GUIDE D’ACCOMPAGNEMENT Outil de dépistage des principaux troubles desservis par les Services adaptés de niveau collégial Par Sophie Campbell, conseillère en services adaptés au CCSI-Est Anne-Sophie Van Nieuwenhuyse, conseillère en services adaptés au Cégep Sainte-Foy 10 avril 2015 Remerciements Nous tenons à souligner la contribution de plusieurs personnes à ce projet de détection et de dépistage. Leur expertise, leur parcours, leur domaine et leur vision ont alimenté nos discussions, ont enrichi nos réflexions et, nous l’espérons, nous ont permis de développer une démarche inclusive au cours de laquelle chaque intervenant engagé pourra apporter son éclairage et ainsi permettre aux étudiants à risque d’être dépistés. Merci à Stéphane Fortier du Pavois, à Richard Langlois de l’Agir, à Denise Larouche, psychologue et conseillère en orientation, à JeanFrançois Charron, psychologue au Cégep de La Pocatière, à Annick Vincent, psychiatre, à Sara Savoie, orthopédagogue et conseillère en orientation à l’UQAM et au cégep Édouard-Montpetit, et à Yvon Blais, orthophoniste. Page 2 Détection et dépistage – Guide d’accompagnement – SC et ASV – version 1.1 avril 2015 Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est du Québec Outil de dépistage des principaux troubles desservis par les Services adaptés de niveau collégial Prologue Parmi les différents mandats des Centres collégiaux de soutien à l’intégration (CCSI), celui de rendre disponibles des outils pouvant soutenir l’intégration scolaire dans les collèges de l’ensemble du réseau québécois nous interpelle tout particulièrement. En effet, la hausse constante d’étudiants à besoins particuliers et aux parcours atypiques nous amène à nous interroger sur nos responsabilités partagées en matière de soutien pour ces étudiants que nous avons admis, mais qui peinent à s’adapter à la réalité collégiale. Comme nous considérons qu’un collège est une communauté éducative (il mobilise ses acteurs, mise sur le partage de leurs connaissances, sur la qualité de leurs relations avec les étudiants pour faciliter leur intégration, soutient leurs apprentissages et les place sur la voie de la réussite), nous avons conçu des outils de détection et de dépistage qui les mettent à contribution. Évidemment, le rôle que peut occuper chacun de ces acteurs dans le processus de détection et de dépistage est tributaire de nombreux facteurs tels que les fonctions exercées au sein du collège, les liens établis avec l’étudiant, les connaissances et les compétences acquises en relation d’aide ou en intervention en cas de crise. Peu importe ce qui nous caractérise, nous pouvons tous contribuer à la détection et au dépistage de troubles pouvant expliquer les difficultés traversées par nos étudiants et ainsi faire un pas de plus vers leur persévérance scolaire et, ultimement, leur diplomation. Introduction Ce guide d’accompagnement a été créé dans le but de soutenir les intervenants qui souhaitent utiliser l’outil de dépistage des principaux troubles desservis par les Services adaptés au niveau collégial conçu par le Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est du Québec. Ce dernier s’insère dans une démarche écosystémique de détection et de dépistage d’étudiants collégiaux pouvant potentiellement être atteints d’un trouble d’apprentissage ou de santé mentale. Ainsi, il rappelle les principales étapes menant à l’administration de l’outil en précisant les agents qui peuvent être impliqués à chacune d’elles, mais surtout, il explique en détail la passation de chacune des fiches intégrées à l’outil de dépistage. Il est important de préciser que toutes les fiches touchant l’apprentissage sont des fiches originales alors que les fiches liées à la santé mentale sont des fiches qui recensent des outils existants. Cette distinction annonce deux manières de procéder, mais nous avons tenté, dans les deux cas, à travers ce guide, de vous accompagner pas à pas afin que la démarche que vous entamez avec votre étudiant soit à la fois simple et rigoureuse. Bonne lecture! Mise en garde Dès le début de la démarche de dépistage, il est d’une grande importance d’aviser l’étudiant des finalités d’une telle démarche. En effet, il est impératif de lui mentionner que les outils utilisés