I. L’achèvement de l’unité italienne : 1861-1870
Le 6 juin 1815, Cavour meurt, il ne vit pas la réalisation de son rêve, l’unité de l’Italie. Le 18 février
1861, Victor Emmanuel II est proclamé « Roi d’Italie par la grâce de Dieu et la volonté de la nation ». Le
royaume d’Italie est fondé mais Rome et la Vénétie n’en font pas encore partie.
En 1860, Nice et la Savoie sont rétrocédés à la France, en vertu d’un accord antérieur avec Napoléon
III ; la France avait aidé à la construction d’une Italie fédérale composée de quatre Etats, en échange la France
annexait Nice et la Savoie. Ces deux territoires perdus par l’Italie unifiée naissante restent des terres irrédentes
pour les Italiens ce qui suscitera débat avec la Première Guerre mondiale.
A. La reconquête de la Vénétie et la paix avec l’Autriche (1866).
Depuis 1859, Vienne redouble d’efforts pour assurer le contrôle sur la Vénétie, notamment en
poursuivant la germanisation de son administration territoriale et juridique. Par réaction, les notables mènent
une résistance passive, et la moindre représentation d’un opéra de Verdi (Viva VERDI=Victor Emmanuel Roi
D’Italie) est prétexte à des mouvements d’agitation pro unitaires. L’opinion italienne est de plus vivement
attachée à récupérer la Vénétie, gage d’union sacrée.
En 1866 est signé un traité d’alliance secret entre Prusse et Italie. L’Italie s’engage à déclarer la guerre
à l’Autriche en cas de conflit entre Prusse et Autriche. En échange est prévu la récupération de toutes les terres
italiennes encore occupées par les Autrichiens. Le 17 juin 1866 la Prusse déclare la guerre à l’Autriche, le 20,
l’Italie fait de même.
A la suite d’un mois d’opérations militaires, et de l’échec italien (défaite de Lustoza et défaite navale
de Lissa), la guerre est gagnée sur le front de la Bohème, le 3 juillet 1866, avec la victoire des Prussiens
contre l’Autriche à Sadowa. Lors du traité de paix du 3 octobre, François Joseph, empereur d’Autriche,
reconnaît l’existence du royaume d’Italie et la Vénétie est donnée à la France qui joue le rôle de médiateur
pour la rétrocéder à l’Italie. Par la suite un plébiscite d’adhésion de la Vénétie à l’Italie a lieu.
B. La conquête de Rome (1870).
Alors qu’a lieu en 1867 une nouvelle vague d’agitation autour de la question romaine, il est utile e
souligner l’attachement des Italiens à l’intégration de Rome au sein de l’Italie : sur le champ de bataille de
Marsala, le 20 juillet 1862, Garibaldi aurait lancé « Rome ou la mort ! ».
Depuis 1860, Napoléon III s’oppose fermement à toute intervention italienne à Rome. En 1862, la
France contraint le gouvernement Rattazzi à arrêter Garibaldi, qui marchait sur Rome, à l’Aspromonte. En
1864, la France signe avec l’Italie la Convention de Septembre ; Florence devient capitale, à mi-chemin entre
Turin et l’inaccessible Rome. En 1867, à Mentana, les troupes du général Failly dispersent les chemises rouges
de Garibaldi.
Le dénouement de la question romaine arrive avec le déclenchement de la guerre franco prussienne en
juillet 1870. Le gouvernement de Florence proclame la neutralité de l’Italie et Napoléon III se voit contraint de
retirer ses troupes de Rome pour combattre sur le front prussien. Au lendemain de Sedan, et après la
proclamation de la République française, le 4 septembre, le gouvernement italien présente un ultimatum au
pape. Suite à son refus, les troupes italiennes du général Cardona pénètrent les Etats pontificaux et le 20
entrent dans Rome, lâchement, profitant de la défaite française. La porte de Rome par où est entré Cardona est
le lieu symbolique de l’achèvement des conquêtes territoriales de l’Italie indépendante. Après plébiscite,
Rome devient capitale en 1871.
C. Nation et Etat, débats sur l’unité.
L’Italie, qui était considérée par Metternich comme une simple « expression géographique » en 1848, a
réalisé son unité en 1870.
Les deux ennemis de l’unité italienne ont été l’Autriche et la papauté. Dans les esprits, les Italiens se
sont sentis humiliés par la France qui arrête Garibaldi, qui rétrocède la Vénétie. Mais l’Italie est devenu au
terme de la période un véritable Etat nation qui a atteint ses frontières naturelles au Nord avec les Alpes et par
la frontière avec l’Autriche.
Bruno Teissier montre, dans Géopolitique de l’Italie, en quoi la Vénétie et Rome sont des terres
irrédentes, traçant une frontière à l’intérieur même de l’Italie, ce qui est impensables pour les Italiens. La
question de l’irrédentisme ne fait cependant que commencer.