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Le totalitarisme stalinien de 1928 à 1939
Introduction :
Le terme « totalitaire » commence à être employé dès la fin des années trente pour désigner des
régimes autoritaires d’un type nouveau apparus après la première guerre mondiale. En effet, le
fascisme en Italie, le communisme en Union soviétique, le nazisme en Allemagne, mis en place
dans l’entre-deux-guerres, ont été qualifiés de totalitaires, c’est-à-dire des régime où l’État, après
avoir supprimé les oppositions, exerce son contrôle sur la société, dans la vie publique et privée.
Ils ont pour caractéristique d’être hostiles à la démocratie libérale qui favorise la liberté des
individus et de l’économie. Au contraire, ils ont pour objectif d’uniformiser la société par une
idéologie commune et d’écarter ou d’éliminer les personnes et les groupes opposés à ce projet.
Cependant le régime Stalinien présente des différences avec les autres états totalitaires dans
l’idéologie qui justifie son action et dans l’exercice du pouvoir.
1 La transformation de la Russie en URSS : les bases du
totalitarisme (1917-1928)
1.1 Les fondements idéologiques : le marxisme
L’action du parti révolutionnaire dirigé par Lénine s’appuie sur une vision de l’histoire fondée
sur la lutte des classes élaborée par le philosophe Karl Marx. Pour lui, la bourgeoisie qui possède
les moyens de production domine la société et exploite les autres classes. La révolution doit
aboutir à l’expropriation de la bourgeoisie et à la réalisation d’une société égalitaire, sans classes
où chacun vivra « selon ses capacités et selon ses besoins ». Le passage à cette société idéale se
fera par une phase violente où le prolétariat (les ouvriers) expulsera la bourgeoisie du pouvoir et
imposera sa dictature. Ce n’est qu’ensuite que l’État pourra disparaître puisque aucune classe
n’aura à imposer de contraintes à d’autres classes. Le marxisme est diamétralement opposé aux
valeurs de la démocratie libérale fondée d’abord sur la garantie des libertés fondamentales.
1.2 La révolution d’octobre et le communisme de guerre, 1917-1921
L’agitation sociale de 1917 dans un contexte d’hostilité grandissante à la guerre qui dure depuis 3
ans, se termine par un coup d’État qui renverse le tsarisme et met le pouvoir dans les mains du
parti bolchevik dirigé par Lénine : c’est la révolution d’octobre1917 (voir leçon 12). Cette prise
de pouvoir suscite des oppositions et provoque une guerre civile qui ensanglante le pays. Pour
éliminer leurs adversaires les bolcheviques mettent en place une phase de terreur économique et
politique, le communisme de guerre. La terreur politique contre les adversaires est menée par
une police politique, la Tchéka, tandis que sont interdits tous les partis sauf le parti bolchevik et
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qu’est dissoute l’Assemblée constituante dans laquelle les bolcheviques sont minoritaires. La
terreur économique impose des réquisitions aux paysans, le travail forcé et la nationalisation
d’entreprises industrielles. L’Armée rouge créée par Trotski écrase les généraux blancs (tsaristes)
et repousse les armées étrangères.
En 1921, la révolution est sauvée mais les pertes humaines, entre 1918 et 1922, sont chiffrées
entre 7 et 10 millions de morts, victimes de la guerre civile, des épidémies, de la terrible famine
de 1921. La production industrielle est 8 fois inférieure à celle de 1913. Les grandes villes
incapables d’assurer leur approvisionnement se sont vidées de leurs habitants. Ainsi Petrograd a
perdu 60 % de sa population. Le pays est appauvri et amputé de nombreux territoires.
1.3 Une phase d’assouplissement : la NEP (1921-1928)
La Nouvelle Politique Économique marque une pause dans la transformation de l’économie. Le
changement de politique économique s’explique par la nécessité d’augmenter la production
industrielle et agricole. Les mécanismes du marché sont partiellement réintroduits, ce qui permet
à la production industrielle de retrouver en 1927 le niveau de 1913. Mais il n’y a pas de
libéralisation dans le domaine politique. L’organisation du Parti communiste, nouveau nom du
Parti bolchevik, est renforcée : il est le seul parti autorisé. Les tendances organisées à l’intérieur
du parti sont interdites : 137 000 membres du parti considérés comme passifs ou corrompus sont
exclus. C’est la première purge de masse. Pour l’organisation de l’État, Lénine impose une
fédération de républiques. En 1922 est créée l’URSS, Union des Républiques Socialistes
Soviétiques. Chaque république a, en principe, le droit de faire sécession et dispose d’un
Parlement et d’un gouvernement. En réalité, le pouvoir central contrôle les pouvoirs locaux.
Après la mort de Lénine en 1924, le pouvoir central et local est en totalité aux mains du Parti
communiste.
2 L’URSS stalinienne de 1928 à 1939
2.1 Staline
Staline (1879-1953) a participé à la révolution d’octobre et dès cette époque, il occupe des postes
importants dans le parti bolchevik. En 1922, il est secrétaire général du parti et se présente
comme un fidèle exécutant des idées de Lénine. Adoptant une position centriste qui lui permet
d’éliminer ses rivaux de droite et de gauche, il se rend maître du parti unique. Partisan du
socialisme dans un seul pays, il pense que l’idéologie marxiste -léniniste doit modeler l’URSS.
Le fondement de l’entreprise est la réalisation de la société sans classe. Avant de l’atteindre, il
faut durcir la dictature du prolétariat pour détruire définitivement tout ce qui reste du monde
bourgeois. L’État doit donc prendre en main la totalité des moyens de production. D’abord pour
industrialiser le pays à marche forcée et imposer à la paysannerie le financement de
l’industrialisation. C’est qu’en effet, le monde ouvrier est considéré comme le meilleur
protagoniste de l’idéal communiste, face à un monde rural jugé individualiste et archaïque.
