CONSEIL CONSULTATIF REGIONAL DE LA MER
PROVENCE-ALPES-COTE D’AZUR
Réflexions sur le livre vert
« Adaptation au changement climatique en Europe:
les possibilités d’action de l’Union Européenne »
Référence :
Bruxelles, le 29.6.2007, COM (2007) 354 final
Hôtel de Région 27 place Jules Guesde 13481 MARSEILLE Cedex 20
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Avant-propos : contexte de cette réflexion
Le changement climatique est une préoccupation majeure au plan international. De
nombreuses réflexions sont menées parmi lesquelles les effets de ce changement et les
adaptations nécessaires afin de permettre aux sociétés de s’adapter.
Le livre vert porte sur la politique européenne d’adaptation à ce changement.
La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur engage un projet de charte du littoral de Provence
Alpes Côte d’Azur. Dans cette perspective la Région a demandé au Conseil Consultatif
Régional de la Mer de contribuer à ce projet par ses réflexions.
On sait que le changement climatique aura des conséquences importantes sur les territoires en
particulier le littoral : évolution des côtes, inondations côtières, perturbations des écosystèmes
(biodiversité, ressources vivantes, fonctionnement), secteurs socio-économiques (habitat,
professions de la mer, tourisme, …)
C’est au croisement de ces deux thèmes que se situe principalement cette réflexion.
Réflexion préliminaire
L’analyse du Conseil Consultatif Régional de la Mer a porté sur les propositions d’adaptation
au changement climatique, objet du document européen. Cependant il convient d’attirer
l’attention sur l’importance des politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
En effet le livre vert se place dans la perspective d’une hausse relativement modérée des
températures (2°C) en phase avec une nette réduction de ces émissions dans les décennies à
venir conformément aux décisions prises lors du Conseil de l’Union Européenne début 2007.
Si par contre les émissions continuaient de croître au rythme actuel le climat pourrait alors
être modif de façon dangereuse entraînant des coûts considérables.
Il faut donc souligner l’importance des politiques de développement durable en particulier
dans les domaines de l’habitat, des transports (collectifs, ferroutage, « autoroutes de la mer »-
avec des navires à rejets réduits-), des énergies sans émissions de gaz à effet de serre, etc.
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La Méditerranée est une zone où les enjeux des effets du changement
climatique sont particulièrement importants.
La Méditerranée est une mer quasi fermée, sensible, fragile. Elle présente une faune et une
flore exceptionnellement riche en nombre d'espèces. Elle est soumise à des pressions
nombreuses auxquelles s’ajoutent les conséquences du changement climatique. Elles sont des
menaces pour le milieu marin, en particulier pour les écosystèmes, et qui entraînent des
répercussions considérables sur l’économie et l’environnement.
Compte tenu des évolutions climatiques et de l’accroissement des populations côtières,
l’adaptation des zones littorales sera un enjeu majeur en Méditerranée.
On trouvera en annexe un survol rapide de ces effets en particulier en Méditerranée:
accroissement de la température, élévation du niveau de la mer (inondation, accroissement de
l’énergie des vagues, érosion des côtes, pénétration de l’eau salée dans les aquifères), effets
sur les écosystèmes, modification du débit des fleuves, effets socio-économiques, impacts sur
l’aquaculture et la pêche.)
Le livre vert cite les effets principaux sur le littoral mais il ne met pas assez l’accent sur
les conséquences sur le milieu marin et la biodiversité.
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’adaptation au changement
climatique
On distinguera les actions au plan national des actions internationales bien que les
expériences conduites en région puissent faire l’objet de coopérations internationales.
Sur le plan national, la Région apparaît bien placée pour organiser la concertation
avec les nombreux acteurs concernés par l’aménagement de l’espace en particulier
pour intégrer les mesures d’adaptation au changement climatique.
La Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) est particulièrement appropriée pour
parvenir à concilier développement économique et adaptation au changement climatique
d’autant plus que les zones côtières seront particulièrement exposées aux risques liés au
changement climatique.
Une des pistes pour le littoral, en s’appuyant sur la base du découpage en zones
homogènes (unités géographiques du littoral
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), mise en œuvre sur la façade méditerranée
française par l’Agence de l’Eau RMC, consiste à rendre cohérentes les approches de la
vulnérabilité, sur les territoires. Pour chacune de ces « Unités Cohérentes de Gestion » il
faudrait rassembler les projections du changement climatique : estimations de l’élévation du
niveau marin, conséquences de cette élévation, évolution de l’érosion, évaluation des
phénomènes de tempête, état et évolution des écosystèmes. Des scénarios sur les incidences
socio-économiques et les stratégies d’adaptation permettraient d’éclairer les choix entre les
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Le littoral, considéré comme une double frange terrestre et marine, a été découpé en 50 zones homogènes,
Chacune des 50 unités territoriales ainsi délimitées est caractérisée selon quatre critères : physique, écosystèmes,
aménagements et activités humaines, apports et qualité du milieu.
L'objectif de ces zones à vocation de gestion l'image des bassins versants des rivières), est de proposer une
échelle géographique permettant aux partenaires locaux, de mener une approche intégrée de la gestion, de la
restauration et de l'exploitation de la frange littorale. Pour chacune d'elles, des objectifs concernant la
préservation ou la restauration de la qualité des écosystèmes littoraux et le maintien des activités humaines, sont
inscrits dans des documents à valeur réglementaire (SDAGE, SAGE, contrat de baie, SMVM, documents
d'urbanisme divers, schéma de gestion.)
