La Gaule (ou les Gaules), en latin Gallia, est le nom donné par les

publicité
La Gaule (ou les Gaules), en latin Gallia, est le nom donné par les Romains aux territoires peuplés par les Gaulois, territoires qui
comprenaient la quasi-totalité de la France actuelle, la Belgique, le Luxembourg, le nord de l'Italie (Gaule cisalpine) et une partie de
l'Allemagne.
Étymologie
Les auteurs latins utilisent déjà le nom de Galli (« Gaulois »), pluriel de Gallus, habitants de la Gallia « Gaule », pour désigner les Celtes
installés en Gaule et en Galatie.
Le nom de Gallia est attesté pour la première fois chez Porcius Caton au iie siècle avant J. C, vers 168 environ, mais il est fort probable que
son emploi soit plus ancien. Cependant, c'est seulement avec la Guerre des Gaules de Jules César que ces concepts vont se diffuser
largement.
On ne connaît pas avec certitude l'étymologie du terme latin, homonyme du « coq » en cette langue, mais il pourrait être lui-même un
emprunt au celtique. Peut-être s'agit-il du terme galiā qui devait désigner la force, terme restitué d'après le vieil irlandais gal « fureur
guerrière », gallois gallud « pouvoir », breton galloud, idem1. Les galli serait donc « les forts » ou « les furieux ». Ce terme serait en outre
à l'origine des mots français jaillir et gaillard.
Ce n'est qu'à la Renaissance que le nom latin de Galli est associé à son homonyme gallus, coq, devenu ainsi l'animal emblématique de la
France lors de la redécouverte de nos ancêtres les Gaulois.
Les mots français Gaule et gaulois sont les traductions usuelles des mots latins Gallia, Gallus et Gallicus, mais ils n'en dérivent pas
directement.
En effet, l'étymologie des mots français est probablement différente. La source la plus vraisemblable est le terme par lequel les Germains
désignent des peuples non germaniques à l'origine, c’est-à-dire des Celtes ou des locuteurs de langue latine : walha (cf. Walh et les noms
anglais pour les territoires celtiques Wales et Cornwall)34. D'ailleurs, les significations de « gallois », de « gaulois » et de « celte » en
général sont données par les mêmes termes en ancien français. On trouve aussi le mot walois (avec le /w/ des dialectes septentrionaux) pour
désigner la langue d'oïl, mot équivalent de Welsche en dialecte alémanique. Aussi, galois au sens restreint d'« habitant de la Gaule » n'est-il
attesté qu'à la fin du xive siècle et « gaulois » semble une réfection à partir du terme Gaule, déjà attesté chez Wace .
Les termes latins Gallia, Gallus qui désignaient une réalité politique romaine auront disparu, lors de l'effondrement de l'Empire romain et
de la constitution de nouvelles entités politiques, notamment du Royaume des Francs. Les habitants vont dès lors se considérer comme
Franci vivant en Francia. Ce n'est que plus tard, avec la redécouverte du passé « gaulois », que les lettrés se serviront des termes Gaule et
Gaulois pour traduire les mots latins en français, sans que cela n'implique une filiation étymologique entre eux. Dans ce cas, il ne s'agit que
d'une simple ressemblance phonétique et sémantique.
La Gaule avant Jules César
Les Gaulois font leur apparition suite à la détérioration climatique de la fin de l'âge du bronze danois vers le Ve siècle av. J.-C., provoquant
alors des mouvements de population en provenance des régions bordant la Germanie qui était en pleine expansion et exerçait ainsi une
pression sur les peuples voisins (civilisation de La Tène), dont les Belges qui se mêlèrent alors aux populations celtiques jusqu'en
Armorique et en (Grande) Bretagne.
Jusqu'à la conquête romaine, de -58 à -51, le mot Gaules correspond à une aire culturelle et militaire fondée sur une centralité religieuse et
des fédérations de peuples alliés ou tributaires qui se comprenaient et se donnaient une origine commune6, ainsi que le montrent les
commentaires de l'antiquité et du haut Moyen Âge ; A contrario, la Celtique désigne — pour les archéologues — l'ensemble des territoires
peuplés par les Celtes historiques au deuxième Âge du fer dépassant le cadre de la seule Gaule (l’arrivée des premiers peuples celtiques en
Europe occidentale remontant au milieu du IIe millénaire av. J.-C.).
Le nom « Gaulois » ne désigne pas les individus habitants de ce territoire, mais les diverses cités unies dans les principales confédérations
(comme les Éduens ou les Arvernes) avec un statut d'allié, de tributaire ou d'invité (pour les peuples ou les éléments de peuples étrangers
formant une colonie ou bénéficiant d'un traité d'hospitalité). Lorsqu'elles ne les ont pas chassés ou massacrés, les cités gauloises ont
recouvert ou absorbé les peuples préexistants qui n'ont plus de droit de cité.