ne vous permettront pas de poser un diagnostic, car selon le Code des professions, seul un médecin peut le faire. D’autres spécialistes, toujours selon le Code des professions, peuvent conclure et attester d’une condition ou d’un trouble. Pour une meilleure compréhension, vous pouvez même lui lire que selon le MEESR, le dépistage « vise à départager les personnes qui sont probablement atteintes d’un trouble non diagnostiqué ou d’un facteur de risque d’un trouble, des personnes qui en sont probablement exemptes. Le dépistage n’est pas une activité réservée, mais il se fait à travers un processus systématisé par un professionnel de l’établissement. L’intervention de dépistage en elle-même ne permet pas de poser le diagnostic ou d’attester un trouble ou une maladie. Les personnes pour lesquelles le résultat du dépistage s’avère positif sont orientées vers un professionnel habilité par le Code des professions afin qu’une investigation complémentaire soit effectuée. ». Ainsi, vous annoncez clairement à l’étudiant que vous pourrez seulement, à la fin de la démarche, formuler une hypothèse. En résumé, vous infirmerez ou confirmerez la présence d’un potentiel trouble chez l’étudiant. Il lui appartiendra, par la suite, de poursuivre ou non ses démarches avec un professionnel. C’est la raison pour laquelle nous vous recommandons de faire signer le formulaire de consentement à l’étudiant dès le début de la démarche de dépistage (voir annexe). Détection et dépistage – Guide d’accompagnement – SC et ASV – Version 1.1 10 mars 2015 Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est du Québec Page 1 Première étape : repérer nos agents Nous sommes tous préoccupés par le bien-être et le rendement de nos étudiants. Bien des agents ont observé qu’un étudiant n’allait pas bien avant que celui-ci se retrouve à demander de l’aide à un conseiller en services adaptés. Qui sont ces agents de détection et de dépistage? Dans quelles circonstances observent-ils des indices? Récoltent-ils des traces des difficultés de notre étudiant? Cette section vous propose de les identifier, les contextualiser et surtout les solliciter dans cette démarche débutée par l'étudiant en difficulté avec vous. Les agents de détection et de dépistage sont plus nombreux qu’on ne le pense et surtout plus au fait qu’on ne pourrait l’imaginer. En effet, plusieurs d’entre eux fréquentent l’étudiant hebdomadairement et même, dans certains cas, quotidiennement. Ils échangent avec lui, le voient en interaction avec ses pairs, le lisent et l’évaluent. Ils représentent donc une ressource précieuse de renseignements et peuvent devenir de véritables partenaires des Services adaptés. Voici quelques-uns de ces agents et l’environnement rendant propices la détection et le dépistage. Détection L’enseignant (durant les cours, les examens, les laboratoires, les stages, les consultations à son bureau, etc.); L’API (en consultation dans son bureau); Les professionnels tels que les conseillers en orientation, les psychologues, etc. (en consultation dans leur bureau); L’éducateur spécialisé (en consultation dans son bureau, durant les cours, les laboratoires, les stages); Le tuteur (en consultation et pendant le travail au centre de tutorat); Le conseiller en services adaptés (en consultation dans son bureau); Les intervenants socioculturels. Sans compter la présence de tous ces agents dans les endroits publics que fréquente l’étudiant (bibliothèque, cafétéria, centre de conditionnement physique, etc.). Dépistage L’enseignant (durant les cours, les examens, les laboratoires, les stages, les consultations à son bureau, etc.); L’API (en consultation dans son bureau); Le conseiller en services adaptés (en consultation dans son bureau); Les autres professionnels tels que les conseillers en orientation, les psychologues, etc. (en consultation dans leur bureau). Il est donc essentiel, dans un premier temps, d’identifier les agents qui sont les plus susceptibles de nous informer sur les difficultés rencontrées par l’étudiant et, dans un deuxième temps, d’inviter ceux-ci à compléter certaines sections de l’outil de dépistage rendant ainsi notre travail de conseiller en services adaptés plus efficient, s’ils se sentent à l’aise de le faire, bien entendu. Chaque