L’alopécie est le nom scienti que de la chute des cheveux. Elle peut être
physiologique (c’est à dire considérée comme normale) mais parfois aussi être
la manifestation d’un véritable problème. Elle touche aussi bien l’homme que la
femme. Une perte de plus de 100 cheveux par jour est pathologique. La science
progresse régulièrement dans la compréhension des mécanismes de la chute des
cheveux, un problème qui touche aujourd’hui plus d’un belge sur 6. Le Journal du
Patient démêle le vrai du faux en s’aidant des conseils du docteur Jean-Jacques
Stene, dermatologue au CHU Saint-Pierre à Bruxelles.
Il y a chute et «chute»
Vrai. Tous les cheveux
tombent… C’est normal. Ils
tombent d’une manière cy-
clique, chacun d’eux passant
par trois phases: anagène,
catagène, télogène (voir enca-
dré). Compte tenu du nombre
total de cheveux sur le cuir
chevelu (100 à 150.000 ), il
n’est donc pas inquiétant de
perdre environ une centaine
de cheveux par jour. Plus pré-
occupantes sont les pertes de
cheveux évoluant de façon
chronique ou trop récidi-
vantes (c-à-d persistantes). Elles
nécessitent une mise au point
afin d’en connaître la cause.
Elles peuvent être la consé-
quence d’un mauvais état gé-
néral, d’une anémie (manque
fer), de troubles métaboliques
(problème de thyroïde…),
d’une prise de médicaments
(certains anti-hypertenseurs,
anti-cholestérols, anti-dépres-
seurs…), d’une perte de poids
importante (une dizaine de
kilos), d’une forte fièvre pen-
dant quelques jours, ou après
une anesthésie. Et là, tant que
la carence nutritionnelle ou
hormonale ne sera pas traitée,
la chute de cheveux persistera.
La cause la plus classique de
chute chronique est l’alopécie
androgénétique (sous dépen-
dance hormonale). Elle se dif-
férencie par une topographie
bien particulière, avec chez
l’homme un recul des golfes
et chute au vertex (sommet
du crâne) et chez la femme
de façon plus diffuse sur
toute la partie antérieure du
crâne. Certains contraceptifs
peuvent potentialiser ce type
d’alopécie.
Face à la chute de cheveux,
nous ne sommes pas tous
égaux
Vrai! Différents facteurs
entrent en jeu:
- le premier est d’ordre gé-
nétique: grande inégalité
qui nous est attribuée à la
naissance: chacun d’entre
nous a un capital cheveux
qui s’épuise plus ou moins
vite;
- le second est de nature
hormonale: en effet, les
racines qui servent de
matrice aux cheveux sont
sensibles aux androgènes
(hormones mâles) et cette
sensibilité est variable
d’une personne à l’autre;
- un stress important
influence également la vie
de nos cheveux.
Trois mois après un
accouchement, il est normal
de perdre ses cheveux
Vrai. Pendant la grossesse,
suite à un taux important en
œstrogène, les cheveux restent
plus longtemps en phase de
croissance, et ne tombent
donc pratiquement pas. Après
l’accouchement, le taux hor-
monal baisse subitement,
provoquant une chute brutale
de cheveux. Dans les formes
les plus sévères, on peut ainsi
perdre en quelques semaines,
jusqu’à 20 ou 30% de la cheve-
lure. Cette chute post-partum
n’est qu’un rééquilibrage. Par
contre, si elle persiste 6 mois
après l’accouchement, il est
important de consulter un
dermatologue.
Les solutions topiques n’ont
aucune utilité
Faux. Un traitement local par
une solution de minoxidil de
2% à 5% est bénéfique chez
la majorité des patients. Le
minoxidil est un traitement
médicamenteux, exigeant 2
applications quotidiennes. Il
permet de ralentir la chute,
ce qui se traduit par une aug-
mentation du nombre des che-
veux. Le minoxidil a une effi-
cacité réelle pendant toute la
durée du traitement mais elle
cesse dès que l’on arrête son
application. Le finastéride,
traitement de base de l’hyper-
trophie prostatique, s’est avéré
avoir une grande efficacité sur
l’alopécie androgénétique:
80% des chutes de cheveux
sont stoppées avec la prise
de 1mg/jour. Chez la femme,
des études complémentaires
sont nécessaires pour mieux
cibler les indications. S’il est
prescrit, il faudra s’assurer
que la femme est sous contra-
ception, car cette molécule est
tératogène.
