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1. Le changement climatique en France
L’observation des changements climatiques en France tire parti de l’existence d’un réseau
relativement dense d’observations couvrant l’ensemble de la métropole depuis la fin du XIXème
siècle (environ 70 pour la température et 300 pour les précipitations). Ces données, après un
travail nécessaire d’homogénéisation1, montrent qu’au cours du siècle dernier, la France s’est
réchauffée d’environ 1°C, et que, dans la plupart des régions, les précipitations ont augmenté en
hiver et diminué en été. Le réchauffement s’est accentué au cours des 30 dernières années avec
un rythme de 0,55°C par décennie. Une analyse de séries quotidiennes montre aussi une
augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur et une diminution du nombre de jours de
froid et de gel au cours des cinquante dernières années. La durée des épisodes pluvieux a aussi
augmenté sauf en été, alors que dans le même temps, nous constatons une augmentation de la
durée des sécheresses estivales. Il n’est pas actuellement possible d’attribuer ces évolutions
encore faibles à l’effet de serre additionnel lié aux activités humaines. Quelques études récentes
montrent cependant la présence d’un signal anthropique sur certains paramètres climatiques
moyens mesurés en France métropolitaine comme les températures nocturnes estivales.
Les projections sur le climat futur en France vers 2050 peuvent être estimées à partir de
simulations de modèles climatiques dont le maillage est de l’ordre de quelques dizaines de
kilomètres. Mais la précision de ces simulations ne se situe évidemment pas à cette échelle,
compte tenu de l’importante variabilité que connaît le climat, en particulier sur l’Europe de l’Ouest.
La variabilité des régimes de temps, difficile à estimer avec précision, introduit en effet un facteur
d’incertitude important dans les simulations. De plus, les modèles climatiques eux-mêmes ne font
que reproduire imparfaitement la réalité, ajoutant un facteur d’incertitude tout aussi important. Les
scénarii de concentration de gaz à effet de serre ont un impact moins marqué sur l’incertitude,
leurs différences se faisant surtout sentir à partir de la deuxième moitié du XXIème siècle.
Malgré ces incertitudes, nous pouvons affirmer que c’est à une accentuation de la plupart des
tendances déjà observées qu’on devrait avoir à faire face à l’horizon 2050. Les simulations du
climat futur nous montrent en effet qu’il est extrêmement probable2 que la France de 2050 soit plus
chaude (d’environ 2°C) et connaisse des hivers plus pluvieux et des étés plus secs.
L’augmentation des pluies hivernales ne compensant pas la baisse aux autres saisons, on devrait
aussi subir une baisse des ressources en eau par rapport à ce que nous connaissons aujourd’hui.
Il est très probable que le nombre de jours de forte chaleur augmente, d’un facteur qui pourrait être
de 4 à 6 selon certains scénarii climatiques. On s’attend à une augmentation très probable de la
durée des sécheresses estivales, plus marquée dans la partie sud du pays, mais aussi à une
augmentation probable du nombre de jours consécutifs de fortes pluies en hiver dans la plupart
des régions. La diminution déjà constatée du nombre de jours de gel et de neige en plaine devrait
également s’accentuer en moyenne. En revanche, de même que nous ne notons pas de tendance
significative sur la fréquence et l’intensité des tempêtes des cinquante dernières années, les
simulations climatiques ne montrent pas d’évolution marquée de la fréquence des vents forts en
liaison avec les émissions anthropiques.
1 Traitement statistique destiné à corriger les ruptures d’homogénéité des séries dues à des changements de localisation
des stations de mesure, à des changements de capteurs, …
2 Dans ce texte, en conformité avec le rapport du GIEC, on a utilisé les termes suivants pour désigner la vraisemblance
d’une conclusion ou d’un résultat : Pratiquement certain : probabilité > 99 %, Extrêmement probable : >95 % , Très
probable : >90 %, Probable : >66 %, Plus probable que non : >50 %, Peu probable : <33 %, Très peu probable :
<10 %, Extrêmement peu probable : < 5 %.