Une assemblée des Gaules (il s'agirait des trois circonscriptions territoriales galloromaines: Gaules aquitaine, celte et belge) est mentionnée
tardivement.
Tacite dit que dans le temps qu'Auguste mourut, Germanicus se trouvoit occupé à faire le recensement des Gaules, ce qui suppose la tenue
d'une assemblée de cette grande province. Nous trouvons encore une autre séance de l'assemblée des Gaules sous le règne de Vespasien.
L'histoire de Tacite nous apprend que sous cet empereur il se tint une assemblée des députés de toutes les Gaules, qui paraît avoir été une
assemblée représentative réglée.
Le territoire
Vers -475 / -450, les territoires de la future Gaule au début de la Tène (deuxième âge du fer), étaient englobés dans un vaste ensemble
continental s'étendant de l'Atlantique jusqu'au Danube et étaient nommés « celtiques » par les premiers témoignages écrits dont nous
disposons : ceux des Grecs (notamment Aristote, élève d'Isocrate et de Platon, -384 à -332).
Le nom « Gaulois » (latin galli) est attesté, quant à lui, pour la première fois sous la plume de Caton l'Ancien vers -168, pour désigner les
habitants de la Celtique qui avaient envahi la plaine du Pô, c'est-à-dire les habitants de la Gaule cisalpine. On sait principalement grâce à
l'étymologie qu'il s'agissait bien de peuples nord-alpins.
Au milieu du premier siècle avant l'ère chrétienne Jules César divise la Gaule transalpine en trois parties : la Celtique, l'Aquitaine et la
Belgique (cf. carte). Il est possible que ce découpage schématique correspondait à des considérations géopolitiques propres aux Romains,
bien que César ayant parcouru le territoire gaulois pendant sept ans, et ayant préparé toutes sortes de stratégies pour conquérir la Gaule est
assez précis dans ses descriptions des différentes tribus dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules. Si la Gaule proprement dite
apparaît sous la plume des Romains, elle trouve aussi sa définition à travers l'histoire de sa conquête par ces derniers.
Schématiquement, la conquête romaine de la Gaule fut réalisée en trois phases :
la conquête de la Gaule cisalpine, comprenant la plaine cispadane et la transpadane (fin du IIIe siècle avant l'ère chrétienne), bientôt
nommée « Gaule en toge » (gallia togata) ;
la conquête de la Narbonnaise, c'est-à-dire le sud-est de la France et la vallée du Rhône (dernier tiers du IIe siècle avant l'ère chrétienne)
après la bataille du confluent, nommée « Gaule en braie » (gallia bracata) par opposition à la Gaule cisalpine ;
la conquête de la « Gaule chevelue » (gallia comata), c'est-à-dire du reste de la France, de la Belgique et du plateau suisse (milieu du Ier
siècle avant l'ère chrétienne).
La Cisalpine, intégrée à l'Italie sous la République, devint une extension de Rome, tandis que la Narbonnaise constitua une « province »
romaine située hors d'Italie (le mot latin provincia a donné le nom Provença en occitan, « Provence » en français).
Les noms « Gaule » et « Gaulois » restèrent quant à eux en usage pour désigner les provinces romaines s'étendant sur le reste de ces
territoires (France, Belgique et plateau suisse actuels) et leurs habitants de culture romaine (que l'archéologie et l'historiographie française
désignent erronément sous le néologisme Gallo-romains).
En -12, Auguste instaura la première « institution » supra-provinciale de l'Empire avec le « conseil des trois Gaules » (concilium trium
Galliarum) réunissant chaque année les représentants des cités de la Gaule lyonnaise, de la Gaule aquitaine et de la Gaule belgique à
Lugdunum pour célébrer le culte impérial. Il est probable que ce geste ne faisait que confirmer les liens anciens qui existaient entre les
habitants de ces territoires. Ce sont ces liens, tissés de proche en proche, qui peuvent expliquer en définitive le caractère unitaire que laisse
entrevoir, au-delà des disparités, la description de la Gaule par César près d'un demi-siècle avant.
Les Gaulois
À l’origine, les Celtes, ou encore leurs prédécesseurs ont pu peupler l’Europe centrale. Vers -500, ils auraient commencé à émigrer vers le
nord-ouest pour constituer, deux cents ans plus tard, une partie importante de la population des différentes régions de la Gaule. Enfin, ils
auraient commencé d'importantes migrations vers l'Italie et vers l'est de l'Europe à la fin du Ve siècle. Mais il est aussi maintenant
proposé[Par qui ?] que ces populations celtiques ont pu, également, être des communautés locales, reconnues et nommées celtes par les
colons et commerçants méditerranéens (cf. l'exemple de la Celtique méditerranéenne).