section réserve un espace à cet effet. Deuxième étape : préparer la rencontre Le temps dont nous disposons en présence de notre étudiant est souvent limité. Afin de maximiser ce temps de consultation, il est suggéré de recueillir toute information pouvant soutenir la démarche de dépistage (autoévaluation des symptômes, relevé de notes, travaux écrits de l’étudiant, plans d’intervention, rapports d’évaluation dont possède l’étudiant ou sections de l’outil de dépistage déjà complétées par un autre agent du collège). Cela nécessite donc d’informer préalablement l’étudiant des documents requis ou, à tout le moins, aidant à votre rencontre. Page 2 Détection et dépistage – Guide d’accompagnement – SC et ASV – version 1.1 avril 2015 Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est du Québec Il est difficile d’évaluer le temps nécessaire à la rencontre. L’outil a été conçu de manière à cibler les principales difficultés relevées par l’étudiant et les autres agents. Plus les difficultés seront évoquées, plus les fiches à l’intérieur de l’outil devront être utilisées, et donc, plus de temps devra être calculé pour la rencontre. Dans un contexte idéal, vous pourriez, au cours d’une même rencontre, compléter les différentes fiches, analyser sommairement les résultats avec l’étudiant et l’orienter vers des ressources appropriées. Nous vous recommandons de lire toutes les fiches de l’outil de dépistage ainsi que le présent guide d’accompagnement avant d'amorcer votre première démarche de dépistage; vous vous sentirez ainsi plus en contrôle lors de votre entretien avec l’étudiant et vous pourrez mieux gérer les imprévus. Vous pourrez également sélectionner certaines fiches dont vous aurez besoin lors de l’entretien en fonction du motif de référence. Prévoyez photocopier les fiches et les textes (complémentaires à la section Lecture) pour votre étudiant et placez à sa disposition des feuilles lignées pour sa production écrite (nécessaire à la section Écriture). Enfin, vous pourrez remettre à l’étudiant, avant votre rendez-vous officiel, le questionnaire d’autoévaluation des symptômes, s’il ne l’a pas déjà reçu de la part d’un autre agent. Cette autoévaluation a pour but de dresser un portrait rapide de la problématique. En résumé, cette autoévaluation donnera une direction à votre entretien. Devrez-vous investiguer du côté de l’apprentissage, du côté de la santé mentale ou les deux? Troisième étape : questionner l’étudiant Lorsque vous êtes en présence de l’étudiant, il est recommandé de commencer l’entretien par les éléments identifiés dans la « Fiche d’identification de l’étudiant » soit le motif de référence, la symptomatologie rapportée, les antécédents personnels et familiaux et la condition physique associée. Cette information est essentielle pour orienter votre démarche de dépistage et permette une analyse différentielle, notamment en ce qui a trait à la présence ou non d’un problème de santé mentale. Par la suite, il peut être intéressant de regarder le questionnaire d’autoévaluation avec l’étudiant pour recueillir ses précisions et commentaires. Cet outil vise à dresser un portrait rapide de la situation problématique et ainsi orienter la démarche de dépistage. Il est inspiré d’un outil déjà existant et validé dans le domaine de la santé 1. Selon l’analyse, vous serez en mesure de préconiser les fiches se rapportant aux troubles d’apprentissage ou celle faisant référence à la santé mentale. À titre indicatif : plus l'étudiant a coché d'éléments dans la section « En général , à l'école », plus il est recommandé de procéder à une démarche de dépistage de potentiels troubles d'apprentissage; lorsque l’étudiant identifie des réponses positives (score de 4 ou plus) aux trois premiers items de la section Symptômes (perte d’intérêt, tristesse/dépression, anxiété), il faut procéder à une démarche de dépistage plus pointue de la santé mentale notamment en ce qui touche la dépression et l’anxiété2; plus l’étudiant identifie des impacts dans la base de sa pyramide (section rouge de la Pyramide de Maslow), plus le dysfonctionnement, s’il en est un, semble important. Il est alors recommandé de procéder à une démarche de dépistage de la santé mentale. 