Chapitre 2.6.5. — Syndrome dysgénésique et respiratoire du porc
gestantes ni pour les verrats. La vaccination peut entraîner l’excrétion du virus vaccinal dans la
semence. Les vaccins de virus vivant atténué peuvent persister chez les animaux vaccinés, et la
transmission aux animaux non vaccinés ainsi que l’apparition subséquente de la maladie causée
par la souche vaccinale ont été rapportées.
A. INTRODUCTION
Le syndrome dysgénésique et respiratoire du porc (SDRP) est caractérisé par des problèmes reproducteurs chez
les truies et des troubles respiratoires chez les porcelets, ainsi que les porcs en croissance (3, 17, 37) et est une
cause significative de pertes économiques. La maladie est apparue en 1987 aux États-Unis où elle a été
désignée sous le nom de « maladie mystérieuse du porc » à cause de la nature insaisissable de son agent
causal, mais a par la suite été appelée « swine infertility and respiratory syndrome ». Durant l’hiver 1990-1991, la
maladie est apparue en Europe de l’ouest où elle s’est répandue rapidement et a acquis différents autres noms,
incluant Seuchenhafter Spätabort der Schweine, Abortus blauw, blue-eared pig disease, syndrome dysgénésique
et respiratoire du porc, et porcine epidemic abortion and respiratory syndrome (10, 13, 48). L’acronyme PRRS,
d’après le nom anglais « porcine reproductive and respiratory syndrome » est généralement accepté par la
communauté vétérinaire internationale. Dans ce chapitre l’acronyme SDRP, d’après le nom équivalent français
syndrome dysgénésique et respiratoire du porc, sera utilisé.
Le virus SDRP, l’agent causal du SDRP, est actuellement classé dans l’ordre des Nidovirales, famille des
Arteriviridae et genre Arterivirus (7). Il a une prédilection pour se répliquer dans les macrophages alvéolaires de
porcs, in vivo et in vitro. Le virus est un virus enveloppé à ARN simple brin de polarité positive, avec un diamètre
de 50 à 70 nm. La séquence génomique du virus a été déterminée (14, 34), l’ARN viral est constitué d’environ
15 kb et est organisé en 8 cadres de lecture ouverts (ORF, Open Reading Frame). Trois protéines structurales
majeures ont été identifiées : une protéine de la nucléocapside (N ; ORF 7) de 14 à 15 kDa, une protéine de la
membrane (M ; ORF 6) de 18 à 19 kDa, et une glycoprotéine de l’enveloppe (E ; ORF 5) de 24 à 25 kDa. Trois
autres glycoprotéines structurales moins abondantes sont codées par les ORF 4, 3 et 2 (38). Des anticorps
monoclonaux ont été produits contre ces protéines structurales majeures et mineures (15, 19, 32, 35, 43, 46, 50).
Les souches européennes du virus sont étroitement apparentées antigéniquement, mais sont différentes des
souches nord-américaines (4, 47). Les souches nord-américaines sont également étroitement apparentées
antigéniquement. La présence du SDRP a été rapportée dans plusieurs pays d’Asie et quelques pays d’Amérique
du Sud. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suède et la Suisse sont exemptes de l’infection par le virus SDRP.
Certains auteurs ont passé en revue la liste détaillée des signes cliniques et des lésions résultant de l’infection
par le virus SDRP chez les porcs de différents âges (3, 17, 37). Brièvement, les porcelets nouveaux-nés infectés
par le virus SDRP montrent des signes de dyspnée, mais aussi une variété d’autres signes tels une conjonctivite,
de la fièvre, un poil rugueux, de l’anorexie, de la diarrhée, des tremblements, de l’érythème cutané, de l’œdème
péri-oculaire et un taux de mortalité qui peut être élevé. Chez les porcs sevrés et les porcs à l’engrais, de la
fièvre, une pneumonie, un dépérissement et une augmentation de la mortalité due à des infections bactériennes
concomitantes ont été observés. Les infections subcliniques sont plus communes chez les porcs en fin de
croissance, les verrats, les cochettes de remplacement et les truies. Une fièvre transitoire et une perte d’appétit
peuvent être assez fréquentes. Chez les verrats infectés par le virus SDRP et ceux qui ont été vaccinés avec le
vaccin vivant atténué, le virus peut être excrété dans la semence, et des modifications dans la morphologie et la
fonction spermatique ont été décrites. On a aussi rapporté de la mortalité associée à l’infection par le virus SDRP
chez les porcs adultes. Plus récemment une forme virulente du SDRP a été décrite : le syndrome d’avortement et
de mortalité chez la truie (SAMS, sow abortion and mortality syndrome). La forme reproductrice de la maladie est
assez bien comprise. Une relation causale entre l’infection par le virus SDRP et les troubles de la reproduction
dans les troupeaux reproducteurs a été démontrée à maintes reprises par divers groupes de recherche, et la
maladie peut être reproduite expérimentalement. Les infections dans le dernier tiers de la gestation semblent
causer la plupart des problèmes, lesquels se manifestent par des avortements tardifs avec foetus momifiés et par
la naissance de porcelets mort-nés ou de porcelets chétifs qui meurent peu après la naissance (13, 48). Il n’est
pas clair si les infections qui se produisent plus tôt dans la période de gestation peuvent causer des troubles de la
reproduction ou les mêmes problèmes reproducteurs. Il y a peu de preuves disponibles qu’il existe différents
isolats ayant une virulence différente pour les problèmes reproducteurs ; certains pays rapportent l’existence de
souches causant une infection transplacentaire sans effet nuisible sur les foetus. L’importance de l’infection
respiratoire est moins bien comprise. Il a été difficile de reproduire de façon constante une maladie respiratoire
significative avec le virus seul, et l’augmentation de la sensibilité des porcs aux infections bactériennes attribuée à
l’infection par le virus SDRP a également été difficile à reproduire expérimentalement. Certaines études ont
rapporté des différences dans la sévérité des signes cliniques et dans les lésions macroscopiques et
microscopiques suite à l’inoculation expérimentale de porcs avec différents isolats du virus SDRP (22, 23). Une
telle prédisposition du virus SDRP à exacerber d’autres maladies est actuellement le sujet de recherche de
différents groupes, et même s’il semble que le virus puisse effectivement faire que certaines infections
secondaires soient plus sévères, les mécanismes sous-jacents ne sont pas encore entièrement compris.
884 Manuel terrestre de l’OIE 2005