Les totalitarismes L`univers des camps nazis. * la situation des Juifs

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Les totalitarismes
L’univers des camps nazis.
* la situation des Juifs au début de la guerre :
 pour fuir les persécutions, beaucoup de Juifs allemands ont émigré avant la guerre. Ils sont
à peu près 220 000 en 1939 (500 000 en 1933). Mais, avec les annexions allemandes, le
nombre ne cesse d'augmenter dans le Reich
 les nazis les entassent d'abord dans des ghettos dans les grandes villes polonaises. A Lodz
(avril 1940), à Varsovie, par exemple (novembre 1940). Fin 1941, presque tous les Juifs
du Gouvernement général sont parqués dans des ghettos.
(Gouvernement général : ce sont les régions conquises par l’Allemagne mais ne lui ayant
pas appartenu avant 1918 ; il s’agit d’un protectorat dont la capitale est Cracovie et
l’administrateur Hans FRANK, qui reçoit directement ses ordres de Hitler. Rappelons qu’en
sept 1939, la Pologne a été attaquée par les nazis et par les soviétiques qui se partagent son
territoire)
 Du ghetto les Juifs ne peuvent sortir et un Conseil Juif, appelé Judenrat, répartit la
nourriture et prélève les impôts. Dans le ghetto de Varsovie, ils sont 500 000. La ration
alimentaire est très faible (environ 300 calories par jour au début, elle baisse par la suite ;
rappel : il faut en moyenne un apport de 2000-2500 calories par jour à un adulte de taille
moyenne) et la mortalité annuelle y est très élevée (environ 120 pour mille)
 Depuis 1939 en Pologne, puis 1941 pour tout le territoire allemand, les Juifs doivent
porter étoile jeune
* Une mise en place progressive de l’extermination des « ennemis objectifs » :
= L’extermination industrielle commence avec le choix du gazage, destiné à une plus grande
"efficacité" et également à éviter les tensions psychologiques ressenties par les bourreaux
+ NE PAS NEGLIGER : ce mode d’exécution permet aussi de mieux maintenir le "secret"
= d'autre part, le gazage a déjà été employé à l'automne 1939 par les nazis, contre les malades
mentaux allemands (plus de 70 000 victimes)
Aussi :
- Dès la fin 1941, au camp d'extermination de Chelmno, commence l’exécution massive des
Juifs dans des camions à gaz (asphyxie par gaz d'échappement). Les autres camps sont
agrandis et on en construit de nouveaux, dans le territoire de l'ancienne Pologne, près des
grands ghettos.
- Le plus important : Auschwitz-Birkenau choisi pour la présence d’un réseau bonnes
communications qui permettent l'accès de trains venant de toute l'Europe
=> Selon le directeur du camp, R. Höss, 3 millions de déportés (Juifs, Tziganes, prisonniers
e
russes) auraient péri à Auschwitz jusqu’au 1 décembre 1943: 500 000 de maladie ou
d’épuisement, 2 500 000 exécutés, la plupart asphyxiés à l’aide du gaz Zyklon B fourni par la
firme industrielle I.G. Farben. Comme dans tous les camps, les corps des suppliciés étaient
ensuite brûlés dans des fours crématoires.
- Juifs et Tsiganes (présentés comme « Untermenschen », sous-hommes, même si les
tsiganes vont surtout être éliminés comme asociaux, plus que par racialisme) étaient
transportés par trains, triés à l'arrivée : vieillards, malades et enfants étaient directement
envoyés à la chambre à gaz, tandis que hommes et femmes jeunes et valides étaient dirigés
vers les baraquements du camp où ils travaillaient quelques mois, avant, le plus souvent, de
périr de faim, de privations, de maladies, de mauvais traitements. A Auschwitz-Birkenau, la
1e utilisation de chambre à gaz pour tuer des Juifs est attestée en mars 1943 : 1492 femmes,
enfants, vieillards tués à partir d'un convoi de 2000 Juifs venus du ghetto de Varsovie et gazés
dans la nuit du 13 au 14 mars 1943.