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2.2 Le grand tournant : 1929-1933
Dans un contexte de baisse de la quantité de céréales mises sur le marché, Staline impose la
collectivisation forcée de l’agriculture. Cette politique s’explique par la volonté de mettre à la
disposition de l’État de grandes quantités de céréales bon marché et par la volonté idéologique de
supprimer la classe de paysans propriétaires. Tous les paysans doivent entrer dans les kolkhozes•,
coopératives où sont mis en commun les terres, les outils et le bétail et qui doit livrer une partie
de sa production à l’État, le reste étant partagé.
La résistance paysanne, très forte, se manifeste par l’abattage de bétail et l’incendie de récoltes.
Staline dénonce alors un complot contre-révolutionnaire et décide d’éliminer les koulaks,
paysans aisés ou réputés tels, « en tant que classe » : plus de deux millions de paysans sont
déportés, des centaines de milliers meurent en déportation. C’est la Guépéou, police politique, qui
est chargée de la déportation et des camps de travail. En 1932-33, à la suite des réquisitions et des
destructions, la famine fait 6 millions de victimes. La violence exercée contre les paysans
constitue une étape décisive dans le développement de la terreur.
2.3 Le stalinisme, une dictature totalitaire
.
2.3.1 Un nouveau type d’État
La constitution adoptée en 1936 proclame les libertés fondamentales et met en place le suffrage
universel et secret. En réalité, seul le Parti communiste est autorisé et il a seul le droit de
présenter des candidats aux élections. L’État est sous le contrôle du parti unique. Les libertés de
réunion, presse, expression... ne sont pas garanties et les opposants sont traqués, y compris à
l’intérieur du parti. En effet, le parti subit des purges successives qui en fait un instrument
docile dans les mains de Staline. Celui-ci, qui n’a pour fonction officielle que celle de secrétaire
général du Comité central du parti communiste, exerce pourtant une autorité incontestée sur le
parti et sur la police politique. Il est le maître tout puissant de l’État soviétique. Considéré comme
infaillible, il est l’objet d’un véritable culte de la personnalité. Loin de hâter le dépérissement de
l’État, l’État stalinien augmente considérablement ses domaines d’intervention et le nombre de
fonctionnaires. Ce phénomène entraîne la formation d’une couche sociale privilégiée, la
bureaucratie, ferme soutien du régime.
2.3.2 L’économie est entièrement contrôlée par l’État
La propriété privée des moyens de production a été supprimée. L’industrie et l’agriculture sont
collectivisées et planifiées. Un organisme d’État, le Gosplan, programme le développement
économique en fixant des objectifs pour 5 ans. Staline impose des résultats très élevés dans
l’industrie lourde et les transports. Les prisonniers du Goulag et les « colons spéciaux »
travaillent sur des chantiers gigantesques comme le canal Baltique- mer Blanche. Des millions de
paysans sont envoyés dans les nouvelles usines. En 1937, l’URSS est devenue la troisième
puissance économique du monde au prix d’un effort considérable de la population.
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2.3.3 Une société modelée par la propagande et la terreur
La société est encadrée par un parti de 3,5 millions de membres en 1939, qui pilote une série
d’organisations chargée de la mobiliser et de l’encadrer. Ainsi les jeunes sont encouragés à
rejoindre les pionniers puis les jeunesses communistes. L’adhésion aux syndicats contrôlés par le
PCUS est indispensable pour bénéficier des centres de vacances et de loisirs qu’ils gèrent. Les
Soviétiques sont sans cesse sollicités par la propagande, sous forme d’affiches, de défilés, de
fêtes, de films qui vantent « le génial Staline, petit père des peuples » et les réussites du régime.
Les ouvriers performants sont montrés en exemple, tel ce Stakhanov, un mineur qui aurait extrait
102 tonnes de charbon en 6 heures (record truqué). L’art et l’architecture sont également au
service du régime : c’est le réalisme socialiste. L’État stalinien est un régime policier dont le
bras armé est le NKVD, la police politique. Elle traque tous ceux qui offrent la moindre raison
d’être suspectés par leur passé, leur famille, un mot malencontreux. Elle encourage la délation.
Elle fournit, par l’intermédiaire des camps de travail du Goulag, une main-d’œuvre gratuite pour
les fronts pionniers en Sibérie.
Elle n’épargne pas les membres du parti. De 1936 à 1938, les procès de Moscou, en fait des
simulacres, permettent de condamner et d’exécuter les anciens compagnons de Lénine et des
cadres du régime et de l’armée (plus de 70 % des officiers supérieurs de l’Armée rouge sont
éliminés, ce qui a des conséquences désastreuses lors de l’invasion de l’URSS par l’armée
allemande en 1941). Les procès de Moscou ne sont qu’un aspect de la « grande terreur » qui s’est
abattue sur les Soviétiques et a tué près de 700 000 personnes en 2 ans. Il s’agit d’une terreur de
masse qui engendre une formidable expansion du système concentrationnaire : 1 670 000
prisonniers en 1940. Le vide créé à l’intérieur du parti est comblé par l’arrivée de nouveaux
communistes, souvent d’origine modeste, entièrement dévoués à Staline à qui ils doivent leur
promotion.
Conclusion :
Le Stalinisme est un totalitarisme achevé par le caractère omnipotent de l’État qui contrôle
l’économie, la société, les arts et même les sciences et par le rôle central du parti lui-même tenu
en mains par un chef qui sait masquer les réalités du régime et se pose en guide de la Révolution.
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