À l'époque de la conquête par Rome de la Gaule chevelue, si les territoires des Celtes se sont considérablement réduits, ces derniers
conservent néanmoins des liens entre eux de la Bohême jusqu'à l'île de Bretagne, comme l'indique la présence de témoignages
archéologiques danubiens parmi les guerriers de Vercingétorix ou encore, les liens importants entre les peuples belges du nord de la Gaule
et ceux de la Tamise.
Ces liens peuvent s'expliquer, dans le cas de la Gaule, par l'existence d'un réseau de « clientèles » qui tient de proche en proche certaines
tribus, certains peuples dans la dépendance d'autres, plus riches ou plus nombreux et disposant éventuellement d'un territoire plus étendu.
L'existence de « fédérations » de peuples est attestée dans l'ensemble du domaine celtique : parmi les peuples transpadans de la Gaule
cisalpine au IIIe siècle avant l'ère chrétienne, dans le midi de la Gaule au IIe siècle avant l'ère chrétienne (les Salyens) ou encore en Gaule
chevelue avant la guerre des Gaules (Arvernes, Éduens, Bituriges et Séquanes).
Pour expliquer l'aire géographique de la culture matérielle laténienne dans son intégralité, même à l'échelle de la Gaule, ce schéma est
toutefois insuffisant et il faut écarter la question du peuplement.
La thèse d'une invasion celtique qui aurait placé sous sa coupe les populations indigènes, telles que les Ligures mentionnés par les
premières sources grecques, n'a plus cours aujourd'hui. Il est en effet très difficile d'associer les changements sociaux et techniques qui
caractérisent la naissance de la civilisation celtique de La Tène à des changements ethniques.
Aussi, il est bien plus probable que le peuplement de la Gaule fût, pour la majorité, hérité des brassages millénaires des peuples durant la
Préhistoire et que la culture laténienne se diffusa progressivement, par apports successifs depuis un berceau ou « complexe » nord-alpin
(voir Civilisation de Hallstatt).
Parallèlement, d'autres apports culturels ont pu se diffuser à partir des régions atlantiques.
Les cultures mégalithiques de la façade atlantique (Irlande, Pays de Galles, côte armoricaine), notamment, attestent l'existence de liens
culturels et économiques entre ces régions depuis la préhistoire. Comme le relève B. Cunliffe (Les Celtes, Paris, 1996), des mégalithes
furent d'ailleurs réemployés durant la période gauloise, comme en témoignent des motifs celtiques présents sur nombre d'entre eux. Enfin,
d'autres mégalithes devaient avoir conservé un caractère sacré pendant la période chrétienne, comme en témoignent les croix dont ils furent
alors surmontés.
Parmi ces apports éventuels à la « civilisation » gauloise, Jules César, dans son commentaire sur la guerre des Gaules mentionne que le
druidisme venait de Grande-Bretagne. Rien ne peut confirmer ou infirmer cette affirmation.
En définitive, des nombreux peuples ou fédérations de peuples présents en Gaule à la veille de la conquête romaine, il reste des contours de
« frontières », dont l'existence fait cependant débat (les limites des terroirs du haut Moyen Âge, sans doute antérieures à la période celtique
pour la plupart) et un « substrat » linguistique longtemps sous-évalué. L'étymologie, enfin, a conservé le nom de populations gauloises,
nom qui désigne encore les habitants de régions et de villes françaises actuelles : par exemple, les Allobroges sont les habitants de
Grenoble ou les Auvergnats, les habitants de l'Auvergne qui couvre le territoire arverne (sud est de l'Allier, le puy de Dôme, nord ouest de
la Haute-Loire et le Cantal).
La langue
La majorité des habitants de la Gaule protohistorique parlent principalement 3 langues, déclinées en plusieurs dialectes. Jules César
mentionne cependant qu'à son époque les trois parties de la Gaule se distinguent par les coutumes, les mœurs, mais aussi par la « langue ».
