Le Comté de Savoie de 1032 à 1416
Vers l’an 1030, Humbert, seigneur de Tarentaise, d’origine bourguignonne et vassal de
l’empereur germanique, hérite de la Savoie (Tarentaise, Maurienne et région de
Chambéry). C’est le début de la dynastie des Savoie qui va perdurer jusqu’à nos jours.
Les intéressés pourront consulter les nombreux ouvrages qui retracent l’histoire complète
de cette famille qui a régné sur la Savoie comme sur Nice, le Piedmont, la Sardaigne …
Nous ne relèveront ici uniquement les faits qui intéressent le Genevois dont fait partie
l’Albanais
L’Albanais va rester sous tutelle du Comte de Genève (vassal du Prince évêque de
Genève) jusqu’en 1401.
Le comté de Genève s’étend des Bauges au Léman, du pays de Gex au pays de
Chamonix.
En 1124, l’accord de Seyssel autorise le prince-évêque de Genève à battre monnaie, et
diriger la justice, ce qui assure au Genevois une indépendance totale.
Le pouvoir sur le Genevois va donner lieu à une rivalité entre l’évêque, le comte et les
bourgeois. Le comte est contraint de quitter Genève et choisit Annecy pour installer sa
cour en 1219. La famille de Genève s’éteint en 1394, avec la mort de Robert de Genève,
né à Annecy, et devenu l’anti-pape Clément VII en Avignon, au moment du grand schisme
Après un bref passage aux mains d’un neveu, le comté de Genève est acheté en 1401
pour 45 000 écus d’or par le comte de Savoie. La maison de Savoie ne gommera pas
l’identité du genevois et le confiera en apanage à un de ses fils qui prendra le titre de
comte de Genève.
Cette date est importante, elle marque le début de la destinée commune des territoires qui donneront les
départements actuels de la Haute Savoie et de la Savoie. Mais leurs origines différentes se ressentent
encore aujourd’hui il reste difficile de mettre en œuvre des actions communes, au-delà des aspects
économiques. (voir les travaux de l’Assemblée de Savoie)
C’est une période de reconquête des terres cultivables, de relève des villages et des
églises abandonnées. Sous l’impulsion des moines, seuls tenteurs du savoir et de la
technologie, l’agriculture et le commerce se développe, la démographie remonte
rapidement.
Les XII et XIII ème siècles connaissent un essor sans précédant, connus sous le nom
d’ age d’or médiéval
Les moines sont de véritables ingénieurs et deviennent les instructeurs du peuple
laborieux. On cultive de nouvelles terres, les esserts, on améliore le réseau routier,
on construit des maladières sur les chemins fréquentés, on construit des artifices mus par
la force hydraulique, on construit des ponts en pierres….
( 6 moulins sont construits sur la commune de Thusy),
1250 : Par la bulle du 12 août, le pape Innocent IV énumère l’église de Thusy parmi les
dépendances des moines d’Abondance
1305 : Thusy apparaît au catalogue du décanat de Rumilly
Les grandes Lignes.doc 2 / 6
Le duché de Savoie de 1416 à 1713
Le 19 février 1416, l’empereur du Saint Empire romain germanique, Sigismond, érige le
comté de Savoie en Duché. La Savoie devient un état souverain et reconnu.
En 1514, l’apanage du Genevois, sans Rumilly, revient à Philippe de Savoie qui reçoit de
par son mariage avec Charlotte d’Orléans en 1528, le Duché de Nemours. Il devient duc
d’une nouvelle branche, les Genevois Nemours.
En 1532, les bourgeois de Genève qui s’appuient sur la réforme, vont chasser le prince
évêque qui vient s’installer à Annecy
Après une ultime et infructueuse tentative de reconquête de Genève par la maison de
Savoie (déroute de l’Escalade » dans la nuit du 12 décembre 1602), Genève obtient son
indépendance par le traité de Saint Julien en juillet 1603.
De 1536 à 1559, la Savoie est envahie par François 1er puis Henri II. Elle subit ainsi la
Réforme et l’Inquisition. Le traité de Cateau-Cambrésis y met fin.
François 1er impose le français comme langue nationale en France et aussi en Savoie
occupée. Le français restera la langue officielle écrite et parlée par les représentants
savoyards auprès du duc . Tous les écrits relatifs à l’administration de la Savoie seront
traduits en français. (lettres patentes de Philibert Emmanuel en 1560).
Il n’a jamais existé de langue savoyarde, mais le franco-provencal, commun au Valais
Suisse, le Val d’Aoste, la Bresse, le Lyonnais, le nord Dauphiné et la Savoie et qui est
proche du latin populaire parlé à la fin de l’empire romain occidental reste encore usité de
nos jours.
1563 : transfert de la capitale du duché de Chambéry à Turin. Il reste un intendant général
à Chambéry avec six provinces, ayant à leur tête un intendant provincial.
