Envoyé par Isabelle.
LE PRONOM PERSONNEL SUJET
Le rôle des pronoms personnels sujets en français est d’indiquer la personne à laquelle est conjugué le verbe.
Ce rôle était assuré en latin par des morphèmes intégrés dans le verbes, les désinences personnelles.
L’expression des pronoms personnels était donc redondante et de fait, les pronoms sujets n’étaient employés
que dans le but de produire une mise en relief. L’ancien français constitue un stade intermédiaire entre le latin
classique et le français moderne, puisque le pronom personnel sujet n’est ni omis tout le temps ni obligatoire :
si les désinences permettent toujours de distinguer la personne, l’évolution phonétique et l’analogie
neutralisent progressivement les oppositions désinentielles primitives. Jusqu'au 13ème, la présence du pronom
étant facultative, son emploi relève d’un souci d’expressivité mais dès le 12ème, il peut être employé sans valeur
d’insistance particulière et sa présence se généralise tandis qu’il perd sa prédicativité pour devenir conjoint au
verbe.
I. Non expression du pronom personnel sujet
Outre la tendance ancienne à n’exprimer le pronom sujet que pour des raisons d’expressivité, le pronom est
omis
- lorsque la zone préverbale est saturée par un élément tonique (complément ou adverbe), ce qui entraîne le
rejet du pronom personnel sujet derrière le verbe
- quand il y a coordination entre deux verbes à agent unique
- après une conjonction de subordination (rare parce que la conjonction de coordination ne peut occuper la
position ø). Ainsi et, qui n’entraîne pas de postposition du sujet, sous l’influence de l’adverbe si, dépasse
parfois son sens habituel pour se teindre d’une nuance adverbiale (cependant, pourtant, par conséquent),
déterminant une inversion du sujet et son omission derrière le verbe.
II. Expression du pronom personnel sujet
La distinction entre formes faibles et formes fortes telle qu’elle s’opère en ce qui concerne le pronom
personnel régime ne se fait sentir que de manière très sporadique dans la catégorie des pronoms personnels
sujets. Seule une opposition entre je et gié apparaît parfois. On peut expliquer cela par le fait que les pronoms
personnels sujets latins étaient toujours toniques. En ancien français aussi ils sont toniques et prédicatifs mais
ils perdent rapidement ce statut sans se transformer morphologiquement.
1 Prédicativité
- peut être séparé du verbe par un syntagme nominal (cod, coi, circonstanciel) et recevoir l’incidence d’un
adverbe ou la détermination d’un adjectif (numéral ou indéfini, proposition relative)
- peut être coordonné à un autre pronom ou à un nom
- peut apparaître dans une proposition elliptique du verbe, sa prédicativité compensant l’absence du prédicat
verbal
-phrase coordonnée ou exceptive quand le verbe principal n’est pas repris
-support d’une interrogation partielle
-réponse à une interrogation partielle ou totale (avec l’adverbe de négation nen > naje, nenil ; avec la
particule affirmative o > oje, oie, oïl)
- occupe d’autres fonctions que celle de sujet (apposé au sujet, apostrophe, attribut du sujet)
2 Place
Au cours de l’ancien français, le pronom personnel sujet perd sa prédicativité et ne devient qu’une marque de
personne. C’est pourquoi il a été remplacé par le pronom régime prédicatif dans certains emplois (en
coordination, lorsqu’il doit recevoir une détermination adjectivale, en prop elliptique du verbe, en fonction
d’attribut, apposition au sujet, apostrophe.) Cependant, de sa prédicativité latine, le pronom personnel sujet
conserve son rôle d’ouvreur de la phrase, on le trouve alors dans deux positions :
- à l’initiale absolue, il sature la zone préverbale, fournit l’élément tonique indispensable en début de phrase
- après le verbe
-dans les phrases assertives dont la place 1 est déjà saturée par un élément tonique
-dans les interrogatives (sujet inversé)
-dans les incises (fet ele, dit il)
Conclusion : Le pronom personnel sujet reste relativement indépendant par rapport au verbe ; il n’en reste
pas moins qu’il a subi son attraction et que son emploi conjoint au verbe est de plus en plus fréquent. C’est
d’ailleurs ce qui lui vaudra de devenir au cours du Moyen Age un simple morphème de la personne qui prend
le relai des désinences personnelles de plus en plus usées phonétiquement. Pour éviter une confusion dans le
système entre les emplois prédicatifs ou non, on fait appelle à de nouvelles formes.
CS
CR
Formes faibles
atones
Formes fortes
toniques
CRdir
CRind
je (gié, jou)
me
me
moi
tu
te
te
toi
il, i
le
li
lui
ele
la
li
li
nous, nos
nos
nos
nos, nous
vous, vos
vos
vos
vos, vous
il
les
lor, leur
eus
eles
eles
se
se
se
soi
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