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Les camps sont organisés de manière très rationnelle. (cf. organisation de l'espace :
DOCUMENT DISTRIBUE) On calcule même au mark près ce que rapporte un déporté
Exemple à Auschwitz, d'après Rudolf Höss : location quotidienne : 6 ReichMarks; moins : 0,6
RM de nourriture et 0,1 RM de vêtements. Durée de vie moyenne : 9 mois = 5,3 RM x 270 =
1431 RM. Gain d'une exploitation rationnelle du cadavre : or dentaire, vêtements laissés,
objets de valeur, argent, moins coût de la combustion (2 RM)/ Profit net moyen : 200 RM.
Profit total après 9 mois : 1631 RM.
Dans les crématoires, les équipes de "coiffeurs" et de "dentistes" récupèrent sur les cadavres
les cheveux qui serviront à l'industrie textile et les dents en or et bijoux.
 Noter que peu de textes nazis parlent ouvertement de l'extermination des Juifs. Ils parlent
de "mission spéciale" (Sonderauftrag) ou de traitement spécial (Sonderbehandlung).
 Il y a volonté manifeste de masquer la réalité des choses : dans les échanges officiels, on
relève des expressions stéréotypées : les Juifs sont «évacués», pour être «mis au travail» «à
l’Est», cela dans le cadre de la «solution finale de la question juive».
Le souci de dissimulation va jusqu'à la volonté de supprimer toute trace du crime : en juin
1942, Himmler confia à l’un de ses subordonnés la mission de retrouver les fosses communes
laissées par les Einsatzgruppen pour en déterrer les cadavres et les brûler; la tâche ne fut
qu’imparfaitement accomplie avant l’arrivée des troupes soviétiques.
De plus pour préserver le secret, une censure et une répression féroce étaient établies.
Par ailleurs, les nazis comptent sur l'énormité de l'extermination pour assurer le scepticisme
de ceux qui auraient des doutes : cf.
dans préface de l'ouvrage de Primo LEVI, Les naufragés et les rescapés, 1986, citation de
Simon Wiesenthal, rapportant les propos de S.S : "De quelque façon que cette guerre finisse,
nous l'avons déjà gagnée contre vous. Aucun d'entre vous ne restera pour en porter
témoignage (…) et si quelqu'un devait survivre, les gens diront que les faits que vous racontez
sont trop monstrueux pour être crus…"
* Camps de concentration, camps d'extermination (cf. carte distribuée)
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Avec la guerre, de nouveaux camps regroupent des homosexuels, des opposants
politiques, des Résistants de toute l'Europe, mais aussi de nombreux Polonais appartenant
aux élites intellectuelles, dont les nazis ont programmé l'extermination pour transformer
l'Allemagne en terre de colonisation germanique (et parce que les Polonais sont tout juste
considérés comme des animaux, et en tout cas pas comme des hommes, plutôt comme des
esclaves corvéables à merci)
L'administration des camps est confiée aux SS qui font appliquer les règles par les chefs
de blocs, les KAPOS, choisis parmi les détenus de droit commun les plus brutaux.
Pour ceux qui survivent au transport dans des wagons à bestiaux, la vie au camp = froid,
faim, épidémies de typhus, brutalités des SS et des kapos. Plus expériences
pseudomédicales des médecins chirurgiens S.S.
Exemple : Josef Mengele à Auschwitz ou encore les "essais" de stérilisation réalisés dans les
camps, à Auschwitz surtout, pour trouver les "meilleurs" moyens, sur des hommes et des
femmes, afin de répandre dans le reste de l'Allemagne. A Buchenwald, on leur inocule le
typhus pour étudier l'évolution de la maladie et la valeur des vaccins fournis par les grandes
firmes allemandes. Les survivants étaient tués d'une piqûre intracardiaque.
 mort rapide pour les plus faibles, soumis au travail forcé, au moins 10 heures par jour
 les détenus sont loués à des grandes firmes allemandes comme Krupp, Siemens, I.G.
Farben, dans ateliers terrifiants, à côté des camps.
