste Près de 63 % de la population française doit faire face à des délais de plus de 30 jours… Imagerie Santé Avenir (ISA)1 renouvelle, pour la septième année consécutive, l’enquête Cemka-Eval2 sur les délais d’attente pour l’obtention d’un examen IRM. Avec 34,6 jours en 2010, la situation reste alarmante et souligne une fois de plus le déficit d’appareils IRM installés en France, remettant en cause l’assurance de l’accès aux meilleurs soins pour tous. Une méthodologie éprouvée Comme pour les années précédentes, l’enquête consiste à simuler la situation clinique d’un patient pour lequel un médecin aurait prescrit un examen IRM, dans une indication précise et urgente (suspicion de métastases), correspondant aux recommandations de pratiques actuelles et ayant à prendre un rendez-vous pour la réalisation de cet examen. 502 structures disposant d’un équipement IRM ont ainsi été contactées ; l’Ile-de-France comptant à elle seule près d’un quart des structures (23,3 %). Des délais d’attente qui stagnent… encore. Le délai d’attente moyen de 34,6 jours confirme que la situation ne tend pas à s’améliorer : 2 français sur 3 vivent dans des régions où l’attente excède 30 jours, contre 1 français sur 2 en 2006. Ce résultat reste quasi identique à celui de 2009 mais constitue une augmentation de 5,3 jours par rapport à 2005, année au cours de laquelle le délai le moins important avait été observé (29,3 jours). En effet, l’augmentation du parc IRM entre 2003 et 2006 s’était traduite par une réduction des délais en 2005. Une inversion de cette tendance a depuis été observée. Association Loi 1901 créée en 1999, Imagerie Santé Avenir réunit des professionnels de l’imagerie médicale, responsables d’une industrie de santé et acteurs de l’offre de soins. Ils mènent au sein d’ISA, une réflexion conjointe, tel un « observatoire » sur l’imagerie médicale française. 2 Société de conseil en économie médicale. Métropole Parc IRM installés en France métropolitaine* Délais d’attente pour l’examen type (jours) pour les rendez-vous obtenus 2000 146 1er Janvier 2003 230 er 1 janvier 2004 281 1er janvier 2005 352 1er janvier 2006 393 1er janvier 2007 419 er 1 janvier 2008 41 + 51 + 71 + 41 + 26 + 44 463 43,6 36,1 29,3 33,2 34,3 495 1er janvier 2010 543 - 6,8 + 3,9 + 1,1 + 1,1 + 5,3 jours 35,4 + 32 1er janvier 2009 - 7,5 - 0,9 34,5 + 48 + 0,1 34,6 Les inégalités régionales persistent : signe d’une médecine à deux vitesses Les inégalités régionales demeurent criantes, certaines se caractérisant à la fois par les délais d’attente les plus élevés et les taux d’équipements les plus faibles. Ainsi, les Pays de la Loire ont le taux d’équipement le plus faible et les délais parmi les plus élevés (58,2 jours), suivis de près par la région Poitou-Charentes. Régions en fort recul par rapport à 2009 2 Les régions Haute-Normandie (+19,2 jours), Poitou-Charentes (+12,8 jours), Corse (+11 jours), Bourgogne (+8,7 jours) et Limousin (+8,6 jours) voient leurs délais s’allonger depuis 2009. Tandis que la Picardie (-17,7 jours), la Lorraine (-15,5 jours) et la région Rhône-Alpes (-10 jours) marquent une amélioration tout en conservant des délais toujours très élevés. Au dernier rang arrivent les Pays de la Loire (58,2 jours), le Poitou-Charentes (57,5 jours), l’Alsace (55,7 jours), l’Auvergne (49,3 jours) et la Haute-Normandie (49,3 jours). A l’inverse, parmi les régions obtenant les délais les plus courts, on note la Picardie (22,3 jours), l’Ile de France (24,9 jours) et le Midi-Pyrénées (25,9 jours) dont les délais restent cependant très au-dessus de l’objectif du Plan Cancer 2, fixé à 10 jours. L’ouverture de nouvelles structures explique sans doute les quelques évolutions positives observées. Cependant, les résultats sont comparables à ceux obtenus en 2009 dans presque toutes les régions où le taux d’IRM par million d’habitants n’a que très faiblement augmenté. Des délais d’attente clairement liés au faible taux d’équipements IRM Il existe une forte corrélation entre les délais d’attente élevés et le faible taux d’équipement. Les derniers résultats laissent craindre une aggravation si le nombre de nouveaux équipements prévu reste faible. Au 1er janvier 2010, le parc d’IRM s’établit à 543 appareils soit 48 de plus que l’année dernière (+9,7 %). En moyenne, on note 37 installations supplémentaires par an de 2006 à 2010, contre 55 de 2003 à 2006. Or, ce taux d’ouverture annuel ne suffit plus à maintenir le délai d’attente moyen et permet encore moins de rattraper le retard pris antérieurement. 