Akhénaton, le pharaon hérétique

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HISTOIRE
Akhénaton, le pharaon hérétique
Amenhotep IV (Aménophis IV en grec ancien) est le neuviéme pharaon de la
XVIIIe dynastie (Nouvel Empire) qui règne de ± 1348 à 1331 av. J-C. Souverain controversé, grand mystique de l’histoire de l’Égypte, il lance une profonde réforme religieuse en imposant le culte exclusif de Rê, le disque solaire
Aton, au détriment du dieu dynastique Amon.
L’Égypte des Pharaons
« L’Égypte est un don du Nil », affirme l’historien grec Hérodote. En effet, les
crues annuelles de ce fleuve, qui serpente dans une région désertique, déposent
des limons qui fertilisent les terres où pousse abondamment le blé. La population égyptienne prospère dans ce corridor fluvial et une brillante civilisation se
développe. À la tête de l’État, le pharaon est un monarque absolu au pouvoir divin qui garantit l’harmonie universelle de son royaume. Il règne sur un territoire
très étendu grâce à une administration forte symbolisée par la figure du scribe,
le secrétaire, le lettré chargé de transcrire les ordres royaux. Si les gouverneurs
des provinces et les prêtres voient leur puissance s’accroître, le pharaon contrôle
quasiment seul la politique intérieure comme la politique extérieure de l’État.
Les paysans, soit 90 % de la population, sont employés sur les grands domaines
agricoles royaux ou sur les chantiers de construction. Une petite communauté
d’artisans se développe grâce aux commandes de l’État ou des particuliers.
La religion assure l’équilibre de cette société. Les Égyptiens, très pieux,
honorent régulièrement, par de nombreuses offrandes, un panthéon d’une
vingtaine de dieux à la figure zoomorphe. Le pharaon est alors considéré
comme le fils d’Amon-Rê, le roi des dieux.
La réforme d’Akhénaton : une religion monothéiste
Lorsque Aménophis IV accède au pouvoir, il engage une réforme religieuse
qui impose Aton, le disque solaire, comme dieu unique et créateur universel.
Cette modification vise à rendre plus intelligible la religion à la population
en supprimant le clergé. À cet effet, l’office est désormais célébré par le roi
ou les membres de sa famille, notamment son épouse Néfertiti. Aménophis
devient Akhénaton, « agréable à Aton » ou « celui qui sert utilement Aton », et
sa femme Néfernéferouaton « Belle est la perfection d’Aton ».
Le pharaon déplace aussi la capitale de l’Égypte de Thèbes, la ville d’Amon,
vers l’actuelle Tell el-Amarna, alors lieu désertique de moyenne Égypte, où il fait
construire la cité d’Akhénaton « l’horizon d’Aton ». Cette révolution religieuse
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est l’occasion d’une rupture artistique. Dorénavant, le roi est représenté d’une
manière réaliste et humaine et non plus idéalisée et divine : la silhouette se précise, les lèvres du visage se font plus charnues et les yeux en amande. Pour la
première fois également, des fresques évoquent la vie quotidienne du couple
royal au milieu de ses serviteurs, d’animaux ou de la végétation. Cette nouvelle
esthétique de tendance baroque et naturaliste est désignée « art amarnien ».
Une période troublée
Au-delà de ces changements religieux, artistiques et philosophiques, la
réforme voulue par Akhénaton ébranle en profondeur les fondements de
la société égyptienne et menace sa sécurité.
En effet, cette réforme religieuse est impopulaire parce qu’elle bouscule
les habitudes du peuple rassuré par la routine magique des anciens rites. La
persécution du clergé désorganise la société car, pour prévenir les famines,
les prêtres stockaient dans des greniers les offrandes des fidèles et les répartissaient lorsque la faim menaçait. La suppression de ces pratiques entraîne
une grave crise économique. En outre, le clergé voit une importante source
de revenu lui échapper et complote au sein de la cour en traitant le roi d’héré­
tique. Ce même clergé attise aussi le mécontentement des paysans excédés par
la levée d’impôts nécessaires pour financer l’édification de la nouvelle cité.
Cependant, cette nouvelle religion égyptienne, qui prêche un esprit pacifique
et un idéal de fraternité, détourne le souverain des affaires internationales. En
effet, le pharaon doit veiller sur un riche empire, qui s’étend du Nil à l’Euphrate
et attise bien des convoitises. Ainsi, lorsque les Hittites, un peuple d’Anatolie, s’attaquent aux provinces de Tyr et de Byblos, Akhenaton ne réagit pas.
L’Égypte perd ses colonies libanaises et s’expose à la menace d’une invasion.
On ne connaît ni la date ni les circonstances du décès d’Akhénaton, et sa
mort est mystérieuse car ses successeurs se sont efforcés d’effacer sa mémoire.
Le jeune prince Toutankhamon, qui lui succéda, rétablit les cultes traditionnels.
Bibliographie
- Christiane Desroches-Noblecourt – La Femme au temps des pharaons,
éditions Stock, 1986.
- Christian Jacq – Néfertiti et Akhénaton, Perrin.
- Alain Darne – Akhénaton l’hérétique, éditions Anne Carrière, Paris, 1999.
Sous la haute direction de monsieur François Pernot, maître de conférences en histoire moderne
Adjudant-chef Talimi,
Rédacteur au CESA
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