Cette affirmation est très délicate à comprendre : Jules César veut-il parler de trois langues bien distinctes? Il semblerait alors qu'en Gaule
celtique entre Seine et Garonne, les Celtes utilisaient déjà avant l'arrivée des Gaulois une langue du groupe celtique continental (celtoligure)9, tandis que les Aquitains au sud de la Garonne auraient parlé une langue issue du proto-basque, et qu'enfin les Belges se seraient
peut-être exprimés pour certains d'entre eux dans un dialecte du proto-germanique. Cependant, les indices toponymiques, les noms des
tribus et les anthroponymes, ainsi que les rares inscriptions découvertes (Arras, Bavai) montrent à l'évidence l'origine celtique de la langue
parlée, voire aussi d'un autre idiôme indo-européen (voir Bloc du nord-ouest), il n'existe en revanche aucune trace, autre que les dires de
César (germani cisrhénani), qui permettrait d'affirmer que le germanique ait été parlé avant l'installation progressive et plus tardive des
Germains en Gaule du nord. Quant au latin, il était déjà parlé depuis près d'un siècle en Gaule narbonnaise avant l'arrivée des troupes de
César[réf. nécessaire].
Le gaulois était une langue celtique de la famille des langues indo-européennes, proche du brittonique comme en témoigne, entre autres
l'inscription découverte à Bath (Grande-Bretagne), les nombreux anthroponymes et toponymes qui ont parfois une stricte équivalence en
Gaule. Le breton, bien qu'il appartienne au groupe britonnique pour l'essentiel, a pu être influencé par un substrat gaulois et la langue d'oïl
est la langue romane la plus imprégnée par un substrat celtique. L'hypothèse de dialectes gaulois a été reprise par John Rhys qui évoque un
dialecte "celtican" (conservation de -qu-, ex: Sequana, EQVOS) ou encore Joshua Whatmough, cependant que pour Pierre-Yves
Lambert10 même si l'idée de dialectes différents en gaulois n'est pas irrationnelle en soi,..elle ne s'appuie pas sur des preuves solides à
l'heure actuelle.
L'agriculture et l'alimentation
La Gaule, contrairement à l'idée préconçue qui veut qu'elle soit couverte de forêts dans lesquelles les Gaulois pratiquent essentiellement la
chasse, est largement défrichée pour constituer des terres agricoles très riches avec de nombreuses fermes11. Au Ier siècle avant J.-C.,
l’exploitation de son sol était activement poussée. En effet, pendant ses campagnes, César trouva toujours sur place le blé nécessaire à la
nourriture de ses troupes, et pourtant, le soldat romain était gros consommateur de froment. Les ports fluviaux situés à proximité des
régions productrices jouent le rôle d’entrepôts où sont concentrées les réserves de blé qui, de là, pouvaient être acheminées par voie d’eau à
portée des armées: tel est le cas d’Orléans, sur la Loire, d’où l’on peut présumer que la Beauce possédait, dès cette époque, d’importantes
emblavures, tel est le cas aussi de Chalon-sur-Saône et de Mâcon, sur la Saône, et dans le nord de la Gaule, Amiens servait également de
magasin. Presque toutes les cités possédaient leurs champs de blé et pouvaient se suffire à elles-mêmes : jusqu’aux abords des Pyrénées, le
blé était récolté, la basse vallée de la Maurienne en offrit de grandes quantités à Hannibal, même les terres peu fertiles des Flandres, alors
couvertes de marécages, en produisaient. Le cas de l’Anjou, où César mentionne expressément le défaut de blé, est isolé. Peut-être cette
absence était-elle momentanée ou accidentelle. Parmi les terres à blé renommées de l’époque, il faut citer la région de Toulouse, chez les
Volques, chez les Cavares et la basse vallée du Rhône, la Bourgogne (surtout), ainsi que le pays des Bituriges et celui des Carnutes. Dans le
nord et dans le nord-est, le Soissonnais et la Champagne étaient également assez riches.
Les études archéobotaniques montrent que les Gaulois se nourrissent surtout de céréales (quatre sortes de blé : engrain, amidonnier,
épautre et froment ; orge, avoine et millet), de légumes (navets, choux) et de légumineuses (lentilles, haricots, fèves, pois ...). Les céréales,
pauvres en gluten (donc peu panifiables), se consomment sous forme de grains concassés, de bouillies, de soupes ou de galettes. Le beau
pain blanc de froment faisait le régal des nobles gaulois et la convoitise des autres peuples. Le blé est la principale nourriture du peuple.
L'archéozoologie montre que la viande provient de l'élevage car la chasse (lièvre, cerf, chevreuil ou sanglier), sport de noble, est marginale
(inférieure à 1% de l'alimentation). Elle est constituée principalement de cochon, mais aussi de bœuf dans le centre de la Gaule, de chèvre
et de mouton dans le Midi et de chevaux dans le Nord. Les salaisons et la charcuterie gauloise étaient réputées à Rome. Les volailles,
pourtant elles aussi exploitées, sont peu consommées.
