LE CAMEROUN DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
LE CAMEROUN PRECOLONIAL
Par SANGO MATHIAS
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les rituels funéraires car l’œuf, une fois décoré à l’ocre, est considéré comme un symbole de
vie. Grecs, Phéniciens puis Carthaginois avec l'Afrique centrale pour les obtenir.
Puis, lorsque les Romains s’établissent en Afrique du Nord à la toute fin du Ier siècle av. J.-C.,
ils construisent de grands ports dont certains, comme Leptis Magna (Libye), reçoivent de la
part des populations du désert des produits du Sud : peaux d’animaux, plumes et œufs
d’autruches, esclaves. Après avoir soumis le Fezzan (19 av. J.-C.), les Romains lancent
quelques expéditions commerciales vers le sud, comme celles de Suellius Flacus et de Julius
Maternus. Même s’ils préfèrent s’en remettre à leurs nouveaux alliés pour se procurer les
marchandises désirées, les Romains apportent un élément essentiel au commerce
transsaharien, à savoir l’introduction du chameau qui remplace désormais la caravane de
bovins.
Il faut attendre la constitution d’une vaste zone de commerce musulman, à partir du VIIIe
siècle, pour qu’un commerce régulier se mette en place. Une première route est aménagée à
l’ouest du Sahara par la construction de puits et de palmeraies, destinés à accueillir les
caravanes ; elle relie la cité de Sidjilmassa, au sud du Maroc, à Aoudaghost, au sud de la
Mauritanie. La ville mauritanienne est, en fait, un comptoir aménagé par les commerçants
musulmans pour faire du troc avec la capitale de l’empire du Ghana dont la richesse repose
sur les riches gisements d’or des sources du Sénégal et du Niger. Ainsi, au VIIIe siècle, les
Arabes échangent l'or du Ghana contre du sel produit dans le Sahara central.
Le commerce entraîne la prospérité des transporteurs nomades mais aussi des États du Sud du
Sahara : ce que l'historien Bernard Lugan appelle « l'âge d'or du Sahel ». Le premier à
émerger est le Ghana à l'issue de la route transsaharienne la plus à l'Ouest. Le commerce
transsaharien le pousse à la conquête d'Aoudaghost en 990. Le Mali au XIIIe siècle et l'empire
de Gao au XVe siècle lui succèdent. La priorité de ces États est la « défense des carrefours
sahariens et le maintien du monopole des transactions entre l'Afrique du Nord et le Sahel ».
En effet, après les prises d’Aoudaghost (1054) et de Ghana (1076) par les Almoravides
musulmans, Tombouctou devient une métropole commerciale et religieuse musulmane
réputée. Car le commerce transsaharien est dorénavant interdépendant de la foi islamique. La
traite transsaharienne a commencé dès l'antiquité. L'Islam la développe car la religion interdit
de réduire les musulmans en esclaves, contrairement aux Africains « infidèles » qui vivent au
sud du Sahara.
Les marchandises du Nord (poteries vernissées, vêtements de laine, verrerie, objets en métal,
blé et orge) sont troquées contre de l’ivoire, des plumes d’autruches, de l’ambre gris pour
faire des colliers, de l’or et des esclaves
. Parallèlement se développe un commerce plus
important entre le sel des dépressions du centre du désert, destiné aux populations du Sahel, et
le mil constituant la nourriture des habitants des oasis et des nomades.
Au XVIe siècle, face à la concurrence des navigateurs européens sur la côte atlantique puis à
l'abolition de l'esclavage et de la traite, l'activité décline à l'Ouest entraînant un
appauvrissement des caravansérails, oasis et cités caravanières auparavant « brillantes et
Du VIIe siècle au XIXe siècle av. J.-C., entre 7 et 8 millions d'esclaves auraient ainsi été vendus