= avec la décision de la solution finale, des camps d'extermination sont mis en place : 6 au
total dont deux sur territoire de l'ancienne Pologne (Chelmno et Auschwitz) ; deux sont
mixtes (Auschwitz et Maidanek ; +/- 50 000 victimes pour Maidanek), les 4 autres :
extermination uniquement (Sobibor, 200 000 victimes, Treblinka : 750 000 morts, Belzec :
550 000 morts, Chelmno : 150 000)
= la plus grande structure utilisée dans l'extermination des Juifs et l'emprisonnement des
prisonniers de guerre soviétiques : Auschwitz. Au plus fort de son fonctionnement, en été
1944, environ 20 000 cadavres brûlés chaque jour (au moins 1 million de victimes)
 BILAN : au total, si on se fie aux chiffres fournis par l'historien américain Raul HILBERG
(La Destruction des Juifs d'Europe) : évaluation de 5 100 000 victimes juives ; actuellement,
on considère cette estimation comme minimale : le nombre réel se situerait autour de 5,5 ou
5,7 millions de victimes juives.
Dans le détail :
 les fusillades : environ 1 300 000 victimes;
 les camps, et avant tout les camps d’extermination, furent responsables de la mort
d’environ 3 millions de personnes;
 plus de 800 000 autres personnes succombèrent aux privations et maladies que leur valut
l’enfermement dans les ghettos.
Le résultat fut la disparition de la plus grande partie des Juifs d’Europe orientale, et
notamment de près de 3 millions de juifs polonais. (1/3 des Juifs du monde entier anéantis par
les nazis). Environ 60 % de la communauté juive européenne d'avant guerre a disparu dans les
camps nazis. (cf. document photocopié)
Les Juifs représentent par conséquent les victimes les plus nombreuses des nazis (Slaves
et Tsiganes furent également anéantis en nombre) et surtout les victimes dont
l'anéantissement est le plus systématique
 c’est pour cette raison qu’après la guerre, le terme de GENOCIDE (puis de Shoah, qui
signifie en hébreu catastrophe) sera spécifiquement utilisé pour désigner cette extermination
raciale sans précédent dans l'Histoire.
Les victimes non-juives des nazis :
- déportation des résistants, des opposants politiques dans des camps de concentration
(exemple : Bergen-Belsen) => 550 000 morts sur 1 650 000 résistants déportés entre
septembre 1939 et janvier 1945 (60 000 victimes en France par exemple),
- déportation d’homosexuels (environ 20 000 morts en camps de concentration) et de
témoins de Jéhovah
- les prisonniers de guerre soviétiques : sur les 5 700 000 prisonniers de guerre russes faits
prisonniers, environ 3 300 000 sont morts des privations qu’ils ont eu à subir (la
Wehrmacht arrête très vite de les nourrir)
-
tsiganes : environ 250 000 victimes (sur les 700 000 qui vivaient en Europe). Ce chiffre
n’est toujours pas totalement accepté. On trouve des estimations indiquant entre 200 000
et 500 000 victimes. Les nazis ont été aisés par les nationalistes croates menés par Ante
Pavelic, qui ont exécuté environ 28 000 des 28 500 Tsiganes recensés en Croatie .
Au total, Philippe BURRIN affirme qu’on peut estimer à 12 millions le nombre de
personnes de toutes nationalités mortes à la suite de persécutions menées par les nazis
Bibliographie sommaire
E. KOGON, L’Etat SS. Le système des camps de concentration allemands, Point Seuil
Politique, 1970 (1e édition : 1946)
E. KOGON, H. LANGBEIN, A. RUCKERL, Les chambres à gaz, secret d’Etat, Editions de
minuit, 1984.
P. BURRIN, Hitler et les juifs. Genèse d’un génocide, Seuil, 1989
R. HILBERG, La Destruction des juifs d’Europe (The Destruction of the European Jews,
Revised and Definitive Edition, New York, 1985), trad. M.-F. de Paloméra et A. Charpentier,
Fayard, Paris, 1985
P. VIDAL-NAQUET, Les Assassins de la mémoire, La Découverte, Paris, 1987
P. LEVI, Si c’est un homme, trad. franç., Julliard, 1987; La Trêve, trad. franç., Grasset, Paris,
1966; Les Naufragés et les rescapés, trad. franç., Gallimard, 1989
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