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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 20 April 2017
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Enfin, comme la majorité des étoiles massives, Cyg OB2#9 évolue en réalité en couple. Les deux astres
qui le composent (l'un étant légèrement plus volumineux que l'autre) tournent l'un autour de l'autre et -
sauf divorce rare mais pas improbable dans la galaxie - devraient passer toute leur vie ensemble. Mais ça,
même s'ils s'en doutaient fortement, les chercheurs n'ont pu le confirmer qu'en 2008, à la suite d'une longue
période d'observation dirigée par l'astrophysicienne Yaël Nazé, chercheur FNRS au sein du GAPHE (Groupe
d'astrophysique des hautes énergies ) de l'Université de Liège.
Collision ou pas collision ?
À l'époque, cette découverte fut un premier pas vers une meilleure connaissance de ce système stellaire.
Mais certaines zones d'ombre subsistaient encore. Principalement au niveau de la collision entre ses vents
stellaires. Tout au long de leur existence, les étoiles massives perdent en effet de la matière en permanence
et l'expulsent dans l'espace. Comme si elles étaient progressivement « pelées » par ces courants qui les
entourent. Des courants extrêmement puissants : ils atteignent une vitesse de plusieurs millions de kilomètres/
heure. À titre de comparaison, le vent solaire éjecte plus de cent millions de fois moins de matière, dix fois
moins vite en moyenne !
Puisque ces étoiles évoluent en couple et tournent l'une autour de l'autre en respectant une trajectoire précise,
les vents stellaires qui les accompagnent finissent un jour ou l'autre par se croiser, provoquant un énorme
choc. « Imaginez deux courants qui se rentrent dedans à dix millions de km/h !, décrit Yaël Nazé. Cela crée du
plasma très chaud. Cette énergie se transforme en chaleur et en gaz qui atteint plusieurs millions de degrés
et émet des rayons X. »
Du moins en théorie. Car, contre toute attente, Cyg OB2#9 semblait au contraire n'émettre aucun rayonnement
particulier dans le domaine X. Une énigme qui a fini par attirer l'attention des chercheurs. «On savait depuis
au moins cinquante ans qu'il y avait une anomalie, à cause du rayonnement radio. Mais personne ne s'y
était jamais penché. Nous avons décidé de suivre ce système pour savoir d'où venait cette bizarrerie, raconte
l'astrophysicienne liégeoise. Or, on s'est rendu compte que toutes les observations X dont nous disposions
avaient été prises lorsque les deux étoiles étaient assez éloignées l'une de l'autre. Il fallait donc trouver un
moment où elles seraient plus proches. »
La première « rencontre » fut observable en 2009. Pas de chance : le système était caché par le Soleil.
Puisque ce système stellaire possède une période de 2,4 ans, il fallut attendre juin 2011 pour de nouvelles
observations et mesures. Le temps nécessaire pour monter une grosse opération dirigée par Yaël Nazé