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références  philosophiques,  religieuses  et  par  conséquent  morales.  Les  références 
étant multiples, est-il possible de s’accorder sur les valeurs fondant l’action bonne ? 
Au centre de l’éthique il y a le souci de l’autre, de sa liberté, de ses intérêts et de ses 
droits.  C’est  ce  point  central  de  l’éthique  qui  nous  intéresse  tout  particulièrement 
dans ce mémoire.  
Le  problème  de  l’éthique  contemporaine  est  alors  de  voir  si  ce  que  l’on 
propose est probablement vrai, réalisable et raisonnablement sûr, si c’est là un moyen 
de  développer  un  marché  et  d’accumuler  des  richesses,  et  si  c’est  pour  autant  un 
bien ? Il faut se méfier de la réduction des valeurs immatérielles à leurs dimensions 
économiques  et  techniques.  Dans  une  discussion  d’ordre  éthique  il  faut  tenter 
d’introduire  de  la  rationalité  et  de  l’argumentation  plutôt  que  de  l’émotion  et  de 
l’idéologie. N’avons-nous pas déjà néanmoins commis cette erreur en agissant par 
impulsion et sous le coup de l’émotion lors de crises humanitaires ? 
L’éthique contemporaine subit d’importantes mutations. On fait de plus en 
plus appel aux philosophes pour réfléchir aux applications possibles de la morale 
dans  des  champs  aussi  différents  que  la technologie,  la  biologie,  la  médecine  ou 
même la politique. On fait appel à eux dans tous les domaines où se crée l’opinion, 
où se prennent des décisions. « Qu’il s’agisse de prendre position sur une législation 
destinée  à  réguler  l’usage  de  technologies  permettant  de  déterminer  les 
caractéristiques génétiques d’enfants à naître, de faciliter la décision d’une fédération 
sportive  sur  l’usage  de  produits  dopants  ou  de  conseiller  une  entreprise  sur  les 
mesures appelées par les  conséquences écologiques  de  ses activités,  les instances 
concernées s’attachent la coopération d’éthiciens chargés de guider leurs réflexions 
ou  d’évaluer  le  suivi  de  leurs  choix »
. « Ils  font  progresser  la  recherche 
philosophique sur des questions aussi radicales que celles de la distinction entre le 
Bien et le Mal, de la liberté et de la responsabilité des agents moraux ou des fins 
morales à poursuivre,  entre bonheur  et devoir,  par  les personnes  individuelles  ou 
collectives »
 ajoute encore Ludivine Thiaw Po Une.  Il ne fait alors aucun doute que 
les problèmes de choix,  ou  de responsabilité dans le  cadre de l’action humanitaire 
tireraient de nombreux enseignements de ces réflexions éthiques et permettraient de 
réfléchir à la façon de faire effectivement le bien là où l’on intervient. 
 
 Ludivine Thiaw-Po-Une, Questions d’éthique contemporaine, Stock, Les essais, Paris, 2006 
 (ibid)