476, en Italie Le chef hérule Odoacre renvoie les insignes impériaux

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Odoacre…
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Chapitre 2
476, en Italie
Le chef hérule Odoacre renvoie les insignes impériaux :
fin de l’empire romain d’occident
1.- Contrairement à une idée répandue, Julius Cæsar, dont le nom patronymique deviendra un
titre prestigieux (Cesar), ne fut jamais empereur (> 412 >)
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Hier, dans l’empire romain
Fondée par Romulus en 753 avant J.C., Rome, cette ancienne petite bourgade
édifiée sur les sept collines du Latium, n’avait pas tardé à devenir une grande cité
urbaine, puis la capitale d’un empire s’étendant sur le pourtour de la Méditerranée.
De l’année 31 avant J.C., marquant l’avènement du premier empereur, Auguste (1), à
l’an 395 de notre ère, date de la mort de Théodose le Grand, cet immense territoire
était gouverné par un seul homme. Il y eut, toutefois, une exception : durant une
vingtaine d’années (292 - 313), Dioclétien partagea non pas l’empire, mais le pou-
voir impérial entre lui-même et trois autres « coempereurs » : ce fut la « tétrarchie ».
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Rome
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476, en Italie :
Mais l’empire était décidément trop vaste pour être dirigé par un « monarque » (2),
alors que des dangers multiples s’accumulaient sur des frontières de longueurs
démesurées. Du côté de l’Anatolie, les Perses menaçaient fortement la façade orien-
tale de l’empire. Au nord, de nombreuses tribus germaniques (les Gots et les Ala-
mans, notamment), venues des plaines septentrionales et des rivages adriatiques,
exerçaient une forte pression sur la frontière constituée par le Rhin et le Danube.
Aussi, avant de mourir, en 395, Théodose crut-il bon de reprendre partiellement
l’idée de Dioclétien : il créa un gouvernement dyarchique (à deux têtes). A son fils
aîné, Arcadius (18 ans), échut la partie orientale, là où le danger perse semblait le
plus grand. Le centre de décision était Constantinople, l’ancienne petite cité de
Byzance à laquelle l’empereur Constantin avait donné son nom en y établissant, en
313, la capitale impériale. Il voulait, ce faisant, se rapprocher de la région qu’il
jugeait le plus vulnérable.
Au cadet, Honorius (11 ans), échut la moitié occidentale dont le centre de décision
n’était plus à Rome, mais à Milan.
Dans l’esprit de Théodose, cette « cogérance » représentait une solution provi-
soire pour un empire dont il ne remettait pas l’unicité en question. Rapidement,
cependant, les faits en décidèrent autrement : ce partage de responsabilités se
traduisit par l’émergence de deux états séparés, un « empire romain d’Orient » et un
« empire romain d’Occident ».
2 - au sens étymologique du terme : monos archein = le seul à commander
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Germains
Perses
Occident Orient
Milan
Rome
Constantinople
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Odoacre…
Durant plus d’un demi- siè-
cle, les deux entités se mon-
trèrent institutionnellement
stables : de 395 à 457, trois
empereurs (Arcadius, Théo-
dose II et Marcien) régnè-
rent sur l’empire d’Orient.
Dans le même temps (395 à
455) deux empereurs (Hono-
rius et Valentinien) se suc-
cédèrent sur le trône de l’em-
pire d’Occident.
Si Honorius, à l’ouest, par-
vint à remplir assez correc-
tement sa tâche, son suc-
cesseur Valentinien III,
monté sur le trône en 423, à
l’âge de 4 ans, fut dès le
départ, et resta ensuite, le
jouet de son entourage. Fai-
ble et incompétent, il fut as-
sassiné en 455 après 32 ans
d’un règne peu glorieux
L’accession de Maxime à la
pourpre impériale marqua
alors, pour l’empire d’Occi-
dent, le début d’une période
plus néfaste encore que la
précédente. En vingt ans (de 455 à 475), de Maxime à Julius Nepos, le trône fut
occupé par huit empereurs falots, éphémères et sans pouvoir. Cinq d’entre eux
(Avitus, Majorien, Vibius Sévère, Anthémius et Olybrius) étaient des pantins aux
mains d’un officier d’origine germanique : le Suève Ricimer.
L’empire romain d’occident se mourait donc lorsque, en 475, un autre général ro-
main ambitieux, Oreste, fit élire empereur son fils Romulus Augustus. Oreste était
autrefois au service d’Attila. Il avait été envoyé en mission diplomatique à Cons-
tantinople. A la mort d’Attila, en 453, il rejoignit l’Italie où il s’éleva rapidement
dans la hiérarchie militaire. Son fils était un adolescent de 14 ans que l’on appelait
par dérision Augustulus, le petit Auguste, en raison de son âge. Trop jeune, il était
sous la tutelle de son père qui s’arrogea les fonctions de « régent » et détint ainsi
la réalité du pouvoir.
