Mémoire présenté au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie Jeudi 30 janvier 2014 John Wright, président-directeur général 2 Mémoire présenté au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie Bonjour, Au nom de l’Institut canadien d’information sur la santé, je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de me présenter devant le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie. Depuis 20 ans, l’ICIS joue un rôle unique dans le secteur de la santé au Canada. À titre d’organisme autonome sans but lucratif qui fournit de l’information essentielle sur le système de santé du Canada et la santé des Canadiens, notre vision est simple — De meilleures données pour de meilleures décisions : des Canadiens en meilleure santé. Nous travaillons en partenariat avec les intervenants de la santé pour créer et entretenir un large éventail de bases de données, d’outils de mesure et de normes en matière d’information sur la santé. Nous produisons des rapports sur les services de soins de santé, la santé de la population, les dépenses de santé et les ressources humaines de la santé. L’ICIS exploite également des banques de données liées à plusieurs domaines qui pourraient intéresser ce comité, notamment les médicaments prescrits, la dépendance, la perte d’efficacité des antibiotiques, les pénuries de médicaments et la contrefaçon de médicaments. L’ICIS produit des analyses et des rapports publics qui éclairent et appuient le travail des intervenants dans ces domaines. Voici quelques faits saillants. Utilisation des médicaments prescrits Banques de données de l’ICIS L’ICIS recueille des données pour le Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP). Ce système permet de dégager les tendances générales en matière d’utilisation des médicaments au fil du temps et d’analyser cette utilisation en mesurant des éléments comme le nombre et les types de médicaments que les patients consomment, le respect des consignes d’utilisation et les changements de médicaments. Une autre banque de données de l’ICIS, le Système d’information sur les soins de longue durée (SISLD), contient des données cliniques, notamment de l’information sur l’utilisation des médicaments prescrits chez les personnes âgées et chez d’autres Canadiens résidant dans plus de 1 100 établissements de soins de longue durée. Le travail de l’ICIS L’ICIS a produit un certain nombre de rapports publics et d’indicateurs de qualité sur l’innocuité des médicaments prescrits, surtout chez les personnes âgées. Les sujets traités comprennent l’utilisation potentiellement inappropriée des médicaments, la polypharmacie (utilisation d’un nombre élevé de médicaments) et les hospitalisations liées à des réactions indésirables aux médicaments. L’information contenue dans ces rapports a permis de mieux connaître les problèmes et d’orienter les changements de politiques et la création de nouveaux programmes visant 3 Mémoire présenté au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie notamment l’examen des médicaments. La comparaison des données entre les provinces permet également d’amorcer un dialogue sur les différences et la mise en commun subséquente de pratiques exemplaires pour aborder les problèmes d’innocuité des médicaments. Voici les principales constatations de ces rapports : Environ 70 % des personnes âgées prenaient 5 médicaments ou plus, et près de 10 % en consommaient 15 ou plus. Les personnes âgées étaient cinq fois plus susceptibles d’être hospitalisées en raison d’une réaction indésirable à un médicament que le reste de la population canadienne. Environ une personne âgée sur 10 prenait un médicament jugé potentiellement inapproprié (selon la liste Beers des médicaments). Environ un résident des établissements de soins de longue durée sur trois prenait des médicaments antipsychotiques sans avoir reçu de diagnostic de psychose. Erreurs de médicaments Banques de données de l’ICIS L’ICIS recueille de l’information sur les erreurs de médicaments qui se produisent dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée pour le Système national de déclaration des accidents et incidents (SNDAI). Ce système facilite la mise en commun des leçons apprises en matière d’erreurs de médicaments à l’échelle locale, régionale et nationale. L’information qu’il contient aide à mieux comprendre les facteurs qui entraînent des erreurs de médicaments et à dégager des stratégies potentielles d’amélioration du système de santé. Le travail de l’ICIS Les données sur les erreurs de médicaments que l’ICIS recueille et partage permettent de mieux comprendre les facteurs qui entraînent des erreurs et aident à cerner des stratégies d’amélioration du système. Voici quelques exemples des répercussions de ce travail à l’échelle nationale : La transmission des données à Santé Canada appuie les travaux de ce ministère liés à la désignation, à l’emballage et à l’étiquetage des produits pharmaceutiques. L’Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada utilise ces données dans le cadre de ses efforts de sensibilisation et pour cerner des stratégies d’amélioration du système. Dépendance Banques de données de l’ICIS L’ICIS consigne de l’information sur les troubles liés aux médicaments prescrits et aux drogues dans la Base de données sur la santé mentale en milieu hospitalier (BDSMMH) lorsque les drogues ont été un facteur d’hospitalisation du patient. L’ICIS recueille également de 4 Mémoire présenté au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie l’information clinique sur la toxicomanie chez les personnes admises dans des lits en santé mentale réservés aux adultes. Le travail de l’ICIS L’ICIS a examiné les répercussions des maladies mentales avec troubles concomitants liés à la consommation de psychotropes sur les modèles d’hospitalisation dans l’ensemble du Canada. Les résultats révèlent que les personnes souffrant de maladie mentale et