Posidonios, dans son Histoire, décrit les boissons gauloises. Le peuple boit surtout la cervoise, bière à base d'orge, tandis que l'élite
consomme du vin. La culture de la vigne, au temps de la conquête, était peu répandue en Gaule et ne dépassait guère les abords de
Marseille. Le vin, boisson rare, était donc importé de Rome et considéré comme un luxe : on échangeait un esclave contre une amphore de
vin par exemple. Le commerce avec Rome s'intensifiant (l'archéologie sous-marine l'évalue à un million d'amphores par an), le vin s'est
progresivement démocratisé.
L’élevage du cheval
Le cheval a toujours tenu une grande place dans la vie des Gaulois, au point de figurer sur leurs pièces de monnaie. On dit que la cavalerie
était un élément essentiel de leur puissance militaire. Lors de la guerre des Gaules, les effectifs engagés étaient énormes, ce qui supposait
un élevage de chevaux très actif. L’élevage du cheval contribuait pour beaucoup à la réputation du paysan et on n’oublie pas qu’Epona, la
seule déesse gauloise intégrée dans le panthéon romain, était représentée en compagnie d’un cheval. Les aristocrates gaulois (les equites)
servaient à cheval dans la cavalerie et l’usage permanent des chariots exigeait un grand nombre de chevaux de trait. Pourtant, dès le IVe
siècle, les Gaulois qui combattent à l’étranger découvrent les grands chevaux méditerranéens, différents des chevaux indigènes qui
correspondent donc à nos poneys ou doubles-poneys actuels, et s’en prennent de passion, et, nous dit César : « les acquièrent à n’importe
quel prix. ». Pourtant, il semble que l’élevage se soit développé davantage sous le pouvoir romain.
Le commerce
L’abondance de moyens fait soupçonner l’importance du réseau routier et des échanges commerciaux. Dans ce domaine encore, les Gaulois
bénéficièrent de l’effort soutenu des populations antérieures. La diffusion des matières les plus recherchées, à partir de leurs centres de
production, avait entraîné la recherche des itinéraires les plus aisés. Le commerce de l’étain, qui continue à l’âge du fer, eut, sur le
développement routier, les plus fortes répercussions. La localisation et la rareté des gisements de ce métal déterminèrent les directions du
trafic. Le minerai importé venait, surtout, du Guadalquivir (Tartessos) et de la pointe occidentale de la Bretagne, de Cornouailles et, de là,
le métal était apporté sur la côte de la Manche et jusqu’à l’embouchure de la Loire, on suivait les grandes vallées pour pénétrer à l’intérieur
du pays.
Au premier âge du fer, les échanges ne sont plus limités aux matières premières. De l’Europe centrale, par le Danube, arrivent les modèles
des épées de fer qui pénètrent en Gaule par la trouée entre Vosges et Jura et la vallée du Doubs. Parviennent aussi des objets importés
d’Italie: seaux cylindriques appelés cistes, ou tronconiques appelés situles, les uns et les autres en bronze battu. Parfois des vases étrusques
et grecs les accompagnent dans les tumulus les plus récents de la Gaule de l’Est. C’est par la même voie du Danube que s’effectue ce trafic.
Depuis la découverte du cratère de Vix , la question de savoir par où cet énorme vase avait pu être acheminé a été longuement discutée. En
plus des itinéraires classiques, on a envisagé le col du Grand Saint-Bernard et surtout, la vallée du Rhône, mais rien de décisif. Si le couloir
rhodanien reste alors en dehors du grand mouvement commercial, c’est que le littoral, excepté Marseille, et la basse vallée du Rhône est
encore aux mains des Ligures, peu sociables. Ces tribus arriérées forment un écran entre le foyer de civilisation méditerranéen et la
Celtique, dont les limites méridionales ne dépassent guère le confluent de Lyon. Par ailleurs, Vix se trouve admirablement placé au point
où la voie protohistorique de la Loire inférieure et moyenne à la trouée de Belfort coupait l’itinéraire jalonné par la vallée de la Seine.
Il faut attendre la descente des Gaulois sur la côte de Provence pour qu’enfin des relations directes pussent s’établir entre Marseille et la
Celtique. Dès lors, un avenir brillant s’ouvre pour la voie la plus expressive que la nature avait inscrit sur le sol de la Gaule. Cette voie
emprunte le couloir rhodanien jusqu’au coude de la Saône à Châlon, par les passages de Bourgogne, elle atteint le bassin de la Seine et le
carrefour parisien. De là, on peut suivre le fleuve jusqu’à son embouchure ou gagner le Pas-de-Calais. L’essor subi du port fluvial de
Chalon-sur-Saône, au IIIe siècle av. J.-C., fixe la date à partir de laquelle cette voie fut régulièrement suivie. Elle servit au trafic de l’étain,
Diodore nous transmit, d’après la relation d’un auteur plus ancien, des détails précis sur son utilisation: les marchands achetaient le métal
aux indigènes de Bretagne, le transportaient sur le continent, puis, cheminant par terre à travers la Gaule pendant trente jours environ, ils
conduisaient leur chargement jusqu’à l’embouchure du Rhône. Un autre géographe grec, Strabon, évoque une communication
essentiellement fluviale utilisée pour le transport de toutes denrées. On remontait le Rhône et la Saône et après avoir quitté cette rivière, ce
qu’on ne pouvait faire qu’à Chalon, il fallait gagner la Seine par voie de terre et, de là, on pouvait atteindre l’océan.
