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Odoacre…
Mais il ne veut pas être considéré
comme un « voleur de trône », avec
tous les désagréments politiques que
lui vaudrait ce qualificatif d’usurpa-
teur : les jalousies, les luttes perma-
nentes pour se maintenir au pouvoir,
l’instabilité institutionnelle… Il décide
alors de se mettre sous l’autorité de
Zénon, qui, à Constantinople, en 474,
vient de succéder à Léon Ier comme
empereur d’Orient (< 31 <).
Il renvoie donc à Zénon les insignes impériaux du pouvoir dans l’empire d’occi-
dent (dont le célèbre manteau de pourpre), et se fait reconnaître le simple titre de
« * Patrice * d’Italie ».
Ce renvoi symbolique des insignes supprime le distinguo entre « empire romain
d’Occident » et « empire romain d’Orient » en vigueur depuis le partage de Théo-
dose. Il n’y a plus, à nouveau, qu’un seul « empire romain », dont la capitale unique
est Constantinople et dont l’empereur est, aujourd’hui, Zénon …
Demain, dans l’empire
Après cette déclaration d’allégeance du patrice de Ravenne à l’empereur de Cons-
tantinople, l’empire romain, ainsi « réunifié » devrait s’inscrire comme héritier de
l’empire d’Auguste, au Ier siècle, de celui de Constantin, au IVe siècle et de celui de
Théodose, tout récemment. Il n’est qu’une mauvaise copie tronquée du grand
empire romain d’autrefois :
– sur le plan purement géographique, il n’en représente que la moitié, puisque,
hormis l’Italie, ses autres composantes occidentales (Iles Brittoniques, Gaule,
Hispanie) n’en font plus partie. Quant à l’Italie, elle n’y restera qu’un temps
désormais très limité : dans moins de vingt ans, elle deviendra un royaume
ostrogot… (> 41 >).
– sur le plan politique, le transfert définitif vers l’est du centre de gravité de
l’empire change la nature sociologique de celui-ci. Avec la perte des parties
occidentales, l’empire n’est plus « romain », mais grec : grec est son chef,
grecs sont ses sujets, grecques sont sa langue et sa culture.
Durant un peu plus d’un siècle, la fiction d’un empire romain unique ressuscité
sera néanmoins maintenue. Puis, en 610, dès son avènement, l’empereur Héraclius
tirera toutes les conséquences de cette situation : il n’y aura plus d’empire romain,
ni même d’empire romain d’Orient, mais un empire grec (> 76 >).
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Danube
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Rome
Constantinople
Illyrie