Les micro-gre es capillaires,
un réel espoir
Vrai. On ne peut malheureu-
sement fabriquer ou multi-
plier les cheveux malgré tous
les progrès médicaux, cosmé-
tologiques ou chirurgicaux.
Certains cheveux tombent
définitivement (creusement
des golfes temporaux, fron-
taux…) et certains cheveux ne
tombent jamais (couronne,
nuque…) car ils n’ont pas la
même sensibilité hormonale.
L’idée de transplantation
capillaire est tout naturelle-
ment née de cette constatation
scientifique. La micro-greffe
s’applique aux hommes et aux
femmes. Chez ces dernières,
l’alopécie androgénétique
n’est pas toujours tout à fait
contrôlée par un traitement
médical et donc la perte de
densité capillaire continue à
évoluer. Cette technique per-
met une redensification du
cuir chevelu. On prélève les
cheveux à l’arrière du crâne
(pas sensible aux hormones)
et on les réimplante un à un
au niveau des zones de faible
densité. Les cheveux réim-
plantés continuent leur cycle
naturel sur le nouveau site
pendant toute la durée de
vie. L’intervention se pratique
en hôpital de jour, sous anes-
thésie locale et dure de 4 à
8 heures selon l’importance de
la surface à traiter.
Ces techniques ont de beaux
jours devant elles: selon
une étude récente, 62% des
hommes admettent que perdre
leurs cheveux affecterait leur
confiance en eux.
La lutte contre la perte des che-
veux s’organise dans les labora-
toires. Les chercheurs se sont
aperçus que le follicule pileux
(la racine du cheveu) était un
organe accessible, pouvant
livrer des réponses aux ques-
tions fondamentales touchant
la chute des cheveux.
NATHALIE EVRARD
DERMATO
Cheveux:
pour enrayer la chute!
HYGIÈNE DU CUIR CHEVELU:
DE NOUVEAUX GESTES À ADOPTER…
- Des lavages doux: évitez l’eau trop chaude,
lavez vos cheveux avec un shampooing doux
pour usage fréquent.
- Limitez les manipulations capillaires:
défrisage, permanentes, soins colorants trop
fréquents, chaleur excessive…
- Pensez aux coi ures plus souples.
Préférez les coi ures non traumatisantes
pour le cuir chevelu: évitez tresses serrées,
queues de cheval…
Si la chute est
physiologique, elle se
résoudra d’elle même;
si elle est pathologique,
un traitement
s’impose.
STOP AUX IDÉES REÇUES
› Le fait de couper les cheveux ne les fait pas repousser
plus vite et ne les rend pas plus épais.
› Le port régulier d’une casquette, d’un bonnet ou d’un
casque ne favorise pas la chute des cheveux.
Quand faut-il consulter?
Quand votre perte devient visible ou perturbe votre vie
sociale ou a ective, n’hésitez pas à en parler à votre
dermatologue. Quelques informations sont importantes
à lui communiquer. Il vous demandera vos antécédents
familiaux et vos habitudes de vie (médicaments, tabac,
stress,) ainsi que l’histoire de votre chute de cheveux.
Grâce à des tests simples et rapides, il examine l’état
de votre cuir chevelu et de vos cheveux a n d’établir
un diagnostic. En n, si nécessaire, il vous prescrira un
traitement adapté à votre problème.
Si vous sou rez
d’alopécie
androgénétique, le
traitement ne peut être
arrêté. Il doit être pris
en continu sous peine
de voir vos cheveux
retomber.
Comprendre le
cycle du cheveu
en 3 phases
- La phase anagène:
elle concerne 85% de la
chevelure et dure
4 à 6 ans chez la femme.
C’est la phase
de croissance
du cheveu.
- La phase de transition
ou phase catagène: elle
touche 1% des cheveux
et dure 2 à 3 semaines.
Le cheveu stoppe sa
croissance.
- La phase de chute ou phase
télogène: elle intéresse
14% de la chevelure et dure
2 à 3 mois. Le cheveu va
tomber.
Quel que soit le
traitement suivi,
de vrais résultats
demandent du temps
(environ 3 mois).