Un témoignage pour connaître ces peuples: leurs monnaies
Chaque peuple gaulois était indépendant du point de vue du monnayage, certains plus productifs que d'autres, mais il y a tout lieu de
supposer que les pièces en métaux précieux circulaient entre peuples voisins.
La monnaie fait son apparition en Gaule au VIe siècle av. J.-C. par la colonie grecque établie à Marseille qui frappe des oboles.
Progressivement, elle se répand parmi les peuples limitrophes (vallée du Rhône). Au IIe siècle av. J.-C., le monnayage est développé, et les
peuples ayant des mines d'or, comme les Arvernes, frappent des statères qui sont aussi un moyen d'affirmer leur souveraineté et leur
puissance. Au Ier siècle av. J.-C., les Parisii produisent leur célèbre et magnifique statère d'or au cheval.
Organisation politique et sociale
Les peuples de la Gaule étaient dirigés auparavant par une noblesse de type archaïque avec les différentes strates de sa hiérarchie. Cette
noblesse s'était constituée tout au long des temps « héroïques » lors de différentes guerres ou d'expéditions lointaines. La noblesse gauloise,
de type féodal, avait sous ses ordres une foule de vassaux et de clients dont la fidélité était absolue. Au bas de la pyramide sociale se
trouvait les esclaves. Ce sont ces nouvelles bourgeoisies commerçantes gauloises qui en différents lieux de la Gaule ont choisi de
collaborer avec le conquérant romain pour préserver leurs affaires et leur rang social. Ces velléités de trahison, de « collaboration » avec
l'occupant romain ne se passèrent pas toujours très bien pour les nouveaux oligarques celtes puisque tous les membres des sénats des
Aulerques, des Lexoviens et des Éburovices furent massacrés jusqu'au dernier par les princes et les nobles de leurs peuples. Il semblerait
que la bourgeoisie vénète n'a pas suivi la même démarche car elle avait compris que les Romains voulaient s'emparer de ses marchés et
qu'elle avait tout à perdre avec la conquête romaine.
La religion
Les Gaulois avaient des druides, que Diodore De Sicile appelait des « philosophes » qui étaient en quelque sorte leurs prêtres. Parmi
d'autres processions, ils pratiquaient le sacrifice humain. C'était souvent des prisonniers de guerre qui étaient sacrifiés. Le druide les
plantait d'une épée et en fonction de la chute du corps, de la position qu'il avait et des ruissellements du sang, il pouvait lire l'avenir.
Un art du décor
Les Gaulois ne cherchaient pas à représenter le réel. En témoignent, les visages succincts et l’absence de détails.
Matériaux utilisés
L'art gaulois s'exprime essentiellement par le travail des métaux (bronze, fer et or). Les Gaulois savaient manipuler avec précision ces
métaux, et étaient d'excellents orfèvres. Certaines créations ont pu aussi se faire sur de la céramique.
La civilisation romaine en Gaule
Les changements apportés par le conquérant ont longtemps éclipsé toute idée d'une permanence de certains traits : d'abord, le syncrétisme
religieux romain et l'interdiction du druidisme entraînent assurément la disparition d'une religion celtique dont on peut deviner seulement
quelques contours, grâce à l'archéologie, d'une part, et par comparaison avec quelques survivances romaines, d'autre part et surtout par la
confrontation avec les sources littéraires insulaires (voir par exemple mythologie celtique irlandaise et littérature celtique galloise).
Les cadres du pouvoir – l'administration romaine –, l'économie, l'art, notamment monumental, et la culture littéraire latine, aussi,
s'imposent, peut-être d'autant plus facilement que rien de préexistant ne peut les concurrencer.
Après la conquête romaine de la Gaule, achevée en -51, la romanisation est rapide chez les élites. On ignore cependant quelle est sa
progression exacte et sa profondeur en ce qui concerne le peuple. Elle doit en tout cas demeurer inégale, voire limitée dans nombre de
domaines ayant trait à la vie quotidienne, comme l'indiquent plusieurs exemples.
