le cancer au saguenay–lac-saint-jean : survol épidémiologique d`un

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UN ENJEU MAJEUR DE SANTÉ PUBLIQUE
Le cancer est reconnu comme un problème majeur de santé publique en raison
de sa fréquence, de sa sévérité et des coûts, tant économiques que sociaux, qu’il
entraîne (World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research,
2007). On estime que près d’un Canadien sur deux développera un cancer au
cours de sa vie, et on prévoit que le quart de ceux qui en seront atteints
mourront de la maladie. Pourtant, au moins 50 % des cancers pourraient être
évités par l’adoption de saines habitudes de vie et par la mise en œuvre de
politiques de santé publique (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2013).
Comme le rappelle le Programme national de santé publique 2015-2025, « la lutte
contre le cancer constitue un enjeu d’importance dans notre société » (Ministère
de la Santé et des Services sociaux, 2015 : 19). C’est pourquoi, tous les moyens en
ce sens nécessaires, de la prévention à l’accès à des traitements et à des soins
palliatifs de qualité, en passant par le dépistage et par la promotion de saines
habitudes de vie, ont progressivement été déployés au cours des dernières
années dans la région, comme ailleurs au Québec.
Afin de mieux cibler les actions à poursuivre et à entreprendre dans le cadre de la
lutte contre le cancer, ce document présente les données les plus récentes
relatives à ce problème de santé chronique au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Dans un
premier temps, il dresse le portrait de l’incidence et de la mortalité de cette
maladie, en fonction du sexe, de l’âge, du type de tumeurs et de sa répartition
dans les territoires de réseaux locaux de services (RLS) de la région. Dans un
deuxième temps, il présente les tendances relatives à son évolution et à sa
prévalence, et fait état, finalement, des perspectives et des enjeux y étant
associés.
SÉRIE
SURVEILLANCE
DES MALADIES
CHRONIQUES
LE CANCER AU SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN :
SURVOL ÉPIDÉMIOLOGIQUE D’UN ENJEU MAJEUR DE SANTÉ PUBLIQUE
JUIN 2016
FAITS SAILLANTS
> Avec près de 35 % des décès enregistrés
annuellement, le cancer est la première cause
de mortalité au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
> Chaque jour, dans la région, près de cinq
personnes reçoivent un diagnostic de cancer,
environ sept personnes sont hospitalisées des
suites de cette maladie et deux personnes en
meurent.
> La région se démarque du Québec par des taux
(ajustés selon l’âge) significativement plus
élevés d’incidence du cancer depuis une
trentaine d’années.
> Le vieillissement accéléré de la population
régionale entraîne une croissance soutenue du
nombre de nouveaux cas et de décès attribués
au cancer.
> Plus d’un cas de cancer sur deux pourrait être
évité par l’adoption de saines habitudes de vie
et par la mise en œuvre de politiques de santé.
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AUTEUR
Fabien Tremblay, agent de planification, programmation et recherche
RELECTURE
Ann Bergeron, médecin-conseil responsable en surveillance de l’état de santé de la population
Audrey Bolduc, adjointe à la direction
René Lapierre, agent de planification, programmation et recherche
Édition produite par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Ce document est disponible sur le site Internet du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean à
l’adresse suivante : www.santesaglac.com (section Documentation).
Dépôt légal :
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016
Bibliothèque et Archives Canada, 2016
ISBN (version PDF) : 978-2-550-75586-9
Toute reproduction totale ou partielle de ce document est autorisée à la condition d’en mentionner la source.
© Gouvernement du Québec, 2016
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MÉTHODOLOGIE
Les données les plus centes disponibles sur l’incidence du cancer
couvrent une période qui s’échelonne de 1984 à 2010. Celles-ci
proviennent du ministère de la Santé et des Services sociaux et sont
regroupées dans le Fichier des tumeurs du Québec, dont la source
principale est l’épisode de soins hospitaliers de courte durée et la
chirurgie d’un jour par le Fichier MED-ECHO. Les données relatives à
la mortalité sont disponibles de 1979 à 2011 et sont tirées du
Fichier des décès. Le nombre de cas prévalents est calculé à partir
du dénombrement de tous les nouveaux cas qui ont été
diagnostiqués (Fichier des tumeurs du Québec) depuis un certain
délai (2 ans, 5 ans, 10 ans, 15 ans) et qui sont encore vivants au
cours de la période étudiée (Fichier des décès).
L’exhaustivité du dénombrement des cas de cancers au sein du
Fichier des tumeurs est évaluée à 92 %. Elle «varie selon le siège du
cancer : […] pour les cancers de la prostate et du mélanome [elle]
est relativement faible (67,9 % et 65,4 %, respectivement), alors
que celle des autres cancers chez les adultes atteint 95,9 % ».
Dans l’ensemble, « le Fichier des tumeurs du Québec présente une
très bonne exhaustivité pour les nouveaux cas de cancer confirmés
en histologie chez les adultes et une excellente exhaustivité chez les
jeunes » (Institut national de santé publique du Québec, 2003 : 15).
L’ensemble des cas de cancer apparaissant au Fichier des tumeurs
du Québec a été classé selon la Classification internationale des
maladies en oncologie (CIM-O-3), ce qui rend l’ensemble des
données d’incidence comparables dans le temps. Par contre,
l’adoption de la CIM-10 à partir de l’année 2000 engendre une
légère brisure dans l’analyse temporelle de la mortalité pour
certains sièges de cancer. « En utilisant la CIM-10 pour classer la
cause de décès, on obtient 1,9 % de moins de décès dus aux
tumeurs malignes de la trachée, des bronches et du poumon.
Cependant, il n’y a pas de différence statistiquement significative
entre le nombre de décès classés selon la CIM-9 ou selon la CIM-10
à tumeurs malignes du côlon, du rectum et de l’anus.
