Les récifs coralliens des îles Eparses :
archives des variations du niveau marin
et des changements environnementaux et
climatiques depuis la dernière glaciation
Les changements climatiques et l’élévation du
niveau de la mer sont aujourd’hui un enjeu
sociétal majeur. L’amélioration des projections
concernant le prochain siècle nécessite l’ob-
tention d’enregistrements de variations pas-
sées du niveau marin associées à des épisodes
de réchauffement climatique à des échelles de
temps comparables à celles concernées par les
changements actuels, permettant ainsi de com-
pléter les mesures réalisées par voie instrumen-
tale depuis à peine plus d’un siècle. Les récifs
coralliens constituent d’excellents enregistreurs
des variations du niveau marin et des paramè-
tres environnementaux au cours du Quaternai-
re. Le canal du Mozambique, et plus particuliè-
rement les îles Eparses, constitue un site unique
pour de telles reconstitutions et offre des sites
d’étude répartis sur une large ceinture latitudi-
nale, situation unique en domaine intertropical.
Les recherches entreprises sur ces îles visent
à reconstituer les variations du niveau marin et
les changements environnementaux et climati-
ques depuis le dernier âge glaciaire à partir de
l’étude de forages à travers les récifs, de carot-
tages de sédiments lagonaires et de carottages
de colonies coralliennes actuelles.
Gilbert Camoin est direc-
teur de recherche au CNRS
au Centre européen de
recherche et d’enseigne-
ment de géosciences de
l’environnement (CEREGE)
à Aix-en-Provence. Spé-
cialisé en sédimentologie des carbonates et en
géologie récifale, il consacre ses recherches à
la reconstitution des variations du niveau de la
mer et des changements environnementaux et
climatiques à partir de l’étude des récifs coral-
liens. Ses travaux se sont focalisés sur les récifs
coralliens actuels et quaternaires des océans
Pacifique et Indien. Il a dirigé en 2005 dans le
cadre du programme I.O.D.P. (Integrated Ocean
Drilling Program) la plus grande expédition ja-
mais réalisée sur les récifs coralliens, l’Expédi-
tion 310 « Tahiti Sea Level », qui a permis de
reconstituer les variations du niveau de la mer
et les changements climatiques depuis le der-
nier âge glaciaire.
Centre européen de recherche et d’ensei-
gnement de géosciences de l’environnement
(CEREGE), Europôle Méditerranéen de l’Ar-
bois, BP 80 F-13545 Aix-en-Provence cedex 4,
Les Iles Eparses, observatoire de la
biodiversité dans l’océan Indien tropical
Les îles Tromelin, Europa, Juan de Nova, Glo-
rieuses, Bassas da India sont des îlots coralliens
situés dans le Canal du Mozambique et au nord
de La Réunion. Ces «Iles Eparses» ne sont ha-
bitées que par un contingent militaire et des
scientifiques qui viennent y étudier leurs éco-
systèmes terrestres et marins. Cet exposé aura
pour objectif, à travers la présentation de trois
programmes en cours, de montrer comment
les Iles Eparses constituent de véritables obser-
vatoires des changements globaux et de leurs
conséquences sur la biodiversité tropicale. Les
exemples développés concernent les oiseaux
marins comme indicateurs des hotspots de pro-
ductivités océaniques, les invasions biologiques
et leurs effets sur la biodiversité terrestre insu-
laire et le rôle de l’avifaune migratrice dans le
transfert d’ectoparasites et de pathogènes.
Matthieu Le Corre est pro-
fesseur à l’Université de La
Réunion et Directeur du
laboratoire ECOMAR (Eco-
logie Marine). Il est égale-
ment directeur de l’École
Doctorale « Sciences Tech-
nologies Santé » de l’université de La Réunion.
Matthieu Le Corre réalise ses travaux de recher-
che sur l’écologie et la conservation des oiseaux
marins tropicaux dans l’Océan Indien, notam-
ment dans les Iles Eparses mais également à
La Réunion, et en collaboration avec différents
partenaires locaux, à Madagascar, aux Seychel-
les, à Mayotte et à l’île Maurice
Laboratoire ECOMAR, Université de
La Réunion, 97715 Saint Denis messag cedex
La révolution dans nos connaissances
grâce à l’essor des nouvelles
technologies dans l’étude des animaux
antarctiques et subantarctiques.