Le réemploi du site du sanctuaire celtique de Gournay-sur-Aronde, en Belgique, ou encore les ex-voto des sources de la Seine, montrent
comme nombre d'autres lieux sacrés pour les Gaulois de la période de l'indépendance que les lieux de culte romains prolongèrent des
usages anciens (voir nemeton).
Lorsqu'une certaine « barbarisation » de l'Empire a lieu au IIIe siècle, des traits de civilisation qui sont demeurés en vigueur depuis la
période de l'indépendance s'introduisent à leur tour dans la culture impériale : le manteau gaulois qui donne son surnom à l'Empereur
Caracalla n'a pu être remplacé par le mode de vie du conquérant romain. Dans nombre de domaines ayant trait à l'artisanat, où les Gaulois
excellent, leurs inventions s'imposent : c'est le cas, notamment, du tonneau qui s'impose face à l'amphore plus fragile et de moindre
contenance. La cotte de mailles est adoptée par les Romains dès les premiers siècles de la République, jugée plus pratique que les cuirasses
grecques, tandis que le casque impérial gaulois est adopté par les légionnaires au Ier siècle avant J-C, tout comme les braies pour les
travaux dans les champs en périodes froides ou les braies courtes pour les soldats d'Occident.
La Gaule dans l'Antiquité tardive
Lorsque l'administration impériale romaine s'effondre, la Gaule se « germanise » lentement et partiellement. La présence de toponymes
germaniques est d'abord attestée sur ses franges, due au repeuplement, souvent à but défensif et organisé assez tôt par Rome, de régions
sinistrées par les crises et par les épidémies. De tels établissements durables de colons « barbares » (les lètes) ont d'ailleurs lieu dans
l'Empire romain tout au long du ive siècle et du ve siècle. Ainsi des contingents Francs sont installés en Belgique, des Alamans en Alsace et
en Suisse, des Burgondes en Savoie.
La date symbolique de la disparition de l'Empire romain d'occident en 476 et celle du baptême du roi des Francs Clovis, vers 496, ne
marquent pas non plus, à cet égard, de rupture : ces événements ont lieu à une époque où Francs, Burgondes et Wisigoths ont fait
« souche » et détiennent depuis longtemps déjà le monopole des affaires militaires.
Aussi, les familles de l'aristocratie romaine continuent longtemps à concentrer l'essentiel du véritable pouvoir politique dans les cités
épiscopales : les « patrices », comme le marseillais Mauronitus, ou les évêques, comme l'auvergnat Grégoire de Tours, sont les véritables
représentants des populations. Ainsi, la culture nouvelle qui se développe en Gaule, après la période impériale, est avant tout chrétienne, et
à plusieurs égards augustinienne.
Plus généralement, les permanences observables dans le cadre de vie de l'Antiquité tardive jusqu'au viie siècle sont nombreuses en Gaule :
c'est surtout à partir du milieu du VIIe siècle, temps de crise, que les patronymes germaniques se multiplient au sein des élites, indiquant par
là que le centre de gravité de l'Europe s'est déplacé vers le nord et que les équilibres du monde antique se sont rompus.
En définitive, si la culture latine classique recule, le latin continue à constituer la langue de la culture et surtout, celle exclusive de l'écrit (le
premier document écrit en langue vernaculaire étant les serments de Strasbourg, datés de 842).
Aussi, l'usage des noms « Gaule » et « Gaulois » se conserve jusqu'à la fin de la période mérovingienne, du moins à l'écrit. Lentement,
durant la période carolingienne, le nom de « Francie » (Francia, puis francia occidentalis) se répand pour désigner la réalité politique
majeure qu'est devenu le royaume des Francs (regnum francorum). Mais ce nom ne désigne qu'incidemment les territoires correspondant à
l'ancienne Gaule romaine, désormais rattachés à un ensemble plus vaste.
Les Gallo-romains sont un ensemble de peuples qui, en Europe occidentale, ont constitué une civilisation spécifique, à l'issue de la Guerre
des Gaules jusqu'à l’avènement des Francs.
D’origine ou de civilisation celtique pour la plupart, ils étaient notamment localisés sur le territoire de la Gaule, selon les définitions de
leurs voisins romains (dans l'île de Bretagne, on parle communément de Britto-romains).
Origines
La Guerre des Gaules commence en 58 avant J.-C. lorsque les Helvètes témoignent de leur volonté de s'installer sur le territoire des
Santons, en Saintonge. Il incombe donc au Gouverneur de la Gaule transalpine d'assurer leur protection lors de leur voyage. Or, il se trouve
que, depuis le 1er janvier 58 avant J.-C., l'homme à ce poste n'est autre que Caius Julius Caesar.