présentant des troubles liés à la consommation de psychotropes font une utilisation plus élevée des services hospitaliers, en ce qui concerne les réadmissions et la durée des séjours. Voici quelques-unes des principales constatations : Les Canadiens hospitalisés en raison d’une maladie mentale avec troubles concomitants liés à la consommation de psychotropes représentaient près du tiers de tous les patients hospitalisés en psychiatrie en 2010-2011. Les personnes présentant des troubles concomitants liés à la consommation de psychotropes étaient plus susceptibles (de 25 % environ) d’être réadmises à l’hôpital dans l’année suivant leur congé que les personnes hospitalisées pour des troubles psychotiques seulement. o Dans l’année suivant leur congé initial, on prévoyait que la durée de leur séjour à l’hôpital serait de 19 % plus longue que pour les personnes ne souffrant pas de troubles concomitants liés à la consommation de psychotropes. Perspectives Possibilités d’utilisation des données Bien que les banques de données actuelles de l’ICIS fournissent certains renseignements sur les conséquences imprévues de la prescription de médicaments, il est possible d’aller encore plus loin. Perte d’efficacité des antibiotiques L’ICIS ne dispose pas des renseignements cliniques détaillés requis pour évaluer l’efficacité des antibiotiques. Nous recueillons toutefois des données qui pourraient servir à suivre les tendances en matière d’utilisation des antibiotiques (surtout chez les personnes âgées). Il serait ainsi possible de déceler les changements dans les médicaments utilisés et dans la durée de l’antibiothérapie ou d’autres éléments indiquant un changement éventuel dans l’efficacité des antibiotiques. Dans certaines provinces, il serait possible de surveiller les cas d’hospitalisation pour infection chez les personnes prenant des antibiotiques. Pénuries de médicaments Les données de l’ICIS pourraient servir à déterminer le nombre de personnes touchées par une pénurie de médicaments. On pourrait également utiliser ces données pour étudier les répercussions de ces pénuries sur le traitement des patients, par exemple le nombre de patients ayant dû consommer un autre médicament ou ayant tout simplement arrêté leur traitement. 5 Mémoire présenté au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie Contrefaçon de médicaments Nos données pourraient servir à suivre les tendances en matière d’utilisation de médicaments contrefaits, notamment pour repérer les régions aux prises avec ce problème. L’ICIS continue de solliciter l’engagement de ses partenaires à l’échelle des provinces et du pays pour l’aider à tirer profit de cette information, et d’autres données très utiles, et à passer à l’action. Pour atteindre cet objectif, nous devons mieux recueillir, normaliser et mettre en commun ces données. Lacunes dans les données Tant la qualité que l’importance et l’incidence des travaux de l’ICIS sur les produits pharmaceutiques nécessitent de meilleures données. Il existe plusieurs lacunes dans les données sur les médicaments dont nous disposons actuellement. Si celles-ci étaient comblées, nous aurions une connaissance plus approfondie de l’offre, de l’utilisation, de l’innocuité et du prix des médicaments et de leurs répercussions sur les Canadiens et sur notre système de santé. Voici des exemples de lacunes dans les données ainsi qu’un aperçu des efforts de l’ICIS pour les combler : Le Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP) contient peu de données sur les jeunes Canadiens en raison de la façon dont les régimes publics d’assurance-médicaments au Canada sont conçus. Il manque également des données sur les médicaments en milieu hospitalier. Les données pancanadiennes sur tous les médicaments sont requises pour offrir un portrait plus global de l’utilisation des médicaments et de leur innocuité. L’ICIS a récemment ajouté les données de la Colombie-Britannique sur les médicaments payés directement par les patients ou par des assureurs privés à celles du régime public d’assurance-médicaments. L’ICIS a également entamé des travaux préliminaires sur la faisabilité de recueillir ces données auprès d’autres provinces. Les travaux continus de l’ICIS sur l’utilisation secondaire des données du dossier de santé électronique (DSE) permettront d’explorer plus en détail l’utilisation des données des systèmes d’information sur les médicaments. L’ICIS a entamé des travaux préliminaires pour vérifier la disponibilité des données sur les médicaments de chimiothérapie dans l’ensemble du pays. Nous disposons de données limitées sur les erreurs de médicaments et il manque d’autres données, par exemple celles sur les incidents en onco-radiologie et sur les réactions indésirables aux médicaments. Nous avons besoin de plus amples renseignements sur les troubles liés à la consommation d’alcool, de drogues et de médicaments prescrits et sur les services offerts aux personnes qui en souffrent. Actuellement, le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies recueille certaines données sur les services de traitement des dépendances offerts au Canada. Une amélioration de cette information nous permettrait d’examiner les aspects et les résultats 6 Mémoire présenté au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie cliniques. Prochaines étapes L’ICIS entend continuer à produire des analyses sur l’utilisation des médicaments prescrits. Nous procédons actuellement à un examen approfondi de l’utilisation des médicaments chez les personnes âgées couvertes par les régimes publics d’assurance-médicaments. Les résultats de cette étude devraient être publiés au printemps et ils incluront les données sur les demandes de remboursement de médicaments pour environ 70 % des personnes âgées. Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de vous présenter cette information. Mon collègue et moi serons heureux de répondre à vos questions.