1 2 Groupe d’action pour l’expérience globale du cancer. Bultz, B., Carison, L., Dudgeon, D., Fillion, L., Fitch, M., Groff, S., Howell, D., Howes, J., Linden, W., Mayer, C., Nicoll, I., Roseberger, Z., Sellick, S. et Thomas, B. (2009). Guide d’implantation du dépistage de la détresse, le 6ieme signe vital. CHUQ. Howell D., Keller O.S., Oliver T., Hack T., Broadfield L., Biggs K., Chung J., Esplen M.J., Gravelle D., Green E., Gerin-Lajoie C., Hamel M., Harth T., Johnston P., Swinton N., Syme A. 2010. Guide pancanadien de pratique : dépistage, évaluation et prise en charge de la détresse psychosociale (dépression, anxiété) chez les patients adultes atteints d’un cancer, Toronto: Partenariat canadien contre le cancer (Groupe d’action pour l’expérience globale du cancer) et Association canadienne d’oncologie psychosociale. Détection et dépistage – Guide d’accompagnement – SC et ASV – Version 1.1 10 mars 2015 Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est du Québec Page 3 Un résultat de 4 ou plus au thermomètre de détresse indique des signes cliniques de détresse d’intensité modérée ou sévère3. Il est alors fortement recommandé de procéder à une démarche de dépistage de la santé mentale. DÉROULEMENT ET ANALYSE DES FICHES : TROUBLES D’APPRENTISSAGE Fiche 1 – Motivation aux études (déroulement) Ces fiches sont, d’une certaine façon, la porte d’entrée pour tous les types de difficultés reliées à l’apprentissage. Nous vous recommandons donc de la compléter systématiquement. Pour chacun des aspects abordés, l’étudiant a un choix à faire entre deux options (1 ou 2). Évidemment, votre étudiant aura tendance à vous dire que cela dépend des circonstances, que les deux options s’appliquent à sa situation; il faudra alors lui rappeler qu’il doit choisir une seule option. Vous pouvez utiliser des formules facilitantes telles que «De façon générale…», «Spontanément, que dirais-tu?». Vous posez les questions à l’étudiant et encerclez les réponses qu’il vous donne. Fiche 1 – Motivation aux études (analyse) Une fois que les questions ont toutes été répondues, vous pouvez calculer le nombre d’option « 1 » et le nombre d’option « 2 ». Plus le nombre d’option « 1 » est élevé, plus l’étudiant perçoit ses études collégiales comme une occasion d’apprendre et de grandir. Il y a alors de fortes chances que sa motivation aux études soit de l’ordre intrinsèque. À l’inverse, plus le nombre d’option «2 » est élevé, plus l’étudiant perçoit ses études comme un passage obligé pour obtenir une sanction, une diplomation. Nous sommes alors en présence d’une motivation plus extrinsèque. Bien que ces fiches ne nous permettent pas d’obtenir des données probantes sur des domaines précis (lecture, écriture, etc.), elles nous éclairent sur l’engagement actuel de l’étudiant envers ses études collégiales. Il se pourrait même que les difficultés d’un étudiant qui répond toujours (ou presque) l’option « 2 » résident dans l’envie de vivre d’autres expériences que scolaires, dans le fait qu’il n’ait pas fait le bon choix de programme, etc. Il est alors important d’amorcer une réflexion avec l’étudiant et de le diriger, si nécessaire, vers un conseiller en orientation ou autre professionnel pouvant l’aider dans sa réflexion et son cheminement. Fiche 2 – Modulation de l’attention (déroulement) Ces fiches sont simples à administrer, car il vous suffit de questionner l’étudiant sur différents aspects et d’encercler les choix de réponse de ce dernier. Fiche 2 – Modulation de l’attention (analyse) Ici, ce sont seulement des indices que nous recueillons. Plus le nombre d’option « oui » est élevé, plus les risques d’être en présence d’un trouble du déficit de l’attention sont élevés. Il faut alors diriger l’étudiant (à l’interne ou à l’externe) vers un professionnel habilité à poser un diagnostic de trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, en vertu du Code des professions ou d’une loi professionnelle particulière. 