Pendant longtemps, nos connaissances sur les
animaux des hautes latitudes se sont essen-
tiellement résumées au cycle reproducteur des
espèces venant à terre ou sur la glace de mer
pour se reproduire. Le développement de la mi-
croélectronique, de la microinformatique et des
technologies spatiales a tout changé. En effet, en
équipant les animaux de systèmes d’acquisition
de données miniaturisés (que l’on appelle des
« loggers ») ou d’émetteurs (cf balises Argos),
on peut aujourd’hui connaître dans les moindres
détails où ils vont et comment ils s’alimentent.
De même, l’identification électronique par ra-
diofréquence (RFID) permet d’éviter les biais
éventuels inhérents aux méthodes de marquage
classique. De ces nouvelles approches résulte
un prodigieux essor dans nos connaissances,
notamment pour ce qui concerne la compréhen-
sion des mécanismes par lesquels les animaux
des hautes latitudes font face aux contraintes
environnementales. En retour, ces animaux peu-
vent nous apporter de précieuses informations,
par exemple comme « indicateurs » de l’impact
du climat sur les ressources marines ou comme
« auxiliaires» en permettant d’acquérir des infor-
mations sur le milieu dans lequel ils évoluent.
Yvon Le Maho est écophy-
siologiste, directeur de re-
cherche au CNRS, membre
de l’Académie des Scien-
ces, Président de la sec-
tion de biologie évolutive
de l’Academia Europaea et
chercheur à l’Institut Pluridisciplinaire Hubert
Curien (IPHC) de Strasbourg. Responsable de
l’un des programmes de l’Institut Polaire Paul-
Emile Victor (IPEV), il préside le comité natio-
nal français des recherches arctiques et antarc-
tiques et le conseil scientifique du patrimoine
naturel et de la biodiversité. Il est également
membre du comité des programmes du Centre
national d’études spatiales (CNES).
Département d’écologie, physiologie et étho-
logie, IPHC, 23, rue Becquerel 67087 Stras-
Le programme inter-organismes
« Îles Eparses »
Le programme inter-organismes « Iles Eparses »,
coordonné par l’InEE, a été initié en 2009.
Il soutient une vingtaine de projets de recher-
che qui ont pu bénéficier d’une première rota-
tion sur ces îles effectuée par le navire Marion
Dufresne (Terres australes et antarctiques fran-
çaises - Taaf) en avril 2011. De par leur localisa-
tion dans la partie sud-ouest de l’Océan Indien,
les îles Éparses constituent de véritables senti-
nelles des changements environnementaux et
de leurs conséquences sur le vivant. Faiblement
anthropisées, voire exemptes de présence hu-
maine, elles offrent une palette rare et précieu-
se de sujets d’études pluridisciplinaires.
Marc Troussellier est direc-
teur de recherche au CNRS
et dirige l’unité « Écologie
des systèmes marins cô-
tiers ». Ses thématiques de
recherche concernent la
diversité et la dynamique
des populations bactériennes, leurs interactions
avec les autres micro et macro-organismes et
leurs rôles dans le fonctionnement et les usages
des systèmes aquatiques. Il a assuré la prési-
dence du comité scientifique du programme na-
tional environnement côtier (PNEC, 2006-2007)
ainsi que celle du programme national écosphè-
re continentale et côtière (EC2CO, 2007-2008).
En tant que conseiller scientifique à l’InEE, il est
notamment responsable de l’animation du pro-
gramme inter-organismes « Iles Eparses ».
Unité écologie des systèmes marins côtiers
(Ecosym), CC 093, Université Montpellier
2, Place Eugène Bataillon 34095 Cedex 05,
Legs colonial et question indigène
dans l’outre-mer contemporain
Depuis une dizaine d’années, la question du
« legs colonial » suscite d’âpres débats en Fran-
ce. Si acteurs politiques, chercheurs et intel-
lectuels originaires de la Réunion, des Antilles
et de la Guyane ont pris une part active à ces
débats en interrogeant la place de l’esclavage
dans l’histoire et la mémoire nationale, les an-
ciens « sujets indigènes » ou « protégés » de
l’actuel outre-mer français en ont été largement
exclus. Pour les Kanak de Nouvelle-Calédonie,
les Amérindiens de Guyane, les Mahorais de
Mayotte et les insulaires de Wallis-et-Futuna et
de la Polynésie Française, l’enjeu postcolonial
s’avère pourtant crucial : il invite à se demander
dans quelle mesure les rapports sociaux stabili-
sés pendant la période coloniale se sont trans-
formés et/ou maintenus depuis la suppression
du statut officiel de colonie, au lendemain de la
Seconde Guerre Mondiale. En d’autres termes,
les sociétés ultramarines françaises sont-elles
aujourd’hui encore, du point de vue des « indi-
gènes » concernés, des sociétés coloniales ?
