. «Identification et exploitation d’obstacles
http://www.radisma.info/document.php?id=1551. ISSN 1990-3219
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professeurs par rapport à l’appropriation des savoirs sur le concept d’écosystème, en
particulier l’idée qu’il n’y a pas d’interactions entres les différentes composantes d’un
écosystème. Les notions de système et d’interactions ne sont donc pas prégnantes
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chez
les futurs professeurs. Nous pensons aussi que les trois phénomènes tels que la
production, la consommation et la décomposition sont faiblement prégnants dans la
pensée des élèves professeurs. Ces pensées ne peuvent évoluer que si l’élève est
vraiment conscient de l’existence d’obstacles. Dans ce cas comment faire alors en sorte
que l’élève puisse être conscient qu’il est buté à un obstacle ? Ou tout simplement
quelle méthodologie mettre en œuvre pour réunir les conditions afin que l’élève, le
futur professeur puisse s’investir, mobiliser ses connaissances, se rendre compte de
l’insuffisance de ces connaissances ou qu’il soit conscient de ses obstacles ? Si l’élève
professeur est soumis à des activités l’amenant à mobiliser ses propres savoirs, à faire
une analyse critique en les confrontant à ceux des autres dans un débat de groupe ou en
les confrontant à des savoirs scientifiques avérés, il peut être conscient de ses
obstacles, de les renier.
La présente recherche a pris comme référent théorique la notion d’obstacles.
Suite à une réflexion sur la formation de l’esprit scientifique, Gaston Bachelard introduit
en 1938 la notion d’obstacles épistémologiques. « Les didacticiens des disciplines se sont
emparés de cette notion pour travailler sur les questions d’enseignement et
d’apprentissage » (Cohen-Azaria et al, 2013, p.147). A la notion d’obstacle d’autres
qualificatifs ont été ajoutés : psychologiques, affectifs, conceptuels ou encore
didactiques. « Les obstacles peuvent être définis comme des structures et des modes de
pensée qui font résistance dans l’enseignement et dans l’apprentissage. » (Ibid. P. 148).
C’est en termes d'obstacles qu'il faut penser l'apprentissage, selon Bachelard. «...on
connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant les connaissances mal faites,
en surmontant ce qui dans l'esprit même, fait obstacle... »
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. Selon une telle approche,
l’obstacle est considéré comme une fonction positive et centrale dans le processus
d'apprentissage et de compréhension de l'apprenant. La notion d’obstacle didactique a
été introduite par Brousseau (1998), selon qui, si les choix pédagogiques de l’enseignant
ou du système éducatif sont erronés, alors ils vont fonctionner comme obstacles à
l’apprentissage des nouvelles connaissances et induisent l’élève en erreur. Les
recherches en didactique sur la notion d’obstacles s’appuient sur celles portant sur les
conceptions des élèves (Astolfi, 1992 ; Astolfi & Peterfalvi, 1997 ; Giordan, 1996 ;
Giordan & De Vecchi, 2000, 2002). Les didacticiens proposent de rechercher les
obstacles pour comprendre certaines formes de raisonnement chez l’apprenant, car ce
sont des objets incontournables dans l’enseignement.
Martinand (1986) a introduit la notion d’objectif-obstacle, montrant la nécessité de
choisir parmi des obstacles à l’apprentissage, ceux qui paraissent pédagogiquement
intéressants qui peuvent faire l’objet de dépassement. L’obstacle devient donc un
objectif d’enseignement. Cette vision est partagée par Astolfi (1992) ; Astolfi &
Peterfalvi (1993, 1997).
Les obstacle peuvent avoir plusieurs origines : ontogénique, didactique, épistémologique
(Brousseau ,1998). Certains auteurs ont identifié d’autres origines en plus des trois
citées : le langage, les manuels scolaires et les livres, la simplification du savoir pour
des fins d’enseignement, le style d’apprentissage de l’apprenant, etc. (Madrane et al,
2007).
1
Prégnant : qui prédomine, qui s'impose à l'esprit, qui est particulièrement expressif par rapport au reste.
2
Bernard Dantier (2004). Textes de méthodologie en sciences sociales. Extrait de : Gaston Bachelard, La formation de l’esprit
scientifique. Paris : Vrin, 1999, chapitre 1
er
. http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.bag.obs