3 Howell et al., 2010. Guide pancanadien de pratique : dépistage, évaluation et prise en charge de la détresse psychosociale (dépression, anxiété) chez les patients adultes atteints d’un cancer, Toronto: Partenariat canadien contre le cancer (Groupe d’action pour l’expérience globale du cancer) et Association canadienne d’oncologie psychosociale. Page 4 Détection et dépistage – Guide d’accompagnement – SC et ASV – version 1.1 avril 2015 Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est du Québec Attention : l’étudiant a toujours l’option de répondre « parfois », et ce, pour la plupart des questions qui se trouvent sur l’ensemble des fiches. C’est une réponse dont on doit tenir compte bien évidemment, mais la notion de constance et de persistance est importante lorsque nous faisons du dépistage. Donc, sans écarter ces réponses dans la discussion que nous avons avec notre étudiant (est-ce, par exemple, le manque de sommeil qui expliquerait cette réponse, le manque d’intérêt pour le sujet abordé, etc.?), elles ne doivent pas être comptabilisées au même titre que les options « oui » ou « non ». Fiche 3 – Lecture (déroulement) Ces fiches proposent d’investiguer davantage les difficultés en lecture rapportées par l’étudiant ou un autre agent. Les premières questions vérifient s’il y a suffisamment d’indices nécessitant une investigation plus approfondie. Si tel est le cas, nous poursuivons les questions afin d’accumuler des traces. À cette étape, il est important d’avoir sous la main le texte proposé (voir en annexe le texte d’opinion publié dans La Presse + intitulé Fouille-moi!) ou un autre texte que vous jugerez adéquat pour observer les indices et analyser les traces contenues dans les fiches, car vous devrez le soumettre à votre étudiant. Idéalement, vous en aurez fait des copies. Il est essentiel d’avoir lu les questions préalablement, celles-ci guideront votre écoute lorsque l’étudiant lira à voix haute le texte. Vous pourrez également annoter le texte pour être en mesure de répondre aux questions demandées, car c’est vous qui compléterez cette section. Vous pourrez par contre faire part de vos observations à votre étudiant afin de le conscientiser tout au long de la démarche de dépistage et valider que les difficultés relevées lors de l’exercice de lecture sont des difficultés récurrentes chez lui. Fiche 3 – Lecture (analyse) Une fois toutes les questions répondues, vous pouvez calculer le nombre d’option « oui » et le nombre d’option « non ». Plus élevé est le nombre d’option « non » à la première section (vérifions les indices) plus il est nécessaire de recueillir des traces (section collectons les traces). Enfin, plus l’étudiant a obtenu un nombre élevé d’option « non » (indices) et plus il a obtenu un nombre élevé d’option « non » (traces), plus les risques d’être en présence d’un trouble de la lecture sont élevés. Il faut alors diriger l’étudiant (à l’interne ou à l’externe) vers un professionnel habilité à poser un diagnostic ou conclure à un trouble de la lecture en vertu du Code des professions ou d’une loi professionnelle particulière. Fiche 4 – Communication orale (déroulement) À l’aide des quatre premières questions, nous vérifions la présence d’indices. Si l’option « oui » est choisie plusieurs fois par l’étudiant, il est encore plus important de poursuivre les questions permettant de récolter des traces. Pour ces questions, vous aurez besoin de converser avec l’étudiant (il faut le faire parler). Pour ce faire, vous pouvez choisir un sujet qui, selon vous, pourrait intéresser l’étudiant ou vous tourner vers les sujets suivants qui ont été validés auprès d’étudiants collégiaux : ses aspirations professionnelles, son utilisation des réseaux sociaux ou ses allégeances politiques. À nouveau, nous vous recommandons de prendre connaissance des questions auxquelles vous aurez à répondre suite à votre conversation avec l’étudiant. Calculez environ 10 à 15 minutes de conversation; cette durée devrait vous permettre de récolter suffisamment de traces. Fiche 4 – Communication orale (analyse) Plus l’étudiant a obtenu un nombre élevé d’option « oui » (sections indices et traces), plus les risques d’être en présence d’un trouble d’apprentissage de l’ordre de la communication orale (traitement langagier) sont élevés. Il faut alors diriger l’étudiant (à l’interne ou à l’externe) vers un professionnel habilité à poser un diagnostic ou conclure à un trouble du langage en vertu du Code des professions ou d’une loi professionnelle particulière. Détection et dépistage – Guide d’accompagnement – SC et ASV – Version 1.1 10 mars 