La classification de la cause de décès selon la CIM-10 au lieu de la
CIM-9 résulte en une augmentation du nombre de décès dus à une
tumeur maligne du sein et dus à une tumeur maligne de la prostate
de 1,3 % et 3,2 %, respectivement. » (Statistique Canada, 2005 : 6)
Tant pour l’incidence que pour la mortalité et la prévalence, les
taux sont ajustés selon la structure par âge (0 à 4, 5 à 14, 15 à 24,
25 à 44, 45 à 64, 65 à 74, 75 ans et plus), sexes réunis, de la
population de l'ensemble du Québec en 2011. Toutes les
différences statistiques soulignées sont significatives au seuil alpha
de 0,01.
Le modèle Nordpred est utilisé pour projeter les taux d’incidence et
de mortalité (Moller et collègues, 2002; Nowatzki et collègues,
2011). Il s’agit d’un modèle âge-période-cohorte qui utilise les
données observées par période de cinq ans, groupes d’âges de
cinq ans et cohortes de cinq ans pour produire les projections.
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L’ampleur du phénomène
Environ 48 700 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués au Québec
en 2013
(Comité consultation de la Société canadienne du cancer, 2015).
Après Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse, le Québec est la
province canadienne qui enregistre les plus hauts taux de mortalité par
cancer (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2011).
Par ailleurs, la région se démarque du Québec par des taux d’incidence
significativement plus élevés pour l’ensemble des tumeurs ainsi que pour
certains cancers, et ce, depuis au moins une trentaine d’années.
Comme au Québec
, l
e cancer est la première cause de mortalité au
Saguenay–Lac-Saint-Jean. À elle seule, cette maladie est responsable de
plus de 35 % des cès observés annuellement dans la région. Pour la
période la plus récente étudiée, 1 708 nouveaux cas de cancers (2006-
2010) et 764 décès causés par cette maladie (2007-2011) ont été
enregistrés, en moyenne chaque année, au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Il n’est donc pas étonnant de constater que le cancer soit une importante
cause d’hospitalisation. Entre 2009 et 2014, 9 % des admissions (2 436)
dans les centres hospitaliers de la région y sont annuellement attribuables.
Ainsi, on estime que chaque jour, dans la région, près de cinq personnes
reçoivent un diagnostic de cancer, environ sept personnes sont
hospitalisées en lien avec cette maladie et deux personnes en meurent
.
2 canadiens sur 5
développeront un cancer
au cours de leur vie
On peut s’attendre à ce
que plus de 2 400
personnes soient
hospitalisées pour un
cancer au cours de
l’ane
Plus de 2 150
personnes recevront
un diagnostic de cancer
dans la région en 2016
Environ 840 personnes
mourront du cancer
dans la région
en 2016
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L’INCIDENCE ET LA MORTALITÉ SELON L’ÂGE, LE SEXE ET LE TERRITOIRE DE RLS
Le sexe
Les probabilités de développer un cancer
sont plus élevées chez les hommes que
chez les femmes. Pour la période la plus
récente étudiée (2006-2010),
909 nouveaux cas ont été diagnostiqués
en moyenne chaque année chez des
hommes de la région, contre 799 chez
des femmes, pour des taux ajustés selon
l’âge (pour 100 000 personnes) de 714 et
531, respectivement. Le nombre de
décès, tout comme le taux ajusté de
mortalité, est également plus élevé chez
les hommes que chez les femmes de la
région. Entre 2007 et 2011, 409 décès
attribuables au cancer ont été enregistrés
annuellement chez des hommes, contre
355 chez des femmes, pour des taux
ajustés (pour 100 000) de 324 et de 224
(tableau 1). Ainsi, l’écart entre les
hommes et les femmes est moins
important en ce qui concerne l’incidence,
essentiellement, parce que les hommes
tendent à développer des cancers plus
létaux que les femmes.
Notons, finalement, que le taux ajusté
d’incidence du cancer chez les hommes
de la région est significativement plus
élevé que chez ceux du reste du Québec
(tableau 1).
Sources : Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2015, Fichier des tumeurs et Fichier des décès.
Note : (+) Taux significativement plus élevé que celui du reste du Québec au seuil alpha de 0,01.
n.s. Aucune différence statistiquement significative.
TABLEAU 1
Sources : Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2015, Fichier des tumeurs et Fichier des décès.
HOMMES FEMMES SEXES RÉUNIS
Nombre
annuel
moyen
Taux
ajusté /
100 000
Écart /
reste
du Qc
Nombre
annuel
moyen
Taux
ajusté /
100 000
Écart /
reste
du Qc
Nombre
annuel
moyen
Taux
ajusté /
100 000
Écart /
reste
du Qc
Ratio
hommes-
femmes
INCIDENCE (2006-2010)
Saguenay–Lac-Saint-Jean 909
714
(+)
799
531
n.s.
1 708
607
(+)
1,34
Reste du Québec 21 705 655 20 898 518 42 603 573
1,26
MORTALITÉ (2007-2011)
Saguenay–Lac-Saint-Jean 409 324
n.s.
355
224
n.s.
764
266
n.s.
1,45
Reste du Québec 9 775 308 8 924 219 18 698 256
1,54
Incidence et mortalité (nombre annuel moyen et taux ajusté pour 100 000 personnes), selon le sexe,
Saguenay–Lac-Saint-Jean et Québec, 2006-2010 et 2007-2011
FIGURE 1A
Répartition du nombre de nouveaux
cas selon le sexe (2006-2010)
FIGURE 1B
Répartition du nombre de décès
selon le sexe (2007-2011)
53,5 % 46,5 %
53,2 % 46,8 %
1 / 26 100%
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