du Service canadien des forêts - Centre de foresterie des Laurentides L’Éclaircie 201 6 105 De nouveaux indicateurs de l’impact de la récolte de biomasse en forêt boréale Pour faire le suivi à long terme de l’effet du prélèvement de la biomasse résiduelle (résidus de récolte forestière) sur les insectes vivant dans la litière, il faut développer des indicateurs. En collaboration avec des collègues de l’Université du Québec à Montréal et du Field Museum of Natural History de Chicago, une équipe de recherche du Service canadien des forêts a ainsi ciblé 10 espèces d’insectes de la famille des staphylins qui sont présentes en grand nombre en forêt boréale et qui ont un impact important sur la transformation des résidus de coupe. Les staphylins : de bons indicateurs Les staphylins sont des coléoptères qui ont déjà fait leurs preuves comme indicateurs de l’impact des perturbations forestières. Ils sont faciles à échantillonner et la plupart peuvent être identifiés jusqu’à l’espèce. Environ 1 700 espèces de staphylins ont été recensées au Canada et ils sont sensibles aux perturbations environnementales. Les staphylins occupent aussi de nombreux microhabitats de l’écosystème forestier. Dis-moi ce que tu manges… Un élément important pour vérifier l’impact des perturbations sur la biodiversité des insectes vivant dans la litière des forêts boréales est l’étude de leurs habitudes alimentaires par rapport aux perturbations. Par exemple, lors d’une récente étude suivant une coupe par arbre entier dans une sapinière, certaines espèces de staphylins ont été affectées négativement par l’enlèvement subséquent de la biomasse alors que d’autres ont vu leur population augmenter. Photo : RNCan Une approche novatrice Auparavant, la plupart des informations sur les habitudes alimentaires des staphylins étaient obtenues par l’observation des insectes sur le terrain ou en laboratoire. Bien que cette observation directe permette d’identifier les préférences alimentaires des insectes étudiés, ce n’est pas une Photos : RNCan preuve hors de tout doute de la relation entre l’insecte et la source de nourriture. Pour sélectionner les insectes qui seraient des indicateurs fiables, les chercheurs ont, pour la première fois avec les staphylins, analysé le contenu de leur tube digestif pour déduire leurs habitudes alimentaires. insectes. Les résultats suggèrent que les espèces dominantes de staphylins se nourrissent de champignons qui peuvent être associés ou non avec le bois mort. La récolte des résidus de coupes peut nuire à certains insectes non seulement par manque de nourriture, mais aussi par le changement des conditions du site après la récolte de la litière. du Service canadien des forêts - Centre de foresterie des Laurentides L’Éclaircie Simplifier le choix d’indicateurs Photo : RNCan Photo : RNCan Contenu de l’intestin des staphylins. Une alimentation diversifiée On a retrouvé dans les intestins de la plupart des insectes observés des champignons sous forme de spores, majoritairement des levures, qui se développent seulement en présence de bois. Les champignons ont pu être identifiés en comparant leur ADN avec des banques d’ADN de champignons connus. Les chercheurs ont aussi trouvé différentes espèces de bactéries dans le contenu du tube digestif des staphylins. Les levures sont plus présentes parce qu’elles sont opportunistes et qu’elles colonisent différents milieux comme le sol, le bois en décomposition et les petits fruits. Elles sont aussi une part importante de la diète des insectes mycophages. Les chercheurs ont également trouvé la présence de spores d’au moins sept espèces de champignons dans les tubes digestifs de six des espèces d’insectes étudiées. L’absence de spores chez les quatre autres espèces à l’étude peut indiquer qu’elles ne se nourrissent pas de spores de champignons ou qu’elles ne les retrouvent plus dans le milieu après la perturbation. Qu’arrive-t-il après la récolte de biomasse? Les staphylins étudiés dans ces travaux réagissent différemment à la récolte de la biomasse. Certaines espèces ne sont plus présentes après la perturbation, car leur source d’alimentation ne s’y trouve plus. D’autres sont présentes en plus grande quantité, car leur source de nourriture augmente après la perturbation. Il y en a certaines dont la population ne varie pas; elles sont autant présentes avant ou après la perturbation. L’analyse des habitudes alimentaires des staphylins permet d’observer quels sont les impacts de la récolte de la biomasse sur ces Cette étude a permis de développer une nouvelle méthode rapide et peu coûteuse pour identifier le rôle des insectes dans l’écosystème forestier comme indicateurs de l’effet de la récolte de la biomasse. L’étude du contenu du tube digestif des insectes pourrait remplacer certaines études à long terme sur le terrain des interactions entre les insectes et leur milieu. Cette nouvelle technique permet aux chercheurs de mesurer plus rapidement, avec plus de fiabilité et de façon plus précise les impacts de pratiques forestières comme la récolte de biomasse sur la biodiversité des forêts. Ces travaux contribueront à ajuster les pratiques d’aménagement forestier pour réduire les impacts de la récolte de biomasse. Photo : RNCan Pour plus de renseignements, veuillez contacter : Jan Klimaszewski Ressources naturelles Canada Service canadien des forêts Centre de foresterie des Laurentides 1055, rue du P.E.P.S., C.P. 10380, Succ. Sainte-Foy Québec (Québec) G1V 4C7 418-648-7849 • [email protected] rncan.gc.ca/forets © Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de Ressources naturelles Canada, 2016 Numéro de catalogue Fo113-1/105-2016F-PDF • ISBN 978-0-660-05671-5 • ISSN 1705-5806 Pour de plus amples renseignements sur les droits de reproduction, veuillez communiquer avec RNCan à : [email protected]