Thusy dépend de la province du Genevois qui a un intendant provincial à Annecy
Les fonctionnaires, pour la plupart Piémontais, ne parlent pas notre langue, ils deviennent
impopulaires.
Dès cette période, les savoyards vont se sentir les laissés pour compte de la maison de
Savoie, qui retirera régulièrement son administration et ses troupes au-delà des sommets
dès que la pression s’exercera à la frontière avec la France. Ceci prépare déjà le bon
accueil qui sera fait aux troupes révolutionnaires de 1792.
1600 : Henri IV envahit la Savoie, suite aux vues du duc de Savoie sur le Dauphiné.
Le vieux tilleul, près de l’église, situé à l’origine dans le cimetière « des pauvres », les
nobles et notables étant enterrés dans l’église, daterait du début des années 1600.
(L’initiative de Sully a-t-elle été reprise en duché de Savoie, ou a-elle été imposée lors de
l’invasion française d’Henri IV à cette époque?)
1601 : le traité de Lyon est imposé par Henri IV, Genève acquiert son indépendance, la
Maison de Savoie perd le Bugey, le Valromey et le pays de Gex. Le Rhône est la
nouvelle frontière. (Il semblerait que la frontière n’est pas suivi exactement le fleuve. Le
sommet de la montagne des princes aurait servi de frontière pendant 112 ans)
Thusy comptait quelques familles bourgeoises qui ne payaient pas de dîme au seigneur.
Le titre de bourgeois était obtenu suite aux servitudes rendues au duché de Savoie, ou,
en acquerrant peu à peu les biens des nobles endettés :
Les grandes Lignes.doc 3 / 6
La famille Durhone, qui réside à Charrière Haut, s’élève dans le notariat et est
reçue dans la bourgeoisie de Rumilly
Elle construit la maison bourgeoise actuelle à l’emplacement de l’ancienne maison
forte. Cinq générations s’y succédèrent jusque vers 1830. (D’Ignace Durhone,
notaire en 1677 à Joseph Durhone, syndic de Rumilly en 1783)
En 1738, le domaine Durhone comprend 165 journaux (48.6 ha) dont huit vignes,
sept châtaigneraies, deux maisons à Thusy, 3 maisons à Charrière Haut
La famille Bailly du chef-lieu. (le bailli rendait la justice au nom du prince)
Parmi les descendants, quelques notables… .
Au XVII ème siècle, Nicolas Bailly fut professeur de chirurgie à la faculté de
Besançon
François Bailly (1775/1830) devint professeur de droit à la faculté de Grenoble
Joseph Félix Bailly (1886/1931) ordonné prêtre en 1914 à Jérusalem fut professeur
dans le proche orient
En 1738, le domaine des frères Louis et Claude Bally totalise 108 journaux…
La famille Curtet a donné des notaires à Thusy (3 recensés de 1626 à 1650)
Septembre 1630 à avril 1631 : occupation française sous Louis XIII
C’est le siège de Rumilly un défenseur lance le fameux « é capoé » (rendez-vous
sinon nous rasons la ville : « et quand bien même », répond-on au représentant du roi,
lequel attend en personne avec son armée, déployée dans la plaine de Salagine).
(mais ce « é capoé ne serait qu’une légende…)
Démantèlement du fort des Annonciades (commune de Sâles)
1690: occupation française, sous Louis XIV ; le traité de Turin de 1697 y met fin.
Le vieux chêne qui ornait l’entrée du village (propriété actuelle de M et Mme Bocquin)
avait é plan vers 1700 par un nommé Grillon. Il a été abattu en mars 1957. Sa
circonférence médiane atteignait 3.4 m et sa base mesurait 5 m.
1709 : hiver terrible, famine dans toute l’Europe (petit age glacière)
de 1703 à 1713 : nouvelle occupation française sous Louis XIV (guerre de succession
d’Espagne). La forteresse de Montmélian est démantelée. La Savoie subit une forte
imposition en nature et impôts
Les grandes Lignes.doc 4 / 6
Le royaume de Piémont Sardaigne
En 1713, le traité d’Utrecht (fin de la guerre de succession d’Espagne), élève le duché de
Savoie au rang de royaume. Le duc devient roi de Sicile. Il échangera cinq ans plus tard
la Sicile contre la Sardaigne
1728 : lettres patentes de Victor Amédée II, instaurant le relevé cadastral dit « mappe
sarde » qui demandera 10 ans d’élaboration.
Les mesures du genevois à cette époque :
-un journal vaut 2948, 4 m2
-un toise vaut 7.4 m2
-un pied vaut 0,92 m2
1739 : l’édit royal du 15 septembre crée les communes, contrôlées par l’intendant
provincial. Le conseil de la communauté est élu pour 3 ans par l’assemblée des
chefs de famille. Le secrétaire de la communauté (généralement un notaire) nommé
par l’Intendant détient le véritable pouvoir local. Ceci marque le début du
désengagement de l'église dans l'administration ….
