LES ALPES 8/2005 19
Alpinisme
et autres sports
de montagne
Alpinismo e altri sport
di montagna
Alpinismus, Berg-
u. a. Sportarten
Attention au vertige !
Histoire d’une
via ferrata en pays de
Neuchâtel
C’est en août 2004 qu’une nouvelle
via ferrata a vu le jour au Val-de-Tra-
vers. Interdite d’accès du 1er janvier
au 31 juillet en raison de la nidifica-
tion de diverses espèces, elle a été
conçue pour des grimpeurs de tout
âge pour qui le respect de la nature
n’est pas un vain mot. En outre, il ne
faut pas avoir peur du vide, car pour
y accéder, on s’engagera directe-
ment par le haut de la falaise.
Toute entreprise comporte ses risques,
ses inconnues et ses mystères. Les risques
s’évaluent avant le départ. Les inconnues
se découvrent en chemin et les mystères,
à leur gré, se dévoilent au cœur de celui
qui s’engage dans l’aventure.
Une autre approche
Comparée aux innombrables conquêtes
alpestres, l’histoire d’une via ferrata peut
sembler banale. En effet, depuis bien
longtemps, les regards ne se sont-ils pas
tournés vers les somptueux espaces, les
grandes verticales et les hautes altitudes ?
La naissance d’une via ferrata – comme
celle du Val-de-Travers – est le témoignage
d’une autre approche. C’est un retour
aux sources qui rappelle nos propres dé-
buts, avec ses découvertes, ses peurs et
ses bonheurs indescriptibles. Il s’agit
d’un projet de longue haleine où coopé-
ration et administration ne sont pas de
vains mots.
Dossier et demandes officielles
C’est en 2000 que l’idée d’une via ferrata
a pris naissance. Après une recherche ci-
blée sur des endroits propices, un projet
de faisabilité a été mis en place. Perce-
vant très vite l’intérêt et l’ampleur d’un
tel parcours, nous avons établi un dossier
et adressé des demandes officielles aux
instances cantonales compétentes.
En octobre 2002, le préavis favorable
nous parvenait, avec une restriction
conforme à l’arrêté en vigueur dans
toute la réserve du Creux-du-Van, soit :
interdiction d’accès du 1er janvier au
31 juillet en raison de la nidification de
diverses espèces.
Après plusieurs appels d’aide béné-
vole et une intense campagne de recher-
che de fonds, les travaux ont pu être réa-
lisés principalement entre les mois
d’août et de décembre 2003.
L’intérêt, l’enthousiasme et l’entente
tout au long de la réalisation de ce grand
projet ont été à tous points de vue re-
marquables. En effet, une vaste équipe
de donateurs, de grimpeurs et d’ama-
teurs nous ont permis d’atteindre notre
objectif.
Une via ferrata destinée à un large
public
Notre via ferrata est avant tout un ter-
rain de partage et d’échange, lieu où des
femmes, des hommes et des familles
peuvent se rencontrer. Endroit que la
plupart qualifient de magique parce qu’il
permet aux uns et aux autres de faire une
pause au cœur de l’agitation. Il s’agit
d’une grande traversée dans le haut
d’une falaise. Elle suit une nervure que
les glaciers d’antan ont patiemment fa-
çonnée tout en créant, au contour du ro-
cher, de petites cavités surplombantes
qui engagent son visiteur à la contem-
plation. L’impression de vide est saisis-
sante. En effet, le câble surplombe ma-
jestueusement le petit village de Noirai-
gue. La falaise n’est haute que de 60 mè-
tres, néanmoins, la forêt au pied de cette
dernière est si raide que seuls les chamois
s’y aventurent !
Surprise et contemplation
Les adeptes des via ferrata seront peut-
être étonnés de s’engager directement
par le haut de la falaise, se trouvant donc
subitement confrontés au vide. Le temps
de reprendre leur souffle, d’avaler leur
salive et les voilà plongés dans un monde
enchanteur.
Le parcours est fléché sur toute
sa longueur à partir du restau-
rant du Haut de la Côte ou dès le
village de Noiraigue. Ainsi les
ferratistes ne peuvent s’égarer
Beaucoup qualifient la via ferrata
du Tichodrome de magique car elle
permet aux uns et aux autres de faire
une pause au cœur de l’agitation
Photos: Patrice Schreyer, Outdoorphotography