2015 Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est du Québec Page 5 Fiche 5 – Écriture (déroulement) Les fiches liées à l’écriture consistent, dans un premier temps, à recueillir des indices à l’aide de questions posées à l’étudiant et, dans un deuxième temps, à analyser et corriger un texte produit par votre étudiant pour récolter des traces. Ainsi, après avoir posé les premières questions visant la cueillette d’indices, vous invitez l’étudiant à rédiger un texte argumentatif portant sur un sujet d’actualité. Vous lui mentionnez qu’il a 30 minutes à sa disposition pour produire et corriger son texte. Il est important, ici, d’évaluer l’écriture spontanée de l’étudiant, la rédaction doit donc se faire en présentiel. Vous pouvez mettre à la disposition de l’étudiant des ouvrages de référence tels qu’un dictionnaire, une grammaire, etc. Si l’étudiant fait un plan ou rédige un brouillon, récupérez-les; ces documents vous permettront de valider certaines questions. Fiche 5 – Écriture (analyse) De toutes les fiches, ce sont celles qui prendront le plus de temps à analyser, car vous devrez forcément corriger la rédaction de votre étudiant à moins que vous ayez un partenaire parmi les autres agents (tuteur au centre d’aide en français écrit, enseignant de français, etc.) qui peut en faire une première correction. Vous devrez corriger ou vérifier la correction de l’autre agent en mettant l’accent sur les aspects soulevés par les questions de la fiche. Nous avons fait le choix de ne pas joindre une grille d’autocorrection laissant aux agents la liberté d’utiliser leur propre grille. Par contre, il va de soi que la grille choisie doit tenir compte des aspects qui sont soulevés dans les questionnements des fiches d’écriture. Une fois toutes les questions répondues, vous pouvez calculer le nombre d’option « oui » et le nombre d’option « non ». Plus élevé est le nombre d’option «oui » (vérification d’indices), plus il est nécessaire de recueillir des traces. Dans la deuxième section « Collectons des traces », plus l’étudiant a obtenu un nombre élevé d’option « non » plus les risques d’être en présence d’un trouble de l’écriture sont élevés. Il faut alors diriger l’étudiant (à l’interne ou à l’externe) vers un professionnel habilité à poser un diagnostic ou conclure à un trouble de l’écriture en vertu du Code des professions ou d’une loi professionnelle particulière. DÉROULEMENT ET ANALYSE DE LA FICHE : SANTÉ MENTALE Fiche 1 - Hygiène de vie (déroulement) Cette fiche peut être utilisée par les professionnels soucieux d’évaluer plus en détail la situation de vie de l’étudiant avant de procéder à un dépistage ciblé d’une problématique en santé mentale (pour ce faire, vous pouvez vous référer à la « Trousse d’outils pour le dépistage de la santé mentale chez les étudiants de niveau collégial »). Pour administrer la fiche, il vous suffit de questionner l’étudiant sur les différents aspects abordés et d’encercler les choix de réponse de ce dernier. Notez qu’ici, seuls des indices sont recueillis. Fiche 1 - Hygiène de vie (analyse) L’analyse de l’outil est simple : plus le score de «oui» est élevé, plus l’hygiène de vie de l’étudiant est déficitaire. Ces résultats indiquent donc un déséquilibre en ce qui concerne le fonctionnement personnel, social ou occupationnel de l’étudiant. Notez que cette fiche ne peut préciser la nature et l’intensité de la problématique. Elle permet uniquement de mettre en lumière la présence ou non de facteurs de risque associés à un problème de santé mentale. Un score élevé de « oui » devrait donc mener à un dépistage plus ciblé de la santé mentale notamment pour ce qui est de l’anxiété et de la dépression (pour ce faire, voir « Trousse d’outils pour le dépistage de la santé mentale chez les étudiants de niveau collégial »). À titre indicatif, une évaluation plus poussée d’un trouble de santé mentale devrait être envisagée lorsque la personne rapporte des symptômes de détresse psychologique d’intensité modérée ou élevée qui engendrent des répercussions sur son fonctionnement personnel, social ou occupationnel (Organisation mondiale de la Page 6 Détection et dépistage – Guide d’accompagnement – SC et ASV – version 1.1 avril 2015 Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est