Benoît Trépied est chargé
de recherche au CNRS, rat-
taché au Centre de recher-
che et de documentation
sur l’Océanie (CREDO).
Il est aussi membre du
groupement de recherche
« Nouvelle-Calédonie : enjeux sociaux contem-
porains » et du programme européen SOGIP
(« Scales of Governance an Indigenous Peo-
ples »). Spécialiste de la Nouvelle-Calédonie, il
travaille à la fois sur l’histoire coloniale de l’ar-
chipel et le processus actuel de décolonisation.
Il a publié récemment son premier ouvrage, in-
titulé Une mairie dans la France coloniale. Koné,
Nouvelle-Calédonie (Karthala, coll. Recherches
Internationales, Paris, 2010).
Centre de recherche et de documentation sur
l’Océanie (CREDO), Université Provence Aix-
Marseille 1, Maison Asie Pacifique, 3 place
Victor Hugo, 13331 Marseille cedex 03,
De l’outre-mer aux outre-mer :
l’évolution des rapports entre la France
et ses territoires ultramarins
Cette communication propose d’analyser l’évo-
lution des relations entre la France et les collec-
tivités situées outre-mer. Au-delà de l’examen
des différents modes de gestion faisant de ces
territoires de remarquables espaces d’ingé-
nierie institutionnelle, l’accent portera sur les
politiques publiques, désormais imprégnées
du paradigme de la diversité, mises en œuvre
localement ainsi que sur les transformations
des sociétés et des représentations, tant outre-
mer que dans l’Hexagone, qui y sont associées.
Justin Daniel est pro-
fesseur de sciences poli-
tiques à l’Université des
Antilles et de la Guyane,
Faculté de droit et d’éco-
nomie de la Martinique
et directeur du Centre de
recherche sur les pouvoirs locaux dans la Ca-
raïbe (CRPLC). Il est aussi vice-président du
conseil scientifique de l’Université des Antilles
et de la Guyane. Ses travaux ont donné lieu à la
publication de nombreux articles spécialisés et
chapitres d’ouvrages collectifs sur le fonction-
nement périphérique de l’Etat aux Antilles et
dans la Caraïbe ainsi que sur les processus de
construction de l’ordre politique dans ces ter-
ritoires. Ses recherches actuelles portent plus
particulièrement sur les phénomènes d’affir-
mation identitaire et leur influence sur le fonc-
tionnement des espaces politiques dans la Ca-
raïbe et dans les territoires périphériques de la
République française.
Centre de recherche sur les pouvoirs locaux
dans la Caraïbe (CRPLC), Faculté de droit et
d’économie de la Martinique, BP 7209, 97275
Schœlcher Cedex, d.justin@orange.fr.
Recherches CNRS en outre-mer
Les recherches conduites par le CNRS en outre-mer concernent
des disciplines aussi diverses que l’écologie, les sciences de la vie,
les sciences de la Terre, la physique, les mathématiques ou les
sciences humaines et sociales.
Ces recherches se veulent transversales et interdisciplinaires, el-
les mobilisent une communauté importante de chercheurs, en-
seignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens. Les territoires
d’outre-mer sont, de par leur localisation, des lieux privilégiés pour
les études sur l’environnement, notamment en ce qui concerne les
modifications induites par les changements climatiques.
Ces recherches sont fondamentales, mais aussi appliquées. Quel-
ques domaines clés de l’implication du CNRS en outre-mer : la
forêt tropicale en Guyane, la biodiversité végétale et animale ainsi
que l’étude de l’écosystème des récifs coralliens dans la plupart
des régions d’outre-mer, la climatologie, la volcanologie sur l’île de
La Réunion, la sismologie aux Antilles ou encore la santé, notam-
ment l’étude des maladies infectieuses émergentes dans l’ensem-
ble des territoires d’outre-mer français.
L’Institut écologie et environnement (InEE) du CNRS
L’InEE a pour mission de soutenir le développement de recher-
ches en écologie et de les valoriser en tant que champ discipli-
naire intégré. L’écologie et le fonctionnement des écosystèmes, la
biodiversité et les mécanismes de l’évolution, l’étude des relations
hommes-milieux et l’écologie de la santé constituent le cœur dis-
ciplinaire de l’InEE. Instance de pilotage de recherche fondamen-
tale, l’InEE cherche également à répondre aux demandes sociéta-
les en matière de diagnostic, d’ingénierie écologique, d’expertise
et d’aide à la décision.
En savoir plus : www.cnrs.fr/inee/
Contact : colloque-inee@cnrs-dir.fr