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S
AINT
T
HOMAS
POUR
L
'
AN
2000
mais personne ne se satisfait des demi-mesures prises pour rafistoler
une charpente politique devenue incapable de soutenir l’ampleur
des efforts nécessaires à affronter les questions de fond.
L’invention jaillit de la
contradiction.
Bien malin qui peut prétendre détenir les réponses. Mais
n'y a-t-il pas des étapes à franchir avant d'arriver au but ? Ne faudrait
il pas d’abord faire éclater nos cadres de référence pour renouveler
la position des problèmes, avant de chercher à les résoudre ? En
biologie, la fécondation est d’autant plus riche que les gênes mâle
et femelle ont une parenté très éloignée. Or nous souffrons
aujourd’hui de consanguinité intellectuelle, aussi nos accouchements
politiques sont ils trop souvent déprimants. Nous devons nous unir
à une virilité qui nous soit réellement étrangère pour donner enfin
au monde un enfant porteur de nos espérances. Telle est finalement
la seule ambition de cet ouvrage : manifester que beaucoup de
difficultés contemporaines peuvent être réfléchies de manière
foncièrement régénérée en apportant la contradiction d’une culture
ô combien méconnue, celle de Thomas d’Aquin.
Certes on ne peut prétendre que cet auteur avait déjà repéré
les choix auxquels nous sommes confrontés, qu’il les avait déjà
analysés et y avait répondu par avance. Ni lui, ni aucun de ses
contemporains n’aurait pu imaginer l’état de développement de
notre société quelques sept siècles après. On ne lit dans son œuvre
aucun traité de finances internationales, ni de campagne électorale,
ni de gestion industrielle, ni d’organisation mondiale de la santé, ni
de rien de ce qui fait la matérialité de nos préoccupations actuelles.
Une approche encyclopédique ou utilitaire du théologien risquerait
fort de nous faire refermer son œuvre avec déception. Encore une
fois, ce ne sont pas des réponses que nous cherchons, mais des
questions.