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zones à protéger et la création de nouvelles zones (sur des critères écologiques, patrimoniaux,
économiques…). Citons à titre d’exemple l’évolution des zones de delta qui vont être
soumises à des inondations plus fortes et plus fréquentes : va-t-on réaliser systématiquement
des ouvrages de protection (coûteux et pérennité hypothétique…) ou bien aménager ces zones
en lagunes en y développant des activités nouvelles?
Les aménagements et ouvrages qui seront issus de la démarche GIZC devraient faire
l’objet de projets innovants qui pourront s’appuyer sur l’expérience en génie côtier et en
environnement des pôles de compétitivité de PACA : « pôle mer » et «pôle risques ».
L’accent devrait être mis sur les échanges terre-mer:
La vision doit être large : le bassin versant devrait être complètement pris en compte en
amont et s’étendre en aval en mer largement au delà du littoral.
De même les échanges atmosphériques et marins sont importants
La gestion de l’eau doit tenir compte d’une part de la raréfaction de la ressource et d’autre
part des besoins croissants sur le littoral.
La sensibilisation des populations, la pédagogie, paraissent essentielles à l’acceptation
des mesures d’adaptation au changement climatique et donc à la réussite des programmes qui
seront menés. Les mouvements associatifs peuvent y contribuer, s’ils sont mobilisés et
soutenus, en particulier par la Région. En effet cette notion du changement climatique est
complexe et actuellement mal comprise. Les réflexions scientifiques et historiques sont
importantes dans le cadre de cette pédagogie. Des outils pédagogiques sont à construire. Les
associations pourraient être utilement associées aux projets soutenus par l’Union Européenne.
Sur le plan international, parmi les régions méditerranéennes, la région Provence-
Alpes-Côte d’Azur, pourrait développer des programmes transnationaux de mise
en place de coopération et d’échanges d’expériences à l’échelle du bassin.
Le livre vert propose que l’Europe s’appuie sur les régions pour l’échange de bonnes
pratiques. Il est recommandé que la région saisisse les opportunités des futurs programmes
(MED, VOISINAGE,…) pour mettre en œuvre ces coopérations avec les gions euro
méditerranéennes.
la Région Provence Alpes Côte d'Azur réunit aussi une grande diversité de situations
géographiques: zones montagneuses, des fleuves côtiers, dont le Rhône un des 4 grands
fleuves de la Méditerranée, des côtes rocheuses, une grande zone humide et lagunaire, des
îles…Cette situation naturelle remarquable conjuguée à sa position historique et à ses actions
dans les domaines des échanges économiques, de la recherche, de la formation, de la
coopération sont des atouts pour élaborer des réponses pour l’adaptation au changement
climatique, jouer un rôle pilote et proposer des projets en coopération.
Il serait intéressant que la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur participe aux
groupes de travail que la Commission envisage de mettre en place sur le changement
climatique
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Observations diverses sur le livre vert
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Cf § 5.4 du livre vert
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1.Recherche
Le livre vert pointe la nécessité d’améliorer la compréhension des phénomènes
climatiques en particulier en Méditerranée afin de réduire les incertitudes.
De nombreux axes de recherche sont nécessaires car il est évident que, faute de
connaissances, les projections des changements régionaux et locaux sont largement
insuffisantes
Au plan océanographique le GIS Oceanomed a mis en priorité le lancement d’un grand
chantier méditerranéen pour mieux comprendre les processus du changement climatique.
Un tel programme permettrait de mieux cerner les impacts du changement climatique et
d’effectuer des simulations plus réalistes. Ce chantier aurait toute sa place dans ce contexte en
coopération avec les équipes des chercheurs des pays du bassin méditerranéen. Un projet est
déjà en cours dans le cadre de l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR). Il s’agit de
MEDCHANGE
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, piloté par la Station Marine d’Endoume : « Evolution et conservation de la
biodiversité marine face au changement global: le cas des communautés à dominance
d'espèces longévives » de Méditerrannée. » Le 7èPCRD et les autres instruments MED,
VOISINAGE notamment devraient supporter cette initiative.
Un autre axe important concerne les apports en mer des bassins versants. En effet le
changement climatique aura des effets sur la pluviométrie (quantité et répartition sur l’année).
Il est probable que l’aridification du littoral impliquera la réduction des apports des fleuves
côtiers. Par ailleurs les projets de gestion de l’eau usée envisagent d’utiliser l’eau des stations
d’épuration pour l’arrosage réduisant ainsi également les apports à la mer. L’ensemble de la
réduction de ces apports entraînera une réduction des sels nutritifs dans le milieu marin, or la
méditerranée est une mer relativement pauvre en nutriments Il faudrait modéliser cet
ensemble afin de prévoir les conséquences et d’optimiser la gestion de l’eau. Il est évident
aussi que l’ensemble des pays méditerranéens est concerné et qu’un tel programme devrait
être réalisé en coopération euroméditerranéenne.
Le régime des vents sera affecté or l’influence du vent (forçage) est très important en
Méditerranée, notamment par l’interaction avec l’état de la mer (côtière en particulier) et par
le transport atmosphérique : polluants, éléments nutritifs etc.
L’impact des événements extrêmes sur les hydro-systèmes littoraux : tempêtes,
surcotes, évolution géomorphologique, …
2.Observatoires
Certaines régions méditerranéennes ont entrepris la création d’observatoires (Toscane,
Catalogne)
En Provence Alpes te d’Azur, notamment avec la participation d’OCEANOMED, il serait
intéressant de créer un observatoire scientifique qui comporterait tous les compartiments
intéressants, c'est-à-dire la mer évidemment, mais également les terres environnantes (bassin
versant) et l'atmosphère. Un tel observatoire devrait être conçu en réseau à l’échelle du bassin.
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