3 Un écart considérable avec les objectifs du Plan cancer 2 Le délai moyen de 34,6 jours représente deux fois l’objectif du précédent Plan Cancer 20032007, fixé à 15 jours. Avec l’annonce du Nouveau Plan Cancer 2009-2013, ce constat s’est encore aggravé. Le délai moyen 2010 est 3,4 fois supérieur au délai d’attente de 10 jours préconisé dans les recommandations du Pr Jean-Pierre Grünfeld, à l’initiative du Plan Cancer 2. Le Plan Cancer propose d’augmenter le parc d’IRM à 12 machines/million d’habitants d’ici 2013, soit 39 machines supplémentaires, dans les 10 régions ayant la mortalité la plus élevée par cancers et de modifier les SROS de 3ème génération pour intégrer l’objectif de 10 machines IRM/million d’habitants dans chaque région en mars 2011, soit 74 machines supplémentaires par rapport aux SROS actuels. L’IRM au cœur de la prise en charge du cancer La situation est encore plus préoccupante dans les 10 régions où les taux de mortalité par cancer sont les plus élevés : 34 jours de délais d’attente moyen dans les 10 régions ciblées par le Plan Cancer (50 % de la population française) 39,3 jours dans les 9 régions hors IDF (30 % de la population française) 44,7 jours dans 6 régions sur 10 (18 % de la population française) Ces délais illustrent à la fois le sous-équipement et les disparités territoriales existantes, en matière d’accès aux IRM. Parmi ces dix régions, aucune ne se rapproche de l’objectif de délai d’attente de 10 jours. 4 Si l’on exclut l’Ile de France, la situation de ces régions est en fait plus défavorable que la moyenne nationale avec un délai moyen de plus de 39 jours. Et pour six d’entre elles, le délai d’attente moyen atteint plus de 44 jours avec un taux d’équipement très en dessous de la moyenne nationale. Un décalage flagrant et persistant avec nos voisins européens Le retard en matière d’équipements IRM ne cesse de se creuser alors que la France se place déjà en queue de peloton des pays voisins, avant-dernière devant la Turquie, avec 8,7 IRM par million d’habitants. Même en atteignant les objectifs du Plan Cancer 2, la France ne progresserait que d’une place. La moyenne européenne, incluant des pays dont le niveau économique est nettement moins élevé qu’en France, s’élève à 17 appareils par million d’habitants. Avec 543 IRM installées et un accroissement moyen de 8 % par an, la France reste 2 fois moins équipée aujourd’hui que le reste de l’Europe. Les besoins médicaux ne cessent pourtant d’augmenter Le vieillissement de la population s’accompagne d’une augmentation de l’incidence de certaines pathologies faisant naître de nouveaux besoins. La mise en application des bonnes pratiques médicales encourage également l’examen IRM dans la prise en charge des patients, de l’examen diagnostique au suivi thérapeutique. On constate ainsi la croissance continue des indications de l’IRM en cancérologie, neurologie et cardiologie. Avec une progression de 14 % chaque année, un élargissement du parc IRM de moins de 10 % peut tout juste compenser cette augmentation des besoins mais en aucun cas, permettre de réduire les délais d’attente, et/ou les inégalités régionales. 5 Un effort important et soutenu permettrait de réduire les délais d’attente… comme le montrent certaines régions Les exemples des régions Rhône-Alpes et Nord-Pas-de-Calais, représentant 16 % de la population française, montrent qu’un effort d’équipement IRM important (15/20 % de plus par an) et soutenu, permet de réduire les délais de rendez-vous de façon significative. Ces régions qui investissent durablement ont ainsi accru leurs parcs d’IRM de 30 à 40 % et ont vu leurs délais d’attente se réduire de 8 jours. L’Ile de France poursuit également, depuis plusieurs années, une politique d’équipement ambitieuse et efficace, lui permettant ainsi d’atteindre le taux d’équipement le plus élevé de France (11 IRM/million d’habitants) et un délai de rendez-vous inférieur à 25 jours. D’autres, comme la Haute-Normandie, le Poitou-Charentes, l’Auvergne, la région PACA et l’Alsace n’ont pas ou peu fait évoluer leur parc et voient leurs délais de rendez-vous se dégrader fortement. Le retard persiste, sans réel plan de rattrapage… Avec 34,6 jours, les délais moyens ne s’améliorent pas et sont proches du pire score relevé en 2004 (36,1 jours). Les inégalités régionales d’accès aux soins subsistent et 6 régions voient leur délai s’allonger fortement. D’autre part, 6 régions (soit 18 % de la population) qui comptent les plus fort taux de mortalité par cancer, ont en moyenne un délai de 44,7 jours. Les objectifs du Plan Cancer 2 fixant 12 installations IRM par million d’habitants début 2013, soit un accroissement des IRM installées de 8 % par an, ne permettront pas de diminuer les délais d’attente de rendez-vous d’IRM et ne couvriront pas les besoins médicaux définis. Les efforts demeurent insuffisants pour répondre aux recommandations de pratique actuelle et pour corriger une situation de sous-équipement qui se pérennise. Un effort ambitieux, continu, doit être conduit sur plusieurs années, soutenu par une volonté médicale et politique forte au niveau national et régional. C’est incontestablement l’accès aux meilleurs soins pour tous qui est en cause et les carences entraînent une perte de chance pour les patients. Si l’on veut vraiment réduire les délais d’attente en cancérologie, si l’on veut supprimer les inégalités régionales, si l’on veut assurer une prise en charge efficace des AVC, alors il faudrait doubler le rythme annuel de croissance des équipements IRM pour voir l’indicateur des délais de rendez-vous bouger. Il conviendrait de maintenir l’effort pendant 5 ans pour se rapprocher de l’objectif de 10 jours et rattraper ainsi la moyenne européenne actuelle, soit plus de 15 IRM par million d’habitants et au moins 900 IRM en France métropolitaine. Service de presse et communication : MHC Communication Marie-Hélène Coste / Audrey Raverdy Tél. : 01.49.12.03.40 - Fax : 01.49.12.92.19 [email protected] 6