Lorsque les ambassadeurs helvètes lui demandèrent la permission de traverser le nord de la Province romaine, ce dernier la leur refusa. Les
Helvètes prenant acte, décident de prendre un chemin plus au nord. Cependant César les attaque et ils sont réduits en pièces.
De retour, César s'installe dans l'oppidum de Bibracte, chez les « Éduens », où il reçoit, selon ses dires, la quasi-totalité des chefs gaulois
témoignant leur gratitude envers celui qui les avait délivrés de « l'invasion » helvète. De plus les chefs gaulois lui demandent de les libérer
du puissant chef Germain Arioviste qui menace ces communautés. Voici un extrait du discours qu'aurait prononcé le druide Diviciacos,
selon les Commentaires sur la Guerre des Gaules, dont la fiabilité n'est pas établie :
« Si César et le peuple romain ne viennent pas à leur secours, tous les Gaulois n'ont plus qu'une chose à faire : à l'exemple des Helvètes, ils
émigreront de leur pays, chercheront d'autres terres et d'autres demeures éloignées des Germains et tenteront la fortune, quel que soit le sort
qui les attende. (15) Si Arioviste venait à connaître leurs révélations, nul doute qu'il ne livrât tous les otages en son pouvoir aux plus
affreux supplices. (16) César, par son autorité, par ses forces, par l'éclat de sa victoire récente, et avec le nom du peuple romain, peut
empêcher qu'un plus grand nombre de Germains ne passent le Rhin, pour défendre la Gaule entière contre les violences d'Arioviste »
— Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre I, 311.
Flatté, et voyant le moyen de réussir ces ambitions politiques, César met en déroute le chef Germain de par le Rhin. Grisé par son succès il
poursuit la conquête au-delà du Rhin, traverse la Manche, conquiert la Belgique. Au final, il est à la tête d'un territoire vaste de 500 000
km² contrôlé par une armée qui n'a jamais dépassé les 50 000 hommes. Cependant, multipliant les maladresses dans la gestion de ce
territoire, il finit par avoir sur le dos les chefs gaulois qui veulent se venger et retrouver leur autonomie.
D'un point de vue juridique et politique, l'une des étapes majeures de la romanisation de la Gaule transalpine (encore appelée Gaule
chevelue ou gallia bracata, Gaule en braie), est le célèbre discours de Claude au Sénat, parvenu jusqu'à nous grâce à la retranscription des
Tables claudiennes.
En effet, ce discours marque un tournant dans l'histoire de la Gaule romanisée; à ce titre, il est parfois considéré comme l'acte de naissance
de la civilisation gallo-romaine.
C'est originellement par ce discours que fut consacrée l'intégration des élites gauloises à la citoyenneté romaine, même s'il s'agit d'un
processus qui s'étale sur plusieurs décennies.
L'Empire romain a d'ailleurs réussi à perdurer grâce à cette politique d'intégration des élites, qui a touché progressivement, au fil des
siècles, toutes les provinces conquises du bassin méditerranéen. Les peuples de Gaule ont cependant été les plus intimement mêlés à
l'histoire de Rome et assimilés au système politique et social des Romains, se calquant sur ce système, notamment au niveau des
institutions.
Syncrétisme religieux
Dans le livre VI des Commentaires sur la Guerre des Gaules, Jules César cite les dieux des Gaulois, mais faute de pouvoir donner leurs
noms celtiques, il les affuble de théonymes romains équivalents et en fait une description approximative et déformées par l’interpretatio
romana :
« Le dieu qu'ils honorent le plus est Mercure. Il a un grand nombre de statues ; ils le regardent comme l'inventeur de tous les arts, comme le
guide des voyageurs, et comme présidant à toutes sortes de gains et de commerce. Après lui ils adorent Apollon, Mars, Jupiter et Minerve.
Ils ont de ces divinités à peu près la même idée que les autres nations. Apollon guérit les maladies, Minerve enseigne les éléments de
l'industrie et des arts ; Jupiter tient l'empire du ciel, Mars celui de la guerre ; c'est à lui, quand ils ont résolu de combattre, qu'ils font vœu
d'ordinaire de consacrer les dépouilles de l'ennemi. Ils lui sacrifient ce qui leur reste du bétail qu'ils ont pris, le surplus du butin est placé
dans un dépôt public ; et on peut voir, en beaucoup de villes de ces monceaux de dépouilles, entassées en des lieux consacrés. Il n'arrive
guère, qu'au mépris de la religion, un Gaulois ose s'approprier clandestinement ce qu'il a pris à la guerre, ou ravir quelque chose de ces
dépôts. Le plus cruel supplice et la torture sont réservés pour ce larcin. »
— Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre VI, 172.
Téléchargement