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5e Congrès International de Rééducation
dans les Maladies Neuromusculaires
Marseille - 30 mai au 1er juin 2008
Fatigabilité musculaire :
le poids de l’invisible
La fatigue peut-être le premier et le seul symptôme de la
maladie neuromusculaire. Systématique ou fluctuante,
son apparition est corrélée à l’effort ou à un type d’effort.
Un dépistage précoce est nécessaire compte tenu des
conséquences : limitations imposées des activités, straté-
gies d’évitement, répercussions personnelles physiques et
psychologiques mais aussi sur l’entourage.
L’analyse des différentes dimensions de la fatigue conduit
à une meilleure estimation de l’ampleur de son retentisse-
ment chez les patients.
Dans sa dimension comportementale, elle génère des
moments de souffrance, une incapacité au travail et une
révision du projet professionnel, une limitation des sor-
ties et des loisirs ainsi qu’une restriction de la sexualité.
Sur le plan affectif, l’aveu de la fatigue, ressentie comme
déplaisante, destructive et négative, constitue un obsta-
cle entraînant une auto-marginalisation (refus des invita-
tions diverses) et à une marginalisation par l’entourage.
Il en résulte une angoisse de l’inconnu et une exclusion
progressive.
Au niveau sensoriel, les patients se plaignent de faiblesse,
de somnolence, d’une perte d’élan, d’une sensation de
vide et d’un manque d’énergie.
Enfin dans sa dimension cognitive, elle provoque des trou-
bles apparentés à la dyslexie, des pertes de mémoire et
une appréhension voire de la panique ainsi que des trou-
bles de l’humeur face à l’énergie dépensée pour un faible
résultat (impatience, irritabilité, dépression…).
Dystrophie myotonique de Steinert :
un symptôme à prendre en charge
L’étude des relations entre la somnolence diurne, la fati-
gue et la diminution de la motivation chez des patients
adultes atteints de dystrophie myotonique de Steinert
(DM1) montre que ces patients présentent des scores
élevés de fatigue, indépendants de la somnolence et du
handicap moteur. Il est donc important de discriminer
fatigue et somnolence apparaissant comme des variables
distinctes.
Sachant que 74% des patients atteints de DM1 présen-
tent une fatigue sévère associée à des atteintes fonction-
nelles, un protocole évaluant les intrications des compo-
santes neuropsychologiques et psychopathologiques a
été élaboré.
Les premiers résultats de cette étude, menée chez 30
sujets atteints de DM1 montrent que les plaintes principa-
les des patients sont : fatigue (33%), douleurs (23%), myo-
tonie (13%), perte de l’équilibre/chute (13%), marche limi-
tée (13%) et fatigue musculaire (10%). Une fatigue exces-
sive associée à des scores élevés concernant la dépres-
sion, l’anxiété et les troubles cognitifs est retrouvée dans
73% des cas.
La première étape de la prise en charge (PEC) évalue les
aspects physiologiques (problèmes respiratoires, endocri-
niens, troubles du sommeil ou anémie). La seconde éva-
lue la fatigue à l’aide d’outils spécifiques, les échelles les
plus utilisées dans la DM1 sont : CIS-Fatigue (Checklist
Individual Strengh), CFS (Chalder Fatigue Scale), FSS ou
KFSS (Fatigue Severity Scale).
Si des scores importants subsistent aux échelles de fati-
gue malgré la PEC des éventuels aspects physiologiques,
il peut s’avérer nécessaire de proposer une PEC psy-
cho-comportementale personnalisée. L’entretien avec le
patient permet d’évaluer son hygiène de vie et de don-
ner un sens aux symptômes de fatigue subjective, selon le
vécu et l’histoire du patient.
La PEC thérapeutique (traitement médicamenteux, prise
en charge émotionnelle) est aussi très importante. Si la
fatigue s’avère être le signe révélateur d’une dépression
VNI à domicile : évaluer le respirateur
Une évaluation sur banc d’essai pédiatrique systématique
est recommandée pour tous les respirateurs proposés pour
la ventilation à domicile d’un enfant atteint d’une maladie
neuromusculaire.
L’objectif est double : détecter tout dysfonctionnement
et guider le choix d’un respirateur approprié à un patient
donné.
En effet, une étude française a permis d’évaluer les carac-
téristiques des performances des 17 appareils disponibles
pour la ventilation non invasive (VNI) en pression positive, à
domicile, des enfants. Les respirateurs ont été testés sur un
banc d’essai simulant 6 profils de patients différents. Pour
chacun, les qualités du trigger inspiratoire et expiratoire
ainsi que la capacité à atteindre et maintenir les pressions
et volumes prédéfinis ont été mesurées.
Les performances des respirateurs se sont avérées très
variables et dépendantes du type de trigger (débit ou pres-
sion), du type de circuit et du profil du patient.