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Selon certaines sources, c’est aussi le venin de l’Hydre qui causera, bien plus tard, la
mort d’Héraclès lui-même. En effet, le centaure Nessos, blessé mortellement par une flèche
d’Héraclès, donne au moment de mourir à Déjanire, l’épouse du vaillant guerrier, une fiole
contenant un philtre qui doit lui assurer la fidélité de son mari. En réalité, la fiole contient un
poison composé du sang du centaure, de sa semence, et probablement du venin de l’Hydre de
Lerne. Déjanire imprègne de cette substance le manteau du héros, et lorsque celui-ci revêt sa
tunique, son corps se décompose ; Héraclès meurt dans d’atroces souffrances. C’est la fin
tragique du plus célèbre héros de la mythologie gréco-romaine, auquel la constellation
d’Hercule rend hommage.
Le second mythe est intéressant, car il permet de comprendre la « géopolitique » de la
région du ciel qui nous concerne. Selon celui-ci, le dieu Apollon envoie le corbeau, son
serviteur, remplir une coupe d’eau pure pour offrir un sacrifice à Zeus. En chemin, l’oiseau
aperçoit un figuier chargé de fruits presque mûrs… Il décide d’attendre quelques jours, perché
sur une branche, que les fruits deviennent comestibles. Ce n’est qu’après avoir dévoré toutes
les figues qu’il se décide à rapporter la coupe remplie d’eau à Apollon. Comme son retard
risque de déclencher la colère du dieu, il a tôt fait de trouver une bonne excuse : il capture à
l’aide de ses griffes un serpent d’eau – l’Hydre –, qu’il rapporte, avec la coupe, à Apollon, à
qui il explique que c’est cet animal qui lui a fait perdre tant de temps. Apollon, devinant la
supercherie, punit le corbeau en le plaçant dans le ciel, à côté du serpent d’eau (qui donnera la
constellation de l’Hydre) et de la coupe (d’où l’origine de la constellation homonyme), mais
de telle sorte que l’oiseau ne puisse jamais se désaltérer de l’eau fraîche de la coupe. Voilà
pourquoi les corbeaux et autres corneilles croassent : leurs gosiers sont secs, et ne peuvent
jamais être désaltérés ! Cette histoire explique donc pourquoi les constellations de l’Hydre, du
Corbeau et de la Coupe sont voisines…
2. Description de la constellation
L’Hydre est la plus longue et la plus large constellation du ciel : elle s’étend sur près
de 100°, et occupe une surface de 1 303 degrés carrés ! Elle est si grande qu’elle commence à
l’Est des constellations d’hiver, et se termine à l’Ouest des constellations d’été ; elle s’étire
sur pratiquement quatre constellations du Zodiaque : la tête de l’Hydre se trouve sous le
Cancer, son corps passe en-dessous du Lion et de la Vierge, et l’extrémité de sa queue vient
chatouiller la Balance… Il faut donc prévoir plusieurs nuits pour l’observer dans sa totalité !
La partie de la constellation de l’Hydre qui attire d’abord le regard est la tête : c’est un
astérisme composé des étoiles
δ
,
ζ
,
η
et
σ
, qui occupe le champ de jumelles grossissant de 7 à
10 fois.
L’étoile Alphard, « la solitaire », représente le cœur de l’animal ; elle est aussi l’étoile
la plus brillante de la constellation (
α
Hydræ). Son nom provient du fait qu’aucune autre
étoile brillante ne se trouve dans son voisinage. C’est un astre de deuxième magnitude, de
couleur rouge-orange.