
histolytica
(pathogène) et
E. dispar
(non pathogène) lorsque
l’examen microscopique révèle la présence d’
E. histolytica/
dispar
.9 En effet, ces deux espèces sont morphologiquement
identiques, à la très rare exception de la présence d’érythro-
cytes dans le cytoplasme signant la présen ce d’
E. histolytica
.
Les autres méthodes permettant la distinction de ces deux
espèces sont insuffisamment sensibles (sérologie), validées
(tests antigéniques) ou disponibles (culture et analyse des
isoenzymes).
L’attitude pragmatique de la plupart des cliniciens est
de traiter les patients infectés par
E. histolytica/dispar
par un
amoebicide intratissulaire (par exemple : métronidazole)
suivi d’un amoebicide intraluminal (par exemple : paromo-
mycine) en cas d’amibiase invasive, ou seulement par un
amoebicide intraluminal en cas d’excrétion de kystes asymp-
tomatiques. Le recours à la PCR est donc optionnel chez la
plupart des patients porteurs d’
E. histolytica/dispar
, mais est
fortement conseillé chez les patients à risque augmenté
d’amibiase sévère, comme les femmes enceintes ou les
patients immunosupprimés (par exemple : prise de corti-
coïdes). Une autre indication probable de la PCR est l’ex-
clusion d’
E. histolytica
chez les patients allant au devant d’une
immunosuppression importante, par exemple lors d’un bilan
prégreffe. La PCR est également indiquée en cas d’infec-
tions répétées ou résistantes.
En pratique, les selles natives peuvent être envoyées à
l’air ambiant en courrier normal au laboratoire de parasitolo-
gie au Swiss TPH à Bâle. Le coût de l’analyse est de Frs 180.–.
leishmaniose cutanée
La leishmaniose est une protozoose intramacrophagique
associée à trois formes cliniques principales : la leishma-
niose viscérale (kala-azar), cutanéo-muqueuse et cutanée.
La leishmaniose cutanée est une dermatose ulcérée ou no-
dulaire présente en Amérique, Europe, Afrique et Asie. Dans
la plupart des régions endémiques, plusieurs espèces de
leishmanies coexistent et sont associées à des risques de
complications (par exemple : dissémination) et à des ré-
ponses aux traitements différents.10 La PCR est la méthode
diagnostique de choix de la leishmaniose cutanée.11 C’est
une méthode plus sensible que l’examen histopathologi-
que ou la culture d’une biopsie de la lésion. De plus, la PCR
permet le diagnostic d’espèce et donc de choisir le traite-
ment le plus adéquat pour le patient.
En pratique, une biopsie «punch» (2-4 mm) du bord de
la lésion cutanée peut être envoyée à l’air ambiant dans du
NACL 0,9% au laboratoire de parasitologie moléculaire du
Swiss TPH à Bâle. Il est également possible d’envoyer une
lame sur laquelle a été étalée du tissu «gratté» au scalpel
du bord de la lésion.
conclusion
L’utilisation du diagnostic moléculaire par PCR dans la
médecine des voyages est limitée à des indications spéci-
fiques comme le diagnostic étiologique de certaines FVH,
le diagnostic différentiel entre
E. histolytica
et
E. dispar
et le
diagnostic parasitologique de la leishmaniose cutanée. La
palette d’indications va certainement s’élargir dans les an-
nées à venir, avec le développement de techniques (par
exemple : PCR multiplex,
micro-arrays
) capables de diagnos-
tiquer plusieurs agents pathogènes à partir du même échan-
tillon. Il est important de rappeler que l’identification d’acides
nucléiques d’agents pathogènes par PCR signale la présence
d’une infection mais pas toujours d’une maladie. Il est donc
essentiel d’interpréter les résultats à la lumière de la pré-
sentation clinique. La simplification et la réduction des coûts
des techniques moléculaires constituent en outre un enjeu
fondamental et éthique, afin de permettre un accès plus
équitable de ces outils dans les pays où les maladies ci-
blées sont fortement endémiques.
994 Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
11 mai 2011
Implications pratiques
Les indications du diagnostic moléculaire par Polymerase chain
reaction (PCR) dans la médecine des voyages sont actuelle-
ment limitées mais vont certainement s’élargir dans les an-
nées à venir
La PCR est la méthode de choix pour le diagnostic étiologi-
que de certaines fièvres virales hémorragiques et de la leish-
maniose cutanée
La PCR ne remplace pas l’examen microscopique du frottis
sanguin et de la goutte épaisse dans le diagnostic du paludisme
(malaria) chez un voyageur fébrile
La PCR est actuellement la seule méthode fiable, validée et
disponible pour distinguer Entamoeba histolytica (pathogène)
d’E. dispar (non pathogène) dans les selles
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* à lire
** à lire absolument
Bibliographie
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