l'a délivré aux romains ne semblent même pas l'avoir atteinte non plus qu'avoir diminué son essor. En
46 avant notre ère, c'est un autre coup que subit la Numidie, César mit la main sur le royaume de
Juba 1er, qui s'était déclaré en faveur de son adversaire pompée dans la guerre civile qui les a
opposées. Juba 1er ne voulut pas survivre à sa défaite et se suicida aux environs d’ Hippone.
L'annexion pure et simple qui s'en suivit, et la transformation du royaume numide en une province
nouvelle, l'Africa Nova, avec Salluste comme premier Gouverneur, allait faire désormais d'Hippone
une ville romaine.
Mais Hippone était une ville qui avait déjà un long passé, une population homogène, une physionomie
originale différente des colonies militaires, telles que Timgad. Lambèse, Djemila, fondées par les
Empereurs pour les besoins stratégiques. Elle n'avait pas été non plus livrée, comme Cirta, aux
soldats de Sittius ami de César. Jamais elle ne sera peuplée de vétérans ; elle ne recevra même pas
de garnison, tout au plus des forces de police, puisqu'elle fait partie de la Proconsulaire, riche
province entièrement pacifiée, gouvernée par le Proconsul délégué par le Sénat, et dont un des trois
légats réside dans ses murs. Seuls les cadres de la haute administration comme lui, sont venus de
Rome mais c'est sur place, parmi les gens du pays, que sont recrutés leurs collaborateurs.
Le procurateur impérial administrant les circonscriptions d'Hippone et de Theveste y résidait .Elle
participait au ravitaillement de Rome, avec ses greniers publics, les " horrea sacra ", et elle n'exportait
pas seulement des céréales, mais de l'huile, du vin, des raisins, des fruits de toutes espèces, des bois
précieux, des marbres, de l'ivoire, des bœufs, des moutons, des bêtes fauves pour les jeux du cirque
.Elle était un des centres d'élevage de ces merveilleux chevaux numides, les pur-sang de l'époque,
les Berbes qui allaient triompher sur tous les hippodromes. Toute la campagne environnante était
couverte de propriétés agricoles dont l'importance, le nombre, l'opulence devaient dépasser celles des
domaines qui font actuellement l'orgueil de la plaine de Bône. C’est Rome qui dépendait de l’Afrique
et en l’occurrence Bône pas le contraire.
La commune, s'étendait à 32 km à l'Ouest et à plus de 5o km à l'Est, couvrant plus de 6o ha., sans
compter les faubourgs, desservie par huit grands-routes qui la reliaient à Carthage, à Cirta, à
Thagaste, à Rusicade, s'embellissait en proportion et se couvrait de monuments somptueux, dès le
1er siècle. On verra plus loin les vestiges importants qu'on commence à y retrouver. Elle n'abritait pas
seulement dans ses murs des hauts fonctionnaires mais également une élite intellectuelle, une élite
artistique, dont le goût raffiné a laissé maintes traces.
Au fond ce n’est pas l’Afrique qui a été romanisée mais plutôt Rome qui a été africanisée. En 96 elle
est promue à la dignité de " colonie ". Un honneur auquel aspiraient dès lors toutes les villes
Africaines ce qui n'altère en rien le caractère intime de la race qui en parlant le punique et le latin
garde ses valeurs et son caractère original.
L’invasion des Vandales qui occupèrent Hippone en 431 un an ou presque après la mort de Saint
Augustin (le 28 août 430) a mis la ville à feu et à sang. Les flammes dévorèrent cette cité tant aimée
de Saint Augustin, La basilique de Saint-Etienne, la maison du grand évêque, les palais et les murs
d'Hippone, croulèrent dans un vaste incendie. Seule La bibliothèque, qui renfermait les copies les plus
correctes des ouvrages du Saint homme à été sauvée.
Ces hordes Vandales venus d'Espagne et débarqués en Oranie en 429 seuls les murs d'Hippone les
avaient stoppés pendant quatorze mois. La ville ne fut en définitive occupée, que par une sorte
d’armistice, un traité de paix que Genséric avait conclu, en 435 et qui le faisait, du moins
théoriquement le vassal de l'Empire. Cet armistice ne la préserva évidemment pas des déprédations
et des pillages inévitables, mais il ne lui en permit pas moins de jouer à nouveau le rôle de capitale et
d'abriter la cour de Genséric jusqu'en 439, époque où le roi vandale s'empara traîtreusement de
Carthage. C'est sans doute à Hippone, cité de luxe et de plaisir, que ces Barbares commencèrent à
perdre leur rudesse et leur valeur combative, en y menant, aux Thermes, au Théâtre, au Cirque, et
dans les somptueuses villas, l'existence efféminée que nous a dépeinte Procope.
Entre révoltes et représailles le pays est désolé et auquel tous les efforts des Byzantins ne devaient
plus parvenir à le rendre prospère .Hippone a bien pu connaître, pendant deux siècles encore, une
apparence de prospérité ; elle a pu faire encore, jusqu'à la fin du VIIe siècle, figure de place forte,
avec ses remparts respectés, la citadelle avancée de Fossola, qui complétait à l'Est son système