2. Cependant, un peu partout, l'agriculture de ces zones est en crise : crise foncière
dans la zone d'exploitation forestière, crise de spéculation dans la zone à café, crise
des techniques agricoles partout, destructrices de l'environnement et incapables
d'assurer des revenus satisfaisants aux agriculteurs. Les populations sont pauvres,
leurs revenus ne dépassant pas en moyenne les 25 dollars par ménage et par mois.
Les conditions de vie sont mauvaises, l'habitat précaire aux cases rarement tôlées; le
niveau de scolarité partout inférieur à 50 % ; les taux de fréquentation des
établissements de santé sont inférieurs à 15 % ; moins de 1 % des sources d’eau
potable sont aménagées ; le taux d'équipement des ménages est très faible (lits de
nattes à même le sol, rareté des ustensiles de cuisine, des meubles), parfois le
savon traditionnel, corrosif, a pris la place du savon manufacturé. Les équipements
publics sont inexistants ou délabrés.
3. Il existe une attente considérable des populations pour la réhabilitation de ces
routes. Cette attente concerne également les routes d'intérêt local qui les alimentent
et qui, parfois, peuvent avoir une importance économique aussi grande. Partout on
insiste sur la condition préalable à la réhabilitation que devrait représenter
l'assurance d'un entretien régulier.
4. Sur la quasi-totalité de ces quelques 2 158 km, le tracé ancien de quatre (4) axes
routiers servira de base à la réhabilitation des routes nationales.
5. Trois (3) de ces nouveaux axes routiers traversent des zones fréquentées
directement par des peuples autochtones à moins de 150 km de l’axe routier,
notamment celles de RN6 / RN23 entre Mbari à Libenge, sur la RN26 entre Niania et
Isiro, et sur la RN4 entre Bafwasende et Beni.
6. L’exploitation de la viande de brousse est partout intense. La chasse et la pêche
sont pratiquées sans règle, sans souci de la reproduction de la ressource. La chasse
pénètre en profondeur dans toutes les aires protégées et menace les espèces les
plus protégées comme les éléphants, l'okapi, les chimpanzés, le paon congolais, etc.
En zone de savane, le gibier a pratiquement disparu.
7. Partout, les services des Coordinations provinciales de l’Environnement sont
quasiment inexistants sur le terrain et, les règlements et codes applicables aux
ressources naturelles en vigueur en RDC (agriculture, chasse, pêche, forêts) sont
généralement ignorés. L'exploitation forestière, qui s’opère dans la zone d’influence
de la route, détruit souvent, sans contrôle, les essences protégées, en toute
impunité. Les retombées pour les populations ou les entités territoriales locales en
terme d'équipements publics, d'emplois ou de ressources fiscales sont faibles voire
inexistantes.
8. L'occupation de l'emprise est faible sur une grande partie du tracé, si l'on prend
comme référence une bande de 12,5 m à partir de la ligne médiane du tracé ancien
en milieu rural et de 4,25 m en zone habitée. L'occupation concerne avant tout des
cultures pérennes et des bâtiments en banco. Il sera inférieur à 50 000 dollars au
100 km en milieu rural peu dense (forestier et de savane). S'agissant d'une route
existante, l'envahissement par les sites culturels et les cimetières est rare.