du Québec santé, 2005)4. Plus qu’un problème passager ou qu’une difficulté psychosociale d’adaptation, ces difficultés tendent à se cristalliser dans le temps, à se généraliser aux différents contextes de vie de l’étudiant et à devenir de plus en plus handicapants. Les difficultés ne sont pas mieux expliquées par une condition médicale sous-jacente. Il est alors essentiel de diriger l’étudiant vers un professionnel habilité, pour une évaluation détaillée de sa santé mentale. Quatrième étape : la référence Comme nous l’avons mentionné à chacune des étapes de l’analyse de réponses, lorsque vous avez récolté suffisamment d’indices et de traces vous permettant d’envisager un trouble potentiel chez votre étudiant, une discussion devrait s’amorcer entre vous; d’abord, pour lui faire part des résultats qu’il a obtenus (vous pouvez même lui faire une copie du bilan), et ensuite, pour envisager avec ce dernier ses différentes options. Cette étape est cruciale dans la démarche de dépistage, car l’étudiant a encore besoin de vous! En effet, plusieurs émotions pourraient survenir chez l’étudiant après l’annonce des résultats et, de sentir que vous êtes là et que vous pouvez l’accompagner pour la suite de sa démarche est à la fois rassurant et important. C’est pourquoi vous devez avoir recensé préalablement les différentes ressources externes qui pourront poursuivre le travail d’investigation que vous avez amorcé (une liste de professionnels et de leurs coordonnées est fort aidante pour l’étudiant). N’hésitez pas à prendre des nouvelles de votre étudiant quelques semaines plus tard afin de savoir comment il va, où il en est dans ses démarches, etc. Peu importe les aboutissements de la démarche de votre étudiant, sachez que pendant le bout de chemin que vous avez parcouru avec lui, il s’est senti moins seul… Conclusion Nous espérons que la démarche de détection et de dépistage des principaux troubles desservis par les Services adaptés au niveau collégial que nous vous avons proposée facilitera l’accomplissement de cette mission que vous a confiée le Ministère. Nous savons que plusieurs collèges ont mis sur pied de formidables projets, de formidables outils en lien avec la détection et le dépistage. Aussi, nous souhaitons que la présente démarche s’insère ou bonifie ce qui est déjà fait dans votre collège. Rappelez-vous que vous pouvez compter sur plusieurs agents et que cette tâche n’incombe pas qu’à vous-même. D’ailleurs, la révision du Code des professions privilégie l’interdisciplinarité; nous croyons effectivement que c’est en travaillant de concert que nous pourrons réaliser cette importante mission… 4 OMS, Politiques et plans relatifs à la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent, Genève, OMS, 2005, p. 2. Détection et dépistage – Guide d’accompagnement – SC et ASV – Version 1.1 10 mars 2015 Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est du Québec Page 7 Références BOUTARD, Corinne, Isabelle CLAIRE et Laurent GRETCHANOVSKY. Le vol du P.C. évaluation du fonctionnement de la lecture chez les sujets de 11 à 18 ans, Ortho édition, 2006. Centre de formation des conseillers en orientation et psychologues. Eclats-16 +, Université de Provence AixMarseille I, 2011. Centre de formation des conseillers en orientation et psychologues. Évaluation des compétences de lecture chez l’adulte de plus de 16 ans, Université de Provence Aix-Marseille I. Collectif. Déceler un étudiant et le référer…, Cégep de Sainte-Foy. Collectif. Questionnaire pour t’aider à mieux comprendre tes difficultés, Cégep de Sainte-Foy. Collectif. Questionnaire sur le TDA/H étudiant avec difficultés d’attention, agitation ou problèmes de comportement, Cégep de Drummondville. DESLAURIERS, Lucie et Carole BOUDREAU. Évaluation orthopédagogique de la lecture et de l’écriture de jeunes étudiants adultes, Presses de l’Université du Québec, 2010, 48 pages. DION, Marie-Christine. Déceler un étudiant et le référer… Cégep de Jonquière. Éducation-Outaouais. Cadre d’organisation régional pour les élèves ayant des troubles spécifiques d’apprentissage, DÉDAL, 2000. EDUTIC Mauricie. Les processus métacognitifs, Université du Québec à Trois-Rivières. [En ligne]. 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