De 1742 à 1749 : douloureuse occupation espagnole par l’Infant Don Philippe (guerre de
succession d’Autriche). Aux habituelles réquisitions s’ajoutent l’impôt de la capitation (taxe
par tête d’habitant ) et les corvées et vexations en tous genres
1771 : l’édit du roi de Piémont - Sardaigne, Charles Emmanuel III, du 19 décembre
affranchit les fiefs, servis, redevances et autres droits seigneuriaux. (20 ans avant la
France)
Il s’agit de la possibilité de racheter les droits seigneuriaux pour ceux qui étaient astreints
A Thusy, quatre contrats sont passés entre les détenteurs de fiefs et le procureur
de la commune pour 3306 livres (plus de nombreux frais)
Les annuités sont prélevées sur le budget communal et versées à la caisse
générale des affranchissements. (La Révolution viendra éteindre la dette)
Les quatre contrats :
-le 10 septembre 1788 (Lacombe, notaire à Annecy) avec Noble Aymard Jérôme
Marie de Chabod, baron de Chitry, pour 2400 livres
-le 21 Avril 1790 (Lacombe, notaire à Annecy) avec la Collégiale de La Roche,
personne morale pour 640 livres
-le 7 juillet 1792 (Léger, notaire à Chambéry) avec François Joseph Jacquier,
président de la chambre au Sénat de Savoie, pour 250 livres
-même jour, même notaire, avec noble Victor Amédée Maillard de Tournon,
marquis d’Alby, pour 16 livres
En 1773, l’intendant (provincial du royaume de Piedmont Sardaigne) Secchi fait capter à
grand frais la source ferrugineuse de Préseille (située à Planchamp et portée sur le
cadastre de 1863), appelée « eau martiale », plus abondante que riche.
Le docteur Sautier établit une maison de santé près de la source (vraisemblablement à
Combette ou Foraz)
Plus tard l’ingénieur géographe savoyard Albanis Beaumont en fit l‘analyse et trouva du
gaz carbonique, du sulfate de magnésie, de la terre calcaire, un peu de fer, et du muriate
de soude
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L’époque française sous la Révolution et le Premier Empire
22/09/1792 : les troupes volutionnaires françaises sont accueillies en Albanais. 568
communes savoyardes sur 659 demandent leur annexion à la France. La Savoie sera
alors française de 1792 à 1815.
13/12/1792 : la Convention Nationale française prononce le rattachement de la Savoie à
la France . Chambéry est le chef lieu du département du Mont Blanc, ainsi créé.
Février 1793 : constitution civile du clergé
12/02/1795 : La vente des biens de l’église de Thusy a lieu à Annecy
1798 : Genève est annexée à la France, et devient le chef lieu du département du Léman
avec le pays de Gex, le Chablais et le Faucigny. Le canton de Rumilly reste dans le
département du Mont Blanc.
Quelques repères dans l’histoire de France :
1792-1795 : Convention Nationale
1795-1799 (an IV à l’an VIII) : Directoire
1799 : Consulat. Constitution de l’an VIII
1802 : Concordat entre Napoléon et Pie VII : création du conseil de fabrique
(pendant du conseil communal) pour administrer la paroisse. Les membres sont
nommés par le préfet après avis du maire.
De 1792 à 1800, il n’y a plus de conseil communal mais un conseil cantonal (les
représentants de Thusy siègent à Rumilly).
11/1799: fin du Directoire, toutes les églises sont rendues au culte.
1814 : lors du premier traité de Paris du 30 mars, Talleyrand permet à la France de
conserver le département du Mont Blanc avec l’avant pays savoyard (Chambéry, Annecy
et Rumilly qui devient sous-préfecture)
La restauration Sarde
Le 17 décembre 1815, le second traité de Paris (Buisson Rond), rend au royaume de
Piedmont Sardaigne la totalité de la Savoie.
Genève, méfiante se fait céder par la France et la maison de Savoie un cordon de
sécurité : 24 communes du pays de Gex et la province de Carouge
Dès 1815, la monarchie est absolue et centralisée (appelée par dérision le « buon
governo ») . Puis en 1848, le roi partage le pouvoir avec un Sénat et une chambre des
députés (par le statut royal du 8 mars, la monarchie devient constitutionnelle)
Les savoyards n’adhèrent pas à la volonté de la monarchie de Turin qui vise à organiser
l’unité de l’Italie.
1847 : les communes de l’Albanais contribuent à la construction de la route du val de Fier
1858, la rencontre de Plombière entre Cavour, ministre du royaume de Piémont-
Sardaigne et Napoléon III organise la cession à la France de Nice et de la Savoie contre
son aide militaire pour repousser les autrichiens qui occupent plusieurs territoires italiens.
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