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Theodose
Honorius
Valentinien
Theodose II
Arcadius
Marcien
on I
non
Maxime
Avitus
Majorien
Vibius Sévère
Anthemius
Olybrius
Glycere
Julius Nepos
Romulus
395 395
423
455
476
408
450
457
474
occident orient
491
er
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476, en Italie :
Hier, chez les Hérules
Le berceau des Hérules avait été, vers l’an 250, la Scandinavie méridionale. Comme
tous les Germains de cette région, et
presque à la même période, ils entamè-
rent un mouvement migratoire. Quel-
ques uns, peu nombreux, (dits « Héru-
les occidentaux ») se dirigèrent vers le
sud-ouest, et furent rapidement absor-
bés par les Francs. Les autres (dits
«Hérules orientaux ») firent route à
l’est et s’installèrent sur le cours infé-
rieur du Dniepr. Ils devinrent donc voi-
sins des Ostrogots, qui étaient sur
l’autre rive du fleuve (carte < 18 <).
À la fin du IVe siècle, les Huns, d’origine asiatique, mais réinstallés ensuite entre la
Volga et le Don, franchirent le Don et s’emparèrent du territoire des Hérules orien-
taux. Ceux-ci furent, bon gré mal gré, et tout comme les Ostrogots quelques mois
plus tard, entraînés à la suite des Huns dans leurs incursions dévastatrices. Edecon,
chef hérule, était, à la fin du IVe siècle, au service des rois huns.
La défaite des Huns, en 451, lors de la bataille des Champs Catalauniques (en
Gaule, dans la région de Troyes) et la mort d’Attila, en 453, rendirent aux Hérules
– comme aux Ostrogots – leur entière liberté. Sous la houlette du fils d’Edecon,
Odoacre, leur nouveau roi, ils s’installèrent en Thrace, sous la boucle du Danube,
à l’endroit laissé libre par le départ des Wisigots en 395 (< 19 <)
476 : Odoacre à la conquête de l’Italie
Les Hérules, comme bien d’autres peuplades germaniques toujours à la recherche
d’un habitat stable, souhaitent bénéficier du statut privilégié de « peuple fédéré »,
allié à l’Etat romain, ce qui leur donnerait à la fois un territoire fixe et des moyens
d’existence définitifs. Odoacre en fait la demande à Oreste, le régent de l’empire
d’Occident. Ce dernier refuse avec hauteur. Odoacre décide alors de prendre par la
force ce qu’il ne peut obtenir par la prière. Soulevant les Hérules, il traverse l’Illy-
rie, pénètre en Italie et marche contre le jeune empereur Romulus et son père Oreste.
La bataille se déroule à Pavie. Oreste y est vaincu et tué. Odoacre accorde la vie
sauve à Romulus Augustulus, et l’enferme à Milan, tandis que lui-même s’installe
à Ravenne.
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Dniepr
Dniestr
Danube
Rhin
Hérules occ.
Hérules orientaux
Thrace
Francs
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Odoacre…
Mais il ne veut pas être considéré
comme un « voleur de trône », avec
tous les désagréments politiques que
lui vaudrait ce qualificatif d’usurpa-
teur : les jalousies, les luttes perma-
nentes pour se maintenir au pouvoir,
l’instabilité institutionnelle… Il décide
alors de se mettre sous l’autorité de
Zénon, qui, à Constantinople, en 474,
vient de succéder à Léon Ier comme
empereur d’Orient (< 31 <).
Il renvoie donc à Zénon les insignes impériaux du pouvoir dans l’empire d’occi-
dent (dont le célèbre manteau de pourpre), et se fait reconnaître le simple titre de
« * Patrice * d’Italie ».
Ce renvoi symbolique des insignes supprime le distinguo entre « empire romain
d’Occident » et « empire romain d’Orient » en vigueur depuis le partage de Théo-
dose. Il n’y a plus, à nouveau, qu’un seul « empire romain », dont la capitale unique
est Constantinople et dont l’empereur est, aujourd’hui, Zénon
Demain, dans l’empire
Après cette déclaration d’allégeance du patrice de Ravenne à l’empereur de Cons-
tantinople, l’empire romain, ainsi « réunifié » devrait s’inscrire comme héritier de
l’empire d’Auguste, au Ier siècle, de celui de Constantin, au IVe siècle et de celui de
Théodose, tout récemment. Il n’est qu’une mauvaise copie tronquée du grand
empire romain d’autrefois :
– sur le plan purement géographique, il n’en représente que la moitié, puisque,
hormis l’Italie, ses autres composantes occidentales (Iles Brittoniques, Gaule,
Hispanie) n’en font plus partie. Quant à l’Italie, elle n’y restera qu’un temps
désormais très limité : dans moins de vingt ans, elle deviendra un royaume
ostrogot… (> 41 >).
– sur le plan politique, le transfert définitif vers l’est du centre de gravité de
l’empire change la nature sociologique de celui-ci. Avec la perte des parties
occidentales, l’empire n’est plus « romain », mais grec : grec est son chef,
grecs sont ses sujets, grecques sont sa langue et sa culture.
Durant un peu plus d’un siècle, la fiction d’un empire romain unique ressuscité
sera néanmoins maintenue. Puis, en 610, dès son avènement, l’empereur Héraclius
tirera toutes les conséquences de cette situation : il n’y aura plus d’empire romain,
ni même d’empire romain d’Orient, mais un empire grec (> 76 >).
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Danube
Thrace
Pavie
Ravenne
Rome
Constantinople
Illyrie
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476, en Italie Le chef hérule Odoacre renvoie les insignes impériaux

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