
L’enseignement de l’orthographe mis en cause
De tous les enseignements dispensés à l’école, le bilan de celui de l’orthographe demeure, et
depuis toujours, le plus sévèrement critiqué, car le plus décevant. Invariablement, les constats
restent identiques : même quand ils réussissent un exercice ou une dictée, les élèves ne
parviennent pas à orthographier correctement leurs productions écrites, alors même que les
règles, qu’ils utilisent efficacement en exercices d’application, sont apprises et correctement
récitées.
Tandis que de nombreuses études confirment que la maîtrise de l’orthographe d’usage, et plus
encore de l’orthographe grammaticale, régresse depuis vingt ans, une récente « Note
d’information
» du ministère de l’éducation nationale vient, en effet, révéler que le niveau de
compétence des élèves en orthographe est en baisse significative
.
Certes, le code présente des difficultés multiples et non négligeables. Ceci ne suffit pas à
expliquer pourquoi certaines attitudes, certains automatismes, certaines procédures requises
mettent souvent beaucoup de temps à s’installer.
En fait, au-delà de l’application, apparemment évidente, de règles, pour écrire correctement, un
élève doit mettre en œuvres des compétences multiples et nombreuses, le plus souvent d’ordre
mathématique : reconnaître une classe, appliquer une relation d’ordre, maîtriser la transitivité
et la réciprocité, raisonner par similitude ou par analogie, mémoriser les exceptions, parfois
faire appel à son expérience langagière et effectuer un choix en fonction du sens donné ou à
donner à la phrase, dans un texte très différent de ceux qui lui ont appris à reconnaître, à
identifier, à construire la règle, à lister les exceptions, bref, dans une situation d’exercice parfois
sans aucun rapport avec le situations initiales d’apprentissage. Cette effort semble
incommensurable !
Pourtant, la maîtrise de l’orthographe s’avère déterminante aussi bien pour le lecteur qui
prélève le sens d’un texte lu, que pour l’auteur qui souhaite communiquer fidèlement sa pensée
véhiculée par le texte qu’il écrit. C’est dire que l’enjeu de cet apprentissage est prépondérant.
Il convient de noter qu’à l’école élémentaire, l’enseignement de l’orthographe a peu varié dans
ses modalités pratiques comme dans les objets d’étude retenus.
Pourtant, reconsidérer l’orthographe du point de vue de son enseignement, de son
apprentissage, et de ses finalités, l’ensemble rapporté aux spécificités de la langue, permet
d’espérer une modification des pratiques de classe.
Les outils de l’enseignant
L’enseignement de l’orthographe, toujours en lien avec des faits de langue, requiert de la part de
l’enseignant de :
Disposer d’une progression continue du CP au CM2 caractérisée par une progressivité
des apprentissages (de la régularité de l’orthographe des mots aux exceptions les plus
fines) tenant compte notamment de :
Note d’information N° 08-38 de décembre 2008 « lire, écrire, compter : les performances des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalles 1987-
2007 ». MEN DEPP
Cette étude a montré que, dans un texte de dictée de d’une quinzaine de lignes, le nombre moyen d’erreurs est passé de 10,7 en 1987 à
14,7 en 2007. Quant à lui, le pourcentage d’élèves totalisant plus de quinze erreurs est passé de 26% en 1987 à 46% en 2007.